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Tribune de Genève

Un plouc chez les bobos

journal de bord d'un correspondant à Paris

07.11.2010

Rousseau, Sarkozy, Hu Jintao et le Foron

Pour remercier Nicolas Sarkozy de son accueil impérial, le président chinois Hu Jintao a célébré les penseurs français, citant le premier d’entre eux, Jean-Jacques Rousseau. Oui, NOTRE Rousseau cantonal, qui, au bas de sa signature ne manquait pas d’ajouter, « Citoyen de Genève ». Histoire de démontrer qu’il appartenait au gratin rouge et jaune.


Sans doute Sarkozy a-t-il été surpris : «Pourquoi c’te Chinois est-ce qu’il cite-t-il un vieux champion d’Europe de natation ?» Il faut dire que l’Hyperomni n’a pas encore fini de colorier « Le Contrat Social » que lui a offert Carla. C’est Michel Rousseau qui va être étonné lorsqu’il recevra la légion d’honneur au titre de l’amitié franco-chinoise !


Mais revenons à Jean-Jacques, naturalisé Français par la volonté de Pékin. Cette annexion est-elle si baroque ? Après tout, s’il était resté à Genève, Rousseau serait devenu un horloger sachant rédiger des lettres bien tournées et non ce penseur qui a secoué le monde jusqu’à la Chine contemporaine. Alors, serait-il définitivement Hexagonal ? Non. Un Français de l’époque, élevé dans une monarchie absolue et au sein d’une religion unique, n’aurait pu connaître ce foisonnement antagonique d’idées qui traversait Genève et ses environs. Son propos comme son style en aurait été forcément différents. Et c’est cette musique particulière qui a fait le succès de Rousseau en dehors des frontières. Rousseau a séduit Paris parce que, Genevois, il apportait un ton qui tranchait sur celui des autres écrivains. Mais sans Paris, il n’y aurait pas eu Rousseau.


Considéré de Chine, le Foron ne constitue même pas un ruisseau, tout juste un filet d’eau, invisible à l’œil nu et bridé ; il ne saurait séparer Foron.JPGque des microbes. 

Jean-Noël Cuénod