Autographes - Gravures - Dessins

&

Photographies

 

 

 

MARS 2012

 

 

 

 

 

N° 70 : Jules Verne (Cliché Carjat)

 

 

 

 

 

 

LIBRAIRIE WILLIAM  THÉRY

1 bis, place du Donjon

28800   -   ALLUYES

Tél. 02 37 47 35 63

E.mail : williamthery@wanadoo.fr

1.- Pierre ALBERT-BIROT [1876-1967], poète et dramaturge. Billet autographe signé, s.d., à Pierre Béarn ; demi-page in-8° au verso d’une lettre dactylographiée de Jean-Jacques Lévêque. « Mon cher Pierre Béarn, quelques mots de vous me feront plaisir. Merci et bonnes amitiés. Pierre Albert-Birot. » Dans sa lettre, Jean-Jacques Lévêque, libraire-galeriste à l’enseigne du Soleil dans la tête, demande à Béarn sa collaboration pour une revue d’expression poétique dont le premier numéro sera consacré à Pierre Albert-Birot : « Si nous avons choisi Pierre Albert-Birot c’est parce qu’hors du temps, des modes, ce poète antique, médiéval et moderne à la fois, a constitué une œuvre qui est une des clefs de la poésie. »… — On joint : 1) La copie dactylographiée du texte écrit par Béarn pour la revue (demi-page in-4°). « Birot était jusqu’ici comme un coureur accidenté dont le peloton de tête ne se soucie pas et que les spectateurs négligent. Ce fut sans doute le mandat des poètes qui le fit revivre, voici trois ans. On s’aperçut alors qu’il avait autant de talent, sinon plus, que la plupart de ceux dont les noms nous étaient connus pour avoir, au début de ce siècle, bouleversé l’art de voir et de sentir. »… - 2) Une lettre de Max Pons, directeur de La Barbacane, à Pierre Béarn (Saint-Front-sur-Lémance, 14 février 1968 ; 1 p. in-4°). Lui aussi demande son concours pour le numéro spécial de La Barbacane qu’il prépare sur Pierre-Albert Birot. – 3) Une lettre d’Arlette Albert-Birot à Pierre Béarn (Paris, 10 octobre 1983 ; 1 p. in-8°, en-tête Création). « La bibliothèque de l’Ecole normale supérieure de jeunes filles et Création, ce sont 2 choses bien différentes et 2 administrations dissociées. Néanmoins, voici le dernier n° paru de la revue, à titre amical. »…                                                                                                                              120 €

 

2.- [ALGÉRIE - 1830] Deux documents concernant Alfred d’AUBIGNOSC [1804-1858], lieutenant-colonel du 25e régiment d’infanterie de ligne, nommé lieutenant général de Police d’Alger le 5 juillet 1830 — c’est sur son conseil que le général Clauzel créa le premier bataillon de Zouaves indigènes, par un arrêté du 1er octobre 1830. — Le premier document est une sorte d’avant-propos nécessaire à la compréhension du second ; il est de la main d’Aubignosc lui-même (s.d. ; 1 p. in-4°). D’Aubignosc explique que le jour de l’arrivée du maréchal Clauzel à Alger [2 septembre 1830], la municipalité maure, prévenue de son intention de quitter l’Algérie et désireuse de le retenir, présenta au nouveau gouverneur général un « placet » singulièrement élogieux à son égard mais dont il ignora l’existence jusqu’à son départ. Cette pièce « avait été rédigée, à la prière des notables de toutes les castes, par M. Vincent, un des premiers et le plus savant des interprètes attachés à l’armée d’Afrique, alors procureur du Roi près du tribunal provisoire et aujourd’hui son président. Elle était couverte d’un très grand nombre de signatures. Le jour où je quittai la ville d’Alger, le corps municipal indigène imagina de m’en faire remettre une copie, par une députation prise dans son sein, comme un témoignage de ses regrets de mon éloignement. » On recueillit la hâte quelques signatures, en tête desquelles figurait celle d’Hamid Bodarba, un personnage clé de l’occupation française en Algérie, qui avait beaucoup voyagé en Europe et maîtrisait parfaitement notre langue (Voir la reproduction ci-dessus). — Le second n’est autre que la copie remise à d’Aubignosc le jour de son départ, probablement peu de temps après l’arrivée du maréchal Clauzel, car il semble que d’Aubignosc, légitimiste, ait refusé de prêter serment à l’administration louis-philipparde et choisi la voie de l’exil, en dépit de ses excellents rapports avec la population (s.d. ; 2 pp. in-4°). Qu’on en juge par l’extrait suivant : « Parmi les français que Monsieur le Maréchal de Bourmont avait appelés à des fonctions à Alger, il en est un, Monsieur d’Aubignosc, Lieutenant Général de police, qui s’est plus particulièrement acquit un droit à notre estime et à notre reconnaissance. Son caractère conciliant, son zèle, son intégrité nous l’auraient déjà rendu cher si nous n’avions souvent dans des circonstances difficiles apprécié les heureux effets de sa sagesse et de sa vigilance ; nous ne saurions trop rendre témoignage au bien qu’il a fait et à celui qu’il aurait voulu faire ; aussi est-ce avec le sentiment d’une profonde peine que nous avons appris que ce fonctionnaire estimable et dont le souvenir vivra dans la mémoire des habitans d’Alger, allait s’éloigner de nous. » A la suite, les membres du conseil municipal suppliaient le maréchal de retenir d’Aubignosc à son poste. RARE ET CURIEUX ENSEMBLE.                                                                                                         230 €

 

3.- Alexandre ANTIGNA [1817-1878], peintre. LAS, Paris, 21 février 1873, à un collectionneur ; 1 p. in-8° sur papier de deuil. Il a terminé ses deux têtes et a même fait une petite reproduction de « Cousquet-Hï », ayant eu ce tableau pendant quelques jours dans son atelier. « Je me suis souvenu que vous étiez désireux d’en avoir une reproduction. Vous la prendrez ou vous ne la prendrez pas. On me la demande si souvent que je n’en serai point embarrassé. »…               — Le musée des Beaux Arts d’Orléans, sa ville natale, lui a consacré en 1978 une exposition pour le centenaire de sa mort.                          50 €  

 

4.- Jacques-Denis ANTOINE [1733-1801], architecte, il construisit l’Hôtel des Monnaies et l’hôpital de la Charité à Paris. LAS, 9 janvier 1792, à Pierre-François Palloy, le démolisseur de la Bastille : 1 p. in-4°, adresse et cachet de cire rouge. Il le remercie pour l’envoi de ses vœux et du volume qui les accompagnait : « mais pourquoi un almanach si bien habillé ? Le plus simple offert par un patriote dont le zèle a acquis tant de célébrité, auroit eu pour moi le même prix. »…RARE.       130 €

 

5.- Georgette Wallace dite Lucy ARBELL [1882-1947], célèbre cantatrice, mezzo-soprano, interprète et muse de Massenet. Deux lettres à Henri Heugel. 1) LAS, Saint-Aubin, 15 septembre ; 3 pp. in-8°. Elle aimerait avoir de ses nouvelles. « Moi je suis profondément malheureuse. Le retour ici a été atroce. Nous pensons rentrer à Paris à la fin de ce mois. J’ai vu que l’on reprenait Roma à l’Opéra le 11 octobre. Mais je suis sans nouvelles. »… - 2) LAS, Saint-Aubin, 25 septembre ; 2 pp. in-8°. Elle le remercie « d’avoir bien voulu faire ces démarches si pénibles ! » Elle sera de retour à Paris dimanche soir et viendra lui rendre visite au Ménestrel.                                                                                                                                                          50 €

 

6.- Philibert AUDEBRAND [1815-1906], écrivain et journaliste. LAS, Paris, 13 décembre 1888, à un confrère ; 1 p. in-8°. Il lui indique dans quelles conditions il a traité avec la Libraire Moderne pour son livre intitulé Les Sacripants de Paris en reproduisant deux articles de son contrat : « 3° M. Audebrand recevra 25 centimes par volume : le premier tirage sera de 1500 ; etc, etc. – M. Audebrand recevra le jour même de la mise en vente deux cent vingt-cinq francs, moitié du prix affecté pour ce premier tirage, les deux autres 225 francs devant être payés suivant le mode indiqué dans l’article 4… »…                  30 €

 

GEORGE AURIOL, FÉLIX FÉNÉON & RODOLPHE SALIS

7.- Jean-Georges Huyot dit Georges AURIOL [1863-1938], dessinateur, écrivain et créateur de caractères typographiques. Deux lettres à Félix Fénéon. 1) LAS, s.d. ; 3 pp. in-8°. Auriol envoie à Fénéon cette lettre restée plusieurs jours dans sa poche. Le début est un peu moqueur : « L’audace avec laquelle vous me demandez si les articles [du Chat-Noir] sont payés me ferait supposer que vous êtes fol devenu — si les choses exquises que vous avez dites sur les P.S. ne prouvaient que vous avez toujours toute votre santé. » Fénéon ignorait-il la pingrerie légendaire de Salis ? Auriol explique la situation du journal : « En résumé la nelle administration se dissout, Salis a traité à la légère avec un type incapable de prendre cette affaire — et tout est à recommencer. Je souhaite que ça se refasse au plus tôt car c’est bien ennuyeux et Salis va peut-être traîner des temps avant de se décider. » Il espère que la nouvelle administration sera sérieuse et qu’une rétribution des collaborateurs sera envisageable. En post-scriptum, il lui confie qu’il a depuis longtemps l’intention de lui faire un monogramme. « Vous ferez partie de la prochaine fournée. »… - 2) LAS, 27 octobre 1901 ; 2 pp. in-4°, vignette représentant une femme portant un saloir sous le bras. Auriol fait part à Fénéon qu’il quitte « Lepic-Straat » pour revenir à son ancienne maison d’ « Abbesses-Street » et lui demande un petit service : « Vous qui êtes chaque jour à la Revue Blanche, voulez-vous être assez aimable pour prier l’éminent Kidedroa de modifier mes bandes de la Revue Bl. & du Cri ? et ce assez discrètement pour qu’un censeur malencontreux ne vienne pas mettre là-dedans son nez biffeur ? » Au cours de son déménagement il a retrouvé un double des cachets qu’il avait confectionnés pour Fénéon. « Je vous les enverrai dès que je les aurai déballés. » Il évoque la difficulté à mener à bien ses projets : « Les entraves quotidiennes que le vieux struggle se plaît à nous décocher m’ont empêché d’aller faire imprimer mon bouquin — mais ce sera pour le commencement de janvier. » Il lui demande l’adresse du docteur Mardrus : « Le plaisir que j’ai pris à la lecture de quelques unes de ses nuits [sa traduction des Mille et Une Nuits publiées par les éditions de la Revue Blanche] m’a incité à lui faire un monogramme que je pourrai ainsi lui envoyer quand le graveur l’aura terminé. » En post-scriptum, il donne l’adresse d’un fabricant de timbres en caoutchouc pour imprimer ses monogrammes. « Pour confection d’un de ces timbres (1f50) confier simplement au fabricant un cliché qui lui sert de matrice. Voilà une adresse : Lemoine 10 Q. Jemmapes. Ce bonhomme grave aussi les cachets-cuivre pour la cire. »                     250 €

 

