Autographes
- Gravures - Dessins
&
Photographies
MARS
2012
N° 70 : Jules Verne (Cliché Carjat)
LIBRAIRIE
WILLIAM THÉRY
1 bis,
place du Donjon
28800 -
ALLUYES
Tél. 02 37 47 35 63
E.mail : williamthery@wanadoo.fr
1.- Pierre ALBERT-BIROT [1876-1967],
poète et dramaturge. Billet autographe
signé, s.d., à
Pierre Béarn ; demi-page in-8° au verso d’une lettre dactylographiée
de Jean-Jacques Lévêque. « Mon cher Pierre Béarn, quelques mots de vous me feront plaisir.
Merci et bonnes amitiés. Pierre Albert-Birot. » Dans
sa lettre, Jean-Jacques Lévêque, libraire-galeriste à
l’enseigne du Soleil dans la tête, demande
à Béarn sa collaboration pour une revue d’expression poétique dont le premier
numéro sera consacré à Pierre Albert-Birot : « Si nous avons choisi Pierre Albert-Birot c’est parce qu’hors du temps, des modes, ce poète
antique, médiéval et moderne à la fois, a constitué une œuvre qui est une des
clefs de la poésie. »… — On joint : 1) La copie dactylographiée
du texte écrit par Béarn pour la revue (demi-page in-4°). « Birot était jusqu’ici comme un coureur
accidenté dont le peloton de tête ne se soucie pas et que les spectateurs
négligent. Ce fut sans doute le mandat des poètes qui le fit revivre, voici
trois ans. On s’aperçut alors qu’il avait autant de talent, sinon plus, que la
plupart de ceux dont les noms nous étaient connus pour avoir, au début de ce
siècle, bouleversé l’art de voir et de sentir. »… - 2) Une lettre de
Max Pons, directeur de La Barbacane, à
Pierre Béarn (Saint-Front-sur-Lémance, 14 février 1968 ; 1 p. in-4°). Lui aussi
demande son concours pour le numéro spécial de La Barbacane qu’il prépare sur Pierre-Albert Birot.
– 3) Une lettre d’Arlette Albert-Birot à Pierre Béarn
(Paris, 10 octobre 1983 ; 1 p. in-8°, en-tête Création). « La
bibliothèque de l’Ecole normale supérieure de jeunes filles et Création,
ce sont 2 choses bien différentes et 2 administrations dissociées. Néanmoins,
voici le dernier n° paru de la revue, à titre amical. »… 120 €
2.- [ALGÉRIE - 1830] Deux documents concernant Alfred d’AUBIGNOSC [1804-1858],
lieutenant-colonel du 25e régiment d’infanterie de ligne, nommé lieutenant
général de Police d’Alger le 5 juillet 1830 — c’est sur son conseil que le général
Clauzel créa le premier bataillon de Zouaves indigènes, par un arrêté du 1er
octobre 1830. — Le premier document est une sorte d’avant-propos nécessaire à
la compréhension du second ; il est de la main d’Aubignosc
lui-même (s.d. ; 1 p. in-4°). D’Aubignosc explique
que le jour de l’arrivée du maréchal Clauzel à Alger [2 septembre 1830], la
municipalité maure, prévenue de son intention de quitter l’Algérie et désireuse
de le retenir, présenta au nouveau gouverneur général un « placet »
singulièrement élogieux à son égard mais dont il ignora l’existence jusqu’à son
départ. Cette pièce « avait été
rédigée, à la prière des notables de toutes les castes, par M. Vincent, un des
premiers et le plus savant des interprètes attachés à l’armée d’Afrique, alors
procureur du Roi près du tribunal provisoire et aujourd’hui son président. Elle
était couverte d’un très grand nombre de signatures. Le jour où je quittai la
ville d’Alger, le corps municipal indigène imagina de m’en faire remettre une
copie, par une députation prise dans son sein, comme un témoignage de ses
regrets de mon éloignement. » On recueillit la hâte quelques
signatures, en tête desquelles figurait celle d’Hamid Bodarba, un personnage clé de
l’occupation française en Algérie, qui avait beaucoup voyagé en Europe et
maîtrisait parfaitement notre langue (Voir
la reproduction ci-dessus). — Le second n’est autre que la copie remise à
d’Aubignosc le jour de son départ, probablement peu
de temps après l’arrivée du maréchal Clauzel, car il semble que d’Aubignosc, légitimiste, ait refusé de prêter serment à
l’administration louis-philipparde et choisi la voie de l’exil, en dépit de ses
excellents rapports avec la population (s.d. ; 2 pp. in-4°). Qu’on en juge par l’extrait suivant :
« Parmi les français que Monsieur le
Maréchal de Bourmont avait appelés à des fonctions à Alger, il en est un,
Monsieur d’Aubignosc, Lieutenant Général de police,
qui s’est plus particulièrement acquit un droit à notre estime et à notre
reconnaissance. Son caractère conciliant, son zèle, son intégrité nous
l’auraient déjà rendu cher si nous n’avions souvent dans des circonstances
difficiles apprécié les heureux effets de sa sagesse et de sa vigilance ;
nous ne saurions trop rendre témoignage au bien qu’il a fait et à celui qu’il
aurait voulu faire ; aussi est-ce avec le sentiment d’une profonde peine
que nous avons appris que ce fonctionnaire estimable et dont le souvenir vivra
dans la mémoire des habitans d’Alger, allait
s’éloigner de nous. » A la suite, les membres du conseil municipal
suppliaient le maréchal de retenir d’Aubignosc à son
poste. RARE ET CURIEUX ENSEMBLE. 230 €
3.- Alexandre ANTIGNA [1817-1878],
peintre. LAS, Paris, 21 février
1873, à un collectionneur ; 1 p. in-8° sur papier de deuil. Il a terminé
ses deux têtes et a même fait une petite reproduction de « Cousquet-Hï », ayant eu ce tableau pendant quelques
jours dans son atelier. « Je me suis
souvenu que vous étiez désireux d’en avoir une reproduction. Vous la prendrez
ou vous ne la prendrez pas. On me la demande si souvent que je n’en serai point
embarrassé. »… — Le
musée des Beaux Arts d’Orléans, sa ville natale, lui a consacré en 1978 une
exposition pour le centenaire de sa mort. 50 €
4.- Jacques-Denis ANTOINE [1733-1801],
architecte, il construisit l’Hôtel des Monnaies et l’hôpital de la Charité à
Paris. LAS, 9 janvier 1792, à Pierre-François Palloy,
le démolisseur de la Bastille : 1 p. in-4°, adresse et cachet de cire rouge.
Il le remercie pour l’envoi de ses vœux et du volume qui les accompagnait :
« mais pourquoi un almanach si bien
habillé ? Le plus simple offert par un
patriote dont le zèle a acquis tant de célébrité, auroit
eu pour moi le même prix. »…RARE. 130 €
5.- Georgette Wallace dite Lucy ARBELL [1882-1947], célèbre
cantatrice, mezzo-soprano, interprète et muse de Massenet. Deux lettres à Henri Heugel. 1) LAS, Saint-Aubin, 15 septembre ;
3 pp. in-8°. Elle aimerait avoir de ses nouvelles. « Moi je suis profondément malheureuse. Le retour ici a été
atroce. Nous pensons rentrer à Paris à la fin de ce mois. J’ai vu que l’on
reprenait Roma à l’Opéra le 11 octobre. Mais je suis sans
nouvelles. »… - 2) LAS,
Saint-Aubin, 25 septembre ; 2 pp. in-8°. Elle le remercie « d’avoir bien voulu faire ces
démarches si pénibles ! » Elle sera de retour à Paris dimanche
soir et viendra lui rendre visite au Ménestrel. 50 €
6.- Philibert AUDEBRAND [1815-1906],
écrivain et journaliste. LAS, Paris,
13 décembre 1888, à un confrère ; 1 p. in-8°. Il lui indique dans quelles
conditions il a traité avec la Libraire Moderne pour son livre intitulé Les Sacripants de Paris en
reproduisant deux articles de son contrat : « 3° M. Audebrand recevra 25 centimes
par volume : le premier tirage sera de 1500 ; etc,
etc. – M. Audebrand recevra le jour même de la mise
en vente deux cent vingt-cinq francs, moitié du prix affecté pour ce premier
tirage, les deux autres 225 francs devant être payés suivant le mode indiqué
dans l’article 4… »… 30 €
GEORGE AURIOL, FÉLIX FÉNÉON
& RODOLPHE SALIS
7.- Jean-Georges Huyot dit Georges
AURIOL [1863-1938], dessinateur, écrivain et créateur de caractères
typographiques. Deux lettres à Félix
Fénéon. 1) LAS, s.d. ; 3 pp. in-8°. Auriol envoie à Fénéon cette
lettre restée plusieurs jours dans sa poche. Le début est un peu moqueur :
« L’audace avec laquelle vous me
demandez si les articles [du Chat-Noir]
sont payés me ferait supposer que vous
êtes fol devenu — si les choses exquises que vous avez dites sur les P.S. ne prouvaient que vous avez toujours toute
votre santé. » Fénéon ignorait-il la pingrerie légendaire de
Salis ? Auriol explique la situation du journal : « En résumé la nelle
administration se dissout, Salis a
traité à la légère avec un type incapable de prendre cette affaire — et tout
est à recommencer. Je souhaite que ça se refasse au plus tôt car c’est bien
ennuyeux et Salis va peut-être traîner des temps avant de se décider. » Il
espère que la nouvelle administration sera sérieuse et qu’une rétribution des
collaborateurs sera envisageable. En post-scriptum, il lui confie qu’il a
depuis longtemps l’intention de lui faire un monogramme. « Vous ferez partie de la prochaine fournée. »… - 2) LAS, 27 octobre 1901 ; 2 pp.
in-4°, vignette représentant une femme portant un saloir sous le bras. Auriol
fait part à Fénéon qu’il quitte « Lepic-Straat »
pour revenir à son ancienne maison d’ « Abbesses-Street » et lui
demande un petit service : « Vous
qui êtes chaque jour à la Revue Blanche, voulez-vous être assez aimable
pour prier l’éminent Kidedroa de modifier mes bandes
de la Revue Bl. & du Cri ? et ce assez discrètement pour
qu’un censeur malencontreux ne vienne pas mettre là-dedans son nez biffeur ? » Au cours de son déménagement il a
retrouvé un double des cachets qu’il avait confectionnés pour Fénéon. « Je vous les enverrai dès que je les
aurai déballés. » Il évoque la difficulté à mener à bien ses
projets : « Les entraves
quotidiennes que le vieux struggle se plaît à nous décocher m’ont empêché
d’aller faire imprimer mon bouquin — mais ce sera pour le commencement de
janvier. » Il lui demande l’adresse du docteur Mardrus :
« Le plaisir que j’ai pris à la
lecture de quelques unes de ses nuits [sa traduction des Mille et Une Nuits publiées par les
éditions de la Revue Blanche] m’a incité
à lui faire un monogramme que je pourrai ainsi lui envoyer quand le graveur
l’aura terminé. » En post-scriptum, il donne l’adresse d’un fabricant
de timbres en caoutchouc pour imprimer ses monogrammes. « Pour confection d’un de ces timbres (1f50) confier
simplement au fabricant un cliché qui lui sert de matrice. Voilà une
adresse : Lemoine 10 Q. Jemmapes. Ce bonhomme grave aussi les
cachets-cuivre pour la cire. » 250 €
8.- Joseph AUTRAN [1813-1877],
poète, auteur dramatique et bibliothécaire marseillais [Acad. fr. 1868]. LAS,
Marseille, 12 décembre 1850, à son
compatriote Joseph Méry ; 6 pp. in-8°
(première page défr.). Longue lettre écrite pour « prévenir certains cancans ridicules
et même les fausses interprétations de Madame Méry,
dont quelques paroles [lui] ont
prouvé hier une chose, c’est que non seulement elle ignore ce [qu’il a] fait dans le temps » pour qu’on
maintînt Méry dans sa position de bibliothécaire de
Marseille et ensuite pour qu’il continuât de jouir de son appartement de
fonction, alors même qu’il avait démissionné. Or, à présent, la ville de
Marseille veut récupérer le logement indûment occupé par les Méry et Mme Méry
accuse Autran d’y être pour quelque chose. « Voici donc ce qui s’est passé :
il y a plusieurs mois M. le Maire [Bonaventure de la Cropte
de Chanterac] me
fit dire que j’avais à prendre vos appartemens pour
que l’on pût donner un logement dans la maison au sous biblioe.
