RAPPORT
SUR J. J. ROUSSEAU
FAIT
AU NOM DU COMITE
D’INSTRUCTION
PUBLIQUE
PAR LAKANAL
DANS LA SEANCE DU 19 FRUCTIDOR
Imprimé par ordre de la Convention nationale, et en-
voyé aux départements, aux armées et à la République de Genève
______________________
CITOYENS,
Vous avez accordé les
honneurs du Panthéon et décerné une statue à J. J. Rousseau.
Votre comité d’instruction
publique m’a chargé de vous soumettre ses vues sur cet acte solemnel de justice
nationale ; sollicité par l’influence journalière du philosophe Genevois sur
les progrès de la morale publique, et par cette renommée toujours croissante,
qui s’élèveroit à la fin contre vous, si vous tardiez encore à lui donner son
dernier éclat, en ouvrant à l’auteur du Contrat social et d’Emile, les
portes du Panthéon français.
La voix de toute une
génération nourrie de ses principes, et pour ainsi dire élevée par lui ;
la voix de la République entière l’y appelle ; et ce temple, élevé par la
patrie reconnaissante aux grands hommes qui l’ont servie, attend celui qui,
depuis si long-temps, est placé en quelque sorte dans le Panthéon de l’opinion
publique.
Sans doute ces honneurs sont
légitimement dus aux citoyens qui, soit par leurs talens, soit par leur
courage, ont, aux dépens de leur repos, et même de leur vie, dirigé le vaisseau
républicain à travers les orages révolutionnaires ; mais il est possible,
et déjà même il n’est pas sans exemple, que ces mêmes honneurs que l’enthousiasme
a décernés, la justice les rétracte, lorsque le temps a fait tomber les
masques, enlevé les superficies, et montré à nu les hommes et les évènements.
Au moment où tout un peuple,
fatigué d’un long esclavage, est poussé vers la liberté par les excès du
despotisme ; où il se débat dans les fers, et n’a besoin, pour les briser,
que d’un mouvement énergique et rapide ; où il s’agite dans tous les sens,
cherchant la voie dont ses vieilles habitudes le tiennent encore écarté,
n’ayant que le sentiment confus de ses droits, sans pouvoir trouver dans son
langage, trop long-temps asservi, ces locutions puissantes qui font pâlir la
tyrannie, et commandent à l’esclave de s’affranchir ; s’il s’élève, par
exemple, au milieu de ce peuple, un homme d’un génie bouillant, audacieux,
passionné ; un homme dont l’éloquence mâle, la voix, les mouvements
impétueux, la figure remarquable fut-ce par sa laideur, frappent les regards,
fixent l’attention, et se gravent dans la mémoire ; si cet homme se jette
dans le courant des premières agitations populaires ; si, lorsque la
révolution bouillonne, il en précipite et en dirige le torrent, son idée se
joint bientôt à celle de la révolution même ; il forme lui seul une
puissance ; lui seul une de ces causes agissantes et terribles, dont
l’action simultanée change la face des empires ; et le peuple, affranchi
du joug, croyant l’être par lui, le poursuit d’applaudissements, environne de
gloire sa pompe funèbre, invente pour lui des triomphes inusités et de
nouvelles apothéoses.
Mais à l’instant où il n’est
plus ; où ses moyens de séduction et ses prestiges personnels sont
évanouis ; où le cours des choses a emporté les circonstances, soit locales,
soit temporaires, qu’avoient une partie de son influence et de sa
renommée ; s’il se découvre que cet homme fut vendu à d’autres intérêts
qu’à ceux du peuple, qu’il fut le partisan secret, le complice du trône et
l’instrument de la tyrannie ; si l’on ne voit plus à la place de ses
talens avilis et de ses vertus imaginaires, que vices, qu’intrigues,
immoralité, corruption ; alors le peuple indigné se soulève contre sa
mémoire ; une juste vengeance renverse les monuments élevés par une
reconnaissance aveugle ; et l’idole, arrachée du sanctuaire, est brisée et
foulée avec dédain.
