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DÉCEMBRE  2011 - JANVIER 2012

 

 

Saint-Pol-Roux : Poème autographe signé.

 

LIBRAIRIE WILLIAM  THÉRY

1 bis, place du Donjon

28800   -   ALLUYES

Tél. 02 37 47 35 63

E.mail : williamthery@wanadoo.fr

1.- [Paul ADAM] Photographie originale, format cabinet (9,5 x 13,5 cm) contrecollée sur carton ; cliché Henri Manuel, Paris. Envoi a. s. : « A mon très cher ami  Pierre Fons avec tous mes vœux de gloire. Paul Adam. »                                 100 €

 

2.- Emmanuel Armand de Vignerot du Plessis, duc d’AIGUILLON [1720-1788], maréchal de camp et homme d’Etat, secrétaire d’Etat de la Guerre de Louis XV. LS, Versailles, 31 mai 1774, au chevalier de Boislogé,  capitaine en second à Charleville ; demi-page in-folio. Ordre de mission : « indépendamment du service dont vous êtes chargé à la Manufacture de Charleville, le Roy a jugé à propos de vous employer aussy aux détails des forges de la Champagne. Vous exécuterés dans cette nouvelle destination tout ce qui vous sera prescrit par M. Dangenoult, chargé de la Direction de ces forges et de toutes celles qui sont affectées à l’Artillerie. »…                                                                                                                                        50 €

 

LA PREMIÈRE TRADUCTION FRANÇAISE

 DU PREMIER CHAPITRE DU CRÉPUSCULE DES IDOLES (1899)

3.- Henri ALBERT [1868-1921], écrivain, premier traducteur de Nietzsche en langue française. Manuscrit autographe signé, Maximes et Pointes, traduction d’aphorismes de Nietzsche ; 6 pp. ¼ in-4°, tampon du Mercure de France à la date du 12 mai 1899. Une note au bas de la première page précise que ces 44 aphorismes forment le « chapitre premier du Crépuscule des Idoles (1888), volume dont la traduction est sous presse ». Extraits : « 1. La paresse est le commencement de toute psychologie. Comment ? La psychologie serait-elle un… vice ? – 3. Pour vivre seul il faut être une bête ou bien un dieu — dit Aristote. Il manque le troisième cas : il faut être les deux choses réunies, il faut être — philosophe… - 7. Comment ? l’homme ne serait-il qu’une méprise de Dieu ? Ou bien Dieu ne serait-il qu’une méprise de l’homme ? – 20. La femme parfaite commet de la littérature comme elle commet un petit péché : pour essayer, en passant, et en tournant la tête pour voir si quelqu’un s’en aperçoit et afin que quelqu’un s’en aperçoive… - 26. Je me méfie de tous les gens à système et je les évite. La volonté du système est un manque de loyauté. – 31. Le ver se recroqueville quand on marche dessus. Cela est plein de sagesse. Par là il amoindrit la chance de se faire de nouveau marcher dessus. Dans le langage du monde : l’humilité. – 33. Combien peu de chose il faut pour le bonheur ! Le son d’une cornemuse.— Sans musique la vie serait une erreur. L’Allemand se figure Dieu lui-même en train de chanter des champs. – 34. On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert). — Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui viennent en marchant ont de la valeur. – 39. Le désillusionné parle. — J’ai cherché des grands hommes et je n’ai toujours trouvé que les singes de leur idéal.»… L’autodafé de la veuve d’Henri Albert a rendu ses manuscrits rarissimes. 300 €                                                                                                                                                                                                   

4.- Marcel AYMÉ [1902-1967], écrivain. Manuscrit autographe signé d’un article, Adaptation, s.d. [circa 1955] ; 1 p. ½ in-4°, 50 lignes de sa fine écriture serrée. Intéressante réflexion sur le problème posé par l’adaptation d’une œuvre étrangère, inspirée par une expérience personnelle : l’adaptation de la pièce d’Arthur Miller, The Crucible, devenue en français Les Sorcières de Salem. « Avant d’en avoir l’expérience, commence-t-il, je croyais que le travail de l’adaptateur consistait en tout et pour tout à transcrire la pièce d’un auteur étranger dans un français honnête et, autant que possible, capable de passer la rampe. […] J’imaginais que de légers gauchissements d’expression pouvaient suffire à transporter d’un continent à l’autre le contenu d’une réalité dramatique. J’ai compris mon erreur quand j’ai commencé mon travail sur the Crucible […] d’Arthur Miller. Dès le départ, je butais sur une situation théâtrale périlleuse pour l’adaptateur et qui m’était apparue à première lecture sans toutefois m’alarmer autant qu’elle le méritait. » L’argument est connu : en 1690, un fermier américain séduit sa jeune servante avant de la renvoyer. La jeune fille se livre alors à des pratiques de sorcellerie pour reconquérir son amant. « Dans l’œuvre de Miller, aucun doute n’est possible : la sympathie du spectateur américain est acquise au séducteur. […] Il n’a qu’à entrer sur une scène de Broadway ; il est comme drapé dans la bannière étoilée et le public, le cœur gonflé de tendresse et de fierté, le dévore déjà des yeux. En face de ce prestigieux grand ancêtre, la fille qui s’est donnée à lui avec tant de ferveur n’est plus qu’une petite salope qui vient ternir l’aube glorieuse des U.S.A. Pire, elle est l’image haïssable du péché. » Le spectateur français ne réagira pas de la même manière. « En France, il faut bien le dire, on ne lit pas beaucoup la Bible. […] Ce puritain trousseur de jupon, qui ne rêve qu’à retrouver la paix de son ménage et ses chances de paradis, ne peut manquer d’être mal vu chez nous, et la sympathie, tout naturellement, ira d’abord à la fille séduite et par-dessus le marché orpheline, j’oubliais de le dire. » Marcel Aymé a donc dû procéder à un rééquilibrage des personnages pour être fidèle à l’esprit de la pièce originale et il s’est employé à « noircir la victime en lui prêtant un machiavélisme qu’elle n’a pas dans la pièce d’Arthur Miller où elle est amenée, pour défendre sa vie et dans l’entraînement d’un délire collectif, à déclencher la chasse aux sorcières. » « J’ai voulu, explique-t-il, lui donner la pleine conscience du mal qui est en elle. Ce faisant, j’ai sans doute beaucoup contrarié l’auteur et je le regrette sincèrement. » Manifestement, Marcel Aymé n’a pas conservé un excellent souvenir de cette expérience littéraire car son article se termine sur la ferme résolution qu’on ne l’y reprendra plus : « je veux être pendu comme une simple sorcière s’il m’arrive jamais de refaire une adaptation. »                     400 €