Je répondis au Maire qu’il m’avait dès le principe, laissé le le choix entre votre logement et celui que j’occupais comme
sous biblioe et que je préférais garder ce
dernier, quoiqu’il fût plus que modeste. » Il énonce les trois raisons
de son choix, dont la meilleure était la situation de l’appartement de Méry, au troisième étage, situation incompatible avec
l’état de santé de son père et surtout de sa sœur « à qui les médecins ont défendu ces sortes d’exercices, à cause
d’une affection de poitrine qui lui donne souvent des crachemens
de sang. » Le maire étant revenu à la charge, Autran
lui avait répondu qu’il préférait chercher un autre domicile en ville plutôt
que de faire déloger Mme Méry. « M. le Maire me répondit que les nécessités du service exigeaient
que je restasse dans la maison. » A présent, c’est l’architecte de la
ville qui a déposé un rapport selon lequel « trois
ménages ne peuvent se trouver réunis dans un édifice aussi mal
distribué. » Méry doit savoir ce qui s’est
réellement passé. « Mme Méry me paraît assez fâcheusement prévenue à mon égard,
mais je suis convaincu qu’il me suffira de m’être adressé à votre droiture pour
que vous voyez clair dans cet imbroglio. »… 80 €
9.- Jeanne Louise Beaudon dite Jane
AVRIL [1868-1943], célèbre danseuse du Moulin-Rouge appelée parfois
« la Mélinite », elle posa pour Toulouse-Lautrec. LAS, 27 février [ ?], à la mime, danseuse et chorégraphe Bella
Reine ; 1 p. in-4° (deux trous de classeur sur le côté gauche). Elle
doit décliner son invitation car elle a un rendez-vous chez un spécialiste
rhino-laryngologue. « J’aurais dû le
faire déjà depuis longtemps mais je m’y décide enfin par crainte du pire. Au
reste jusqu’ici j’ai constamment été souffrante de grippes successives qui
pourtant semblent enfin disparues. » Elle ne pouvait pas davantage
monter chez Bella Reine ce mardi : « je
me rendais chez José, prendre un bon bain ; de quoi elle était prévenue
car quelques jours avant nous avions déjeuné chez elle. Elle est toujours aussi
charmante et aussi occupée — vous devez le savoir puisqu’elle m’a dit avoir
dîné chez vous dernièrement. Lorsque j’irai mieux ce que j’espère j’irai au
hasard vous surprendre at home et vous embrasser. »…
RARE. 200 €
MARCEL AYMÉ, ANDRÉ PARINAUD
& CÉLINE
10.- Marcel AYMÉ [1902-1967],
écrivain. LAS, 5 janvier 1954, à André Parinaud ;
1 p. in-8°. Il regrette de ne pouvoir donner sa pièce (Les Quatre Vérités ?) à la revue de Parinaud,
La Parisienne : « mes engagements
avec Grasset ne me le permettent pas. En tout cas, je vous remercie d’y avoir
pensé. » Il évoque son grand ami Céline
dans le dernier paragraphe : « Je
vais m’informer auprès de Céline. Je
suis surpris qu’il ne vous ait pas répondu. Je vous tiendrai au courant. »… 120 €
M. BARRÈS, H. ALBERT, CH.
MAURRAS & E. JUDET CONTRE LES FRÈRES MARGUERITTE
11.- Maurice BARRÈS [1862-1923],
écrivain et homme politique. LAS,
Paris, s.d. [1905 ?], à Henri Albert ; 4 pp. in-8°. Curieuse lettre en grande partie
relative à un différend avec les frères Paul
et Victor Margueritte. « Laissons
Judet. S’il prend réellement L’Eclair
[ce qu’il fera en 1905, avec des fonds procurés par la comtesse de Loynes], nous aurons
là pour la cause un excellent appui. Ce qu’il faut, à mon avis, c’est que vous
disiez nettement la volte face peu honnête des Margueritte. Et il faut la faire signaler aussi par Maurras. Donc inutile de faire pour ce
dernier un dossier compliqué. Le Messager [d’Alsace], en cochant les
passages et en cornant les pages, suffit. Plus les deux articles des
Margueritte. Oui, votre dernier numéro contenait sur lesdits Margueritte un
excellent commentaire qui les prenait de très haut, comme il faut. […] en accentuant bien ce que vous avez déjà dit
et ce que vous reprenez dans votre lettre que je reçois aujourd’hui vous
éclairerez vos lecteurs et donnerez le ton à des journalistes. […] Pendant que je vous écris, je reçois un mot
de Judet qui m’annonce sa visite et qui me dit qu’il me parlera notamment des
Margueritte. »… 150 €
12.- Pierre-Jean de BÉRANGER [1780-1857],
chansonnier. Deux lettres à la poétesse
Malvina Blanchecotte, affectueusement appelée « Ma chère enfant ». 1) LAS, 11 février 1851 ; 1 p. in-8°. Il n’a pas oublié sa
promesse de lui rendre visite après son accouchement. « Mais n’est-il pas un peu tôt pour vous exposer à l’importunité
des visiteurs ? Vous devez avoir besoin d’un grand repos. D’ailleurs je ne
saurais quel jour et quelle heure choisir, pour vous importuner moins.
J’attendrai donc une ligne de vous pour savoir quand je dois aller vous offrir
mes félicitations ainsi qu’à M. Blanchecotte. »…
- 2) LAS, 17 février au
soir ; 1 p. in-8°. Cela fait deux jours qu’il veut aller prendre de ses
nouvelles et qu’il en est empêché « par
une grosse fièvre de rhume » qui le laisse « bras et jambes en compotte. » Comme
il ne prévoit pas d’être plus vaillant le jour suivant, il la prie « de faire jetter
un mot à la poste, pour [le] rassurer
sur l’état de [sa] santé. »… 120 €
13.- Charles Armand de GONTAUT-BIRON
[1663-1756], deuxième duc de Biron, maréchal de France. LS, Paris, 25 janvier 1725, à M. de Razat ;
1 p. in-8°. Vœux de nouvelle année. « J’ay
mille graces a vous rendre, Monsieur, des souhaits
heureux que vous me faites l’amitié de me témoigner pour la nouvelle année par
la lettre que vous m’écrivez le 12e de ce mois, je vous prie d’estre persuadé que j’y suis tres
sensible, et je vous en demande, s’il vous plaist, la
continuation. »… 30 €
14.- Charles BLANC [1813-1882],
historien, critique d’art et graveur, frère cadet de Louis Blanc. LAS, Paris, 6 septembre 1848, à Lockroy,
Citoyen Commissaire du Gouvernement près le théâtre de la République [autrement
dit administrateur de la Comédie-Française, fonction qu’il exerça du 2 mars au
11 octobre 1848] ; 1 p. in-folio,
en-tête Ministère de l’Intérieur – Beaux
Arts – Théâtre. Charles Blanc l’informe que des encouragements financiers
ont été accordés aux cinq auteurs qu’il a désignés : « 500 au Cit. Emile Augier - 400 au Cit. Léon Guillard – 400 au Cit. J. Barbier – 400 au Cit.
de Courcelles – 1000 au Cit. de Musset. Je vous laisse le soin de les informer de cette
décision et vous prie de leur faire parvenir les lettres d’avis ci
incluses. »… 50 €
LOUIS BLANC & LES
COMMUNARDS INCARCÉRÉS A NÎMES (1874)
15.- Louis BLANC [1811-1882],
historien et homme politique. LAS,
Paris, 23 janvier 1874, à un ami ou à un collègue député ; 2 pp. in-8°. A
propos d’un des condamnés détenus à la prison de Nîmes [probablement un ancien
Communard] qui lui a écrit une « lettre
navrante » : « Le signataire demande instamment des nouvelles du
résultat des réclamations qui nous ont été adressées. La dernière fois qu’il en
a été question entre nous deux, vous m’avez dit que vous deviez voir à ce sujet
M. Baragnon. [Numa Baragnon (1835-1892), député de
Nîmes et pour l’heure sous-secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur][…] Ces malheureux ont-ils quelque chance
d’obtenir satisfaction ? De grâce, un mot de réponse. […] Ecrivez-moi quelques lignes que je puisse
transmettre à ceux qui les attendent avec anxiété. »… — Quoique
défiant à l’égard de la Commune, à laquelle il avait refusé de participer,
Louis Blanc eut à cœur d’œuvrer pour l’amnistie des condamnés des conseils de
guerre. Vingt sept Communards, qui avaient participé aux insurrections de Lyon
ou de Marseille, furent incarcérés à la prison de Nîmes. L’un d’eux, l’ancien
instituteur Alphonse Eberard, a laissé un journal de
sa détention au sein de cet établissement pénitentiaire. 70 €
ÉMILE-ANTOINE BOURDELLE &
ANATOLE FRANCE (1920)
16.- [Emile-Antoine BOURDELLE (1861-1929),
sculpteur] Trois photographies d’amateur
originales représentant Bourdelle seul ou en compagnie d’Anatole France ;
elles sont probablement inédites. A gauche : le docteur Couchoud, Anatole France et Bourdelle, photo prise à
Versailles le 14 juillet 1920 (format 4,3 x 6,4 cm). Au centre : Bourdelle
assis dans une barque à Etables-sur-Mer le 26 août 1920 (4,3 x 6,5 cm). A
droite : Couchoud, France et Bourdelle à
Versailles le 14 juillet 1920 (4,3 x 6,4 cm). — On joint : 1) Quatre dessins de Bourdelle reproduits
sur deux photographies (formats : 12,6 x 16,5 et 15 x 23 cm) identiquement
légendées au verso : « Croquis
d’après Anatole France par E. A. Bourdelle. Ces croquis ont été faits en 1919
par Bourdelle qui préparait le buste d’A. France. Ils sont dans la collection
du Dr Couchoud, beau-frère de Bourdelle. J.B-S le 18
avril 1921. » - 2) Trois photographies de la première épreuve en
plâtre du buste de France par Bourdelle prises sous des angles différents (deux
dans le format 11,5 x 16,5 et une dans le format 14 x 20 cm). 300
€
17.- Louis-Maurice BOUTET DE
MONVEL [1851-1913], peintre et illustrateur de livres pour enfants. LAS, Paris, 13 décembre 1912, à son confrère le peintre Alfred Roll ;
1 p. ½ in-8°. Sur le favoritisme qui semble avoir prévalu lors de la nomination
de parents et amis des académiciens Alfred Mézières, René Doumic
et Henry Roujon à la direction de musées nationaux. « J’ai eu quelques détails sur la
petite combinazione. Ces messieurs font partie du
comité ; étant chargés d’administrer pour le mieux les affaires et les
intérêts de l’institut, ils ont commencé par remplir leurs poches. A toi
Mézières le poste d’administrateur de Chantilly pour ton gendre, à moi Doumic et à Roujon les deux
postes de conservateurs des musées André, l’un pour mon gendre, l’autre pour Berteaux l’ami de Roujon. Il n’y
a qu’à hausser les épaules et à cracher du haut du pont dans l’eau qui passe.