8.- Joseph AUTRAN [1813-1877], poète, auteur dramatique et bibliothécaire marseillais [Acad. fr. 1868]. LAS, Marseille, 12 décembre 1850, à son compatriote Joseph Méry ; 6 pp. in-8° (première page défr.). Longue lettre écrite pour « prévenir certains cancans ridicules et même les fausses interprétations de Madame Méry, dont quelques paroles [lui] ont prouvé hier une chose, c’est que non seulement elle ignore ce [qu’il a] fait dans le temps » pour qu’on maintînt Méry dans sa position de bibliothécaire de Marseille et ensuite pour qu’il continuât de jouir de son appartement de fonction, alors même qu’il avait démissionné. Or, à présent, la ville de Marseille veut récupérer le logement indûment occupé par les Méry et Mme Méry accuse Autran d’y être pour quelque chose. « Voici donc ce qui s’est passé : il y a plusieurs mois M. le Maire [Bonaventure de la Cropte de Chanterac] me fit dire que j’avais à prendre vos appartemens pour que l’on pût donner un logement dans la maison au sous biblioe. Je répondis au Maire qu’il m’avait dès le principe, laissé le le choix entre votre logement et celui que j’occupais comme sous biblioe et que je préférais garder ce dernier, quoiqu’il fût plus que modeste. » Il énonce les trois raisons de son choix, dont la meilleure était la situation de l’appartement de Méry, au troisième étage, situation incompatible avec l’état de santé de son père et surtout de sa sœur « à qui les médecins ont défendu ces sortes d’exercices, à cause d’une affection de poitrine qui lui donne souvent des crachemens de sang. » Le maire étant revenu à la charge, Autran lui avait répondu qu’il préférait chercher un autre domicile en ville plutôt que de faire déloger Mme Méry. « M. le Maire me répondit que les nécessités du service exigeaient que je restasse dans la maison. » A présent, c’est l’architecte de la ville qui a déposé un rapport selon lequel « trois ménages ne peuvent se trouver réunis dans un édifice aussi mal distribué. » Méry doit savoir ce qui s’est réellement passé. « Mme Méry me paraît assez fâcheusement prévenue à mon égard, mais je suis convaincu qu’il me suffira de m’être adressé à votre droiture pour que vous voyez clair dans cet imbroglio. »…                                                 80 €

 

9.- Jeanne Louise Beaudon dite Jane AVRIL [1868-1943], célèbre danseuse du Moulin-Rouge appelée parfois « la Mélinite », elle posa pour Toulouse-Lautrec. LAS, 27 février [ ?], à la mime, danseuse et chorégraphe Bella Reine ; 1 p. in-4° (deux trous de classeur sur le côté gauche). Elle doit décliner son invitation car elle a un rendez-vous chez un spécialiste rhino-laryngologue. « J’aurais dû le faire déjà depuis longtemps mais je m’y décide enfin par crainte du pire. Au reste jusqu’ici j’ai constamment été souffrante de grippes successives qui pourtant semblent enfin disparues. » Elle ne pouvait pas davantage monter chez Bella Reine ce mardi : « je me rendais chez José, prendre un bon bain ; de quoi elle était prévenue car quelques jours avant nous avions déjeuné chez elle. Elle est toujours aussi charmante et aussi occupée — vous devez le savoir puisqu’elle m’a dit avoir dîné chez vous dernièrement. Lorsque j’irai mieux ce que j’espère j’irai au hasard vous surprendre at home et vous embrasser. »… RARE.                                                                                                                              200 €

 

MARCEL AYMÉ, ANDRÉ PARINAUD & CÉLINE

10.- Marcel AYMÉ [1902-1967], écrivain. LAS, 5 janvier 1954, à André Parinaud ; 1 p. in-8°. Il regrette de ne pouvoir donner sa pièce (Les Quatre Vérités ?) à la revue de Parinaud, La Parisienne : « mes engagements avec Grasset ne me le permettent pas. En tout cas, je vous remercie d’y avoir pensé. » Il évoque son grand ami Céline dans le dernier paragraphe : « Je vais m’informer auprès de Céline. Je suis surpris qu’il ne vous ait pas répondu. Je vous tiendrai au courant. »…     120 €

M. BARRÈS, H. ALBERT, CH. MAURRAS & E. JUDET CONTRE LES FRÈRES MARGUERITTE

11.- Maurice BARRÈS [1862-1923], écrivain et homme politique. LAS, Paris, s.d. [1905 ?], à Henri Albert ; 4 pp. in-8°. Curieuse lettre en grande partie relative à un différend avec les frères Paul et Victor Margueritte. « Laissons Judet. S’il prend réellement L’Eclair [ce qu’il fera en 1905, avec des fonds procurés par la comtesse de Loynes], nous aurons là pour la cause un excellent appui. Ce qu’il faut, à mon avis, c’est que vous disiez nettement la volte face peu honnête des Margueritte. Et il faut la faire signaler aussi par Maurras. Donc inutile de faire pour ce dernier un dossier compliqué. Le Messager [d’Alsace], en cochant les passages et en cornant les pages, suffit. Plus les deux articles des Margueritte. Oui, votre dernier numéro contenait sur lesdits Margueritte un excellent commentaire qui les prenait de très haut, comme il faut. […] en accentuant bien ce que vous avez déjà dit et ce que vous reprenez dans votre lettre que je reçois aujourd’hui vous éclairerez vos lecteurs et donnerez le ton à des journalistes. […] Pendant que je vous écris, je reçois un mot de Judet qui m’annonce sa visite et qui me dit qu’il me parlera notamment des Margueritte. »…                                                                                                  150 €

 

12.- Pierre-Jean de BÉRANGER [1780-1857], chansonnier. Deux lettres à la poétesse Malvina Blanchecotte, affectueusement appelée « Ma chère enfant ». 1) LAS, 11 février 1851 ; 1 p. in-8°. Il n’a pas oublié sa promesse de lui rendre visite après son accouchement. « Mais n’est-il pas un peu tôt pour vous exposer à l’importunité des visiteurs ? Vous devez avoir besoin d’un grand repos. D’ailleurs je ne saurais quel jour et quelle heure choisir, pour vous importuner moins. J’attendrai donc une ligne de vous pour savoir quand je dois aller vous offrir mes félicitations ainsi qu’à M. Blanchecotte. »… - 2) LAS, 17 février au soir ; 1 p. in-8°. Cela fait deux jours qu’il veut aller prendre de ses nouvelles et qu’il en est empêché « par une grosse fièvre de rhume » qui le laisse « bras et jambes en compotte. » Comme il ne prévoit pas d’être plus vaillant le jour suivant, il la prie « de faire jetter un mot à la poste, pour [le] rassurer sur l’état de [sa] santé. »…                                                                                                                                                                                          120 €

 

13.- Charles Armand de GONTAUT-BIRON [1663-1756], deuxième duc de Biron, maréchal de France. LS, Paris, 25 janvier 1725, à M. de Razat ; 1 p. in-8°. Vœux de nouvelle année. « J’ay mille graces a vous rendre, Monsieur, des souhaits heureux que vous me faites l’amitié de me témoigner pour la nouvelle année par la lettre que vous m’écrivez le 12e de ce mois, je vous prie d’estre persuadé que j’y suis tres sensible, et je vous en demande, s’il vous plaist, la continuation. »… 30 €

 

14.- Charles BLANC [1813-1882], historien, critique d’art et graveur, frère cadet de Louis Blanc. LAS, Paris, 6 septembre 1848, à Lockroy, Citoyen Commissaire du Gouvernement près le théâtre de la République [autrement dit administrateur de la Comédie-Française, fonction qu’il exerça du 2 mars au 11 octobre 1848] ; 1 p. in-folio, en-tête Ministère de l’Intérieur – Beaux Arts – Théâtre. Charles Blanc l’informe que des encouragements financiers ont été accordés aux cinq auteurs qu’il a désignés : « 500 au Cit. Emile Augier  - 400 au Cit. Léon Guillard – 400 au Cit. J. Barbier – 400 au Cit. de Courcelles – 1000 au Cit. de Musset. Je vous laisse le soin de les informer de cette décision et vous prie de leur faire parvenir les lettres d’avis ci incluses. »…                                                                                                                                                                                 50 €

 

LOUIS BLANC & LES COMMUNARDS INCARCÉRÉS A NÎMES (1874)

15.- Louis BLANC [1811-1882], historien et homme politique. LAS, Paris, 23 janvier 1874, à un ami ou à un collègue député ; 2 pp. in-8°. A propos d’un des condamnés détenus à la prison de Nîmes [probablement un ancien Communard] qui lui a écrit une « lettre navrante » : « Le signataire demande instamment des nouvelles du résultat des réclamations qui nous ont été adressées. La dernière fois qu’il en a été question entre nous deux, vous m’avez dit que vous deviez voir à ce sujet M. Baragnon. [Numa Baragnon (1835-1892), député de Nîmes et pour l’heure sous-secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur][…] Ces malheureux ont-ils quelque chance d’obtenir satisfaction ? De grâce, un mot de réponse. […] Ecrivez-moi quelques lignes que je puisse transmettre à ceux qui les attendent avec anxiété. »… — Quoique défiant à l’égard de la Commune, à laquelle il avait refusé de participer, Louis Blanc eut à cœur d’œuvrer pour l’amnistie des condamnés des conseils de guerre. Vingt sept Communards, qui avaient participé aux insurrections de Lyon ou de Marseille, furent incarcérés à la prison de Nîmes. L’un d’eux, l’ancien instituteur Alphonse Eberard, a laissé un journal de sa détention au sein de cet établissement pénitentiaire.                                                                                                                                                            70 €

 

ÉMILE-ANTOINE BOURDELLE & ANATOLE FRANCE (1920)

        

16.- [Emile-Antoine BOURDELLE (1861-1929), sculpteur] Trois photographies d’amateur originales représentant Bourdelle seul ou en compagnie d’Anatole France ; elles sont probablement inédites. A gauche : le docteur Couchoud, Anatole France et Bourdelle, photo prise à Versailles le 14 juillet 1920 (format 4,3 x 6,4 cm). Au centre : Bourdelle assis dans une barque à Etables-sur-Mer le 26 août 1920 (4,3 x 6,5 cm). A droite : Couchoud, France et Bourdelle à Versailles le 14 juillet 1920 (4,3 x 6,4 cm). — On joint : 1) Quatre dessins de Bourdelle reproduits sur deux photographies (formats : 12,6 x 16,5 et 15 x 23 cm) identiquement légendées au verso : « Croquis d’après Anatole France par E. A. Bourdelle. Ces croquis ont été faits en 1919 par Bourdelle qui préparait le buste d’A. France. Ils sont dans la collection du Dr Couchoud, beau-frère de Bourdelle. J.B-S le 18 avril 1921. » - 2) Trois photographies de la première épreuve en plâtre du buste de France par Bourdelle prises sous des angles différents (deux dans le format 11,5 x 16,5 et une dans le format 14 x 20 cm).      300 €

 

17.- Louis-Maurice BOUTET DE MONVEL [1851-1913], peintre et illustrateur de livres pour enfants. LAS, Paris, 13 décembre 1912, à son confrère le peintre Alfred Roll ; 1 p. ½ in-8°. Sur le favoritisme qui semble avoir prévalu lors de la nomination de parents et amis des académiciens Alfred Mézières, René Doumic et Henry Roujon à la direction de musées nationaux. « J’ai eu quelques détails sur la petite combinazione. Ces messieurs font partie du comité ; étant chargés d’administrer pour le mieux les affaires et les intérêts de l’institut, ils ont commencé par remplir leurs poches. A toi Mézières le poste d’administrateur de Chantilly pour ton gendre, à moi Doumic et à Roujon les deux postes de conservateurs des musées André, l’un pour mon gendre, l’autre pour Berteaux l’ami de Roujon. Il n’y a qu’à hausser les épaules et à cracher du haut du pont dans l’eau qui passe. Je serais bien surpris si St-Marceaux arrivait à un résultat. Il ne trouvera partout que je m’en foutisme. »…                                                                                                                                                                        50 €