— [BÉRANGER] Voir Henri Sauguet.

 

5.- Louis BLÉRIOT [1872-1936], ingénieur et pionnier de l’aviation. Carte postale représentant le monoplan Blériot VIII bis signée et datée (11 juillet 1909), format 8,8 x 13,8 cm. — On joint : Une autre carte postale montrant un aéroplane Blériot évoluant dans les plaines de Beauce sous l’œil étonné de trois paysans aux champs.                                                         120 €

 

AUTOUR DU DUEL DE JULES BOIS ET VINCENT D’INDY

6.- Jules BOIS [1868-1943], poète, romancier et auteur dramatique, on lui doit de nombreux ouvrages sur les sciences occultes. Manuscrit autographe signé, s.d. [fin 1907 – début 1908] ; 1 p. in-4°. Violents propos contre Vincent d’Indy qui, après avoir accepté de mettre en musique Hippolyte couronné, mit un terme à sa collaboration. Le différend fut porté à la connaissance du public par les deux hommes qui s’injurièrent d’importance dans Comoedia jusqu’à rendre inévitable le duel au pistolet qui eut lieu le 11 janvier 1908, au petit matin, au Parc des Princes. Aucune goutte de sang ne fut versée. Le manuscrit que nous proposons est probablement celui d’une des diatribes adressées par Jules Bois au musicien dans les colonnes de Comœdia. Extraits : « J’ai cru à la parole de M. Vincent d’Indy ; je me suis trompé lourdement, aussi lourdement que cet homme jadis grave plaisante, aussi lourdement qu’il a tort. A propos d’Iphigénie, par un acte d’injustice et d’ingratitude, il a mis son honneur à se délivrer d’un engagement pris avec M. Albert Carré et avec moi. […] Je conseillais à M. Vincent d’Indy d’écrire un Tartuffe. C’est trop pour lui. Il défaillirait encore. Mais il lui reste du champ pour fuir. Bazile c’est à sa taille ; il nous donnerait la variante wagnérienne de l’air de la calomnie. Si l’on baille, il aurait la ressource d’adapter en musique le style guilleret de ses lettres. »… — On joint : Jules BOIS, Hippolyte couronné. Drame antique en 4 actes en vers. Portrait de l’auteur par Albert Besnard en frontispice. Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1904. In-12 br. 168 pp.                                                                                                                                                                                  120 €

 

7.- Pierre BONNARD [1867-1947], peintre et graveur. Carte postale a. s., [Paris, 10 juillet 1947], à Pierre Marchal ; 1 p. in-12. Carte adressée à un collectionneur d’autographes : « Autographe certifié authentique. P. Bonnard. »                      140 €

 

8.- René Tardiveau dit René BOYLESVE [1867-1926], écrivain. LAS, 21 mars 1919, à un confrère ; 1 p. in-8°. Remerciements et évocation du passé. « Je pense que la conversation protocolaire d’hier, dans la vieille maison du quai, entre deux hommes certainement attachés à vous par le souvenir de débuts et surtout de mœurs littéraires identiques vous a donné à entendre — avec les noms de Schwob, de Tinan, de Hugues Rebell, de Remy de Gourmont — qu’il se passe dans ce petit coin du monde quelque chose de nouveau. »…                                                                                                                60 €

 

9.- Charles Edouard BROWN-SÉQUARD [1817-1894], physiologiste et neurologue, professeur au Collège de France [Acad. Médecine et Acad. Sciences]. LAS, Sainte-Adresse, 9 juillet 1892, à Mme Raffalovitch ; 3 pp. in-12. Il la remercie pour les renseignements qu’elle lui a fournis sur Ouspensky : « Ses travaux ont le caractère scientifique, mais il aurait pu néanmoins être de ces médecins de valeur réelle, qui sont pourtant des charlatans. » Il la remercie également pour l’envoi d’un numéro du journal russe le Nouveau Temps : « Il me servira assurément beaucoup dans ce moment précisément où je travaille à un livre sur le sujet du Feuilleton scientifique dont vous voulez bien me parler. » Il enverra à ce journal un exemplaire des articles qu’il a publiés avec son assistant Arsène d’Arsonval (1851-1940) « sur le mode de préparation des liquides organiques (non seulement de celui dont j’ai proposé l’emploi, mais aussi de plusieurs autres, qui sont très importants). Les appareils si précieux, — si essentiels — de stérilisation & de filtration, dus au génie de d’Arsonval, permettent maintenant l’emploi des liquides organiques divers en toute sécurité, et, comme nous l’avons prouvé, on peut les injecter sous la peau et dans les veines. »…                                                                                                                                       180 €