Je serais bien surpris si St-Marceaux
arrivait à un résultat. Il ne trouvera partout que je m’en foutisme. »… 50 €
18.- Eugène CAVENTOU
[1824-1913], pharmacien et chimiste, élève de Charles-Adolphe Würtz et fils de Joseph Caventou, le découvreur de la
quinine [Acad. de Médecine, 1870 – Président en 1897]. LAS, Paris, 14 février 1866 ; 1 p. in-8°. Il n’a pu toucher le
billet qu’il vient seulement de recevoir. « Aussitôt
que la somme de trois cent vingt francs sera encaissée pour le compte de la
société, je vous inscrirai de suite sur les livres, comme souscripteur
perpétuel, et j’effacerai la somme de vingt francs, que vous restez devoir pour
l’année 1865. »… 40 €
HENRY CÉARD, LE PRIX GONCOURT
1923 & LA MORT DE PHILIPPE DAUDET
19.- Henry CÉARD [1851-1924],
écrivain. LAS, Paris, 19 décembre
1923, à son épouse, qu’il appelle sa « chère
grande » ; 3 pp. in-4° (fentes minimes aux plis). Intéressante
lettre sur le prix Goncourt et sur l’affaire Philippe Daudet. « A cette Académie Goncourt nous étions
lassés de n’être plus que des espèces de placiers en librairie, dont les
éditeurs monnayaient impudemment les votes. Cette fois-ci, par une honnête
entente, nous avons donné le prix à un auteur, non sans défauts, mais qui a de
la maîtrise et un aspect sévère [Lucien Fabre]. Il avait envoyé un roman en trois volumes : Rabevel,
ou le Mal des Ardents, […] En
dehors de lui, les suffrages ne se sont pas éparpillés, et il n’y a eu de
réclame pour aucun autre candidat. Je ne sais pas si ce système a été apprécié
des marchands de papier, mais la tenue de l’élection a été fort approuvée par
la presse, et je crois que nous avons
remis le prix dans le caractère de dignité qu’il commençait à perdre. Geffroy
et moi, nous nous félicitons d’être arrivés à ce résultat. » Il
revient sur la mort mystérieuse du fils de Léon Daudet, déjà évoquée dans d’autres
lettres à sa femme. Il accuse au passage l’Action Française d’ « embrouiller à plaisir une
question très simple. Pour les raisons ecclésiastiques que je t’ai dites, elle
préfère l’idée d’assassinat, à l’idée de suicide, parce que le suicide est en
contradiction avec la cérémonie religieuse de saint Thomas d’Aquin, laquelle
m’avait paru démesurée et trop faite pour la clientèle du journal. Tout Paris
était là, tout Paris […] savait à
quoi s’en tenir, et par pitié ne disait rien. La révélation de la vérité a
produit le plus mauvais effet et l’on s’emploie en vain à donner une meilleure
impression, d’où un grand discrédit et
pour le pauvre Léon et pour ses polémiques futures. » Quelle était la
vérité ? Céard avait eu peu ou prou le sentiment
de ce qui s’était réellement passé : « L’enfant
connaissait les anarchistes, il est allé dans leurs repaires, les anarchistes
ont trouvé amusant de le compromettre et de lui faire dire qu’il assassinerait
Poincaré. Là-dessus, ils ont prévenu la Sûreté générale sans l’informer de la
qualité du personnage et en donnant seulement de lui une description. Puis, ils
l’ont envoyé dans un endroit où un de leurs adhérents devait le recevoir et le
faire arrêter […] au moment où
l’enfant tombait dans la souricière tendue, on apprit qu’il était le fils
Daudet, et Poincaré était garanti d’un côté, de l’autre côté pour ne point
procéder à une prise de corps, d’où serait résulté du scandale, on laissa
échapper le triste et irresponsable gamin. […] éperdu, se sentant trahi par les anarchistes, traqué par la police,
n’osant pas retourner chez ses parents pour expliquer le désordre de sa
conduite […] il prit le taxi et se
tua avec le révolver qu’on lui avait fourni pour commettre un autre meurtre,
meurtre que d’autre part, par dénonciation, on le mettait dans l’impossibilité
de commettre. »… 200 €
20.- Philippe CHABANEIX [1898-1982],
poète. Manuscrit autographe (sans
doute incomplet), s.d. ; 4 pp. in-4°. Texte
d’une conférence sur la poésie française contemporaine. « Contrairement aux affirmations de certains critiques désabusés,
je pense que la poésie contemporaine est si riche, dans son attirante et
complexe diversité, qu’il faudrait toute une suite de causeries pour en donner
un véritable aperçu. Certes les facilités du verbalisme, l’abus des théories et
l’absence de technique règnent un peu partout et semblent bénéficier des
faveurs de la mode. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! On reviendra fatalement
à la musique ou, si vous préférez, au chant profond. Sans musique il ne saurait
y avoir de poésie qui s’impose à la mémoire, et qui dure. […] Après Nerval,
Baudelaire, Verlaine et Mallarmé,
deux poètes comme Jean Moréas et Paul Valéry, dont l’importance est
incontestable, ont, en continuant la tradition classique, trouvé des accents
profonds et purs qui les égalent aux plus grands de leurs devanciers. Parmi les
poètes vivants mes préférences vont à Francis
Carco, héritier à la fois de Villon
et de Verlaine, qui a su chanter la brume, la pluie, les amours de rencontre et
les ombres du souvenir d’une voix étrange qu’on n’avait jamais encore
entendue. » Il dit aussi ce qu’il aime chez Pierre Camo,
Vincent Muselli, Paul Fort, Roger Allard, André
Salmon, Guy-Charles Cros, Patrice de la Tour du Pin et Robert Houdelot. Puis il rend hommage aux poètes qui ont influencé
son art. « J’ai subi de seize à
vingt ans l’influence d’André Chénier
qui reste le meilleur de nos élégiaques et l’un de nos plus grands poètes de
l’amour. Je dois aussi beaucoup à Jean
Moréas et à P.-J. Toulet qui
m’apprirent il y a trente ans la concision et la pudeur. Enfin Baudelaire et
Nerval sont, de tous les poètes français du dernier siècle, ceux qui me
semblent avoir le mieux réalisé l’idée que je me fais de la poésie. » Le
manuscrit s’arrête sur l’influence, assez grande, mais qu’il est tenté de
minimiser, du surréalisme sur la jeune poésie française : « cette influence me paraît avoir été
moins importante que celle de poètes indépendants comme Guillaume Apollinaire, Léon-Paul
Fargue et Jules Supervielle. »
(Provenance : archives de Pierre Béarn). 100 €
21.- Jules Fleury dit CHAMPFLEURY [1821-1889], écrivain. LAS, 26 novembre 1863, à M. Petit, bibliothécaire à
Bruxelles ; 1 p. in-8°. Lettre de remerciements, « confiée aux bons soins de M. Poulet-Malassis », comme l’indique une mention de
la main de Champfleury sur le feuillet d’adresse. « Votre traduction me sera fort utile, ainsi que le fac-similé de
la gravure. » [Champfleury travaille alors sur l’histoire de la
caricature]. Il lui fait en retour présent de trois brochures devenues rares et
s’offre de lui apporter son concours, si Petit se rendait un jour à Paris pour
ses recherches. « Je ne mets pas
d’ex-donos à mes volumes, la poste n’admettant pas
d’écriture sur les imprimés affranchis ; mais à défaut d’écriture
matérielle, je n’en garde pas moins un précieux souvenir de votre excellente
confraternité littéraire. »… 70 €
22.- [CAHIER DE CHANSONS] Germain
CALIOT, engagé au 18e Régiment d’Infanterie Coloniale. Manuscrit autographe signé : Recueil
de Chansons et Monologues, Moncay, 1903 ;
86 pp in-4° reliées dans un registre cartonné (couv. défr.). Cinquante textes en vers ou en prose illustrés par
l’auteur de 27 dessins naïfs, coloriés pour la plupart, représentant essentiellement
des femmes peu vêtues ou très décolletées. Les quelques titres qui suivent
renseignent sur la vie, les préoccupations et les obsessions du jeune
militaire : La Tonquinoise, Les
enfants et les mères, La noce du petit raffineur, J’enterre ma vie de garçon,
Le Testament de Pierrot, L’armée coloniale, Ce que rêvent les femmes, Nos
femmes aux colonies, Au Bois de Boulogne, Le Marsouin, Tout l’fourbi, Pauvre
bleu, L’Anatomie du Conscrit, Les Ouvriers du Port de Guerre, Loin d’elle… CURIOSITÉ. 180 €
— [CHANSON] Voir
aussi Pierre Letorey.
23.- Léon CLADEL [1835-1892],
écrivain. LAS, 15 mai 1886, à Catulle Mendès ; 2 pp. in-12. Il
voudrait causer avec lui « d’une
foule de choses » qui l’intéressent beaucoup et touchent aussi Mendès
quelque peu. « Malade des pattes et
de l’estomac, je n’irai vous joindre qu’à bon escient où vous semblera bon. Il
y a longtemps que je devais aller vous voir à Passy, mais tout mon petit monde [Cladel
avait 5 enfants] a eu les oreillons
et j’aurai craint d’apporter à votre miocherie cette
affection peu grave mais fort douloureuse. »… 50 €
— [Jean-Baptiste COROT] Voir
Raoul Gineste.
