Réédition : « Saligauds ! », La Lutte sociale, Oran, 16-22juin 1912.

 

 

 

Saligauds !

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   Pendant la discussion du projet de loi portant ouverture au Ministère de l’Instruction publique d’un crédit extraordinaire de 30.000 francs pour la célébration du bi-centenaire de J.-J. Rousseau, le Renégat Viviani, et M. Guist’hau, ministre par la grâce du Renégat Briand, ont tour à tour fait les déclarations suivantes en réponse aux c…âneries débitées par M. Maurice Barrès, le représentant du Pape au Parlement.

   M. Viviani. – Ce qui met Rousseau au-dessus de tous les penseurs du XVIIIe siècle, c’est qu’il a fait une œuvre positive. Le premier, il a regardé en face l’inégalité sociale, problème que n’avaient aperçu ni Voltaire, ni Diderot…

   M. Guist’hau. – Ce n’est pas seulement le littérateur que le gouvernement entend célébrer en Rousseau, mais encore le grand penseur qui a fomenté le grand mouvement libérateur de 1789. Il veut lui apporter la gerbe de fleurs de la démocratie reconnaissante…

   M. Viviani. – Nous avons déclaré que nous glorifions aussi le grand artisan de la Révolution et de la Société moderne et puisque M. Barrès veut porter le débat sur le terrain politique, soit ! on verra au scrutin quels sont les véritables fils, les fils respectueux de la Révolution !!!...

   Quelle crapulerie et quel cynisme ! Oser tenir de pareils propos à l’heure où ils traquent comme des bêtes fauves les hommes qui ne pensent pas comme eux, à l’heure où ils viennent de rétablir les lois scélérates, où ils mettent au droit commun, avec les apaches, les journalistes qui fomentent ou annoncent la prochaine Révolution, où ils frappent d’interdiction de séjour des syndicalistes condamnés pour délits de grève ou d’opinion, à l’heure enfin où Millerand, cet autre renégat, se faisant le fossoyeur de la République, s’entoure d’un état-major d’officiers réactionnaires et prépare l’avènement d’un Camembert Ier.

   Nos amis du Parlement n’ont pas dû laisser passer sans protester les mensonges de ces deux gredins. L’occasion était bonne de leur faire une conduite de Grenoble. Le service télégraphique sans doute incomplet de l’Echo d’Oran n’a pas enregistré leur protestation, qui, certainement, s’est produite sous une forme énergique et véhémente.