 

10.- Thomas-Robert BUGEAUD (1784-1849), maréchal de France, duc d’Isly. LAS, Alger, 3 juillet 1845, au maréchal Soult, ministre de la Guerre ; 2 pp. ½ in folio, en-tête Direction des Affaires de l’Algérie. Au sujet de la réduction des effectifs des troupes indigènes pour réaliser l’économie de 2.400.000 francs souhaitée par le ministre. Bugeaud et Lamoricière partagent le même point de vue : « Comme moi il  considère l’infanterie indigène actuelle comme une force réelle. On tire, dit-il, du baton de tirailleurs de Mostaganem le même parti que d’un baton fais sauf qu’on ne peut pas le faire travailler, et il émet l’idée de transformer ces bataillons en zoâves. (…) Je propose en définitive de transformer les trois batons de tirailleurs en un régiment de zouaves à trois bataillons, composés chacun d’autant de compies qu’il y a actuellement de compies de  tirailleurs. Ces bataillons resteraient chacun à  sa place jusqu’à ce que les indigènes se fussent éteints, ce qui ne serait pas long, après quoi le régiment serait rallié dans la province de Constantine qui n’a aucun corps spécial  et d’élite,  en infanterie. (…) Les zoâves seraient recrutés parmi les hommes de bonne volonté de tous les régiments d’infie d’Afrique et de France, car il faut que ce soit un corps d’élite et tout le monde a remarqué que le 1er régiment a beaucoup perdu de sa valeur depuis qu’il est recruté par les appels.»… — Joint : Minute de la réponse du maréchal Soult, dictée le 10 juillet 1845 ; 1 p. in-4° à l’encre rouge, en-tête Ministre de la Guerre – Cabinet du Ministre. « Les réductions proposées par le Gal Lamoricière peuvent avoir lieu & produiront une certaine somme. Quant à la transformation des bataillons de tirailleurs indigènes en régiment de Zouaves, je me suis assez expliqué à cet égard, à diverses reprises, pour que je croie inutile d’en reparler. Ces bataillons doivent être maintenus, par la raison qu’il n’entre dans leur composition que des soldats indigènes tandis que ceux du régiment de Zouaves sont français. »…               300 €

 

HENRI MONNIER VU PAR CHAMPFLEURY

11.- Jules Husson dit CHAMPFLEURY [1821-1889], écrivain, administrateur de la Manufacture de Sèvres. LAS, Sèvres, 7 mai 1877 ; 1 p. in-8°, en-tête Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts – Manufacture nationale de Porcelaine. Il envoie à son correspondant ses articles sur Henri Monnier. « Quoique je ne sois pas toujours un complaisant pour cet humoriste remarquable, il m’a paru que les deux derniers chapitres seuls pouvaient intéresser les membres de l’Académie. Ils révèlent une nouvelle face de l’homme ; ils montrent ce que fera sa femme et plus je pénètre dans le secret de sa vie difficile, plus elle me semble digne d’intérêt. »…                                                                                                                      75 €

 

LES LOISIRS GÉNÉALOGIQUES D’UN MINISTRE DE LA GUERRE DE NAPOLÉON

12.- Henri-Jacques-Guillaume CLARKE [1765-1818], général de la Révolution et de l’Empire, maréchal de France, ministre de la Guerre de Napoléon 1er. LAS, Saint-Cloud, 11 juin 1806, à Armand-Samuel de Marescot, inspecteur général du Génie (1758-1832) ; 2 pp. ½ in-4°, adresse (petit manque au second feuillet sans perte de texte suite au bris du cachet de cire). Curieuse lettre de généalogie au sujet de l’ascendance de Marescot : « j’ai comme vous le savés beaucoup de répugnance à croire à l’origine italienne dont vous m’avés parlé et je tomberais plutôt d’accord avec vous sur une origine normande ou vendômoise. » Il a lu dans le Peerage of Ireland que « Theobald II ou Thierry Butler […] épousa Jeanne, cohéritière avec son frère, et sœur aînée de Jean de Marreis (de Marisco) […] qui était un des barons les plus considérables de l’Irlande, dont les biens, soit en Irlande, soit en Angleterre, furent possédés par ses descendants. Or, il se trouve que lui-même descend de cette Jeanne de Marisco. Il cite à la suite plusieurs autres passages du Peerage of Ireland censés aider Marescot dans la quête de ses racines : « Vous voilà sur la voye de ces de Marisco. Avec un peu plus de recherches vous en saurés davantage. »…                                                                                                                                                                        160 €

 