 

18.- Eugène CAVENTOU [1824-1913], pharmacien et chimiste, élève de Charles-Adolphe Würtz et fils de Joseph Caventou, le découvreur de la quinine [Acad. de Médecine, 1870 – Président en 1897]. LAS, Paris, 14 février 1866 ; 1 p. in-8°. Il n’a pu toucher le billet qu’il vient seulement de recevoir. « Aussitôt que la somme de trois cent vingt francs sera encaissée pour le compte de la société, je vous inscrirai de suite sur les livres, comme souscripteur perpétuel, et j’effacerai la somme de vingt francs, que vous restez devoir pour l’année 1865. »…                                                                                          40 €

 

HENRY CÉARD, LE PRIX GONCOURT 1923 & LA MORT DE PHILIPPE DAUDET

                   

19.- Henry CÉARD [1851-1924], écrivain. LAS, Paris, 19 décembre 1923, à son épouse, qu’il appelle sa « chère grande » ; 3 pp. in-4° (fentes minimes aux plis). Intéressante lettre sur le prix Goncourt et sur l’affaire Philippe Daudet. « A cette Académie Goncourt nous étions lassés de n’être plus que des espèces de placiers en librairie, dont les éditeurs monnayaient impudemment les votes. Cette fois-ci, par une honnête entente, nous avons donné le prix à un auteur, non sans défauts, mais qui a de la maîtrise et un aspect sévère [Lucien Fabre]. Il avait envoyé un roman en trois volumes : Rabevel, ou le Mal des Ardents, […] En dehors de lui, les suffrages ne se sont pas éparpillés, et il n’y a eu de réclame pour aucun autre candidat. Je ne sais pas si ce système a été apprécié des marchands de papier, mais la tenue de l’élection a été fort approuvée par la presse, et je crois que nous avons remis le prix dans le caractère de dignité qu’il commençait à perdre. Geffroy et moi, nous nous félicitons d’être arrivés à ce résultat. » Il revient sur la mort mystérieuse du fils de Léon Daudet, déjà évoquée dans d’autres lettres à sa femme. Il accuse au passage l’Action Française d’ « embrouiller à plaisir une question très simple. Pour les raisons ecclésiastiques que je t’ai dites, elle préfère l’idée d’assassinat, à l’idée de suicide, parce que le suicide est en contradiction avec la cérémonie religieuse de saint Thomas d’Aquin, laquelle m’avait paru démesurée et trop faite pour la clientèle du journal. Tout Paris était là, tout Paris […] savait à quoi s’en tenir, et par pitié ne disait rien. La révélation de la vérité a produit le plus mauvais effet et l’on s’emploie en vain à donner une meilleure impression, d’où  un grand discrédit et pour le pauvre Léon et pour ses polémiques futures. » Quelle était la vérité ? Céard avait eu peu ou prou le sentiment de ce qui s’était réellement passé : « L’enfant connaissait les anarchistes, il est allé dans leurs repaires, les anarchistes ont trouvé amusant de le compromettre et de lui faire dire qu’il assassinerait Poincaré. Là-dessus, ils ont prévenu la Sûreté générale sans l’informer de la qualité du personnage et en donnant seulement de lui une description. Puis, ils l’ont envoyé dans un endroit où un de leurs adhérents devait le recevoir et le faire arrêter […] au moment où l’enfant tombait dans la souricière tendue, on apprit qu’il était le fils Daudet, et Poincaré était garanti d’un côté, de l’autre côté pour ne point procéder à une prise de corps, d’où serait résulté du scandale, on laissa échapper le triste et irresponsable gamin. […] éperdu, se sentant trahi par les anarchistes, traqué par la police, n’osant pas retourner chez ses parents pour expliquer le désordre de sa conduite […] il prit le taxi et se tua avec le révolver qu’on lui avait fourni pour commettre un autre meurtre, meurtre que d’autre part, par dénonciation, on le mettait dans l’impossibilité de commettre. »…                                                                   200 €

 

20.- Philippe CHABANEIX [1898-1982], poète. Manuscrit autographe (sans doute incomplet), s.d. ; 4 pp. in-4°. Texte d’une conférence sur la poésie française contemporaine. « Contrairement aux affirmations de certains critiques désabusés, je pense que la poésie contemporaine est si riche, dans son attirante et complexe diversité, qu’il faudrait toute une suite de causeries pour en donner un véritable aperçu. Certes les facilités du verbalisme, l’abus des théories et l’absence de technique règnent un peu partout et semblent bénéficier des faveurs de la mode. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! On reviendra fatalement à la musique ou, si vous préférez, au chant profond. Sans musique il ne saurait y avoir de poésie qui s’impose à la mémoire, et qui dure. […] Après Nerval, Baudelaire, Verlaine et Mallarmé, deux poètes comme Jean Moréas et Paul Valéry, dont l’importance est incontestable, ont, en continuant la tradition classique, trouvé des accents profonds et purs qui les égalent aux plus grands de leurs devanciers. Parmi les poètes vivants mes préférences vont à Francis Carco, héritier à la fois de Villon et de Verlaine, qui a su chanter la brume, la pluie, les amours de rencontre et les ombres du souvenir d’une voix étrange qu’on n’avait jamais encore entendue. » Il dit aussi ce qu’il aime chez Pierre Camo, Vincent Muselli, Paul Fort, Roger Allard, André Salmon, Guy-Charles Cros, Patrice de la Tour du Pin et Robert Houdelot. Puis il rend hommage aux poètes qui ont influencé son art. « J’ai subi de seize à vingt ans l’influence d’André Chénier qui reste le meilleur de nos élégiaques et l’un de nos plus grands poètes de l’amour. Je dois aussi beaucoup à Jean Moréas et à P.-J. Toulet qui m’apprirent il y a trente ans la concision et la pudeur. Enfin Baudelaire et Nerval sont, de tous les poètes français du dernier siècle, ceux qui me semblent avoir le mieux réalisé l’idée que je me fais de la poésie. » Le manuscrit s’arrête sur l’influence, assez grande, mais qu’il est tenté de minimiser, du surréalisme sur la jeune poésie française : « cette influence me paraît avoir été moins importante que celle de poètes indépendants comme Guillaume Apollinaire, Léon-Paul Fargue et Jules Supervielle. » (Provenance : archives de Pierre Béarn).                                                                                                                            100 €

 

21.- Jules Fleury dit CHAMPFLEURY [1821-1889], écrivain. LAS, 26 novembre 1863, à M. Petit, bibliothécaire à Bruxelles ; 1 p. in-8°. Lettre de remerciements, « confiée aux bons soins de M. Poulet-Malassis », comme l’indique une mention de la main de Champfleury sur le feuillet d’adresse. « Votre traduction me sera fort utile, ainsi que le fac-similé de la gravure. » [Champfleury travaille alors sur l’histoire de la caricature]. Il lui fait en retour présent de trois brochures devenues rares et s’offre de lui apporter son concours, si Petit se rendait un jour à Paris pour ses recherches. « Je ne mets pas d’ex-donos à mes volumes, la poste n’admettant pas d’écriture sur les imprimés affranchis ; mais à défaut d’écriture matérielle, je n’en garde pas moins un précieux souvenir de votre excellente confraternité littéraire. »…                                      70 €

 

               

22.- [CAHIER DE CHANSONS] Germain CALIOT, engagé au 18e Régiment d’Infanterie Coloniale. Manuscrit autographe signé : Recueil de Chansons et Monologues, Moncay, 1903 ; 86 pp in-4° reliées dans un registre cartonné (couv. défr.). Cinquante textes en vers ou en prose illustrés par l’auteur de 27 dessins naïfs, coloriés pour la plupart, représentant essentiellement des femmes peu vêtues ou très décolletées. Les quelques titres qui suivent renseignent sur la vie, les préoccupations et les obsessions du jeune militaire : La Tonquinoise, Les enfants et les mères, La noce du petit raffineur, J’enterre ma vie de garçon, Le Testament de Pierrot, L’armée coloniale, Ce que rêvent les femmes, Nos femmes aux colonies, Au Bois de Boulogne, Le Marsouin, Tout l’fourbi, Pauvre bleu, L’Anatomie du Conscrit, Les Ouvriers du Port de Guerre, Loin d’elle… CURIOSITÉ.                                                                                                                                                                    180 €

 

[CHANSON] Voir aussi Pierre Letorey.

 

23.- Léon CLADEL [1835-1892], écrivain. LAS, 15 mai 1886, à Catulle Mendès ; 2 pp. in-12. Il voudrait causer avec lui « d’une foule de choses » qui l’intéressent beaucoup et touchent aussi Mendès quelque peu. « Malade des pattes et de l’estomac, je n’irai vous joindre qu’à bon escient où vous semblera bon. Il y a longtemps que je devais aller vous voir à Passy, mais tout mon petit monde [Cladel avait 5 enfants] a eu les oreillons et j’aurai craint d’apporter à votre miocherie cette affection peu grave mais fort douloureuse. »…                                                                                                                  50 €

 

— [Jean-Baptiste COROT] Voir Raoul Gineste.

 

24.- Gabriel-François COYER [1707-1782], jésuite et écrivain, précepteur du prince de Turenne, aumônier général de la cavalerie. LAS, Paris, 8 juillet 1753, à Antoine Boquet de Courbouzon, secrétaire perpétuel de l’Académie de Besançon ; 1 p. ½ in-4°. Il répond à Courbouzon, qui lui a demandé ses œuvres pour la bibliothèque de l’Académie de Besançon, fondée l’année précédente. L’abbé Coyer se réjouit de la naissance de cette académie provinciale : « lorsque j’en appris la nouvelle je sentis en moi l’amour de la patrie se réveiller. Bien des gens ne nous donnoient que le bon sens et les sciences obscures, ils se désabuseront en voyant les lettres fleurir sous les mains d’une compagnie qui va les cultiver avec succès. » Il ne s’attendait pas à ce qu’on lui fît l’honneur de lui demander ses œuvres pour la bibliothèque de la jeune académie : « je me ferai une gloire de répondre à votre invitation. Ces bagatelles n’existent jusqu’à présent que sur des feuilles volantes. Quand elles seront rassemblées dans une édition que je projette, j’en ferai un hommage à l’académie. »…                             50 €

 

25.- Léon DESCHAMPS [1864-1899], écrivain, fondateur de la revue La Plume et du Salon des Cent. LAS, Bordeaux, 7 novembre 1888, à l’éditeur Jules Lévy, « pape des Incohérents » ; 1 p. in-4°. A propos du livre qu’il vient de publier chez Lévy : Le Village – Mœurs paysannes. Il s’étonne de ne pas voir son volume chez les libraires de province ni dans les gares. « Vous seriez bien gentil de faire le nécessaire le plus tôt possible ; car j’ai déjà eu une trentaine de véritables articles dans les journaux et revues, et cela nuit à la vente que l’on ne voie pas le volume. Il y a eu ces jours-ci un article en tête du « Parisien », une demi-colonne dans le « Chat-Noir » du 27 8bre, et une critique dans « l’Indépendant littéraire » sans compter un éreintement commandé dans le « Décadent » du 1er 9bre. »… — Lettre écrite avant le lancement de la Plume, le 15 avril 1889.                                                                                                                                                                                                    50 €

