Le Cerisier
I
Dans ce verger Rousseau s'est arrêté,
Sur ce vieil arbre, il cueillit des cerises
Pour amuser des bouches tant exquises,
Plaire à des yeux au regard velouté,
Rousseau joyeux a cueilli des cerises.
II
Sur une échelle en le voyant monter
Du cerisier pour atteindre les branches,
Montrant les dents, riant à lèvres franches,
Toutes las deux se mirent à chanter,
Battant des mains, riant à lèvres franches.
III
Mais le galant sur l'arbre s'attardait :
Car, au dessous, s'entr'ouvraient les corsages
Plus séduisants encor que les visages;
De légers fruits, habile, il bombardait
Les seins jumeaux bombant sous les corsages.
IV
Et ce fut tout, l'idylle finit là,
Préface frêle aux livres de Jean-Jacques.
Du vieux bouquet, parfums élégiaques ;
Oui, ce fut tout, le soir il s'en alla,
Et bien qu'heureux, comme devant Jean-Jacques.
Edmond Teulet
Janvier 1900
Chansons du siècle dernier, Paris, Coutarel, 1901, p. 124-125.