UNE RENCONTRE INATTENDUE : JEAN COCTEAU ET JULES LEMAITRE

13.- Jean COCTEAU [1889-1963], écrivain. LAS, [août 1915], à Mlle Pauline Beer ; 4 pp. pet. in-4° écrites à l’encre violette sur papier vergé bleu (petites fentes au pli). Belle lettre dans sa graphie de jeunesse sur la mort de Jules Lemaitre. « Je ne saurais vous dire quel [sic] triste joie vous me faites avec ce cher profil. Le 14 juillet 1915 m’a serré le cœur pour bien des raisons mais surtout je pensais à la place de la Bastille, aux 4 sergents de la Rochelle, à monsieur Lemaitre qui dansait comme à 15 ans. Tavers, les fraises, la crème, les cerneaux, hélas, il faut se résoudre à comprendre que plus jamais une si grande douceur. Ce qui console un peu c’est l’immonde spectacle dont la mort soulage les justes. »…                    320 €

 

14.- Maurice DENIS [1870-1943], peintre, graveur et décorateur. LAS, Paris, 4 mars [1936 ?] ; 1 p. in-8°, en-tête Musée Gustave Moreau. Il se dit désolé de ne pouvoir assister à la réunion fixée par son correspondant le 14 mars : « je pars dimanche prochain pour mettre en place à St-Etienne une décoration que je viens de terminer. J’y suis engagé par contrat. » [Il s’agit probablement de la salle de réunion de l’Hôpital de la Charité]. Il lui conseille toutefois de ne pas différer la réunion, estimant que sa présence n’est pas indispensable. Il sera de retour le 26 mars. « Je serais heureux de prendre part à la lutte qu’il va falloir soutenir contre la tyrannie d’un pouvoir stupide et ennemi des arts et de toutes les libertés. »… Il verra samedi à l’Institut le peintre Georges Desvallières, avec qui il avait fondé en 1919 les Ateliers d’Art Sacré. Ami de Gustave Moreau, Desvallières devint le conservateur de son musée en 1930.                                                                                                 300 €

 

15.- Théodore DUBOIS [1837-1924], compositeur. Manuscrit autographe signé : A propos de ce qu’on appelle : Les Wagnériens, article publié dans la revue musicale de l’Ordre le 11 mai 1882 ; 10 pages in-8°. Théodore Dubois aborde le sujet qui semble diviser en deux le monde musical, au grand ébahissement des profanes : Wagner. « Aux yeux de ceux qui se disent ou se croient wagnériens, tous les autres ne sont que d’affreux rétrogrades, pour lesquels ils professent le plus profond dédain. Les soi-disant rétrogrades éprouvent, de leur côté, un certain éloignement pour ceux qui affichent exclusivement des opinions wagnériennes ; ceux-ci étant généralement gens très passionnés et conséquemment fort peu tolérants, il s’ensuit que la discorde règne précisément là où devrait régner l’harmonie. […] il faut, pour être admis dans le cénacle, répudier tout ce qui a été fait avant la venue du Messie. C’est justement ce que ne comprend point du tout le vulgaire profane en entendant, dans certains milieux, traiter les œuvres de Haydn, de Mozart, de Rossini, etc…, de platitudes, quand le mot n’est pas plus fort. On ne s’attaque pas encore beaucoup à Beethoven, mais cela viendra. » Mais les artistes ne profitent-ils pas toujours de ceux qui les ont précédés ? « Sans Haydn et Mozart, aurions-nous eu Beethoven ? Sans Bach, aurions-nous eu Mendelsohn et Schumann ? Sans Gluck, aurions-nous eu Spontini, Weber, Berlioz et Meyerbeer ? et sans tous ceux-là et bien d’autres encore, aurions-nous aujourd’hui Wagner, en qui on personnifie la dernière incarnation du génie musical moderne ? On sait que Wagner, dans son orgueil, renia toute filiation : — il n’a cependant pas inventé la musique à lui tout seul. Il veut ajouter une pierre à l’édifice : nous croyons qu’il l’ajoutera, mais l’édifice existait. […] Nous proclamons hautement que Wagner est un homme de génie ; nous admirons nombre de ses œuvres autant que personne ; nous reconnaissons la puissance de sa conception, la grande élévation de sa pensée et sa prodigieuse faculté d’instrumentation ; nous ne pouvons donc être suspect en cette question. » Ce que Dubois réprouve, c’est l’intolérance et le sectarisme de ses disciples. Wagner s’étant affranchi des règles et de la forme qui prévalaient jusqu’à lui, il estime que « cela est très commode pour messieurs les ignorants de n’avoir plus à se préoccuper ni des règles, ni de la forme, ni de rien. Il est en outre très facile de ne pas être banal en étant bizarre. Dès lors, rien n’est plus simple que de faire de la musique dite avancée : il n’y a qu’à oublier tout ce qu’on devrait savoir, à écrire des choses qui n’ont aucun sens, et le tour est joué ; on est porté aux nues par la coterie… » Théodore Dubois prêche pour la liberté et la variété de l’art, avouant reconnaître le génie de Wagner tout en refusant de lui laisser inféoder sa propre création musicale. « Sans compter que l’épithète de Wagnérien ne signifie rien, ou du moins rien de précis. Si on entend par être Wagnérien aimer la musique de Wagner, nous le sommes, car nous l’aimons et admirons beaucoup quand elle nous paraît belle, […]. Mais non, en entend par là, aimer certaine musique plus ou moins bonne ou plus ou moins mauvaise, qui n’a rien de commun avec celle de Wagner, mais dont le principal mérite est d’être faite par les prôneurs du wagnérisme à outrance. […] de là, naissent les malentendus et de là aussi viennent certaines erreurs qui découlent des doctrines dissolvantes répandues à profusion […] En effet, la plupart des adeptes de la nouvelle école — maladroits adeptes — font, inconsciemment sans doute, à leur cause et à la cause de la musique en général, le plus grand tort ; voici comment : Une de leurs manies favorites est qu’il ne faut jamais faire ce qui est conforme aux règles ! Les braver à tout propos et sans raison est pour eux une grande joie, et on peut dire que c’est souvent là leur plus grande originalité. […] Il n’est, en effet, pas rare de rencontrer aujourd’hui des jeunes gens qui affirment d’un air dégagé qu’il n’est pas nécessaire pour être compositeur de faire de sérieuses études d’harmonie, de contrepoint et de fugue. — Quelques notions suffisent et l’instinct fait le reste ! Et toujours ces beaux raisonnements à propos et sous l’égide de Wagner ! Mais ils n’ont donc pas lu ses ouvrages, et ils ignorent donc que le maître a une science incomparable acquise par de longues et fortes études, qu’il possède à fond les secrets de son art, et que s’il enfreint si bien les règles, c’est qu’il les connaît à merveille. »… — On joint : La lettre d’accompagnement de cet article, Rosnay, 7 septembre 1885, à son éditeur Henri Heugel ; 2 p. in-8°. Il lui propose de réimprimer ces propos dans le Ménestrel. « Il est assez curieux à rapprocher de ceux de Saint-Saëns à cause de la similitude fréquente des idées, et aussi parce qu’à cette époque, je suis un des premiers qui ait osé dire certaines vérités. » A la suite, il donne le tarif de ses leçons particulières : « j’ai réfléchi que 100 fr est un prix bien élevé s’il ne s’agit que de simples leçons. S’il s’agit de corriger des compositions, de les remanier et de les mettre au point, c’est différent, et le prix de 100 fr n’est pas trop (40 fr chez moi). Si au contraire ce sont de simples leçons d’harmonie ou de contrepoint etc… dites 60 fr (25 fr chez moi). »…                                                                                                                              450 €