Le même revers n’est point à
craindre pour le grand homme que vous y allez placer ; seul, sans appui,
sans prôneurs, il osa, au milieu d’un peuple endormi dans les fers, professer
hautement, en face du despotisme, la science de la liberté. Dans un temps où
tous les hommages étoient pour la naissance, les grandeurs, le crédit, les
richesses, il fronda tous ces vieux préjugés, proclama l’égalité naturelle, mit
à leur véritable place, c'est-à-dire au niveau du néant, les rangs et la
noblesse : il heurta de front les gens en faveur, versa sur la coupable et
stupide opulence tout le mépris de la sagesse, et toute l’indignation de la
vertu. Il fit plus : il tira d’un injuste et avilissant oubli les
professions utiles ; il nous apprit à honorer le travail, la pauvreté, le
malheur ; à chercher dans l’humble atelier, où dans la chaumière obscure,
les vertus, les mœurs, la véritable dignité, comme le vrai bonheur ; en un
mot, à dédaigner tout ce que déifioit l’insanie et la corruption des hommes, et
à couvrir de considération et d’estime ce que méprisoit leur fol orgueil.
Son âme ne respiroit que
pour la liberté des hommes ; et voilà pourquoi il fut si étranger au
milieu de ses contemporains ; il voulut les forcer à se connoître ;
ils s’étoient trop vite avilis devant les tyrans pour ne l’en pas punir.
Pauvre, errant, persécuté par Genève, sa patrie, banni de deux îles
inhospitalières, où il voulut s’ensevelir avec sa renommée ; fuyant la
France à la lueur des flammes qui dévoroient ses ouvrages, il doit avoir des
autels chez les peuples libres, celui qui ne trouva que des échafauds chez les
rois.
Si les honneurs qui lui sont
enfin rendus sont tardifs, ils n’en seront que plus durables ; et nul
retour d’opinion n’est à redouter pour lui, puisque la voix des peuples, qui
les sollicite, est déjà la voix de la postérité.
Tous les publicistes qui ont
considéré J. J. Rousseau dans son rapport avec la révolution française, ont
surtout vanté l’influence du Contrat social et de ses autres écrits
politiques. Il est vrai que dans ces immortels ouvrages, et sur-tout dans le
premier, il développa les véritables principes de la théorie sociale, et
remonta jusqu’à l’essence primitive des associations humaines. Peut-être lui
fallut-il autant de courage pour aborder alors en France ces questions délicates,
que de vigueur d’esprit pour les traiter.
En France, où la force
d’opinion avait écrasé la force réelle, il soutint le droit de réprimer par la
force le prétendu droit du plus fort ; en France, où le gouvernement se
jouoit sans pudeur des biens, des mœurs, des lois et des libertés, il rappela
aux gouvernés leurs prérogatives usurpées par les gouvernements ; en
France, où les rangs étoient pris pour des droits, où ils s’opprimoient
graduellement entre eux et pesoient tous ensemble sur le peuple, il proclama
l’égalité des droits et l’inaliénable souveraineté du peuple, fondement de
toute association légitime. Le Contrat social semble avoir été fait pour
être prononcé en présence du genre humain assemblé, pour lui apprendre ce qu’il
a été et ce qu’il a perdu. L’auteur immortel de cet ouvrage s’est associé en
quelque sorte à la gloire de la création du monde, en donnant à ses habitants
des lois universelles et nécessaires comme celles de la nature ; lois qui
n’existoient que dans les écrits de ce grand homme, avant que vous en eussiez
fait présent aux peuples.
Mais les grandes maximes
développées dans le Contrat social, tout évidentes, toutes simples
qu’elles nous paroissent aujourd’hui, produisirent alors peu d’effet : on
ne les entendit pas assez pour en profiter ni pour les craindre ; elles
étoient trop au-dessus de la portée commune des esprits, et même de la portée
de ceux qui étoient ou croyoient être supérieurs aux esprits vulgaires. C’est
en quelque sorte la révolution qui nous a expliqué le Contrat social. Il
falloit donc qu’un autre ouvrage nous amenât à la révolution, nous élevât, nous
instruisit, nous façonnât pour elle ; et cet ouvrage, c’est Emile, le
seul code d’éducation sanctionné par la nature.
Le nom seul de cet ouvrage
rappelle d’abord de grands services rendus à l’humanité : l’enfance
délivrée des liens barbares qui la déformoient, et de l’instruction servile qui
l’abrutissoit ; la méthode de la raison, substituée à celle des préjugés
et de la routine ; l’enseignement rendu facile pour celui qui le reçoit,
et la route de la vertu aplanie comme celle de la science ; les mères,
égarées jusque là par la dissipation du monde, citées enfin devant le tribunal
de la nature, et ramenées, par une éloquence irrésistible et par l’attrait du
plaisir, au plus doux comme au plus sacré de leurs devoirs. Une foule
d’écrivains avoient (sic) prouvé, avant Jean-Jacques, que les mères devoient
nourrir leurs enfants ; mais Rousseau, dit un naturaliste célèbre, le
commanda et se fit obéir.