 

ÉDOUARD DRUMONT ET L’ALGÉRIE (1898)

26.- Edouard DRUMONT [1844-1917], journaliste, polémiste et écrivain. LAS, Linas par Montlhéry, 12 août 1898, à son collaborateur Jean Drault [1866-1951], futur directeur du journal Au Pilori pendant l’Occupation ; 2 pp. ½ in-12, en-tête La Libre Parole. Edouard Drumont, qui a été élu député d’Alger en mai 1898, demande à Jean Drault de « faire quelque chose sur les élections de conseils généraux en Algérie. » Il lui envoie une lettre de Félix Réjou : « je crois que vraiment nous ne pouvons pas faire autrement que de prendre résolument parti pour lui. Rouyer [Léon Rouyer, président du Conseil général de Constantine] m’a écrit de façon pressante pour nous prier de rester neutre entre Réjou et [illis.] qui est, paraît-il, lui aussi, un ardent antisémite et a été l’avocat de Rasteil [Maxime Rasteil, polémiste antisémite, fondateur du Réveil Bônois en 1891]. Je compte sur votre tact habituel et sur votre connaissance des questions algériennes pour soutenir Réjou sans attaquer vertement G… qui semble sympathique à beaucoup d’Anti-juifs. » Il demande également à Jean Drault de dire quelques mots en faveur d’un autre candidat antisémite qui se présente à Guyotville ou à Staoueli.                                             100 €  

 

27.- Théodore DUBOIS [1837-1924], organiste et compositeur. Quatre lettres et une carte de visite adressées à l’éditeur de musique Henri Heugel ; 7 pp. in-8° et 1 p. in-16. « Monsieur Armand Gondinet est venu hier soir à la maison m’apporter de la part de son frère le livret de Viviane et me demander si je veux le faire pour l’Eden. Comme je pars ce matin pour Boulogne, je ne puis vous voir pour en causer. En principe j’ai remercié beaucoup M. Edmond Gondinet d’avoir pensé à moi et j’ai dit à son frère que je serai de retour de Boulogne mercredi soir, qu’alors je vous verrais et que nous parlerions de tout cela, que d’ici là on ne pourrait rien faire d’utile. »… (1er mai 1886) – « Que faisons-nous d’Aben-Hamet et quand ? Vous aviez eu la pensée de réunir les auteurs afin d’en causer et de décider. […] Je viens de voir Colonne, il vous prie de lui envoyer la 2e Suite de la Farandole qu’il veut jouer à Aix. Il a la partition. » (17 juin 1886) – « Je reçois à l’instant le Figaro qui ne m’a pas causé tant de plaisir depuis bien longtemps. J’y vois votre décoration, et en lisant cela, j’étais si heureux et je poussais de tels : ah ! ah ! Enfin ! Bravo ! Voilà qui est bien ! etc !! que ma femme, qui était dans la pièce à côté, me demandait ce que j’avais. »… (21 juillet 1886) – « Que devenons-nous avec Aben-Hamet ? Qu’y a-t-il du côté de Carvalho ? Maurel a-t-il réussi à quelque chose ? Détroyat a-t-il fait l’acte ? Barbier fait-il les vers ? Pourrais-je travailler bientôt ? […] Je m’ennuie de rester ainsi en dehors de l’activité musicale militante. […] et Jacques Callot ? Retrouve-t-on le livret, et Delibes se décide t-il  à y renoncer définitivement ? » (20 septembre 1886) – « Voici les autorisations de MM. De Banville, L. de Courmont, A. Landily Hettich et Lionel Bonnemère. »… (15 décembre 1886).                                                         160 €

 

28.- Jean-Louis DUBUT DE LAFOREST [1853-1902], écrivain. Poème autographe signé : Alsace-Lorraine !, Paris, 3 décembre 1894 ; 1 p. in-folio (28 vers). Poème patriotique.

                                                                      « Le canon se taisait, et la France meurtrie

                                                                                        Voilait de noir ses trois couleurs ;

                                                                         Mais, près d’elle, debout, l’Ange de la Patrie

                                                                                        La consolait dans ses douleurs :

 

                                                                      « Comme pour le guérir, la Muse d’Ionie

                                                                                        Berçait le poète expirant,

                                                                         Ainsi, je viens donner, en sa noble agonie,

                                                                                        Le souffle à ton peuple mourant !

 

                                                                         Peuple ressuscité ! L’Alsace et la Lorraine,

                                                                                        Ton sang vivant, tes sœurs en deuil,

                                                                         Déploieront nos drapeaux, quand l’heure souveraine

                                                                                        Aura tinté sur leur cercueil ! »…                                                                60 €

 

29.- Jean-Baptiste DUMAS [1800-1884], chimiste et homme politique, gendre du minéralogiste Alexandre Brongniart [Acad. Sciences 1832 – Acad. Médecine 1843 – Acad. fr. 1875]. LAS, s.d., à Charles Jourdain, secrétaire général au ministère de l’Instruction publique ; 1 p. in-8°. Il lui rappelle que l’association polytechnique va tenir sa séance générale et qu’il est d’usage qu’elle soit présidée par le ministre de l’Instruction publique. « La séance a lieu le dimanche, au cirque des Champs-Elysées, en présence de 5 à 6000 personnes — ouvriers-employés de commerce et leurs familles. C’est donc une heureuse et favorable occasion de faire entendre de bonnes paroles. M. le Ministre fixerait le jour. »… — Dumas avait succédé au baron Thénard à la chaire de chimie de l’Ecole polytechnique, poste qu’il occupa de 1835 à 1840.             40 €

 

L’AFFAIRE DE PANAMA & LA MORT DU BARON REINACH

30.- Georges DUVAL [1847-1919], auteur dramatique et romancier, journaliste à L’Evénement puis à la Libre Parole. LAS, 24 novembre 1892, à Henri Brisson, député, président de la commission d’enquête sur l’affaire de Panama ; 3 pp. ¼ in-12, en-tête Libre Parole (légt défr.). Intéressante lettre sur l’affaire du Panama. Rappelons que c’est Edouard Drumont, directeur de la Libre Parole, qui avait mis à jour ce scandale financier dans son journal en exploitant les documents confidentiels que Jacques de Reinach, un des agents corrupteurs compromis dans l’affaire, avait mis entre ses mains. Le 20 novembre, la veille de sa comparution devant le tribunal, le baron Reinach était retrouvé mort et une commission d’enquête était immédiatement constituée. Convoqué par ladite commission, Georges Duval énonce les raisons pour lesquelles il ne se présentera pas : « La première : les rapports que j’ai eus avec le baron Reinach, en 1875, étant purement chorégraphiques, j’estimerais irrévérencieux d’évoquer des souvenirs de danseuses devant des représentants, qui veulent encore passer pour des calculateurs. La seconde : l’unique démarche que le baron Reinach est venu faire auprès de moi, le jour de sa mort, j’en ai conté tous les détails dans la Libre Parole, et je serais obligé de me répéter. Elle peut intéresser des aliénistes, je ne vois pas ce qu’elle apprendrait à des juges improvisés et temporaires. La troisième : si la commission d’enquête veut avoir des éclaircissements sur l’affaire de Panama, elle n’a qu’à demander la mise en liberté de notre directeur Edouard Drumont [incarcéré pour avoir diffamé le député Burdeau], dont la peine est depuis longtemps terminée. Victimes d’un odieux chantage de la part du président Mariage, les jurés de la Seine, en effet, ont constamment affirmé que leur volonté formelle avait été de ne condamner Edouard Drumont qu’à quinze jours de prison. »… — Drumont devra purger une peine de prison de trois mois, du 3 novembre 1892 au 3 février 1893.                                                                                                                          90 € 

 

31.- Elzéar Bonnier-Ortolan dit Pierre ELZÉAR [1849-1916], poète et auteur dramatique ; il figure sur le célèbre tableau de Fantin-Latour, Le Coin de Table, debout, coiffé d’un haut de forme, derrière Verlaine et Rimbaud. Deux lettres. 1) LAS, s.d., à son « cher Paër » ; 1 p. ½ in-8°. Il a de bonnes nouvelles pour son ami. « J’ai parlé à l’éditeur Schott de la Tour de Babel. Il me demandait précisément pour un de ses amis une pièce très-gaie, très fantaisiste. Je lui ai dit quelques mots de la Tour. Il a paru charmé. J’ai écrit à Kufferath [Maurice Kufferath (1852-1919), violoncelliste, critique musical, librettiste et chef d’orchestre, directeur du théâtre de la Monnaie de Bruxelles]. Il faut donc que je vous voie avec la Tour, que vous devez avoir. Je crois que nous pourrons faire acheter le livret par Schott. » De son côté, il aimerait recevoir des nouvelles du second acte d’Apajune : « Je voudrais le lire cet été à Simon-Max [comédien et ténor (1852-1923)], qui va sans doute devenir directeur. » — Apajune, le génie des eaux, est une opérette de Carl Millöcker créé à Vienne en 1880, dont Elzéar ambitionnait peut-être d’écrire le livret français en collaboration avec son ami Paër (?). — 2) LAS, 27 août 1883, à un confrère ; demi-page in-8°. « Vous seriez bien aimable si vous pouviez me donner quatre places ce soir. »…                       50 €

 

32.- Georges Faillet dit FAGUS [1872-1933], poète. LAS, Paris, 12 septembre 1901, à Maurice de Faramond ; 2 pp. ½ in-8°, en-tête Editions de la Revue Blanche. Il a pu se procurer le numéro de L’Ermitage qui a publié ses vers : « ce périodique se conforme exagérément à son titre : il se veut introuvable ! Enfin ma Poësie est donc dépucelée ! Grâce à vous. Une revue mensuelle, menue, fermée et qui m’ignore a mis moins de trois mois à insérer mes vers. Depuis plus de trois ans la copieuse et ouverte Revue Blanche dont je suis l’assidu collaborateur éloigne tous ceux que je lui présente. » Il déplore toutefois qu’on ait négligé de lui envoyer des épreuves : « Des coquilles me navrent, qui me font commettre quel français ! « digne de fleurs à mes baisers » pour « digue de fleurs » ou ce qui est pis un vers faux « Vous qui êtes matine et même mignonne » pour « mutine et menue et mignonne. » — Je fais épanouir en automne des roses trémières : on me prendra pour un naturiste — Je me cabre ! »…                                                                                                                                                               50 €

 

33.- Louis de Gonzague FRICK [1883-1961], poète. LAS, s.d., au poète Fernand Marc ; 2 pp. in-8°. Il lui apprend qu’il a composé pour lui « une dédicace chocknosof » : « Demandez l’exemplaire à René Debresse. Je suis très souffrant et ne puis pas sortir. Le guérisseur palladien qui s’occupe de moi depuis plus d’un mois n’est pas encore parvenu à calmer mes atroces douleurs. » Il ne sait vraiment pas ce qu’il va faire : « Un nouvel ouvrage intitulé : Statues lyriques se trouve entre les mains de Jacques Hébertot qui m’a promis d’en écrire la préface. »…                                                                                                    50 €

 

              