 

16.- Renée DUNAN [1892-1936], romancière, auteur de romans érotiques sous divers pseudonymes, elle fréquenta les dadaïstes. LAS, Paris, 14 décembre 1922 ; 2 pp. in-4°. Elle accepte d’intervenir en faveur de Jean Magliano, mais elle prie son correspondant de ne pas exagérer la valeur de ses relations au Progrès Civique : « je me demande où l’on a pu chercher ce qui me fut dit ces jours : « Je tiens de bonne source que vous allez être critique dramatique, critique littéraire, rédactrice-major, etc. » Vraiment, je ne me suis vue en posture d’accepter aucun de ces postes honorables. » Elle se défend de rechercher tout poste honorifique : « Je veux travailler chez moi, à des articles que je porterais ou enverrais, mais ne sauraient m’attacher au banc de la galère. Nous nous regardons donc en chiens de faïence, avec les dirigeants du lieu, et il ne faut pas surestimer mon crédit, lequel n’a encore point été mis à l’épreuve. » Elle évoque ensuite le prix Goncourt qui a été remis à Henri Béraud pour son Vitriol de Lune : « L’Académie Goncourt a acheté le silence sur le Journal d’Edmond. 10 voix à Deffoux, grand électeur, qui en a disposé à raison de 5 (dont une bifide) pour Béraud, ce qui n’est pas injuste, et 4 pour Romains, ce qui est plutôt jovial. […] Il y a longtemps que je savais ça par Geffroy qui me l’a dit… pourvu que je lui promette de revenir le voir aux Gobelins. »… RARE.                                                                                                                 150 €

 

17.- Amaury DUVAL [1760-1838], diplomate, historien, archéologue et écrivain, membre de l’Académie des Inscriptions, père du peintre Amaury-Duval (1808-1885). Deux lettres au docteur Des Essartz, doyen de la Faculté de Médecine de Paris. 1) LA signée comme chef du Bureau des Beaux-Arts au Ministère de l’Intérieur, s.d. ; 1 p. in-8°, en-tête Le Ministre de L’Intérieur, vignette. Le ministre l’a chargé de se concerter avec Des Essartz « sur les mesures à prendre pour la prompte publication de [son] rapport sur les mémoires qui ont été adressés à l’institut en réponse à la question relative aux funérailles. » Il lui suggère donc de lui apporter son manuscrit un matin à son bureau afin qu’il puisse « juger des frais qu’en occasionnera l’impression. »… - 2) LAS, Paris, 23 germinal an IX [13 avril 1801] ; 1 p. ½ in-4°, en-tête Ministère de l’Intérieur, vignette. Il le remercie de la mention qu’il a faite de son ouvrage dans son « excellent rapport sur la question relative aux cérémonies funéraires. » Il attendait, pour lui répondre, que le ministre eut pris une décision sur la proposition de Des Essartz de l’envoyer gratuitement aux préfets. « Je ne vous cacherai pas que je lui propose de payer à votre libraire, les exemplaires qu’il a envoyés au Bureau des Beaux-Arts. Il ne serait pas juste que le gouvernement qui aurait dû faire les frais de l’impression de l’ouvrage profitât encore de l’excessif désintéressement de son auteur. »…                                                         80 €

 