C’étoit déjà une révolution
immense, opérée dans nos institutions et dans nos mœurs ; mais de plus,
dans ce même livre, le peuple et les tyrans, les riches et les pauvres, les
arts de luxe et les arts utiles, étoient si bien mis à leur véritable
place ; à toutes les sottises d’un régime absurde, et fait seulement pour
des esclaves, étoient si naturellement substitués tous les principes d’une
régime sage et digne de l’homme, qu’il falloit ou en quitter la lecture, ce que
l’entraînante séduction du style rendoit presque impossible, ou se nourrir,
même en dépit de soi, de ces germes féconds d’une régénération prochaine.
Reculons vers le
passé ; reportons nous par la pensée, au règne du dernier tyran couronné,
et figurons-nous entendre pour la première fois ces paroles :
« Dominé ce qui
l’entoure, sujet de ses ministres, qui le sont à leur tour de leur commis, de
leurs maîtresses et des valets de leurs valets, un despote est à la fois la
plus vile et la plus misérable des créatures.
« Les guerres des
républicains sont plus cruelles que celles des monarchies ; mais si la
guerre des rois est modérée, c’est leur paix qui est terrible : il faut
mieux être leur ennemi que leur sujet.
« C’est la campagne qui
fait le pays, et c’est le peuple de la campagne qui fait la nation.
« Quand les pauvres ont
bien voulu qu’il y eut des riches, les riches ont promis de nourrir tous ceux
qui n’auroient pas de quoi vivre, ni par leur bien, ni par leur travail…Je ne
suis maître du bien qui passe par mes mains, qu’avec cette condition qui est
attachée à sa propriété »
Ne sont-ce pas là, citoyens,
des maximes révolutionnaires, non pas de cette révolution qui étoit toute au
profit de l’intrigue et de l’opulence, mais de cette révolution qui est la
vôtre, et que vous voulez tourner toute entière au profit du peuple et de la
vertu ? Eh bien ! toutes les pages d’Emile, du Contrat
social et du discours sur l’inégalité des conditions, réfléchissent
ces grandes maximes.
Rousseau sentoit fortement
la nécessité de reconstruire l’édifice social ; et de tous les écrivains
qui ont prédit une révolution générale, aucun ne s’est expliqué plus clairement
que lui : c’est sur-tout dans ce passage remarquable de son Emile,
où il prescrit avec tant de force et développe avec tant d’éloquence la
nécessité d’apprendre à tout citoyen un art mécanique, précepte qui donne lieu,
dans ce temps, à tant de plates plaisanteries sur le gentilhomme menuisier.
Esprits corrompus et frivoles, pour qui un noble oisif étoit tout, et un
artiste utile n’étoit rien ! vous croyiez au-dessous de ce que vous
appeliez fastueusement un gentilhomme de trouver les moyens honorables
d’exister dans le travail de ses bras ! vous ne saviez pas que le temps
approchoit où il n’y auroit pas eu en France un menuisier qui eut voulut être ou plutôt avoir été gentilhomme !
« Vous vous fiez,
disoit ce prévoyant et sage instituteur, à l’ordre actuel de la société, sans
songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables, et qu’il vous est
impossible de prévoir ni de prévenir celle qui peut regarder vos enfants. Le
grand devient petit, le riche devient pauvre, le monarque devient sujet. Les
coups du sort sont-ils si ratres que vous puissiez compter d’en être
exempts ! Nous approchons de l’état de crise et du siècle des
révolutions. Tout ce qu’ont fait les hommes, les hommes peuvent le détruire :
il n’y a de caractères ineffaçables que ceux qu’imprime la nature ; et la
nature ne fait ni princes, ni riches, ni grands seigneurs.
« Je tiens pour
impossible, ajoutoit-il, (et déjà les triomphes de nos principes et de nos
armes garantissent la vérité de cet oracle), je tiens pour impossible que les
grandes monarchies de l’Europe aient encore long-temps à durer. Toutes ont
brillé, et tout état qui brille est sur son déclin. J’ai de mon opinion des
raisons plus particulières de cette maxime ; mais il n’est pas à propos de
les dire, et chacun ne les voit que trop ».
C’est ainsi que dans toutes
ses conceptions politiques l’illustre philosophe genevois devance ses
contemporains, franchit son siècle et pense comme la postérité.