24.- Gabriel-François COYER [1707-1782],
jésuite et écrivain, précepteur du prince de Turenne, aumônier général de la
cavalerie. LAS, Paris, 8 juillet
1753, à Antoine Boquet
de Courbouzon, secrétaire perpétuel de l’Académie
de Besançon ; 1 p. ½ in-4°. Il répond à Courbouzon,
qui lui a demandé ses œuvres pour la bibliothèque de l’Académie de Besançon,
fondée l’année précédente. L’abbé Coyer se réjouit de
la naissance de cette académie provinciale : « lorsque j’en appris la nouvelle je sentis en moi l’amour de la
patrie se réveiller. Bien des gens ne nous donnoient
que le bon sens et les sciences obscures, ils se désabuseront en voyant les
lettres fleurir sous les mains d’une compagnie qui va les cultiver avec succès. »
Il ne s’attendait pas à ce qu’on lui fît l’honneur de lui demander ses
œuvres pour la bibliothèque de la jeune académie : « je me ferai une gloire de répondre à votre invitation. Ces
bagatelles n’existent jusqu’à présent que sur des feuilles volantes. Quand
elles seront rassemblées dans une édition que je projette, j’en ferai un
hommage à l’académie. »… 50 €
25.- Léon DESCHAMPS [1864-1899],
écrivain, fondateur de la revue La Plume et
du Salon des Cent. LAS, Bordeaux, 7
novembre 1888, à l’éditeur Jules Lévy,
« pape des Incohérents » ; 1 p. in-4°. A propos du livre qu’il
vient de publier chez Lévy : Le
Village – Mœurs paysannes. Il s’étonne de ne pas voir son volume chez les
libraires de province ni dans les gares. « Vous
seriez bien gentil de faire le nécessaire le plus tôt possible ; car j’ai
déjà eu une trentaine de véritables articles dans les journaux et revues, et
cela nuit à la vente que l’on ne voie pas le volume. Il y a eu ces jours-ci un
article en tête du « Parisien », une demi-colonne dans le « Chat-Noir » du 27 8bre,
et une critique dans « l’Indépendant
littéraire » sans compter un éreintement commandé dans le « Décadent » du 1er
9bre. »… — Lettre écrite avant le lancement de la Plume, le 15 avril 1889. 50 €
ÉDOUARD DRUMONT ET L’ALGÉRIE (1898)
26.- Edouard DRUMONT [1844-1917],
journaliste, polémiste et écrivain. LAS,
Linas par Montlhéry, 12 août 1898, à son
collaborateur Jean Drault [1866-1951], futur directeur
du journal Au Pilori pendant
l’Occupation ; 2 pp. ½ in-12, en-tête La
Libre Parole. Edouard Drumont, qui a été élu député d’Alger en mai 1898,
demande à Jean Drault de « faire quelque chose sur les élections de conseils généraux en
Algérie. » Il lui envoie une lettre de Félix Réjou :
« je crois que vraiment nous ne
pouvons pas faire autrement que de prendre résolument parti pour lui. Rouyer [Léon Rouyer, président
du Conseil général de Constantine] m’a
écrit de façon pressante pour nous prier de rester neutre entre Réjou et [illis.] qui est, paraît-il, lui aussi, un ardent
antisémite et a été l’avocat de Rasteil [Maxime Rasteil, polémiste antisémite, fondateur du Réveil Bônois en 1891]. Je compte sur votre tact habituel et sur
votre connaissance des questions algériennes pour soutenir Réjou
sans attaquer vertement G… qui semble sympathique à beaucoup d’Anti-juifs. »
Il demande également à Jean Drault de dire quelques
mots en faveur d’un autre candidat antisémite qui se présente à Guyotville ou à Staoueli. 100 €
27.- Théodore DUBOIS [1837-1924],
organiste et compositeur. Quatre lettres
et une carte de visite adressées à l’éditeur de musique Henri Heugel ; 7 pp. in-8° et 1 p. in-16. « Monsieur Armand Gondinet
est venu hier soir à la maison m’apporter de la part de son frère le livret de Viviane
et me demander si je veux le faire pour l’Eden. Comme je pars ce matin pour
Boulogne, je ne puis vous voir pour en causer. En principe j’ai remercié
beaucoup M. Edmond Gondinet d’avoir pensé à moi et
j’ai dit à son frère que je serai de retour de Boulogne mercredi soir, qu’alors
je vous verrais et que nous parlerions de tout cela, que d’ici là on ne
pourrait rien faire d’utile. »… (1er mai 1886) – « Que faisons-nous d’Aben-Hamet et quand ? Vous aviez eu la pensée
de réunir les auteurs afin d’en causer et de décider. […] Je viens de voir Colonne, il vous prie de
lui envoyer la 2e Suite de la Farandole qu’il veut jouer à Aix. Il a
la partition. » (17 juin 1886) – « Je
reçois à l’instant le Figaro qui ne m’a pas causé tant de plaisir depuis bien
longtemps. J’y vois votre décoration, et en lisant cela, j’étais si heureux et
je poussais de tels : ah ! ah ! Enfin ! Bravo ! Voilà qui
est bien ! etc !! que ma femme, qui était
dans la pièce à côté, me demandait ce que j’avais. »… (21 juillet
1886) – « Que devenons-nous avec Aben-Hamet ? Qu’y a-t-il du côté de Carvalho ?
Maurel a-t-il réussi à quelque chose ? Détroyat
a-t-il fait l’acte ? Barbier fait-il les vers ? Pourrais-je
travailler bientôt ? […] Je
m’ennuie de rester ainsi en dehors de l’activité musicale militante. […] et Jacques Callot ? Retrouve-t-on le
livret, et Delibes se décide t-il à y
renoncer définitivement ? » (20 septembre 1886) – « Voici les autorisations de MM. De
Banville, L. de Courmont, A. Landily
Hettich et Lionel Bonnemère. »…
(15 décembre 1886). 160 €
28.- Jean-Louis DUBUT DE LAFOREST
[1853-1902], écrivain. Poème
autographe signé : Alsace-Lorraine !,
Paris, 3 décembre 1894 ; 1 p. in-folio (28 vers). Poème patriotique.
« Le canon se taisait, et la France
meurtrie
Voilait
de noir ses trois couleurs ;
Mais, près d’elle, debout, l’Ange de la
Patrie
La
consolait dans ses douleurs :
« Comme
pour le guérir, la Muse d’Ionie
Berçait
le poète expirant,
Ainsi, je viens donner, en sa noble agonie,
Le
souffle à ton peuple mourant !
Peuple ressuscité ! L’Alsace et la
Lorraine,
Ton
sang vivant, tes sœurs en deuil,
Déploieront nos drapeaux, quand l’heure
souveraine
Aura
tinté sur leur cercueil ! »… 60 €
29.- Jean-Baptiste DUMAS [1800-1884],
chimiste et homme politique, gendre du minéralogiste Alexandre Brongniart
[Acad. Sciences 1832 – Acad. Médecine 1843 – Acad. fr.
1875]. LAS, s.d., à Charles Jourdain, secrétaire général au
ministère de l’Instruction publique ; 1 p. in-8°. Il lui rappelle que
l’association polytechnique va tenir sa séance générale et qu’il est d’usage
qu’elle soit présidée par le ministre de l’Instruction publique. « La séance a lieu le dimanche, au
cirque des Champs-Elysées, en présence de 5 à 6000 personnes —
ouvriers-employés de commerce et leurs familles. C’est donc une heureuse et
favorable occasion de faire entendre de bonnes paroles. M. le Ministre fixerait
le jour. »… — Dumas avait succédé au baron Thénard
à la chaire de chimie de l’Ecole polytechnique, poste qu’il occupa de 1835 à
1840. 40 €
L’AFFAIRE DE PANAMA & LA
MORT DU BARON REINACH
30.- Georges DUVAL [1847-1919],
auteur dramatique et romancier, journaliste à L’Evénement puis à la Libre
Parole. LAS, 24 novembre 1892, à Henri Brisson, député, président de
la commission d’enquête sur l’affaire de Panama ; 3 pp. ¼ in-12, en-tête Libre Parole (légt
défr.). Intéressante lettre sur l’affaire du Panama.
Rappelons que c’est Edouard Drumont, directeur de la Libre Parole, qui avait mis à jour ce scandale financier dans son
journal en exploitant les documents
confidentiels que Jacques de Reinach, un des agents corrupteurs compromis dans
l’affaire, avait mis entre ses mains. Le 20 novembre, la veille de sa
comparution devant le tribunal, le baron Reinach était retrouvé mort et une
commission d’enquête était immédiatement constituée. Convoqué par ladite
commission, Georges Duval énonce les raisons pour lesquelles il ne se
présentera pas : « La
première : les rapports que j’ai
eus avec le baron Reinach, en 1875, étant purement chorégraphiques,
j’estimerais irrévérencieux d’évoquer des souvenirs de danseuses devant des
représentants, qui veulent encore passer pour des calculateurs. La
seconde : l’unique démarche que le baron Reinach est venu faire auprès de
moi, le jour de sa mort, j’en ai conté tous les détails dans la Libre Parole,
et je serais obligé de me répéter. Elle peut intéresser des aliénistes, je ne
vois pas ce qu’elle apprendrait à des juges improvisés et temporaires. La
troisième : si la commission
d’enquête veut avoir des éclaircissements sur l’affaire de Panama, elle n’a
qu’à demander la mise en liberté de notre directeur Edouard Drumont [incarcéré
pour avoir diffamé le député Burdeau], dont
la peine est depuis longtemps terminée. Victimes d’un odieux chantage de la part du président Mariage, les
jurés de la Seine, en effet, ont constamment affirmé que leur volonté formelle
avait été de ne condamner Edouard Drumont qu’à quinze jours de prison. »…
— Drumont devra purger une peine de prison de trois mois, du 3 novembre
1892 au 3 février 1893. 90 €
31.- Elzéar Bonnier-Ortolan dit Pierre ELZÉAR [1849-1916], poète et
auteur dramatique ; il figure sur le célèbre tableau de Fantin-Latour, Le Coin de Table, debout, coiffé d’un
haut de forme, derrière Verlaine et Rimbaud. Deux lettres. 1) LAS,
s.d., à son « cher Paër » ; 1 p. ½ in-8°. Il a de bonnes
nouvelles pour son ami. « J’ai parlé
à l’éditeur Schott de la Tour de Babel. Il me demandait précisément pour
un de ses amis une pièce très-gaie, très fantaisiste. Je lui ai
dit quelques mots de la Tour. Il a paru charmé. J’ai écrit à Kufferath [Maurice Kufferath
(1852-1919), violoncelliste, critique musical, librettiste et chef d’orchestre,
directeur du théâtre de la Monnaie de Bruxelles]. Il faut donc que je vous voie avec la Tour, que vous devez
avoir. Je crois que nous pourrons faire acheter le livret par Schott. » De
son côté, il aimerait recevoir des nouvelles du second acte d’Apajune : « Je voudrais le lire cet été à
Simon-Max [comédien et ténor (1852-1923)], qui va sans doute devenir directeur. » — Apajune,
le génie des eaux, est une opérette de Carl Millöcker
créé à Vienne en 1880, dont Elzéar ambitionnait
peut-être d’écrire le livret français en collaboration avec son ami Paër (?). — 2) LAS,
27 août 1883, à un confrère ; demi-page in-8°. « Vous seriez bien aimable si vous pouviez me donner quatre
places ce soir. »… 50 €
32.- Georges Faillet
dit FAGUS [1872-1933], poète. LAS, Paris, 12 septembre 1901, à Maurice de Faramond ;
2 pp. ½ in-8°, en-tête Editions de la
Revue Blanche. Il a pu se procurer le numéro de L’Ermitage qui a publié ses vers :
« ce périodique se conforme
exagérément à son titre : il se veut introuvable ! Enfin ma Poësie
est donc dépucelée ! Grâce à vous. Une revue mensuelle, menue, fermée et
qui m’ignore a mis moins de trois mois à insérer mes vers. Depuis plus de
trois ans la copieuse et ouverte Revue
Blanche dont je suis l’assidu collaborateur éloigne tous ceux que je lui
présente. » Il déplore toutefois qu’on ait négligé de lui envoyer des
épreuves : « Des coquilles me
navrent, qui me font commettre quel français ! « digne de fleurs à
mes baisers » pour « digue de fleurs » ou ce qui est pis un vers
faux « Vous qui êtes matine et même
mignonne » pour « mutine et menue et mignonne. » — Je fais
épanouir en automne des roses trémières : on me prendra pour un naturiste
— Je me cabre ! »… 50 €
33.- Louis de Gonzague FRICK [1883-1961],
poète. LAS, s.d., au poète Fernand Marc ; 2 pp.
in-8°. Il lui apprend qu’il a composé pour lui « une dédicace chocknosof » :
« Demandez l’exemplaire à René Debresse. Je suis
très souffrant et ne puis pas sortir. Le guérisseur palladien qui s’occupe de
moi depuis plus d’un mois n’est pas encore parvenu à calmer mes atroces
douleurs. » Il ne sait vraiment pas ce qu’il va faire : « Un nouvel ouvrage intitulé : Statues
lyriques se trouve entre les mains de Jacques Hébertot
qui m’a promis d’en écrire la préface. »… 50 €
34.- Charles GARNIER [1825-1898],
architecte. LAS, s.d.