18.- Gabriel FAURÉ [1845-1924], pianiste, organiste et compositeur. LAS, s.d., à une dame ; 1 p. in-8°. Les concours l’ont privé du grand plaisir de Bagatelle. « Pardonnez-moi, je vous prie, et pardonnez-moi de n’avoir pu encore aller vous remercier. J’aimerais vous donner quelques détails sur la façon dont mes nouvelles fonctions ont été savamment allégées, de façon à ce que je puisse m’occuper de musique, ce qui est important ! »…                                                                                         150 €

19.- [Gustave FLAUBERT] Achille FLAUBERT [1813-1882], médecin, frère aîné de Gustave Flaubert. LAS, 17 janvier 1860, au docteur Jules Cloquet, chirurgien, médecin et ami de Gustave Flaubert, élève de son père Achille-Cléophas Flaubert et maître de son frère Achille ; 3 pp. in-8°. Très intéressante lettre sur la maladie de Flaubert. « Un mot de ma mère qui nous parvient ce matin nous apprend que Gustave a été repris de ses accidents d'autrefois et qu'en tombant il s'est blessé à la face. Tout cela me paraît assez singulier et quelle est la vérité ? Est-il bien réel que les accidents épileptiformes soient revenus ? Ce serait désolant après une guérison apparente aussi prolongée. Gustave, d'ailleurs, fait tout ce qu'il peut, par sa manière de vivre, pour les faire reparaître : il fait de la nuit le jour, des excès de travail, une surexcitation continuelle, etc. Quelque soit enfin la nature de l'accident qu'il a éprouvé, dites-le moi et quand il sera guéri ou remis, sermonnez le d'importance à ce sujet ; il vous aime beaucoup et a comme nous tous grande confiance en vous. Peut-être vous écoutera-t-il avec profit pour lui ?... » — C’est la première fois qu’un membre de la famille de Flaubert évoque les « accidents épileptiformes » dont souffrait l’écrivain. Cette lettre n’est pas inédite. Elle a été publiée par Gaston Bosquet dans les « Amis de Flaubert » n° 7, 1955 p. 52. Dans une lettre aux frères Goncourt du 24 janvier 1860, Flaubert fait allusion à cette chute, sans parler de la crise d’épilepsie qui l’a provoquée : « Il y a huit jours, je me suis laissé tomber stupidement sur le pavé et j'ai une balafre horrible au nez et au sourcil qui m'empêche de montrer ma figure aux populations. »          480 €

 

20.- [FOU LITTÉRAIRE] PIERQUIN DE GEMBLOUX (Claude-Charles), Idiomologie des animaux ou Recherches historiques, anatomiques, physiologiques, philologiques et glossologiques sur le langage des bêtes. Paris, A la Tour de Babel, Quai Voltaire, 13, 1844. In-8° br. 156 pp. E.O. Couv. défr., dos fendu, mouillures. Curieux ouvrage de ce polygraphe original, érudit et aventurier, amant de la cantatrice Caroline Branchu, signalé par André Blavier dans son dictionnaire des fous littéraires et repéré par Noël Arnaud qui lui consacra une notice dans la revue Bizarre. Nous retiendrons de cet opuscule étonnant, entre autres loufoqueries, la transcription du chant d’un rossignol par le savant ornithologiste allemand Bechstein, les 25 mots de l’Idiome-Corbeau et surtout le Glossaire-Ouistiti. RARE.                                                                                         150 €

 

                

21.- Antoine-Quentin FOUQUIER-TINVILLE [1746-1795], accusateur public du Tribunal révolutionnaire. LAS, an II, à Pierre Gilbert de Voisins, procureur général du département de Paris ; 1 p. in-4° (petit manque en haut et en bas du document suite au bris du cachet). Il suppose qu’il a été informé « qu’il y a environ 15 jours neuf prisonniers s’étoient évadés de la Conciergerie et que cette évasion avoit eu lieu à la faveur d’un trou qui avoit été pratiqué au plafond du cabinet n° 7 donnant dans la galerie ditte des prisonniers ; […] il est à craindre que pareille évasion ne se réalise par le même cabinet et autres établis autour de la Conciergerie : pour la sûreté de cette prison il paroitroit nécessaire de faire démolir au plus tôt tous ces cabinets qui ne servent et ne peuvent servir qu’à loger les rats… » — Joint : Trois portraits gravés de Fouquier-Tinville par Levacher (an VII, reproduit ci-dessus), L. Portman et E. Müller.                                                                                        900 €

ANATOLE FRANCE, HONORÉ DE BALZAC & GEORGE SAND

                                  