Hâtez-vous donc, citoyens,
d’arracher ce grand homme à sa tombe solitaire, pour lui décerner les honneurs
du Panthéon, et le couronner de l’immortalité. Honorez en lui le génie
bienfaiteur de l’humanité ; honorez l’ami, le défenseur, l’apôtre de la
liberté et des mœurs, le promoteur des droits de l’homme, l’éloquent précurseur
de cette révolution que vous êtes appelés à terminer pour le bonheur des
peuples ; honorez en lui les travaux et les arts utiles pour lesquels il
brava le rire insultant de la frivolité ; honorez l’homme solitaire et
champêtre qui vécut loin de la corruption des villes, et loin du faux éclat du
monde, pour mieux connaître, mieux sentir la nature, et y ramener plus
puissamment ses semblables ; honorez en lui le malheur…. ; car il est
douloureux et peut-être inévitable que le génie et la vertu soient en butte à
la calomnie, à la persécution des hommes, lors même qu’ils s’occupent des
moyens de les rendre heureux ; et Rousseau paya plus qu’un autre cette
dette du génie et de la vertu….Honorez-vous enfin vous-mêmes en honorant
l’homme de génie qui fuit le plus éloquent de vos instituteurs dans l’art
sublime de policer les peuples, et justifiez cette autre prédiction de ce grand
homme non moins infaillible que la première.
« Quand vous verrez la
vérité, écrivoit-il à un jeune ami, il ne sera pas pour cela le temps de la
dire : il faut attendre des révolutions qui lui sont favorables ;
c’est alors que le nom de mon ami, dont il faut maintenant se cacher, honorera
ceux qui l’ont porté et qui rempliront les devoirs qu’il leur impose »
Nous n’avons pas oublié,
citoyens, que c’est un examen et non un panégyrique que vous nous avez chargés
de vous présenter ; nous n’avons pas oublié que Rousseau a accusé les
sciences d’une partie des maux qui ont affligé l’espèce humaine. Un écrivain,
dira-t-on, qui appuie de semblables paradoxes, a-t-il donc tant de droits à la
reconnaissance des peuples libres ? Ingrats ! vous n’ignorez pas
quelle en fut la cause ! L’abus que vous en avez trop souvent fait, a été
si funeste aux hommes, que, dans l’aliénation de sa douleur, il auroit voulu
les replonger dans l’ignorance et dans l’état de sauvage : respectez cet
heureux délire ; il n’appartient qu’à l’ami de l’humanité d’en éprouver de
semblables.
J. J. Rousseau s’est élevé contre les
sciences ; mais ses ouvrages prouvent combien il s’en est occupé. Non,
elles ne sont pas contraires au bonheur des peuples ; ce sont elles qui
relèvent l’homme dans le malheur ; elles consolèrent Boëce dans les
fers…Elles purifient les âmes de leurs sectateurs fidèles : que d’hommes
parmi vous leurs doivent, et leurs plaisirs, et leurs vertus ! Ce sont
elles qui répandent des lumières terribles sur les violateurs des
principes ; l’homme qui pense ne sauroit être esclave.
La
jalousie des talens supérieurs supérieurs se vengea toujours sur le
caractère : pouvait-elle épargner un écrivain dont le nom remplissoit
l’Europe ? J’ai visité la vallée solitaire où ce grand homme passa les
dernières années de sa vie ; j'ai demeuré plusieurs jours au milieu des agriculteurs
paisibles qu’il voyoit souvent
dans tout l’abandon de l’amitié ; il étoit bien triste, me
disoient-ils, mais il étoit bien bon ! …J’ai cherché la vérité dans
la bouche des hommes qui ont (sic) resté près de la nature.
Votre
comité a délibéré sur le caractère qu’on pourroit donner à cette pompe solemnelle ;
il a pensé qu’elle devoit retracer les différents titres de J. J. Rousseau à
l’admiration et à la reconnaissance publique.
La musique qu’il cultiva et
qu’il rendit pour ainsi dire à son innocence primitive ; la botanique dont
il fit une douce et consolante étude ; les arts mécaniques qu’il fit
respecter ; les droits de l’homme qu’il réclama le premier ; les
mères et les enfants qu’il reporta en quelque sorte entre les bras de la
nature ; le peuple qu’il contribua à rendre libre, représenté par nos
frères de Paris ; la République de Genève qui a enfin vengé sa mémoire des
outrages des aristocrates genevois, représentée par l’envoyé de cette
République et par les patriotes de Genève établis à Paris ; les habitans
d’Hermenonville qui ont possédé long-temps ses dépouilles mortelles ; des
citoyens de la commune de Grolet et de celle de Montmorency, qui ont vu naître
parmi eux ses plus beaux ouvrages, et qui lui ont, les premiers, élevé un
monument champêtre ; enfin la Convention nationale : telle nous a
paru devoir être la composition générale du cortège.