[1868 ?], à l’éditeur de musique Heugel ; 1 p. in-8°, en-tête Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts – Travaux du
Nouvel Opéra – Bureau de l’Architecte ; en vis-à-vis, le timbre humide
des Archives du Ménestrel (défr.). Il lui demande quel jour il pense faire paraître la
partition d’Hamlet [d’Ambroise
Thomas]. « Je dois réunir chez moi
quelques amis, à qui je la donnerai en pâture et je désirerais ne pas les faire
venir pour rien. Vous voyez que je suis tenace mais je suis si furieux
d’avoir accepté votre offre gracieuse, que je me venge à ma manière ; en
attendant je vous remercie bien de l’envoi du morceau d’Ophélie, qui en
doublant votre amabilité, double aussi ma colère… » — On joint :
Un portrait photographique de Charles Garnier ; tirage en
photoglyptie, format 8,4 x 12,1 cm, contrecollé sur carte rigide. 180 €
35.- Adolphe Augier dit Raoul GINESTE [1852-1914], poète. Manuscrit autographe signé : A propos de Corot, s.d. ; 3 pp. ½ in-8° (nombreuses ratures ;
déchirure sans manque au premier feuillet). Extraits : « Un naturaliste féroce a reproché
jadis au peintre des poètes d’avoir fait des paysages dans un atelier et par
conséquent d’avoir travaillé de chic. Jamais accusation ne fut plus fausse.
Depuis le jour où Corot, affranchi des préceptes d’école oublia tous les
procédés et prit la nature pour modèle, ses yeux peu à peu dessillés par la contemplation
fervente ne quittèrent plus son mystérieux et fécond modèle. […] Le génie, malgré la somme d’intuition
considérable […] demande à être
développé par la volonté et la nature ne dévoile pas du premier coup sa beauté
à la fois si simple et si complexe. […] Malgré
le côté paradoxal et la presque impossibilité pratique de ce que nous allons
avancer, on pourrait affirmer dans un sens philosophique et général que Corot
devenu aveugle à la fin de ses jours eut fait d’admirables tableaux. […] Il n’y a de vraiment supérieur que ceux qui
traduisent l’au-delà mais il n’y a en même temps de beau supérieurement
que l’au-delà qui résulte de l’expression c’est-à-dire de ce que les uns
appellent la forme et d’autres, plus simples, le métier. » — A la
suite une douzaine lignes sur le peintre espagnol Zurbaran. 70 €
36.- Jean GIONO [1895-1970],
écrivain. LAS, Manosque, 11 février
1964, à un confrère ; 2/3 p. in-8°, en-tête Jean Giono Manosque Tél. 132. Il accepte de lui donner une préface.
« Mais comment pourrais-je préfacer
une œuvre que je ne connais pas ? Le paravent dont vous m’envoyez la
photographie est bien joli. […] Et
puis la date : 11 mars ! C’est bien proche. Je n’ai guère le temps de
me retourner et de sortir du travail dans lequel je suis. » 80 €
37.- Edmond de GONCOURT [1822-1896],
écrivain. PS en partie imprimée,
Paris, 20 mars 1882 ; 1 p. in-8° oblongue, en-tête Bibliothèque-Charpentier. Reçu de 3000 francs à valoir sur les
droits d’auteur de La Faustin. 60 €
38.- Emmanuel, marquis de GROUCHY
[1768-1847], maréchal d’Empire, comte de l’Empire, pair de France. LAS au bas d’une circulaire de la
Chambre des Pairs, Au château de La Férière
(Calvados), 31 octobre 1838 ; 6 lignes autographes sur une feuille in-4°
(effrangée et insolée). « En
conséquence de l’avis ci-dessus, qui ne me parvient qu’à l’instant, je prie
monsieur le bibliothécaire de la Chambre, de faire remettre au Sr Vitrebert, mon concierge, porteur de ces lignes, les
impressions, les vol. du bulletin des loix, et
l’annuaire du Bureau des Longitudes. »… — On joint : l’état
des services du maréchal de Grouchy de 1780 à 1831 (double feuillet in-4°) et
un portrait gravé sur acier d’après le tableau de Rouillard.
70 €
39.- [GUERRE 1870] Lettre
autographe signée « H. MURAOUR, ancien lieutenant, commandant de Compagnie
dans la 1ère Brigade de l’Armée des Vosges », Asnières, 21
juin, au journaliste Laurent,
rédacteur en chef du Matin ; 1
p. in-4° (fentes aux plis). Témoignage sur la prise d’un drapeau prussien le 23
janvier 1871, près du château de Pouilly. « Le
24 ou le 25 janvier le général Ricciotti Garibaldi
à qui je demandai des renseignements sur la prise du drapeau, me répondit
textuellement : « — Le drapeau
a été trouvé, après la bataille, sur un tas de soldats prussiens morts
ou blessés. » La hampe du drapeau avait été brisée par un éclat
d’obus ; d’après les rapports allemands il y avait eu six porte-étendards
tués dans le combat en défendant le drapeau. […] Mon bataillon a été le premier incorporé dans l’armée des Vosges. J’ai
fait, par conséquent, toute la campagne avec l’armée garibaldienne. » Murarour a conservé des notes et des souvenirs très précis
qu’il met volontiers à la disposition de son correspondant. — Giuseppe Garibaldi était sorti vainqueur de la bataille de
Dijon, du 21 au 23 janvier 1871, contre 4000 soldats prussiens. Le drapeau du
61e régiment poméranien trouvé le soir du 23 janvier par un mobile
français, un certain Curtat, appartenant à la brigade
de son fils Ricciotti, fut exposé aux Invalides
jusqu’à ce que l’occupant allemand vînt le reprendre en 1940. A Dijon, l’avenue
du Drapeau conserve le souvenir de cet événement assez rare pour être commémoré,
les Prussiens n’ayant perdu que trois drapeaux pendant la guerre de 1870-71. 50 €
40.- [GUERRE 1870- EURE] Photographie
(reproduction de 1920) représentant un groupe de
« maîtres-brûleurs » saxons, responsables de l’incendie qui ravagea
la ville d’Etrepagny (Eure) dans la nuit du 30 novembre 1870. Format 10 x 17
cm, contrecollée sur un carton rigide au dos duquel figure cette note : « Les « Meisterzeuger »
(Maîtres-brûleurs). Saxons incendiaires d’Etrepagny (Eure) en 1870. Groupe pris
à Gisors Xbre 1870. Photographie donnée en
1920 à M. Pierre Sauret, sous-préfet des Andelys, par un Andelysien qui avait
été dans son enfance témoin des incendies allumés par ces militaires. » — Après
avoir subi de lourdes pertes à Etrepagny, les Saxons étaient revenus en force
et avaient incendié une soixantaine de maisons. Avant de repartir, ils prirent
soin de briser les pompes à incendie, rendant ainsi la population impuissante à
maîtriser le sinistre. 50 €
41.- [JOURNAL] LE SIFFLET, journal hebdomaire. Directeur : Arthur Lévy. Rédacteur en
chef : Michel Anézo. Première année complète des 50
numéros parus entre le 21 janvier et le 29 décembre 1872. Textes de Michel Anézo,
Henri Buguet, J. Davil, Raoul
Fauvel, Louis Gabillaud, Louis
Gille, Alfred Klein, Alphonse Lafitte, Léopold Laurens, Le Guillois,
Charles Leroy, Gaston Marot, Albert Millaud, Paulus,
Edmond Viellot. Les pseudonymes ne manquent
pas : Asinus, de l’Académie… des pochards, Un
Geai, Jonathas, colonel Mac-Razor,
Un Merle, Monsieur Machin, Montretout [= Georges Petilleau], le Père-Siffleur, Rabagas,
R. Nany, Yvel [= Armand
Lévy]. Illustrations de couverture par : E. Cottin, Demare,
A. Humbert, Henri Kat, Eugène Ladreyt, Georges
Marquet et H. Meyer. Etat moyen (plusieurs expl.
froissés en bas de pages, quelques autres défr., etc). 120 €
42.- Jacques Laplaine
dit J. LAP [1921-1987],
dessinateur de presse, il travailla essentiellement au Canard enchaîné. Dessin
original au feutre noir et au crayon de couleur bleu signé : « L’Arrivée des Grands Prix - Le
Gentleman Rigueur » Caricature représentant François Mitterrand en
jockey chevauchant un cheval de course ayant la tête de Pierre Mauroy, son
premier ministre de 1981 à 1984. Dessin paru dans le Canard enchaîné, probablement lors de la mise en place du
« tournant de la rigueur »,
sous l’impulsion de Jacques Delors, au printemps 1983. 60 €
43.- Emmanuel, baron de LAS CASES [1800-1852], député du Finistère puis
sénateur, fils de l’auteur du Mémorial de
Sainte-Hélène ; en 1821, il cravacha publiquement Hudson Lowe pour
venger l’attitude de ce dernier à l’égard de l’Empereur, de son père et de
lui-même, un incident qui pourrait expliquer la tentative d’assassinat dont il
fut victime en 1825 à Passy par deux hommes parlant à peine le français. LAS,
Paris, 29 octobre [ ?], à un éditeur ; 2 pp. in-4°. Il a trouvé à
son retour à Paris le prospectus du premier volume de l’Encyclopédie des gens du monde que son correspondant lui a adressé
et il lui demande de l’inscrire sur la liste des souscripteurs. « Votre connaissance avec les Dr Gall [Franz Joseph Gall
(1757-1828)] et Spurzheim [Johann Gaspar Spurzheim (1776-1832] me
fait espérer de trouver enfin la phrénologie
convenablement traitée dans un ouvrage qui annonce devoir être aussi
remarquable. Maintenant que Spurzheim n’est plus je
ne connais d’autre personne vraiment phrénologiste que le Dr Vimont [Joseph Vimont
(1795-1857)] qui vient de publier un
ouvrage digne de ses prédécesseurs.
[…] Je suis convaincu que dans le
cas où M. Vimont serait encore en France ce que
j’ignore il coopérerait volontiers à votre ouvrage si vous vous adressiez à
lui. Il est encore une branche de
science encore presqu’inconnue en France mais qui a fait assez de progrès en
Allemagne pour mériter je pense une place dans votre ouvrage, je veux parler de
l’homœpathie.
Peu de personnes, même parmi ceux qui la pratiquent la connaissent à fond et
avec pureté parce qu’il est bien difficile pour des médecins
distingués de dépouiller totalement les idées acquises par un travail de
plusieurs années et il serait cependant important de la présenter disons
avec développement tout au moins avec exactitude. » A la fin de la
lettre, il s’offre de relire la notice qui pourrait éventuellement être
consacrée à son père, « cela
uniquement pour éviter des erreurs. »… 90 €
44.- Pierre-Jean, marquis de LAS
CASES [1750- ?], colonel du régiment de Languedoc et maréchal de camp, chevalier
de Saint-Louis, commandeur de l’ordre de Saint-Lazare, cousin de l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène qu’il persuada
de faire carrière dans la marine royale ; son épouse, Rose-Raymonde Budes de Guébriant était dame de
compagnie de la princesse de Lamballe.