22.- Anatole FRANCE [1844-1924], écrivain. Trois brouillons de lettres adressées, fin septembre 1874, à George Sand, à Mme Hanska et au frère de Tocqueville, Hippolyte. Ces lettres furent rédigées par France au nom de son employeur Alphonse Lemerre, pour obtenir l’autorisation de publier des textes de Sand, Balzac et Alexis de Tocqueville [tous édités chez Michel Lévy] dans l’Anthologie des prosateurs français depuis le XIIe siècle jusqu’à nos jours en préparation. Ces demandes ont été rédigées sur le même modèle, dont la lettre à Tocqueville offre la forme la plus achevée. Seuls deux paragraphes présentent un caractère plus personnel. On peut donc aisément reconstituer le texte des lettres qui ont été adressées à George Sand et à Mme Hanska en dépit des blancs importants que présentent leurs brouillons. 1) Anatole France à George Sand : « Madame, Je termine [en ce moment la publication d’une anthologie des prosateurs français, ouvrage destiné à l’enseignement classique et qui sert de complément à mon anthologie des poëtes déjà adoptée par le conseil de l’Instruction publique.] Je croirais le livre incomplet si vous n’y étiez pas représentée et même par plus d’un extrait. J’ai demandé [dans cette intention, à M. Michel Lévy éditeur, l’autorisation de publier [des pages tirées de …] Je n’ai pas reçu de réponse définitive et mon livre est attendu pour la rentrée des classes]. C’est à vous, Madame, que je m’adresse pour obtenir l’autorisation dont j’ai besoin. Je suis certain d’avance que vous ne priverez pas la jeunesse des écoles de deux ou trois pages tirées de vos livres et qui feront un des principaux ornements de mon anthologie. » — George Sand a donné son accord dans une lettre en date du 5 octobre 1874 et l’anthologie de Lemerre a pu s’enrichir d’une des Lettres d’un voyageur et d’un morceau des Sept cordes de la lyre. — Joint : Une lettre de Georges Lubin au marchand d’autographes Eugène Rossignol (19 mai 1975 ; 1 p. in-8°), le remerciant pour la communication de ce brouillon et lui en précisant la date : « La lettre d’Anatole France est sans doute de la fin de septembre 1874, car la réponse, que j’ai vue chez Loliée il y a quelques années, est du 5 octobre. » — 2) Anatole France à Mme Hanska : Texte identique avec ces deux variantes : « Je souhaiterais vivement que l’illustre écrivain dont vous portez le nom fût représenté dans ce petit ouvrage d’enseignement. » « C’est à vous, Madame, que je m’adresse, pour obtenir l’autorisation attendue. Je sais Madame que vous ne refuserez pas la page d’Honoré de Balzac que je vous demande dans l’intérêt des études classiques. » —3)  Anatole France à Hippolyte de Tocqueville : Texte identique avec ces variantes : « Je voudrais, Monsieur, que votre illustre frère figurât dans ce recueil et j’ai demandé, dans cette intention, à M. Michel Lévy éditeur, l’autorisation de publier une page tirée de L’Ancien régime. » « C’est à vous Monsieur que je m’adresse pour que la jeunesse des écoles ne soit pas privée d’une page choisie dans les œuvres d’un écrivain et d’un penseur tel qu’Alexis de Tocqueville. C’est là une demande que vous ne pourrez qu’agréer. Je n’attends pas moins de votre esprit libéralement éclairé et suis M., etc »                                                                                                                        230 €

 

23.- Denis Antoine Luc, comte FRAYSSINOUS [1765-1841], évêque d’Hermopolis, ministre des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique, orateur et écrivain [Acad. fr. 1822]. LS, Paris, 1er avril 1823, au comte Gaspard de Chabrol, préfet du département de la Seine ; 1 p. in-folio, en-tête L’Evêque d’Hermopolis, Premier Aumônier du Roi, Grand Maître de l’Université de France (légt défr.). A propos des travaux à effectuer au Collège Saint-Louis pour y établir un pensionnat avant la rentrée des classes du 1er octobre 1823. « Je dois appeler votre attention sur le mobilier des dortoirs dont la dépense paraît devoir être entièrement supportée par la ville de Paris. […] Il paraît impossible que le conseil municipal ne considère pas comme frais de 1er établissement la fourniture des lits nécessaires aux élèves internes qui seront admis dans le nouveau pensionnat de Saint-Louis ; dès lors rien ne semble devoir s’opposer à ce que la Ville de Paris soit chargée de cette dépense. »…                                                                                                                                                                                               40 €

 

24.- André GIDE [1869-1951], écrivain. LAS, Nice, 29 février 1940, à Michel Lévêque ; 3 pp. in-8°. Il y a longtemps qu’il n’a pas écrit à son jeune ami, mais il a bien reçu sa lettre du 20 février. Il a également reçu des bonnes nouvelles de Robert Lévêque, frère de Michel. Pour le moment, Gide s’occupe d’une « lugubre histoire » : « Tu as dû lire, il y a deux ans [en fait en 1936] un petit bouquin de Yvon (c’est un pseudonyme)[celui de Robert Guiheneuf, 1899-1986] sur Ce qu’est devenue la Révolution Russe. C’est ce qu’on a écrit de mieux sur la Soviétie. Admirablement documenté, car Yvon a passé là bas douze ans et traversé tous les stades depuis celui de simple ouvrier, jusqu’à directeur technique d’une usine. Il s’est échappé de cet enfer à grand peine, avec la femme qu’il avait épousée là bas et un mioche qui a maintenant près de treize ans. Mais les épreuves ont été trop affreuses et, lors de sa dernière permission, Yvon est arrivé à Paris juste à temps pour voir interner sa femme dans un asyle d’aliénés. Il reste avec son gosse, dont sa femme, dans un dernier moment de lucidité, m’a supplié de m’occuper. » Gide cherche à présent une famille à qui confier cet enfant qui doit poursuivre ses études. Visiblement cette histoire l’a bouleversé : « Je te raconte tout cela… Mais cette affaire m’emplit le cœur. » Il voit souvent Gabilanez, qui a conquis les Bussy (Simon et Dorothy), chez qui il habite. « Il se sent en confiance près d’eux, de nous, et nous développe longuement des théories époustouflantes. Il est, avec cela, très naturel, prodigieusement vivant… charmant. » Gide compte rentrer à Paris dans une quinzaine de jours et revoir Michel Lévêque à l’occasion de sa prochaine permission. « Quand sera-ce ? Il pourra se passer des choses d’ici là. Sitôt de retour en ville, j’aurai plaisir à revoir tes parents — en attendant de pouvoir t’embrasser bien fort. »                                                                                                                                            360 €