34.- Charles GARNIER [1825-1898], architecte. LAS, s.d. [1868 ?], à l’éditeur de musique Heugel ; 1 p. in-8°, en-tête Ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts – Travaux du Nouvel Opéra – Bureau de l’Architecte ; en vis-à-vis, le timbre humide des Archives du Ménestrel (défr.). Il lui demande quel jour il pense faire paraître la partition d’Hamlet [d’Ambroise Thomas]. « Je dois réunir chez moi quelques amis, à qui je la donnerai en pâture et je désirerais ne pas les faire venir pour rien. Vous voyez que je suis tenace mais je suis si furieux d’avoir accepté votre offre gracieuse, que je me venge à ma manière ; en attendant je vous remercie bien de l’envoi du morceau d’Ophélie, qui en doublant votre amabilité, double aussi ma colère… » — On joint : Un portrait photographique de Charles Garnier ; tirage en photoglyptie, format 8,4 x 12,1 cm, contrecollé sur carte rigide.                                                                                                                                                    180 €

 

35.- Adolphe Augier dit Raoul GINESTE [1852-1914], poète. Manuscrit autographe signé : A propos de Corot, s.d. ; 3 pp. ½ in-8° (nombreuses ratures ; déchirure sans manque au premier feuillet). Extraits : « Un naturaliste féroce a reproché jadis au peintre des poètes d’avoir fait des paysages dans un atelier et par conséquent d’avoir travaillé de chic. Jamais accusation ne fut plus fausse. Depuis le jour où Corot, affranchi des préceptes d’école oublia tous les procédés et prit la nature pour modèle, ses yeux peu à peu dessillés par la contemplation fervente ne quittèrent plus son mystérieux et fécond modèle. […] Le génie, malgré la somme d’intuition considérable […] demande à être développé par la volonté et la nature ne dévoile pas du premier coup sa beauté à la fois si simple et si complexe. […] Malgré le côté paradoxal et la presque impossibilité pratique de ce que nous allons avancer, on pourrait affirmer dans un sens philosophique et général que Corot devenu aveugle à la fin de ses jours eut fait d’admirables tableaux. […] Il n’y a de vraiment supérieur que ceux qui traduisent l’au-delà mais il n’y a en même temps de beau supérieurement que l’au-delà qui résulte de l’expression c’est-à-dire de ce que les uns appellent la forme et d’autres, plus simples, le métier. » — A la suite une douzaine lignes sur le peintre espagnol Zurbaran.                                                                                                                                                                                                 70 €

 

36.- Jean GIONO [1895-1970], écrivain. LAS, Manosque, 11 février 1964, à un confrère ; 2/3 p. in-8°, en-tête Jean Giono Manosque Tél. 132. Il accepte de lui donner une préface. « Mais comment pourrais-je préfacer une œuvre que je ne connais pas ? Le paravent dont vous m’envoyez la photographie est bien joli. […] Et puis la date : 11 mars ! C’est bien proche. Je n’ai guère le temps de me retourner et de sortir du travail dans lequel je suis. »                                                                 80 €

 

37.- Edmond de GONCOURT [1822-1896], écrivain. PS en partie imprimée, Paris, 20 mars 1882 ; 1 p. in-8° oblongue, en-tête Bibliothèque-Charpentier. Reçu de 3000 francs à valoir sur les droits d’auteur de La Faustin.                                   60 €

 

38.- Emmanuel, marquis de GROUCHY [1768-1847], maréchal d’Empire, comte de l’Empire, pair de France. LAS au bas d’une circulaire de la Chambre des Pairs, Au château de La Férière (Calvados), 31 octobre 1838 ; 6 lignes autographes sur une feuille in-4° (effrangée et insolée). « En conséquence de l’avis ci-dessus, qui ne me parvient qu’à l’instant, je prie monsieur le bibliothécaire de la Chambre, de faire remettre au Sr Vitrebert, mon concierge, porteur de ces lignes, les impressions, les vol. du bulletin des loix, et l’annuaire du Bureau des Longitudes. »… — On joint : l’état des services du maréchal de Grouchy de 1780 à 1831 (double feuillet in-4°) et un portrait gravé sur acier d’après le tableau de Rouillard. 70 €

 

39.- [GUERRE 1870] Lettre autographe signée « H. MURAOUR, ancien lieutenant, commandant de Compagnie dans la 1ère Brigade de l’Armée des Vosges », Asnières, 21 juin, au journaliste Laurent, rédacteur en chef du Matin ; 1 p. in-4° (fentes aux plis). Témoignage sur la prise d’un drapeau prussien le 23 janvier 1871, près du château de Pouilly. « Le 24 ou le 25 janvier le général Ricciotti Garibaldi à qui je demandai des renseignements sur la prise du drapeau, me répondit textuellement : « — Le drapeau a été trouvé, après la bataille, sur un tas de soldats prussiens morts ou blessés. » La hampe du drapeau avait été brisée par un éclat d’obus ; d’après les rapports allemands il y avait eu six porte-étendards tués dans le combat en défendant le drapeau. […] Mon bataillon a été le premier incorporé dans l’armée des Vosges. J’ai fait, par conséquent, toute la campagne avec l’armée garibaldienne. » Murarour a conservé des notes et des souvenirs très précis qu’il met volontiers à la disposition de son correspondant. — Giuseppe Garibaldi était sorti vainqueur de la bataille de Dijon, du 21 au 23 janvier 1871, contre 4000 soldats prussiens. Le drapeau du 61e régiment poméranien trouvé le soir du 23 janvier par un mobile français, un certain Curtat, appartenant à la brigade de son fils Ricciotti, fut exposé aux Invalides jusqu’à ce que l’occupant allemand vînt le reprendre en 1940. A Dijon, l’avenue du Drapeau conserve le souvenir de cet événement assez rare pour être commémoré, les Prussiens n’ayant perdu que trois drapeaux pendant la guerre de 1870-71.                          50 €

 

40.- [GUERRE 1870- EURE] Photographie (reproduction de 1920) représentant un groupe de « maîtres-brûleurs » saxons, responsables de l’incendie qui ravagea la ville d’Etrepagny (Eure) dans la nuit du 30 novembre 1870. Format 10 x 17 cm, contrecollée sur un carton rigide au dos duquel figure cette note : « Les « Meisterzeuger » (Maîtres-brûleurs). Saxons incendiaires d’Etrepagny (Eure) en 1870. Groupe pris à Gisors Xbre 1870. Photographie donnée en 1920 à M. Pierre Sauret, sous-préfet des Andelys, par un Andelysien qui avait été dans son enfance témoin des incendies allumés par ces militaires. » — Après avoir subi de lourdes pertes à Etrepagny, les Saxons étaient revenus en force et avaient incendié une soixantaine de maisons. Avant de repartir, ils prirent soin de briser les pompes à incendie, rendant ainsi la population impuissante à maîtriser le sinistre.                                                                                                                                                                                             50 €

        

41.- [JOURNAL] LE SIFFLET, journal hebdomaire. Directeur : Arthur Lévy. Rédacteur en chef : Michel Anézo.  Première année complète des 50 numéros parus entre le 21 janvier et le 29 décembre 1872.  Textes de Michel Anézo, Henri Buguet, J. Davil, Raoul Fauvel, Louis Gabillaud, Louis Gille, Alfred Klein, Alphonse Lafitte, Léopold Laurens, Le Guillois, Charles Leroy, Gaston Marot, Albert Millaud, Paulus, Edmond Viellot. Les pseudonymes ne manquent pas : Asinus, de l’Académie… des pochards, Un Geai, Jonathas, colonel Mac-Razor, Un Merle, Monsieur Machin, Montretout [= Georges Petilleau], le Père-Siffleur, Rabagas, R. Nany, Yvel [= Armand Lévy]. Illustrations de couverture par : E. Cottin, Demare, A. Humbert, Henri Kat, Eugène Ladreyt, Georges Marquet et H. Meyer. Etat moyen (plusieurs expl. froissés en bas de pages, quelques autres défr., etc).                                                                                                                                                                   120 €

 

42.- Jacques Laplaine dit J. LAP [1921-1987], dessinateur de presse, il travailla essentiellement au Canard enchaîné. Dessin original au feutre noir et au crayon de couleur bleu signé : « L’Arrivée des Grands Prix - Le Gentleman Rigueur » Caricature représentant François Mitterrand en jockey chevauchant un cheval de course ayant la tête de Pierre Mauroy, son premier ministre de 1981 à 1984. Dessin paru dans le Canard enchaîné, probablement lors de la mise en place du « tournant  de la rigueur », sous l’impulsion de Jacques Delors, au printemps 1983.                                                                                    60 €                                      

43.- Emmanuel, baron de LAS CASES [1800-1852], député du Finistère puis sénateur, fils de l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène ; en 1821, il cravacha publiquement Hudson Lowe pour venger l’attitude de ce dernier à l’égard de l’Empereur, de son père et de lui-même, un incident qui pourrait expliquer la tentative d’assassinat dont il fut victime en 1825 à Passy par deux hommes parlant à peine le français. LAS, Paris, 29 octobre [ ?], à un éditeur ; 2 pp. in-4°. Il a trouvé à son retour à Paris le prospectus du premier volume de l’Encyclopédie des gens du monde que son correspondant lui a adressé et il lui demande de l’inscrire sur la liste des souscripteurs. « Votre connaissance avec les Dr Gall [Franz Joseph Gall (1757-1828)] et Spurzheim [Johann Gaspar Spurzheim (1776-1832] me fait espérer de trouver enfin la phrénologie convenablement traitée dans un ouvrage qui annonce devoir être aussi remarquable. Maintenant que Spurzheim n’est plus je ne connais d’autre personne vraiment phrénologiste que le Dr Vimont [Joseph Vimont (1795-1857)] qui vient de publier un ouvrage digne de ses prédécesseurs.  […] Je suis convaincu que dans le cas où M. Vimont serait encore en France ce que j’ignore il coopérerait volontiers à votre ouvrage si vous vous adressiez à lui. Il est encore une  branche de science encore presqu’inconnue en France mais qui a fait assez de progrès en Allemagne pour mériter je pense une place dans votre ouvrage, je veux parler de l’homœpathie. Peu de personnes, même parmi ceux qui la pratiquent la connaissent à fond et avec pureté parce qu’il est bien difficile pour des médecins distingués de dépouiller totalement les idées acquises par un travail de plusieurs années et il serait cependant important de la présenter disons avec développement tout au moins avec exactitude. » A la fin de la lettre, il s’offre de relire la notice qui pourrait éventuellement être consacrée à son père, « cela uniquement pour éviter des erreurs. »…                                                                                                                                          90 €

44.- Pierre-Jean, marquis de LAS CASES [1750- ?], colonel du régiment de Languedoc et maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’ordre de Saint-Lazare, cousin de l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène qu’il persuada de faire carrière dans la marine royale ; son épouse, Rose-Raymonde Budes de Guébriant était dame de compagnie de la princesse de Lamballe. LA signée « le mqs de Las Cases », Paris, 19 mai 1789, au comte de Puységur [Marie-Jean Chastenet, comte de Puységur (1754-1820), commandant la 9e Division militaire (Hérault)] ; 1 p. in-4°. Lettre écrite moins de deux mois avant la Révolution française. Las Cases assure le comte qu’il n’a jamais reçu la lettre que celui-ci lui a « écrite le 9 février dernier au sujet du nommé Jean-Baptiste Guillaume Gilbert Blanquet. » Il reçoit à l’instant la note que Blanquet lui a adressée à Montauban et qui lui a été réexpédiée à la capitale. « Cet homme est resté à l’hôpital d’Auch le 20 octobre de l’année dernière, jour ou le second bataillon du rgt. de Languedoc est parti de cette ville pour se joindre rejoindre au premier à Montauban. Depuis cette époque le rgt. n’a eu aucune nouvelle de ce soldat, ainsi il m’est impossible de donner d’autres éclaircissements  à monsieur le comte de Puységur à son sujet. »…                                                                               70 €