LA signée « le mqs de Las Cases », Paris, 19 mai 1789, au comte de Puységur [Marie-Jean Chastenet, comte de Puységur (1754-1820), commandant la 9e Division
militaire (Hérault)] ; 1 p. in-4°. Lettre écrite moins de deux mois avant la
Révolution française. Las Cases assure le comte qu’il n’a jamais reçu la lettre
que celui-ci lui a « écrite le
9 février dernier au sujet du nommé Jean-Baptiste Guillaume Gilbert
Blanquet. » Il reçoit à l’instant la note que Blanquet lui a adressée
à Montauban et qui lui a été réexpédiée à la capitale. « Cet homme est resté à l’hôpital d’Auch le 20 octobre de l’année
dernière, jour ou le second bataillon du rgt. de
Languedoc est parti de cette ville pour se joindre rejoindre au premier à
Montauban. Depuis cette époque le rgt. n’a eu aucune
nouvelle de ce soldat, ainsi il m’est impossible de donner d’autres
éclaircissements à monsieur le comte de Puységur à son sujet. »… 70 €
45.- Jean-Louis LASSAIGNE [1800-1859],
chimiste, élève de Vauquelin, professeur de chimie à l’Ecole vétérinaire d’Alfort, auteur d’un Dictionnaire des réactifs chimiques (1839). Manuscrit autographe : Analyse
de deux concrétions trouvées dans l’articulation du genou d’un vieillard,
s.d. : 4 pp. in-4°. Lassaigne
se livre d’abord à un rappel historique : « Guyton
et Fourcroy sont, à ma connaissance,
les chimistes qui, pour la première fois, en 1782, analysèrent des concrétions
arthritiques et annoncèrent d’abord qu’elles étaient formées de phosphate de
chaux. […] En 1797, Wollaston démontra que la substance qui
composait ces concrétions était de l’urate de soude et tous les
chimistes qui eurent, depuis cette époque, l’occasion d’en soumettre l’analyse confirmèrent
ce dernier résultat. Fourcroy lui-même, quelques années après la découverte de
Wollaston, reconnut la présence de cet urate dans une concrétion extraite de
l’orteil d’un homme de 50 ans […] observation
qui a été ensuite confirmée par un travail qu’il fit en commun avec Vauquelin. Enfin M. Vogel, professeur à Munich, a fait
observer en 1813, que ces concrétions renfermaient quelquefois de l’urate de
chaux. » Il en vient ensuite à ses propres observations faites sur
« deux petites concrétions blanchâtres,
très dures et aplaties qui avaient été trouvées flottantes dans l’articulation
du genou, lors de la dissection d’un cadavre d’homme d’environ 70 ans. » Ces
observations, au nombre de cinq, sont évidemment longuement décrites avec la
rigueur scientifique qui convient, mais nous n’en retiendrons que le
résultat : « ces concrétions […]
sont composées de : matière animale
soluble dans l’eau bouillante 37,2 % - Sous-phosphate de chaux 49,9 – Carbonate
de chaux 12,9%. On ne peut se dispenser de rapprocher ces concrétions trouvées
dans l’articulation du genou, des concrétions osseuses qui se
rencontrent si fréquemment dans l’économie animale mais qui sont rares si on
les considère comme des concrétions trouvées flottantes, entre les capsules
synoviales du genou chez l’homme ». 180 €
46.- Germain-Félix TENNET de
LAUBADÈRE [1749-1799], général de division des armées de la République, ami
de Pichegru, il se distingua à la bataille d’Arlon où il fut blessé en
chargeant l’ennemi à la tête d’une colonne d’infanterie ; son nom est
inscrit sur le pilier nord de l’Arc de Triomphe. PS, Au Quartier-général d’Amiens, 27 vendémiaire an 5 [18 octobre
1796] ; 1 p. in-folio, en-tête Laubadere, général
commandant la 15e Division Militaire, vignette non recensée par
B.B., cachet de cire rouge (défr. ; pet.
réparations). Certificat de mérite
militaire délivré à Josset Saint-Ange : « Le Citoyen Josset
Saint-Ange, adjudt Général, chef de
Brigade & de mon Etat major depuis le 1er floréal 4e
année jusqu’au 19 Messidor de la même année, a rempli cette Emploi avec tout le
succès et l’honneur qui sont ordinairement les suites du zèle et de
l’intelligence, et des talents qui caractérisent un Excellent officier […] & je vois avec sensibilité la république
privée des services de cet officier qui se trouve réformé d’après l’arrêté du
Directoire Exécutif en date du 8 fructidor, qui supprime les armées de l’Océan
& de l’Intérieur. »… — Il semble que Laubadère
ait pris lui-même sa retraite peu de temps après tandis que Josset
Saint-Ange reprenait du service. On retrouve en effet sa trace comme adjudant
commandant à l’Etat-major général de l’armée dans l’Almanach impérial de 1810. 80 €
47.- Népomucène-Louis LEMERCIER [1771-1840], poète,
auteur dramatique et critique, fils du secrétaire des commandements de la
princesse de Lamballe, laquelle était aussi sa marraine ; élu en 1810 à
l’Académie française où lui succéda Victor Hugo, dont il avait combattu la
candidature de son vivant. LAS, 24
juin 1824, à Raynouard, secrétaire
perpétuel de l’Académie française ; 1 p. in-8°. Des ennuis de santé
l’empêcheront « d’assister aux
tristes cérémonies de ce jour et peut-être à celles du lendemain [les obsèques
de deux académiciens : Etienne Aignan et le cardinal de Bausset, décédés tous les deux le 21 juin 1824]. » Il lui faut de plus se rendre à
l’audience du tribunal ou « le jeune
homme qui [lui] a fait un hommage
public est appelé aujourd’hui pour y subir un jugement. » : « Je
ne dois, ni ne veux l’abandonner à une incrimination absurde et bassement
méchante. Il me semble qu’il vaut mieux me servir du peu de forces que j’ai
pour prêter aide aux vivants que pour accompagner des morts : mes prières
et mes regrets sincères ne les suivront pas moins avec les vôtres jusqu’à leur
dernière demeure. »… 60 €
48.- Pierre LETOREY [1867-1948],
compositeur. Manuscrit musical de La Marche de Turenne, piano et
chant, (texte de Pierre Durocher, air de
Lulli harmonisé par Pierre Letorey), s.d. [1908] ; 2 pp. in-folio. Cette chanson, dédiée au
baryton Louis Nucelly, de l’Opéra, a été interprétée
par Rachel de Ruy dans son spectacle : l’Histoire de la Chanson. Citons le
premier couplet : « Monsieur
Turenne a dit au Poitevin / Qui a grand soif et lui demande à boire / Monsieur
Turenne a dit au Poitevin / Aux champs d’Alsace il pousse aussi du vin /
Et ce vin-là pétille mieux / S’il est versé par Madame la Gloire / Et ce vin-là
pétille mieux / Lorsqu’on y mêle un flot de sang joyeux. »…— On
joint : 1) Une autre partition autographe de la Marche de Turenne, chant seul. - 2) Le texte dactylographié des
paroles de la chanson, signé par Léon
Durocher (1 p. in-4°) – 3) Pierre Letorey : LAS,
1908, à l’éditeur de musique L.
Gauvin ; 1 p. in-8° oblongue. Il a une pièce qui passe le jour suivant
au Grand Théâtre de Genève et il doit s’y rendre absolument. « Je serai de retour à Paris mardi
matin et vous aurez la Marche de Turenne mercredi. Si je n’étais pas si
modeste je dirais que l’ami Durocher n’aura pas perdu pour attendre. »… - 4)
Le manuscrit d’une autre chanson : Et autre chose itout, déposée le 20 mars 1903 au dépôt
légal ; 2 pp. in-4° (pet. déchirure). – 5) Partition autographe : Mon
contrebassiste, 8 portées musicales. 120 €
49.- [LIVRE D’OR SIGNÉ PAR DES CÉLÉBRITÉS] 10 feuillets rigides
in-4° à l’italienne détachés du Livre d’Or du restaurant parisien « Le
Poisson d’Or ». On y trouve environ 50 signatures, certaines précédées de
quelques mots autographes, laissés au sortir de table par des personnages
célèbres, entre 1936 et 1949 : Aspasie,
princesse de Grèce qui a signé deux fois), Harry Baur (avec 9 lignes autographes), Raymond Bernard, Pierre Brasseur (avec 3 lignes aut.), Maurice
Chevalier, Suzy Delair
(avec 6 l. aut.), Lydia Deterling,
Denis Percy Stewart Conan Doyle
(fils du créateur de Sherlock Holmes et son exécuteur testamentaire), Thami El Glaoui, pacha de Marrakech (en caractères
arabes), Tania Fédor, Abel Gance, Emmerich Kálmán
[le compositeur de la Princesse Czardas, avec
une portée musicale autographe], Fritz
Kreisler, Myrna Loy (la « reine
de Hollywood » des années 30), Mary Marquet, Gaby Morlay,
Lucien Muratore, George
Raft, Jean Renoir (avec 3 l. aut. adressées à Erich von
Stroheim : « Mon cher Eric,
je te retrouve ici. Tu y as traîné comme moi tes bottes mélancoliques. Tu y as
trouvé une consolation à bien des choses car l’endroit est de choix et je
l’aime puisque tu y es venu. Jean Renoir »), Albert Sarraut, Erich von
Stroheim (avec 4 l. aut. évoquant son
adaptation cinématographique de la Veuve
joyeuse de Lehar – Voir reproduction ci-dessus), Valentine Tessier, Théodore-Valensi (avec 7 l. aut.), etc. 250 €
50.- Auguste Frédéric Viesse de MARMONT [1774-1852], maréchal de France, duc de Raguse. Lettre signée « le Mal
Duc de Raguse, général en chef de l’armée du Portugal », Valladolid,
21 février 1812, au général Bresson [Jean-Pierre
Alexandre Bresson de Valmabelle (1772-1812)] ; 1 p. in-4° sous verre dans un cadre
de bois verni 31 x 36,5 cm, plaque de cuivre sur la baguette inférieure : Maréchal Marmont Duc de Raguse. Transfert
sur ordre de l’Empereur. « en
conséquence des ordres de Sa Majesté qui m’ont été transmis par le ministre de
la Guerre [Guillaume Clarke, duc de Feltre], il est ordonné au Général de Brigade Bresson de partir en poste pour
se rendre au 3e Corps d’armée commandé par le prince d’Ekmühl [i.e. Davout],
où il doit être employé. » (Tache sous la signature) — Bresson mourut d’épuisement à Koenigsberg au retour de la calamiteuse campagne de Russie. 120 €
51.- Henri MARTIN [1810-1883],
historien et homme politique, sénateur de l’Aisne, président de la Ligue des
Patriotes, il succéda à Thiers à l’Académie française (1878). LAS, s.d., à Pauline Viardot ; 3 pp. in-8° sur
papier de deuil. Lettre évoquant Daniele Manin,
chef de l’éphémère République vénitienne de Saint-Marc, mort à Paris le 22
septembre 1857. Henri Martin est sur le point de se rendre en Italie : « au lieu d’aller reconduire les restes
de Manin dans sa patrie délivrée, je ne puis qu’assister à la cérémonie funèbre
qui aura lieu en son honneur le 22 7bre dans une autre cité plus
heureuse, à Milan. Les pauvres Vénitiens ont désiré que quelques uns de leurs
amis de France leur donnassent ce témoignage de fraternité, et je me suis
décidé à faire le voyage. »… — Venise étant toujours sous la
domination autrichienne, les restes de Manin, contraint à l’exil après la
capitulation du 22 août 1849, ne pouvaient y être inhumés. Il fallut attendre
le 22 mars 1868, jour anniversaire de la révolution de 1848, pour que ses
cendres pussent enfin reposer dans la terre natale qu’il avait si vaillamment défendue
pendant un siège de 18 mois. 50 €
52.- Jean Frédéric Phélypeaux,
comte de MAUREPAS 1701-1781,
homme politique, secrétaire d’Etat à la marine de Louis XV, il fut disgracié de
1749 à la mort du roi pour avoir commis un libelle hostile à la favorite, Mme
de Pompadour et ne revint aux affaires qu’à l’avènement de Louis XVI qui le
nomma ministre d’Etat. LAS,
Versailles, 12 juillet 1726, à un « Monseigneur » (le cardinal de
Fleury, nouvel homme fort du régime depuis moins d’un mois ?) ; 2 pp.