Mais
il nous a semblé que le monument consacré à J. J. Rousseau, à l’ami de la
campagne et de la nature, ne devoit être que provisoirement placé dans le
temple même des grands hommes. Si le vœu des amis des arts est rempli, ce
temple ne restera point isolé au milieu de l’immense emplacement qui
l’environne ; on a proposé depuis long-temps de l’entourer d’une vaste plantation
d’arbres dont l’ombre silencieuse ajouteroit au sentiment religieux qu’inspire
ce monument funéraire. Il seroit facile de ménager dans ce bois auguste une
enceinte de peupliers, au milieu de laquelle seroit définitivement placé le
monument élevé à l’auteur d’Emile : depuis sa mort il semble que
l’idée de cet arbre mélancolique est devenue en quelque sorte inséparable de
celle de son tombeau ; et ce spectacle attendrissant rappelleroit à jamais
aux âmes sensibles le souvenir des bocages d’Hermenonville
.
Voici le plan de la fête :
Le cortège sera
composé : 1°, d’un groupe d’artistes musiciens, exécutant des airs du Devin
du village et d’autres airs de la composition de J. J. Rousseau.
Le second groupe, de
botanistes avec des faisceaux de plantes
Inscription
L’ETUDE DE LA NATURE
LE CONSOLOIT DES INJUSTICES DES HOMMES
Le troisième groupe, d’artistes de toute espèce avec
les instrumens de leur métier
Inscription
IL REHABILITA LES ARTS
UTILES
Le
quatrième groupe, des députés des sections de Paris, portant en tête les tables
des droits de l’homme
Inscription
IL RECLAMA LE PREMIER CES
DROITS IMPRESCRIPTIBLES
Statue de la liberté
Cinquième groupe. Mères vêtues à l’antique :
les unes tenant par la main des enfans en âge de suivre le cortège ; les
autres en portant de plus jeunes dans leur bras.
Inscription
IL RENDIT LES MERES A LEURS
DEVOIRS,
ET LES ENFANS AU BONHEUR
Statue de Rousseau
Avec cette inscription :
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS,
LA CONVENTION NATIONALE,
A J. J. ROUSSEAU,
AN II DE LA REPUBLIQUE.
Sixième groupe. Habitant de Franciade et des
communes de Grolet et de Montmorency.
Inscription
C’EST
AU MILIEU DE NOUS
QU’IL
FIT HELOISE, EMILE,
ET
LE CONTRAT SOCIAL
Septième groupe. Habitans de la commune
d’Hermenonville, autour de l’urne cinéraire, sur laquelle seront gravés ces
mots :
ICI REPOSE L’AMI DE LA
NATURE ET DE LA VERITE
8° : Groupe de Genevois avec l’envoyé de la
République
Inscription
GENEVE ARISTOCRATE L’AVOIT
PROSCRIT
GENEVE REGENEREE A VENGE SA MEMOIRE
9°. La Convention nationale, entourée d’un ruban
tricolor (sic), et précédée du phare des législateurs, le Contrat social
Voici le projet de décret :
La Convention nationale décrète que, le second
décadi de vendémiaire, les cendres de J. J. Rousseau seront portées au Panthéon
français.
Charge la commission exécutive de
l’instruction de l’exécution du plan de fête présenté par le comité
d’instruction publique.
___________________
EXTRAIT des registres du comité d’instruction
publique, séance du 28 fructidor, l’an deuxième de la République française une
et indivisible
Un
membre présente le rapport dont le comité l’avait chargé, sur les honneurs à
accorder à J. J. Rousseau
Adopté
Signé au registre, LAKANAL, président ;
BOISSY D’ANGLAS et THIBAUDEAU, secrétaires ; ARBOGAST, GUYTON-MORVEAU,
GREGOIRE, VILLARS, CHENIER, PETIT, MASSIEU, LINDET, LEONARD BOURDON, LEQUINIO, PLAICHARD, BONNET
________________________________________________________
DE L’IMPRIMERIE NATIONALE
Texte
numérisé par Françoise Bocquentin