 

45.- Jean-Louis LASSAIGNE [1800-1859], chimiste, élève de Vauquelin, professeur de chimie à l’Ecole vétérinaire d’Alfort, auteur d’un Dictionnaire des réactifs chimiques (1839). Manuscrit autographe : Analyse de deux concrétions trouvées dans l’articulation du genou d’un vieillard, s.d. : 4 pp. in-4°. Lassaigne se livre d’abord à un rappel historique : « Guyton et Fourcroy sont, à ma connaissance, les chimistes qui, pour la première fois, en 1782, analysèrent des concrétions arthritiques et annoncèrent d’abord qu’elles étaient formées de phosphate de chaux. […] En 1797, Wollaston démontra que la substance qui composait ces concrétions était de l’urate de soude et tous les chimistes qui eurent, depuis cette époque, l’occasion d’en soumettre l’analyse confirmèrent ce dernier résultat. Fourcroy lui-même, quelques années après la découverte de Wollaston, reconnut la présence de cet urate dans une concrétion extraite de l’orteil d’un homme de 50 ans […] observation qui a été ensuite confirmée par un travail qu’il fit en commun avec Vauquelin. Enfin M. Vogel, professeur à Munich, a fait observer en 1813, que ces concrétions renfermaient quelquefois de l’urate de chaux. » Il en vient ensuite à ses propres observations faites sur « deux petites concrétions blanchâtres, très dures et aplaties qui avaient été trouvées flottantes dans l’articulation du genou, lors de la dissection d’un cadavre d’homme d’environ 70 ans. » Ces observations, au nombre de cinq, sont évidemment longuement décrites avec la rigueur scientifique qui convient, mais nous n’en retiendrons que le résultat : « ces concrétions […] sont composées de : matière animale soluble dans l’eau bouillante 37,2 % - Sous-phosphate de chaux 49,9 – Carbonate de chaux 12,9%. On ne peut se dispenser de rapprocher ces concrétions trouvées dans l’articulation du genou, des concrétions osseuses qui se rencontrent si fréquemment dans l’économie animale mais qui sont rares si on les considère comme des concrétions trouvées flottantes, entre les capsules synoviales du genou chez l’homme ».                                                                                                                                                                                                           180 €

      

46.- Germain-Félix TENNET de LAUBADÈRE [1749-1799], général de division des armées de la République, ami de Pichegru, il se distingua à la bataille d’Arlon où il fut blessé en chargeant l’ennemi à la tête d’une colonne d’infanterie ; son nom est inscrit sur le pilier nord de l’Arc de Triomphe. PS, Au Quartier-général d’Amiens, 27 vendémiaire an 5 [18 octobre 1796] ; 1 p. in-folio, en-tête Laubadere, général commandant la 15e Division Militaire, vignette non recensée par B.B., cachet de cire rouge (défr. ; pet. réparations). Certificat de mérite militaire délivré à Josset Saint-Ange : « Le Citoyen Josset Saint-Ange, adjudt Général, chef de Brigade & de mon Etat major depuis le 1er floréal 4e année jusqu’au 19 Messidor de la même année, a rempli cette Emploi avec tout le succès et l’honneur qui sont ordinairement les suites du zèle et de l’intelligence, et des talents qui caractérisent un Excellent officier […] & je vois avec sensibilité la république privée des services de cet officier qui se trouve réformé d’après l’arrêté du Directoire Exécutif en date du 8 fructidor, qui supprime les armées de l’Océan & de l’Intérieur. »… — Il semble que Laubadère ait pris lui-même sa retraite peu de temps après tandis que Josset Saint-Ange reprenait du service. On retrouve en effet sa trace comme adjudant commandant à l’Etat-major général de l’armée dans l’Almanach impérial de 1810.                                                                                                                                   80 €                                                                                                                                                                                  

47.- Népomucène-Louis LEMERCIER [1771-1840], poète, auteur dramatique et critique, fils du secrétaire des commandements de la princesse de Lamballe, laquelle était aussi sa marraine ; élu en 1810 à l’Académie française où lui succéda Victor Hugo, dont il avait combattu la candidature de son vivant. LAS, 24 juin 1824, à Raynouard, secrétaire perpétuel de l’Académie française ; 1 p. in-8°. Des ennuis de santé l’empêcheront « d’assister aux tristes cérémonies de ce jour et peut-être à celles du lendemain [les obsèques de deux académiciens : Etienne Aignan et le cardinal de Bausset, décédés tous les deux le 21 juin 1824]. » Il lui faut de plus se rendre à l’audience du tribunal ou « le jeune homme qui [lui] a fait un hommage public est appelé aujourd’hui pour y subir un jugement. » : « Je ne dois, ni ne veux l’abandonner à une incrimination absurde et bassement méchante. Il me semble qu’il vaut mieux me servir du peu de forces que j’ai pour prêter aide aux vivants que pour accompagner des morts : mes prières et mes regrets sincères ne les suivront pas moins avec les vôtres jusqu’à leur dernière demeure. »…                                                                                                                                                 60 €

 

48.- Pierre LETOREY [1867-1948], compositeur. Manuscrit musical de La Marche de Turenne, piano et chant,  (texte de Pierre Durocher, air de Lulli harmonisé par Pierre Letorey), s.d. [1908] ; 2 pp. in-folio. Cette chanson, dédiée au baryton Louis Nucelly, de l’Opéra, a été interprétée par Rachel de Ruy dans son spectacle : l’Histoire de la Chanson. Citons le premier couplet : « Monsieur Turenne a dit au Poitevin / Qui a grand soif et lui demande à boire / Monsieur Turenne a dit au Poitevin / Aux champs d’Alsace il pousse aussi du vin / Et ce vin-là pétille mieux / S’il est versé par Madame la Gloire / Et ce vin-là pétille mieux / Lorsqu’on y mêle un flot de sang joyeux. »…— On joint : 1) Une autre partition autographe de la Marche de Turenne, chant seul. - 2) Le texte dactylographié des paroles de la chanson, signé par Léon Durocher (1 p. in-4°) – 3) Pierre Letorey : LAS, 1908, à l’éditeur de musique L. Gauvin ; 1 p. in-8° oblongue. Il a une pièce qui passe le jour suivant au Grand Théâtre de Genève et il doit s’y rendre absolument. « Je serai de retour à Paris mardi matin et vous aurez la Marche de Turenne mercredi. Si je n’étais pas si modeste je dirais que l’ami Durocher n’aura pas perdu pour attendre. »… - 4) Le manuscrit d’une autre chanson : Et autre chose itout, déposée le 20 mars 1903 au dépôt légal ; 2 pp. in-4° (pet. déchirure). – 5) Partition autographe : Mon contrebassiste, 8 portées musicales.                                                                     120 €

 

49.- [LIVRE D’OR SIGNÉ PAR DES CÉLÉBRITÉS] 10 feuillets rigides in-4° à l’italienne détachés du Livre d’Or du restaurant parisien « Le Poisson d’Or ». On y trouve environ 50 signatures, certaines précédées de quelques mots autographes, laissés au sortir de table par des personnages célèbres, entre 1936 et 1949 : Aspasie, princesse de Grèce qui a signé deux fois), Harry Baur (avec 9 lignes autographes), Raymond Bernard, Pierre Brasseur (avec 3 lignes aut.), Maurice Chevalier, Suzy Delair (avec 6 l. aut.), Lydia Deterling, Denis Percy Stewart Conan Doyle (fils du créateur de Sherlock Holmes et son exécuteur testamentaire), Thami El Glaoui, pacha de Marrakech (en caractères arabes), Tania Fédor, Abel Gance, Emmerich Kálmán [le compositeur de la Princesse Czardas, avec une portée musicale autographe], Fritz Kreisler, Myrna Loy (la « reine de Hollywood » des années 30), Mary Marquet, Gaby Morlay, Lucien Muratore, George Raft, Jean Renoir (avec 3 l. aut. adressées à Erich von Stroheim : « Mon cher Eric, je te retrouve ici. Tu y as traîné comme moi tes bottes mélancoliques. Tu y as trouvé une consolation à bien des choses car l’endroit est de choix et je l’aime puisque tu y es venu. Jean Renoir »), Albert Sarraut, Erich von Stroheim (avec 4 l. aut. évoquant son adaptation cinématographique de la Veuve joyeuse de LeharVoir reproduction ci-dessus), Valentine Tessier, Théodore-Valensi (avec 7 l. aut.), etc.               250 €

 

50.- Auguste Frédéric Viesse de MARMONT [1774-1852], maréchal de France, duc de Raguse. Lettre signée « le Mal Duc de Raguse, général en chef de l’armée du Portugal », Valladolid, 21 février 1812, au général Bresson [Jean-Pierre Alexandre Bresson de Valmabelle (1772-1812)] ; 1 p. in-4° sous verre dans un cadre de bois verni 31 x 36,5 cm, plaque de cuivre sur la baguette inférieure : Maréchal Marmont Duc de Raguse. Transfert sur ordre de l’Empereur. « en conséquence des ordres de Sa Majesté qui m’ont été transmis par le ministre de la Guerre [Guillaume Clarke, duc de Feltre], il est ordonné au Général de Brigade Bresson de partir en poste pour se rendre au 3e Corps d’armée commandé par le prince d’Ekmühl [i.e. Davout], où il doit être employé. » (Tache sous la signature) Bresson mourut d’épuisement à Koenigsberg au retour de la calamiteuse campagne de Russie.                                                                                                                                         120 €

 

51.- Henri MARTIN [1810-1883], historien et homme politique, sénateur de l’Aisne, président de la Ligue des Patriotes, il succéda à Thiers à l’Académie française (1878). LAS, s.d., à Pauline Viardot ; 3 pp. in-8° sur papier de deuil. Lettre évoquant Daniele Manin, chef de l’éphémère République vénitienne de Saint-Marc, mort à Paris le 22 septembre 1857. Henri Martin est sur le point de se rendre en Italie : « au lieu d’aller reconduire les restes de Manin dans sa patrie délivrée, je ne puis qu’assister à la cérémonie funèbre qui aura lieu en son honneur le 22 7bre dans une autre cité plus heureuse, à Milan. Les pauvres Vénitiens ont désiré que quelques uns de leurs amis de France leur donnassent ce témoignage de fraternité, et je me suis décidé à faire le voyage. »… — Venise étant toujours sous la domination autrichienne, les restes de Manin, contraint à l’exil après la capitulation du 22 août 1849, ne pouvaient y être inhumés. Il fallut attendre le 22 mars 1868, jour anniversaire de la révolution de 1848, pour que ses cendres pussent enfin reposer dans la terre natale qu’il avait si vaillamment défendue pendant un siège de 18 mois.                                                                                                                                   50 €