in-folio (mouillure n’affectant pas la signature). Il le prie de transmettre
les ordres du roi « pour tirer des
magasins de Marval et de Toul 543 Bayonnettes qui seront ajustées a un pareil nombre de
fusils que l’on prepare à Thionvillle
pour l’armement d’une partie des milices. »… — On joint : la
copie de 4 lettres du duc de Nivernais, son beau-frère, ambassadeur de
France à Rome ; les deux premières adressées à sa belle-mère, la comtesse
de Pontchartrain, mère de Maurepas et les deux autres à Maurepas lui-même. Ces
copies, formant 4 pp. in-4°, pourraient être de la main du secrétaire intime du
duc, La Bruère, surnommé « Malagrazzia »
par son maître en raison de son caractère. Extraits de ces lettres,
envoyées peu après la disgrâce de Maurepas : « Il y a des gens dont l’amitié se diminue par les disgrâces de
leurs amis, je puis vous assurer avec vérité que le contraire m’arrive, j’aime
cent fois mieux Mr et Mad. De Maurepas depuis leur
malheur. (…) Il s’y joint un véritable désespoir de n’être pas à portée de leur rendre aucun service ni soins dans
l’occasion de leur vie ou ils en ont le plus beson,
et dans la seule de la mienne ou je pouvois leur être de quelque secours, le pauvre homme m’a écrit une lettre la plus touchante, la
plus courageuse la plus douce et la plus résignée qu’on puisse imaginer. (…)
j’y vois ce que je scavois dejà
que les seules choses qui l’affectent sont la perte de la bienveillance d’un
maitre qu’il aime tendrement et
l’inquiétude que lui cause la santé miserable de Mad. de Maurepas. »… (Castelgandolfo,
26 mai 1749, à la comtesse de Pontchartrain)
– « Quel plaisir trouvez-vous à me
percer encor le cœur que j’ai déjà plein de tant de cicatrices. Au reste il y a
deux mois que je n’ai recu un seul mot de Mad. de Pompadour, de sorte que je ne suis
pas actuellement en état de devoir ni pouvoir lui écrire. Elle m’a cru honnete homme jusqu’à present, j’espere qu’elle le croit encore, et pour qu’elle le croie
toujours je ne manquerai aucune occasion de lui exprimer ce que je crois, ce
que je sens et ce que je sais. Je dois cette vérité à l’amitié qu’elle m’a
toujours marquée, et je rendrai toujours justice à la bonté de son cœur, malgré
les erreurs ou on peut entrainer la douceur et la facilité de son
esprit. »… (A la même, 27 mai 1749) – « Nous sommes venus passer quelques jours chez le bon abbé de Cornilliac qui est bien le plus vertueux et le meilleur francais
qui soit au monde. Il est presque aussi
affecté que nous de votre malheur, et nous nous en entretenons continuellement
ce qui sans être une consolation ne laisse pas que d’être un
soulagement. »… (Castelgandolfo, 29 mai 1749, à
Maurepas). — On ajoute aussi à ce
dossier : 3 lettres au duc de Nivernois
écrites par Salley, secrétaire du comte de Maurepas,
dans les p0remiers temps de l’exil de ce dernier (mai, juin et août 1749) ;
11 pp. in-4°. « Je n’ay pas voulu
hasarder que vous fussiés sans nouvelles de sa santé
qui est tres bonne. Mad. La
Csse de Maurepas est aussi en santé
parfaite jusqu’à present. (…) M. le Cte de Maurepas a recu
votre lettre du 6 de ce mois, vous ignories encore le
malheur qu’il a eu de cesser de plaire au Roy et qu’elles auront été les suites
mais vous l’aures scu
quelques jours après ; ce que nous ne scavons
pas et ce qu’il ignore luy même, c’est ce qui a pu
causer sa disgrace. (…) Si l’on pouvoit
se consoler d’avoir deplu à qui l’on desiroit de plaire : tout bien calculé, on parviendroit a preferer les ayremens de la vie tranquile et philosophique a la fatigue eternelle
que cause le poids immense des affaires et les inquietudes
que reproduit sans cesse la passion de faire le bien des autres, et de reussir. »… (29 mai 1749)… 150 €
53.- Olivier MÉTRA [1830-1889],
compositeur de valses populaires et chef d’orchestre, il dirigea les orchestres
de Mabille, des Folies-Bergère et des bals de l’Opéra
de Paris. LAS, Fécamp, 31 août 1858,
à son « cher Jules » ; 1 p. ½ in-8°. Il apprend à son ami que
la veille, à dix heures et demie du soir, « un
horrible incendie a détruit de fond en comble le Casino. A 11 h, il n’en
restait pas un vestige ! » Il espère toutefois toucher ses
appointements car il en a besoin pour revenir à Paris. « Dans tous les cas vous pouvez compter sur votre musique vendredi
soit que je vous l’apporte moi-même soit que je vous l’envoie de Fécamp. »
Il s’excuse du retard qu’il a pris : « depuis que je vous ai quitté j’ai presque toujours été
malade. » Enfin il s’offre de lui rendre un petit service : « Si vous avez quelque chose à faire
dire à Paquis relativement à vos instruments (car les
timbales et le tambour ont été brûlés) écrivez-le moi. »… 50 €
54.- Jules MICHELET [1798-1874],
historien. LAS, s.d.
[1838], à un journaliste ; 1 p. in-8°. Il lui apprend que l’Académie des
Sciences morales l’a désigné à l’unanimité pour la chaire d’histoire du Collège
de France. « Je crois devoir
rapporter en partie ce succès au témoignage si honorable que vous avez bien voulu
me rendre dans votre trop bienveillant article. Une indisposition assez
grave, dont je me remets lentement, a pu seule m’empêcher jusqu’ici de vous
remercier en personne. »… — Michelet sera destitué de ce cours en
avril 1852. 60 €
55.- [John MILTON (1608-1674),
poète anglais] Dessin original à la mine
de plomb signé « Louise » et daté de 1877 ; format 11,5 x
14,5 cm. 30 €
56.- [Frédéric MISTRAL (1830-1914),
écrivain] Georges VILLA [1883-1965],
caricaturiste et illustrateur. Dessin
original à l’encre de Chine signé, format 9 x 14,5 cm, exécuté sur une
feuille de papier vergé 16 x 24 cm. 50 €
— [Alfred de MUSSET] Voir
Charles Blanc.
— [Pierre-François PALLOY] Voir
la lettre de l’architecte Antoine à lui adressée.
57.- Auguste PANSERON [1795-1859],
compositeur et pédagogue, auteur d’un Traité
d’harmonie pratique (1855). Sept
lettres à divers correspondants ; 7 pp. in-8°. A son « cher Bodin » : « Voici 716 méthodes de vocalisation
que je mets sous la protection de ta fille en la priant de les placer. Elle me
sera redevable de 84 f lorsqu’elle les aura placés. Promets-moi mon cher
camarade de lui recommander cette méthode. »… (Paris, 10 juillet 1840)
- A Alphonse Royer : « Ma
femme désire aller ce soir à l’Opéra. Si vous pouvez me donner une jolie loge,
vous me ferez grand plaisir. »… (s.d.) – A
M. Dané : Recommandation. « M. Brice qui vous présentera cette
lettre, est un de mes vieux amis, professeur de chant, ancien élève du
conservatoire de la célèbre classe de [illis.] dans laquelle il a obtenu de grands succès,
il a vécu 30 ans en Russie et désire se fixer à Rouen comme professeur de
chant. »… (s.d.) - A M. Denis : Demande de loge. (s.d.)
– A son « cher
Trévoux » : « Pardon
mille fois ; mais notre concert de cercle est encore remis une fois au
jeudi 6 avril prochain. »… (s.d.) – A Emile
Perrin, directeur de l’Opéra-Comique : « Ma femme revient de la campagne et a un vif désir d’aller ce
soir à l’Opéra Comique. Vous me feriez grand plaisir en me donnant pour ce soir
une loge. »… (30 octobre 1857) –
Au même : Autre demande de loge. (s.d.) 90 €
58.- Jules-Etienne PASDELOUP [1819-1887],
chef d’orchestre, fondateur des Concerts Pasdeloup. LAS, Paris, 21 avril 1874, au
préfet de la Seine [Ferdinand Duval] ; 3 pp. in-folio. Après avoir
rappelé que les Concerts populaires de musique classiques [fondés par lui en
1861] ont rempli chaque dimanche de la saison d’hiver une salle de 4000
personnes, et qu’ainsi, du point de vue orchestral, la France dépasse ce qui se
fait à l’étranger, il déplore qu’il n’en soit pas de même pour la musique
chorale. « Il n’existe pas en France
comme en Angleterre et en Allemagne des masses chorales disciplinées se
réunissant plusieurs fois par an pour exécuter les oratorios d’Haendel, Bach,
Mendelssohn, etc, etc. […] C’est pourquoi je viens demander aide, soit à la Ville de Paris, soit
au département de la Seine, pour fonder chez nous, comme cela a lieu sur les
bords du Rhin, Cologne, Düsseldorf, Aix-la-Chapelle, les fêtes musicales de la
Pentecôte. Trois festivals seraient donnés pendant la semaine de cette fête. Le
premier aurait lieu le mardi 26 Mai à 8h du soir au Cirque d’Hiver. L’oratorio
d’Elie de Mendelssohn y serait exécuté. Le second le jeudi 28, le programme
comprendrait des œuvres modernes de compositeurs français. Le 3e le
samedi 30, serait consacré aux virtuoses célèbres et à l’audition de la
symphonie avec chants de Beethoven. Le choral Pasdeloup qui vient de débuter au
concert populaire du vendredi saint, serait le principal élément choral de ces
fêtes, qui devraient se renouveler chaque année. » Il demande pour
mener à bien ce projet une subvention annuelle de 10.000 francs. « La date de la Pentecôte se
rapprochant de l’époque du grand prix de course de 100.000 f, le modeste
sacrifice demandé permettrait à l’art musical de donner sa part d’éclat à la
capitale et cela ne pourrait que contribuer à attirer plus d’étrangers. »… 150 €
59.- Louis Gustave DOULCET, comte
de PONTÉCOULANT [1764-1853], lieutenant-colonel de la compagnie écossaise
des gardes du corps du Roi, puis conventionnel (Calvados), membre du Comité de
Salut Public, député au Conseil des Cinq-Cents, préfet de la Dyle, comte de
l’Empire ; le retour de la royauté fit de lui un pair de France et un
sénateur. P. signée « Doulcet »,
Paris, 19 thermidor an III [6 août 1795]; 1 p. in-4°. Copie certifiée conforme
d’un rapport remis au Comité de Salut Public par le général Louis-Antoine Pille [1749-1828],
commissaire de l’organisation et du mouvement des armées de terre (9e
Commission). « La Commission a déjà
rendu compte au Comité que d’après son arrêté du 30 Messidor les dix mille hommes qui doivent quitter
l’Armée du Rhin pour passer à celle des Alpes et d’Italie, marchent sur trois
colonnes dont la première est partie le 12 de ce mois pour arriver à Bourg le 1er
du mois prochain. […] L’arrivée des
Troupes de Sambre et Meuse qui d’après les dispositions du même arrêté doivent
remplacer celles-ci, a été annoncée au général Pichegru. »…70 €
60.- Bernard POYET [1742-1824],
architecte, il construisit l’église Saint-Sauveur, l’hôpital Sainte-Anne et la
colonnade du Palais Bourbon. LAS,
Paris, 28 thermidor an 8 [16 août 1800], au
président du Portique Républicain [Pierre-Augustin de Piis ?] ; 1
p. in-4°. Obligé de partir sur le champ pour la maison de campagne du ministre
de l’Intérieur [Lucien Bonaparte], il lui envoie la lettre qu’il a reçue de son
confrère le citoyen Raveau. « Vous verrés par cette lettre, Citoyen Président, qu’il désire d’être
admis au Portique. Le mérite de cet artiste et son patriotisme pur que
j’atteste, sont connus de plusieurs membres de la société ; et c’est
d’après la certitude que j’ai de l’excellence de son républicanisme ainsi que
de ses talens, que j’ai l’honneur de vous proposer
son admission. »… — Une des conditions exigées pour faire partie de
cette société littéraire fondée par Piis et le
chevalier de Cubières en 1798 ou 1799 était de ne
point appartenir à l’Institut. 80 €
61.- Ary RENAN [1858-1900], peintre, élève de Puvis de Chavannes, fils d’Ernest Renan. LAS, s.d. ;
2/3 p. in-8°, en-tête Gazette des
Beaux-Arts. Lettre probablement relative à l’illustration d’un compte rendu
du dernier Salon de Londres. « Hier
même je vous ai écrit à Paris de presser notre Salon de Londres. Vous avez
toutes les lettres le concernant. Ecrivez chez Hollyer [Fréderick
Hollyer (1838-1933), photographe et graveur,
spécialiste de la reproduction d’œuvres des artistes préraphaélites :
Burne-Jones, Watts, Solomon, Dante Gabriel
Rossetti…], pour abréger et ayez le
copyright pour Burne Jones et pour Watts. Je vous en prie, n’y manquez
pas. Le temps presse. »… 50 €
62.- [SECOND EMPIRE – PROTOCOLE] Liste pour S.A.R. Monseigneur le Duc Régnant de Saxe-Cobourg. Feuille
d’émargement de 15 personnalités invitées à la réception donnée à Paris en septembre
1855 à l’occasion de la visite d’Ernest
II, duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha [1818-1893] ; 1 p. in-folio (légt défr. et effr.).
