Rugosité de Rousseau

 

Programme de la journée d’étude de l’Equipe J.-J. Rousseau (UMR 8599 du CNRS)

du Samedi 10 avril 2010 organisée par Tanguy L’Aminot

 

Université de Paris-IV-Sorbonne

(Amphithéâtre Milne Edwards, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, de 9 h. à 18 h.)

Entrée libre

 

En raison du grand nombre de communications, l’horaire sera strictement respecté et les séances commenceront sans retard à l’heure indiquée.

Nous demandons au public d’être ponctuel.

 

 

En 1978, lors du bicentenaire de la mort de Rousseau, Michel Launay notait déjà qu’une des tendances de la critique était de domestiquer l’auteur du Contrat social et d’en faire un objet lisse par une approche souple et sympathique, induisant une idéologie libérale à laquelle elle est plus ou moins consciemment liée. Le J.-J. Rousseau. La transparence et l’obstacle de Jean Starobinski en donnait un bon exemple. M. Launay rappelait qu’il y avait « dans l’œuvre de Rousseau quelque chose qui grince et qui griffe comme un chat sauvage », qui ne se laisse pas caresser dans le sens du poil et qui reste rugueux, quoi qu’on fasse. Les critiques ont également bien des moyens pour éviter d’aborder les questions qui fâchent ou tout simplement les difficultés d’une pensée qui soulignent trop les contradictions du monde présent, celles des sociétés et celles des individus. Faire ronronner Rousseau a plus d’un mérite à l’époque actuelle où l’on peut relever la tendance de ceux que François Jacob appelle « les « méticuleux » qui, en se contentant d’admirer le Rousseau botaniste ou le Jean-Jacques musicien, évitent à peu de frais une confrontation plus directe avec les thèses d’Emile et du Contrat social ». Même pour ceux qui se penchent sur ce dernier livre, il existe aussi des voies de dégagement confortables comme celles de l’aporie ou de l’utopie pour assouplir la rudesse de la pensée rousseauiste et en offrir une version comestible et acidulée propre aux besoins et aux goûts du monde moderne.

Au moment où l’on commence à préparer le tricentenaire de la naissance de Rousseau et où l’on s’apprête un peu partout et sans se poser de questions sur ce que signifie l’acte de célébrer, à le faire ronronner une nouvelle fois, il nous a semblé utile de mettre l’accent sur la rugosité de sa pensée et de son œuvre, dans tous les domaines qu’elle a abordés. Nous privilégierons le Jean-Jacques qui a mauvais caractère, qui griffe et qui mord, qui conteste et se révolte, celui qui ne finit pas en vieux sage auréolé par la gloire, rêveur solitaire taquinant la pervenche, celui qui ne passe pas à la télé et ne dialogue pas avec notre temps. Nous nous intéresserons à l’ours, à l’incendiaire ou au terroriste – tous ces mots doux dont on l’a affublé pour faire peur et tourner le lait des vaches –, non pas pour glorifier ou condamner ces attitudes, mais pour montrer en quoi elles interdisent tout apprivoisement, de quelques régimes ou contre-régimes que ce soient. En quoi la rugosité de Rousseau est inhérente à son œuvre et à toute lecture de son œuvre. On pourra de ce fait montrer comment les critiques ont manœuvré ou manœuvrent encore pour assouplir Rousseau, lui rogner les ongles et le faire idéologiquement servir à leur époque. On n’hésitera pas à griffer à son tour ni à révéler avec des cas précis les techniques ou les enjeux qui déterminent ces discours.

 

 

Matin

 

9h-9h15   Ouverture par Tanguy L’Aminot.

 

9h15-9h40 Abderemane Aboubakar Hakim : "Rousseau incendiaire", exemple de rugosité dans la Prosopopée à Fabricius.

 

9h40-10h05 Gérard Valdivia : Du temps où Jean Jacques était un polisson …Lecture croisée du Manuscrit de Genève et du Contrat Social.

 

10h05- 10h30 Emilia Murgia : La spécificité de la pars destruens du Contrat social : rôle et signification de la dimension critique dans l’élaboration du modèle politique.

 

10h30-11h débat

 

11h-11h15 pause

 

11h15-11h40 Pierre Crétois : La force dans la politique de Rousseau

 

11h40-12h05 Myriam Giargia : Le tricot de Rousseau

 

12h05-12h30 débat.

 

Après-midi

 

14h00-14h25 Daniel Neicken : La généralisation rugueuse. Corollaire sur la texture principale de la volonté de tous.

 

14h25-14h50 Jacques Domenech : L'exigence de la transparence démocratique : Rousseau ou
la démocratie « introuvable » pour ceux qui n'en veulent point.

 

14h50-15h15 Catherine Labro : Rousseau totalitaire contre Rousseau démocrate: enjeu et critique d'une polémique marginalisée dans l'exégèse rousseauiste des années 1960.

 

15h15-15h45 débat

 

15h45-16h pause

 

16h-16h25 Dominique Marie : Confession et provocation; vous avez dit bizarre...?

 

16h25-16h50 Stéphane Corbin : Rousseau délinquant juvénile : de la nécessité de la transgression à la transgression de la nécessité 

 

16h50-17h15 Christophe Van Staen : Le "saut intentionnel", à savoir la présence, sous l'enjeu scientifique, d'enjeux masqués de la critique

 

17h15.- 17h45 débat