52.- Jean Frédéric Phélypeaux, comte de MAUREPAS 1701-1781, homme politique, secrétaire d’Etat à la marine de Louis XV, il fut disgracié de 1749 à la mort du roi pour avoir commis un libelle hostile à la favorite, Mme de Pompadour et ne revint aux affaires qu’à l’avènement de Louis XVI qui le nomma ministre d’Etat. LAS, Versailles, 12 juillet 1726, à un « Monseigneur » (le cardinal de Fleury, nouvel homme fort du régime depuis moins d’un mois ?) ; 2 pp. in-folio (mouillure n’affectant pas la signature). Il le prie de transmettre les ordres du roi « pour tirer des magasins de Marval et de Toul 543 Bayonnettes qui seront ajustées a un pareil nombre de fusils que l’on prepare à Thionvillle pour l’armement d’une partie des milices. »… — On joint : la copie de 4 lettres du duc de Nivernais, son beau-frère, ambassadeur de France à Rome ; les deux premières adressées à sa belle-mère, la comtesse de Pontchartrain, mère de Maurepas et les deux autres à Maurepas lui-même. Ces copies, formant 4 pp. in-4°, pourraient être de la main du secrétaire intime du duc, La Bruère, surnommé « Malagrazzia » par son maître en raison de son caractère. Extraits de ces lettres, envoyées peu après la disgrâce de Maurepas : « Il y a des gens dont l’amitié se diminue par les disgrâces de leurs amis, je puis vous assurer avec vérité que le contraire m’arrive, j’aime cent fois mieux Mr et Mad. De Maurepas depuis leur malheur. (…) Il s’y joint un véritable désespoir de n’être pas à portée  de leur rendre aucun service ni soins dans l’occasion de leur vie ou ils en ont le plus beson, et dans  la seule de la mienne ou je pouvois leur être de quelque secours, le pauvre homme  m’a écrit une lettre la plus touchante, la plus courageuse la plus douce et la plus résignée qu’on puisse imaginer. (…) j’y vois ce que je scavois dejà que les seules choses qui l’affectent sont la perte de la bienveillance d’un maitre qu’il  aime tendrement et l’inquiétude que lui cause la santé miserable de Mad. de Maurepas. »… (Castelgandolfo, 26 mai 1749,  à la comtesse de Pontchartrain) – « Quel plaisir trouvez-vous à me percer encor le cœur que j’ai déjà plein de tant de cicatrices. Au reste il y a deux mois que je n’ai recu un seul mot de Mad. de Pompadour, de sorte que je ne suis pas actuellement en état de devoir ni pouvoir lui écrire. Elle m’a cru honnete homme jusqu’à present, j’espere qu’elle le croit encore, et pour qu’elle le croie toujours je ne manquerai aucune occasion de lui exprimer ce que je crois, ce que je sens et ce que je sais. Je dois cette vérité à l’amitié qu’elle m’a toujours marquée, et je rendrai toujours justice à la bonté de son cœur, malgré les erreurs ou on peut entrainer la douceur et la facilité de son esprit. »… (A la même, 27 mai 1749) – « Nous sommes venus passer quelques jours chez le bon abbé de Cornilliac qui est bien le plus vertueux et le  meilleur francais qui soit au monde.  Il est presque aussi affecté que nous de votre malheur, et nous nous en entretenons continuellement ce qui sans être une consolation ne laisse pas que d’être un soulagement. »… (Castelgandolfo, 29 mai 1749, à Maurepas).  On ajoute aussi à ce dossier : 3 lettres au duc de Nivernois écrites par Salley, secrétaire du comte de Maurepas, dans les p0remiers temps de l’exil de ce dernier (mai, juin et août 1749) ; 11 pp. in-4°. « Je n’ay pas voulu hasarder que vous fussiés sans nouvelles de sa santé qui est tres bonne. Mad. La Csse de Maurepas est aussi en santé parfaite jusqu’à present. (…) M. le Cte de Maurepas a recu votre lettre du 6 de ce mois, vous ignories encore le malheur qu’il a eu de cesser de plaire au Roy et qu’elles auront été les suites mais vous l’aures scu quelques jours après ; ce que nous ne scavons pas et ce qu’il ignore luy même, c’est ce qui a pu causer sa disgrace. (…) Si l’on pouvoit se consoler d’avoir deplu à qui l’on desiroit de plaire : tout bien calculé, on parviendroit a preferer les ayremens de  la vie tranquile et philosophique a la fatigue eternelle que cause le poids immense des affaires et les inquietudes que reproduit sans cesse la passion de faire le bien des autres, et de reussir. »… (29 mai 1749)…          150 €

 

53.- Olivier MÉTRA [1830-1889], compositeur de valses populaires et chef d’orchestre, il dirigea les orchestres de Mabille, des Folies-Bergère et des bals de l’Opéra de Paris. LAS, Fécamp, 31 août 1858, à son « cher Jules » ; 1 p. ½ in-8°. Il apprend à son ami que la veille, à dix heures et demie du soir, « un horrible incendie a détruit de fond en comble le Casino. A 11 h, il n’en restait pas un vestige ! » Il espère toutefois toucher ses appointements car il en a besoin pour revenir à Paris. « Dans tous les cas vous pouvez compter sur votre musique vendredi soit que je vous l’apporte moi-même soit que je vous l’envoie de Fécamp. » Il s’excuse du retard qu’il a pris : « depuis que je vous ai quitté j’ai presque toujours été malade. » Enfin il s’offre de lui rendre un petit service : « Si vous avez quelque chose à faire dire à Paquis relativement à vos instruments (car les timbales et le tambour ont été brûlés) écrivez-le moi. »…                                                                                                                            50 €

 

54.- Jules MICHELET [1798-1874], historien. LAS, s.d. [1838], à un journaliste ; 1 p. in-8°. Il lui apprend que l’Académie des Sciences morales l’a désigné à l’unanimité pour la chaire d’histoire du Collège de France. « Je crois devoir rapporter en partie ce succès au témoignage si honorable que vous avez bien voulu me rendre dans votre trop bienveillant article. Une indisposition assez grave, dont je me remets lentement, a pu seule m’empêcher jusqu’ici de vous remercier en personne. »… — Michelet sera destitué de ce cours en avril 1852.                                                                                                                     60 €

 

55.- [John MILTON (1608-1674), poète anglais] Dessin original à la mine de plomb signé « Louise » et daté de 1877 ; format 11,5 x 14,5 cm.                                                                                                                                                                         30 €

56.- [Frédéric MISTRAL (1830-1914), écrivain] Georges VILLA [1883-1965], caricaturiste et illustrateur. Dessin original à l’encre de Chine signé, format 9 x 14,5 cm, exécuté sur une feuille de papier vergé 16 x 24 cm.                                               50 €

 

— [Alfred de MUSSET] Voir Charles Blanc.

 

— [Pierre-François PALLOY] Voir la lettre de l’architecte Antoine à lui adressée.

 

57.- Auguste PANSERON [1795-1859], compositeur et pédagogue, auteur d’un Traité d’harmonie pratique (1855). Sept lettres à divers correspondants ; 7 pp. in-8°. A son « cher Bodin » : « Voici 716 méthodes de vocalisation que je mets sous la protection de ta fille en la priant de les placer. Elle me sera redevable de 84 f lorsqu’elle les aura placés. Promets-moi mon cher camarade de lui recommander cette méthode. »… (Paris, 10 juillet 1840) - A Alphonse Royer : « Ma femme désire aller ce soir à l’Opéra. Si vous pouvez me donner une jolie loge, vous me ferez grand plaisir. »… (s.d.) – A M. Dané : Recommandation. « M. Brice qui vous présentera cette lettre, est un de mes vieux amis, professeur de chant, ancien élève du conservatoire de la célèbre classe de [illis.] dans laquelle il a obtenu de grands succès, il a vécu 30 ans en Russie et désire se fixer à Rouen comme professeur de chant. »… (s.d.) - A M. Denis : Demande de loge. (s.d.) – A son « cher Trévoux » : « Pardon mille fois ; mais notre concert de cercle est encore remis une fois au jeudi 6 avril prochain. »… (s.d.) – A Emile Perrin, directeur de l’Opéra-Comique : « Ma femme revient de la campagne et a un vif désir d’aller ce soir à l’Opéra Comique. Vous me feriez grand plaisir en me donnant pour ce soir une loge. »… (30 octobre 1857) –  Au même : Autre demande de loge. (s.d.)                                                                                                                                                                            90 €

 

58.- Jules-Etienne PASDELOUP [1819-1887], chef d’orchestre, fondateur des Concerts Pasdeloup. LAS, Paris, 21 avril 1874, au préfet de la Seine [Ferdinand Duval] ; 3 pp. in-folio. Après avoir rappelé que les Concerts populaires de musique classiques [fondés par lui en 1861] ont rempli chaque dimanche de la saison d’hiver une salle de 4000 personnes, et qu’ainsi, du point de vue orchestral, la France dépasse ce qui se fait à l’étranger, il déplore qu’il n’en soit pas de même pour la musique chorale. « Il n’existe pas en France comme en Angleterre et en Allemagne des masses chorales disciplinées se réunissant plusieurs fois par an pour exécuter les oratorios d’Haendel, Bach, Mendelssohn, etc, etc. […] C’est pourquoi je viens demander aide, soit à la Ville de Paris, soit au département de la Seine, pour fonder chez nous, comme cela a lieu sur les bords du Rhin, Cologne, Düsseldorf, Aix-la-Chapelle, les fêtes musicales de la Pentecôte. Trois festivals seraient donnés pendant la semaine de cette fête. Le premier aurait lieu le mardi 26 Mai à 8h du soir au Cirque d’Hiver. L’oratorio d’Elie de Mendelssohn y serait exécuté. Le second le jeudi 28, le programme comprendrait des œuvres modernes de compositeurs français. Le 3e le samedi 30, serait consacré aux virtuoses célèbres et à l’audition de la symphonie avec chants de Beethoven. Le choral Pasdeloup qui vient de débuter au concert populaire du vendredi saint, serait le principal élément choral de ces fêtes, qui devraient se renouveler chaque année. » Il demande pour mener à bien ce projet une subvention annuelle de 10.000 francs. « La date de la Pentecôte se rapprochant de l’époque du grand prix de course de 100.000 f, le modeste sacrifice demandé permettrait à l’art musical de donner sa part d’éclat à la capitale et cela ne pourrait que contribuer à attirer plus d’étrangers. »…                                                                                                                                                                                          150 €

 

59.- Louis Gustave DOULCET, comte de PONTÉCOULANT [1764-1853], lieutenant-colonel de la compagnie écossaise des gardes du corps du Roi, puis conventionnel (Calvados), membre du Comité de Salut Public, député au Conseil des Cinq-Cents, préfet de la Dyle, comte de l’Empire ; le retour de la royauté fit de lui un pair de France et un sénateur. P. signée « Doulcet », Paris, 19 thermidor an III [6 août 1795]; 1 p. in-4°. Copie certifiée conforme d’un rapport remis au Comité de Salut Public par le général Louis-Antoine Pille [1749-1828], commissaire de l’organisation et du mouvement des armées de terre (9e Commission). « La Commission a déjà rendu compte au Comité que d’après son arrêté du 30 Messidor les dix mille hommes qui doivent quitter l’Armée du Rhin pour passer à celle des Alpes et d’Italie, marchent sur trois colonnes dont la première est partie le 12 de ce mois pour arriver à Bourg le 1er du mois prochain. […] L’arrivée des Troupes de Sambre et Meuse qui d’après les dispositions du même arrêté doivent remplacer celles-ci, a été annoncée au général Pichegru. »…70 €