Ces illustrations politiques ou militaires ont signé de leur nom ou simplement
décliné leur qualité : « le
ministre de d’Intérieur [Adolphe Billault], le ministre des finances [Pierre Magne],
le ministre du commerce et des travaux
publics [Eugène Rouher], le ministre
de la Justice [J.-P. C. Abbatucci], le ministre de l’Instruction publique et des
Cultes [Hippolyte Fortoul], […] le Gal Rolin, adjudant Gal du
Palais de l’Elysée, M. Baroche, président du Conseil d’Etat,
[…] le Comte de Morny, Président du Corps Législatif, […] le gal de Cotte, aide-de-camp de l’Empereur. »
CURIOSITÉ DIPLOMATIQUE. 50 €
63.- François-Clément Sommier dit
Henry SOMM [1844-1907], dessinateur
et caricaturiste, il collabora au Chat-Noir
et au Rire. Menu gravé à
l’eau-forte pour le souper du 3 mars 1880 de la Presse parisienne, format 10 x
12,5 cm ; Imp. Vve Cadart. Chaque
plat est associé au nom d’un journal : Consommé du Monde Parisien, Jambon New
York Herald, Pâté de foie gras de l’Evénement,
Buisson d’Ecrevisse Estafette, Bombe
glacée Figaro, Fromage en Liberté, Café de la Paix, etc. 30 €
— [Erich von
STROHEIM & Pierre RENOIR] Voir
le n° 49.
64.- Alphonse TESTE [1814-1888],
médecin, magnétiseur et écrivain, auteur d’un Manuel pratique de magnétisme animal et de Comment on devient homoeopathe (1873). LAS, Paris, 6 janvier 1846, à M. Desnos ; 3 pp. in-8°. Curieuse
lettre au sujet de l’organisation d’une manifestation. « Je présume que vous avez l’intention de compter parmi nos
invités tous les médecins de Paris, la haute noblesse et la haute banque. En
d’autres termes, il nous faut une brochure, mince, mais serrée, puissante et
déterminante, dont 10 mille exemplaires seront distribués en avril. Je me
propose d’y mettre mon plus beau style et mes meilleures raisons. Elle sera
pour les savants, pour les médecins, pour les malades, pour les coquettes, pour
les gens d’esprit et pour les sots. J’entends qu’au premier juin nous soyons
là-bas au grand complet. […] Mon
intention est de voir personnellement une centaine de médecins pendant le
courant du mois de mars, d’avril et de mai. Nous aurons d’ailleurs à notre
disposition tous les journaux légitimistes, plus le Musée des Familles,
les petits journaux […] de Caen et de
Cherbourg. Or, ce serait bien le diable qu’avec ces trompettes nous ne fissions
pas un peu de bruit. »… 45 €
65.- [THÉOPHILANTHROPIE] Jean-Baptiste
CHEMIN-DUPONTÈS [1760-1852], promoteur, avec Valentin Haüy, de la
théophilanthropie, culte familial, déiste et humanitaire censé remplacer le
christianisme (1796) ; parmi les sympathisants on trouve Dupont de
Nemours, le peintre David, Bernardin de Saint-Pierre et Marie-Joseph
Chénier ; polygraphe infatigable, il a écrit d’innombrables ouvrages de
vulgarisation à l’usage de la jeunesse dans de nombreux domaines. LAS, Paris, 22 novembre 1833, à César Moreau, président du conseil
d’administration de la Société de Statistique Universelle ; 1 p. ½
in-4°. Bien que flatté par l’invitation de la Société de Statistique
Universelle à faire partie de ses membres, il n’y entrera pas : « Je me suis demandé comment un ermite
obscur, modeste auteur de quelques ouvrages utiles particulièrement à la
jeunesse, qui ont marché et qui marchent sans qu’il ait été obligé de les faire
prôner dans les journaux, a pu attirer l’attention d’une société aussi illustre
que celle de la Statistique universelle. […] Quoique sous certains rapports, la statistique embrasse tout ce qui
intéresse l’humanité au physique et au moral, et que, par désir de savoir, je
me sois un peu occupé de toutes les sciences, cependant elle est, dans son
acception rigoureuse, étrangère aux études qui ont été l’objet spécial de ma
vie entière. Je serois par conséquent dans la société
un membre tout à fait inutile : j’aime mieux m’abstenir que de remplir un
pareil rôle. Je vis dans une retraite presque absolue, et j’ai complètement
adopté l’avis de ceux qui pensent que le bonheur le plus sûr et le plus vrai
est en nous-mêmes. »… — La Société Française de Statistique
universelle avait été fondée en 1829 pour concourir aux progrès de la
statistique générale. Elle décernait des prix, distribuait des médailles et
publiait un recueil mensuel de ses travaux. Son président-fondateur, César
Moreau, avait été Consul de France en Angleterre, où des sociétés de ce genre
existaient depuis longtemps. Il en importa le modèle en France. — En 1833,
Chemin-Dupontès avait cessé d’être théophilanthrope
pour redevenir franc-maçon. Il était vénérable de la Loge des Sept Ecossais et
membre du Grand-Orient 120 €
66.- Ambroise THOMAS [1811-1896],
compositeur. LAS, Paris, s.d., à la soprano Fidès
Devriès Adler [1851-1941] ; 1 p. in-8°. Il la félicite pour son succès de la veille. « Au nombre des plus remarquables
parties de votre rôle, je ne citerai ici que le beau duo du troisième acte où
vous avez été adorable. Jamais vous n’avez montré plus de sentiment, plus de
charme. Quel regret pour ma pauvre malade de n’avoir pu aller vous applaudir ! »… 60 €
67.- H.-P. TOBY [ ?- ?],
organiste et compositeur de musique de salon. LAS, Paris, 5 juin 1893, à un jeune confrère et ami ; 2 pp.
in-12. Il le remercie d’avoir joué ses œuvres à la matinée de Mlle Prestal et lui redit tout le bien qu’il pense de ses deux
compositions : « et si je vous ai
crié : Gare ! pour les petites conséquences d’un trac bien naturel,
je n’en suis pas moins satisfait de la façon dont vous jouez l’orgue-Célesta,
et dont vous traitez le Célesta en particulier. Vous y mettez beaucoup de
délicatesse et de douceur. C’est très bien. Il faut toujours caresser moelleusement le Célesta, et c’est ainsi
qu’on en fait ressortir tout le charme ; et la fusion complète de son
timbre avec ceux de l’orgue produit les sonorités les plus ravissantes. »…
30 €
68.- [TUNNEL DU SIMPLON – 1905] Edouard SULZER-ZIEGLER [1854-1913], industriel, propriétaire de
l’entreprise qui creusa le tunnel du Simplon (1898-1906), vice-président de
l’Association patronale suisse des constructeurs de machines, puissant syndicat
patronal adversaire des socialistes. LS,
Winterthur, 8 mars 1905, à
Charles-Edouard Guillaume [1861-1938], futur Prix Nobel de Physique
(1920) ; 2 pp. in-4°, en-tête Société
d’Entreprise du Tunnel du Simplon – Brandt, Brandau
& Cie – Bureau central. Il lui retourne les épreuves de son
article qu’il trouve parfait. « Nous
sommes d’avis de biffer seulement les dernières douze lignes, et d’ajouter la
Conclusion, comme ci-jointe en allemand. » Il envoie les photographies
de sa conférence en vue de leur insertion dans la Revue des Sciences pures et appliquées, non sans en ajouter six
autres : « 1. Atelier, côté
nord – 2. Forge – 3. Pompe centrifuge à haute pression, accouplée à une
turbine. […] 4. Allumage des mines
après le forage au front d’attaque. – 5. Traction par chevaux dans la galerie.
6. Signal au sommet du Monte Leone pour la triangulation. »… — Sur le
second feuillet laissé vierge, Ch.-Ed. Guillaume a écrit quelques lignes à
l’intention de Louis Olivier, directeur de la revue : « Voici la lettre de M. Sulzer-Ziegler qu’accompagnaient les
documents que je vous expédie comme papiers d’affaires recommandés.
Voudriez-vous écrire directement à M. Sulzer ? »…
60 €
69.- Alfred VELPEAU [1795-1867],
anatomiste et chirurgien, inventeur du bandage qui porte son nom. PS en partie imprimée, Paris, 1er
avril 1856 ; 1 p. in-8° oblongue. Quittance de loyer pour un appartement
lui appartenant à Paris, 23 rue Jacob, délivrée à un certain Campaignac, peut-être le médecin portant ce nom dont il
cite les travaux dans ses Nouveaux
éléments de médecine opératoire (1839). 45 €
70.- [Jules VERNE] Photographie
originale, format 8,6 x 12,2 cm, cliché Carjat
tiré en photoglyptie par Goupil pour Paris-Artiste,
n° 11 [1883]. Tirage contrecollé sur le premier feuillet du journal. Voir reproduction en couverture.
120 €
Catalogues en préparation :
Livres dédicacés (environ 300)
Mille lettres adressées à Léon Deffoux et à Lucien Descaves
Antoine, du Théâtre-Libre au
Cinéma.
Vient
de paraître : Laurent BIHL : De cape noire
en épée rouge. Anthologie de textes politiques de Michel Zévaco.
(Ressouvenances (1911)