Création d’un groupe de recherche Rousseau-Asie

 

   Bien que spécialiste de Littérature française, je m’intéresse depuis de nombreuses années à la réception de Rousseau sur le continent asiatique. Cet intérêt s’est concrétisé par quelques articles sur le Japon (« Rousseau chez les samouraïs : Nakae Chômin » ; « La crue d’automne : Kôtoku Shûsui » ; « Satori à Vincennes »), la Chine (« Rousseau en Chine : Le Jardin du repos de Ba Jin  et La Nouvelle Héloïse » ), le Viêt Nam (« Rousseau au Viêt Nam : Tố Tâm et La Nouvelle Héloïse ») ou la Corée (« Rousseau en Corée : Mujông de Yi Kwang-su et Emile » à paraître). Il s’est aussi concrétisé par la présence dans l’Equipe Rousseau que j’anime à l’Université de Paris IV-Sorbonne (UMR 8599 du CNRS), de chercheurs japonais, chinois, coréens ou vietnamiens. La publication récente du livre de Wang Xiaoling sur Rousseau en Chine est aussi liée à cet effort.

   J’envisage donc à la rentrée prochaine d’octobre 2010 de constituer au sein de l’Equipe Rousseau un groupe de recherche Rousseau-Asie qui regrouperait les spécialistes, universitaires, chercheurs, étudiants, etc., intéressés par cette rencontre de la pensée de Rousseau, voire celle des Lumières, avec les cultures asiatiques. Découvrir comment et quand tel aspect de Rousseau – politique, romanesque, pédagogique, autobiographique – est apparu à l’autre bout du monde ; expliquer quelles transformations l’œuvre a dû subir ; examiner quelle part elle a jouée dans le passage à la modernité de ces divers pays, quel enthousiasme et quelle peur elle a pu susciter ; saisir comment elle a été sinisée, vietnamisée ou tatamisée ; révéler les enjeux…, tels pourraient être quelques-unes des pistes vers lesquelles le groupe Rousseau-Asie pourrait s’avancer.

   Un autre intérêt de ce groupe serait aussi de mettre en relation des chercheurs enfermés dans leur discipline. Le japonologue pourrait rencontrer le sinologue ou le vietnamologue et découvrir comment la traduction de Rousseau réalisée d’abord au Japon a circulé dans les autres pays. Le confucianisme japonais n’est pas le même que le confucianisme chinois ou vietnamien et sa remise en cause profonde au contact des idées occidentales ne se fait pas à la même époque ni dans le même contexte social ou politique. Le Japon, la Chine, la Corée ou le Viêt-Nam ont un rapport avec l’Occident qui va de l’ouverture et de l’adaptation du pays au commerce mondial à la guerre coloniale et suscite donc une approche différente des auteurs des Lumières et de Rousseau.

   Enfin, le groupe Rousseau-Asie voudrait accueillir le maximum de personnes intéressées, tant en France qu’en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie. Il leur offrirait sans suprématie d’une discipline sur une autre, un lieu de rencontre, d’échange et de travail destiné à révéler ce terrain quasi-inexploré de la réception de Rousseau, un monde nouveau à l’heure où bien souvent les études rousseauistes demeurent répétitives et n’ont d’autres possibilités, pour paraître nouvelles, que de créer de toutes pièces un Rousseau conceptuel, vide de contenu et de sens, puisque dégagé de l’histoire. Des pays comme le Cambodge, l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie, etc., qui ont également rencontré Rousseau, suscitent aussi notre intérêt. Je tente dans la Bibliographie mondiale de donner les éléments que je peux trouver, mais qui sont loin, j’en suis persuadé, de couvrir tout l’éventail qu’ils laissent percevoir. Les travaux du Groupe Rousseau-Asie feront l’objet de publications.

   Le Groupe Rousseau-Asie qui rassemble dès à présent des universitaires de Paris VII, l’EHESS, Bordeaux 3, Aix-Marseille, etc., présentera vers avril ou mai 2011 une journée d’étude à la Sorbonne. Il invite chaleureusement les spécialistes et amateurs à se faire connaître et à faire des propositions ou des suggestions.

   Pour tout contact, écrire à Tanguy L’Aminot, 88 rue de Montmoreau, 16000 Angoulême (France) , tlamino@msn.com , 00 33 (0)5 45 94 14 85.

 

Tanguy L’Aminot