 

60.- Bernard POYET [1742-1824], architecte, il construisit l’église Saint-Sauveur, l’hôpital Sainte-Anne et la colonnade du Palais Bourbon. LAS, Paris, 28 thermidor an 8 [16 août 1800], au président du Portique Républicain [Pierre-Augustin de Piis ?] ; 1 p. in-4°. Obligé de partir sur le champ pour la maison de campagne du ministre de l’Intérieur [Lucien Bonaparte], il lui envoie la lettre qu’il a reçue de son confrère le citoyen Raveau. « Vous verrés par cette lettre, Citoyen Président, qu’il désire d’être admis au Portique. Le mérite de cet artiste et son patriotisme pur que j’atteste, sont connus de plusieurs membres de la société ; et c’est d’après la certitude que j’ai de l’excellence de son républicanisme ainsi que de ses talens, que j’ai l’honneur de vous proposer son admission. »… — Une des conditions exigées pour faire partie de cette société littéraire fondée par Piis et le chevalier de Cubières en 1798 ou 1799 était de ne point appartenir à l’Institut.                           80 €

 

61.- Ary RENAN [1858-1900], peintre, élève de Puvis de Chavannes, fils d’Ernest Renan. LAS, s.d. ; 2/3 p. in-8°, en-tête Gazette des Beaux-Arts. Lettre probablement relative à l’illustration d’un compte rendu du dernier Salon de Londres. « Hier même je vous ai écrit à Paris de presser notre Salon de Londres. Vous avez toutes les lettres le concernant. Ecrivez chez Hollyer [Fréderick Hollyer (1838-1933), photographe et graveur, spécialiste de la reproduction d’œuvres des artistes préraphaélites : Burne-Jones, Watts, Solomon, Dante Gabriel Rossetti…], pour abréger et ayez le copyright pour Burne Jones et pour Watts. Je vous en prie, n’y manquez pas. Le temps presse. »…                                                                               50 €

 

62.- [SECOND EMPIRE – PROTOCOLE] Liste pour S.A.R. Monseigneur le Duc Régnant de Saxe-Cobourg. Feuille d’émargement de 15 personnalités invitées à la réception donnée à Paris en septembre 1855 à l’occasion de la visite d’Ernest II, duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha [1818-1893] ; 1 p. in-folio (légt défr. et effr.). Ces illustrations politiques ou militaires ont signé de leur nom ou simplement décliné leur qualité : « le ministre de d’Intérieur [Adolphe Billault], le ministre des finances [Pierre Magne], le ministre du commerce et des travaux publics [Eugène Rouher], le ministre de la Justice [J.-P. C. Abbatucci], le ministre de l’Instruction publique et des Cultes [Hippolyte Fortoul], […] le Gal Rolin, adjudant Gal du Palais de l’Elysée, M. Baroche, président du Conseil d’Etat, […] le Comte de Morny, Président du Corps Législatif, […] le gal de Cotte, aide-de-camp de l’Empereur. » CURIOSITÉ DIPLOMATIQUE.                                                     50 €

 

63.- François-Clément Sommier dit Henry SOMM [1844-1907], dessinateur et caricaturiste, il collabora au Chat-Noir et au Rire. Menu gravé à l’eau-forte pour le souper du 3 mars 1880 de la Presse parisienne, format 10 x 12,5 cm ; Imp. Vve Cadart. Chaque plat est associé au nom d’un journal : Consommé du Monde Parisien, Jambon New York Herald, Pâté de foie gras de l’Evénement, Buisson d’Ecrevisse Estafette, Bombe glacée Figaro, Fromage en Liberté, Café de la Paix, etc.                   30 €

 

— [Erich von STROHEIM & Pierre RENOIR] Voir le n° 49.

 

64.- Alphonse TESTE [1814-1888], médecin, magnétiseur et écrivain, auteur d’un Manuel pratique de magnétisme animal et de Comment on devient homoeopathe (1873). LAS, Paris, 6 janvier 1846, à M. Desnos ; 3 pp. in-8°. Curieuse lettre au sujet de l’organisation d’une manifestation. « Je présume que vous avez l’intention de compter parmi nos invités tous les médecins de Paris, la haute noblesse et la haute banque. En d’autres termes, il nous faut une brochure, mince, mais serrée, puissante et déterminante, dont 10 mille exemplaires seront distribués en avril. Je me propose d’y mettre mon plus beau style et mes meilleures raisons. Elle sera pour les savants, pour les médecins, pour les malades, pour les coquettes, pour les gens d’esprit et pour les sots. J’entends qu’au premier juin nous soyons là-bas au grand complet. […] Mon intention est de voir personnellement une centaine de médecins pendant le courant du mois de mars, d’avril et de mai. Nous aurons d’ailleurs à notre disposition tous les journaux légitimistes, plus le Musée des Familles, les petits journaux […] de Caen et de Cherbourg. Or, ce serait bien le diable qu’avec ces trompettes nous ne fissions pas un peu de bruit. »…                                      45 €

 

65.- [THÉOPHILANTHROPIE] Jean-Baptiste CHEMIN-DUPONTÈS [1760-1852], promoteur, avec Valentin Haüy, de la théophilanthropie, culte familial, déiste et humanitaire censé remplacer le christianisme (1796) ; parmi les sympathisants on trouve Dupont de Nemours, le peintre David, Bernardin de Saint-Pierre et Marie-Joseph Chénier ; polygraphe infatigable, il a écrit d’innombrables ouvrages de vulgarisation à l’usage de la jeunesse dans de nombreux domaines. LAS, Paris, 22 novembre 1833, à César Moreau, président du conseil d’administration de la Société de Statistique Universelle ; 1 p. ½ in-4°. Bien que flatté par l’invitation de la Société de Statistique Universelle à faire partie de ses membres, il n’y entrera pas : « Je me suis demandé comment un ermite obscur, modeste auteur de quelques ouvrages utiles particulièrement à la jeunesse, qui ont marché et qui marchent sans qu’il ait été obligé de les faire prôner dans les journaux, a pu attirer l’attention d’une société aussi illustre que celle de la Statistique universelle. […] Quoique sous certains rapports, la statistique embrasse tout ce qui intéresse l’humanité au physique et au moral, et que, par désir de savoir, je me sois un peu occupé de toutes les sciences, cependant elle est, dans son acception rigoureuse, étrangère aux études qui ont été l’objet spécial de ma vie entière. Je serois par conséquent dans la société un membre tout à fait inutile : j’aime mieux m’abstenir que de remplir un pareil rôle. Je vis dans une retraite presque absolue, et j’ai complètement adopté l’avis de ceux qui pensent que le bonheur le plus sûr et le plus vrai est en nous-mêmes. »… — La Société Française de Statistique universelle avait été fondée en 1829 pour concourir aux progrès de la statistique générale. Elle décernait des prix, distribuait des médailles et publiait un recueil mensuel de ses travaux. Son président-fondateur, César Moreau, avait été Consul de France en Angleterre, où des sociétés de ce genre existaient depuis longtemps. Il en importa le modèle en France. — En 1833, Chemin-Dupontès avait cessé d’être théophilanthrope pour redevenir franc-maçon. Il était vénérable de la Loge des Sept Ecossais et membre du Grand-Orient                                                                                                                                                                                                                     120 €

66.- Ambroise THOMAS [1811-1896], compositeur. LAS, Paris, s.d., à la soprano Fidès Devriès Adler [1851-1941] ; 1 p. in-8°. Il la félicite pour son succès de la veille. « Au nombre des plus remarquables parties de votre rôle, je ne citerai ici que le beau duo du troisième acte où vous avez été adorable. Jamais vous n’avez montré plus de sentiment, plus de charme. Quel regret pour ma pauvre malade de n’avoir pu aller vous applaudir ! »…                                                                                   60 €

 

67.- H.-P. TOBY [ ?- ?], organiste et compositeur de musique de salon. LAS, Paris, 5 juin 1893, à un jeune confrère et ami ; 2 pp. in-12. Il le remercie d’avoir joué ses œuvres à la matinée de Mlle Prestal et lui redit tout le bien qu’il pense de ses deux compositions : « et si je vous ai crié : Gare ! pour les petites conséquences d’un trac bien naturel, je n’en suis pas moins satisfait de la façon dont vous jouez l’orgue-Célesta, et dont vous traitez le Célesta en particulier. Vous y mettez beaucoup de délicatesse et de douceur. C’est très bien. Il faut toujours caresser moelleusement le Célesta, et c’est ainsi qu’on en fait ressortir tout le charme ; et la fusion complète de son timbre avec ceux de l’orgue produit les sonorités les plus ravissantes. »…                                                                                                                                                                                                 30 €

 

68.- [TUNNEL DU SIMPLON – 1905] Edouard SULZER-ZIEGLER [1854-1913], industriel, propriétaire de l’entreprise qui creusa le tunnel du Simplon (1898-1906), vice-président de l’Association patronale suisse des constructeurs de machines, puissant syndicat patronal adversaire des socialistes. LS, Winterthur, 8 mars 1905, à Charles-Edouard Guillaume [1861-1938], futur Prix Nobel de Physique (1920) ; 2 pp. in-4°, en-tête Société d’Entreprise du Tunnel du Simplon – Brandt, Brandau & Cie – Bureau central. Il lui retourne les épreuves de son article qu’il trouve parfait. « Nous sommes d’avis de biffer seulement les dernières douze lignes, et d’ajouter la Conclusion, comme ci-jointe en allemand. » Il envoie les photographies de sa conférence en vue de leur insertion dans la Revue des Sciences pures et appliquées, non sans en ajouter six autres : « 1. Atelier, côté nord – 2. Forge – 3. Pompe centrifuge à haute pression, accouplée à une turbine. […] 4. Allumage des mines après le forage au front d’attaque. – 5. Traction par chevaux dans la galerie. 6. Signal au sommet du Monte Leone pour la triangulation. »… — Sur le second feuillet laissé vierge, Ch.-Ed. Guillaume a écrit quelques lignes à l’intention de Louis Olivier, directeur de la revue : « Voici la lettre de M. Sulzer-Ziegler qu’accompagnaient les documents que je vous expédie comme papiers d’affaires recommandés. Voudriez-vous écrire directement à M. Sulzer ? »…           60 €

 

69.- Alfred VELPEAU [1795-1867], anatomiste et chirurgien, inventeur du bandage qui porte son nom. PS en partie imprimée, Paris, 1er avril 1856 ; 1 p. in-8° oblongue. Quittance de loyer pour un appartement lui appartenant à Paris, 23 rue Jacob, délivrée à un certain Campaignac, peut-être le médecin portant ce nom dont il cite les travaux dans ses Nouveaux éléments de médecine opératoire (1839).                                                                                                                                   45 €

 

70.- [Jules VERNE] Photographie originale, format 8,6 x 12,2 cm, cliché Carjat tiré en photoglyptie par Goupil pour Paris-Artiste, n° 11 [1883]. Tirage contrecollé sur le premier feuillet du journal. Voir reproduction en couverture.          120 €

 

Catalogues en préparation :

Livres dédicacés (environ 300)

Mille lettres adressées à Léon Deffoux et à Lucien Descaves

Antoine, du Théâtre-Libre au Cinéma.

Vient de paraître : Laurent BIHL : De cape noire en épée rouge. Anthologie de textes politiques de Michel Zévaco. (Ressouvenances (1911)