 

                      

25.- André GILL [1840-1885], dessinateur. Dessin original en couleurs aquarellé sur calque, signé et daté (8 octobre 1870), format 16,5 x 22,5 cm sur feuille 22 x 31 cm (petite déchirure dans la marge dextre). Portrait de Gustave Flourens en garde national. Flourens (1838-1871), professeur au Collège de France, sera élu chef de bataillon de la Garde Nationale de Belleville. Membre du Conseil de la Commune (19e arrondissement), il sera tué à Rueil le 3 avril 1871 par un capitaine de gendarmerie lors d’une offensive contre les Versaillais. — Joint, du même : une lithographie signée dans la pierre intitulée Montmartre 18 mars, format 21 x 27,5 cm. La lithographie montre deux cadavres au pied d’un mur. Il s’agit des corps des généraux Clément et Lecomte, exécutés rue des Rosiers le jour de la proclamation de la Commune de Paris.                         300 €

 

QUAND  L’AUTRE  GUILLOTIN  VENDAIT  LES  GLACES  DE  CHARLES  X

26.- Guillaume-Jacques-Adrien GUILLOTIN [?- ?], membre du bureau du Domaine National. LS, Paris, 12 thermidor an V [30 juillet 1797], au citoyen Maxeberg, entrepreneur général d’artillerie ; 1 p. ½ in-4°, en-tête Bureau du Domaine National du Département de la Seine, vignette au faisceau et au bonnet phrygien (légt défr.). A propos de la vente de glaces ayant appartenu à Charles Philippe, autrement dit le comte d’Artois, futur Charles X. « Le Ministre des Finances nous observe, Citoyen, par sa lettre du 26 Prairial, que par celle qu’il vous a adressée le 13 Thermidor de l’an 4e il vous a prévenu qu’il avoit fixé à la somme de Cinq Mille Deux Cents francs le prix des Glaces d’une Maison Size rue du fg Honoré n° 108, provenant de l’Emigré Charles Philippe, dont vous vous etes rendu adjudicataire et qu’il vous invitoit en même tems à lui faire connoitre si vous consentiez à faire l’acquisition de ces Glaces à ce prix. »… — Document également signé par François Duchatel, autre membre du Bureau du Domaine National.                                                                                                      120 €

 

27.- André-Ferdinand HÉROLD [1865-1940], poète et auteur dramatique symboliste. Manuscrit autographe signé : Du « Vitrail des Saintes » (Ursula – Beatrix – Odilis – Suzanna – Bertilla – Agatha), six poèmes publiés dans la livraison de mai 1892 du Mercure de France ; 3 pp. ¼ gd in-4° (20,5 x 31 cm) ; tampon du Mercure en tête du premier feuillet, indications manuscrites de la main d’Alfred Vallettte (importante fente au pli central des 2 premiers feuillets). Nous donnons ci-après le texte complet de Bertilla :                              « Aux marges neuves d’un bel évangéliaire,

                                                                         L’Abbesse peint des colombes et des griffons ;

                                                                         Elle peint des rameaux d’olivier et de lierre

                                                                         Ou des Anges volant parmi des ciels profonds.

 

                                                                         Là, Jésus dort en son berceau de paille fraîche ;

                                                                         Et voici les Trois Rois Mages et les Bergers

                                                                         Que l’Etoile guida vers la divine crèche

                                                                         Avec les vases d’or et les fruits des vergers.

 

                                                                         La sage Abbesse peint ses douces rêveries,

                                                                         Le Précurseur, grave et maigre, et vêtu de peau,

                                                                         Et le Seigneur qui, dans les mystiques prairies,

                                                                         Veille sur les brebis de son chaste troupeau.

 

                                                                         Et la tête du Christ saignant au mur se baisse

                                                                         Pour mieux voir et sourit à la savante Abbesse. »                                            200 €

28.- [Adèle HUGO], Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Tome I seul. Paris, Librairie Internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, éditeurs, 1863. Demi-maroquin in-8°, dos à 5 nerfs orné de cartouches et de fleurons dorés (légt frotté), 421 pp. ; sans la couverture, coins découverts. E.O. française parue sans nom d’auteur après l’édition belge, dans laquelle abondent les fautes typographiques. Un des rares expl. non justifiés sur Hollande. Celui-ci est particulièrement précieux puisqu’enrichi d’un envoi a. s. d’Adèle Hugo à Victor Hugo : « A l’inspirateur de ce livre. Sa femme et sa meilleure amie. Adèle Victor Hugo. »                                                                                                                                                   550 €

 

29.- [Max JACOB] André SALMON, Max Jacob poète, peintre, mystique et homme de qualité. Paris, René Girard, 1927. In-4° br. 58 pp. E.O. tirée à 525 expl. Un des 25 expl. hors commerce sur vélin Lafuma, non numérotés. — On joint : 1) Max Jacob : LAS, Saint-Benoît, 20 janvier, à un ami ; 1 p. in-8°. Vœux : « Les souhaits les plus tardifs ne sont pas les moins sincères, ni les sentiments les plus silencieux, les moins vifs. Croyez-moi très dévoué à vous en N.S. et en notre père St-Benoît. » - 2) André Salmon : Carte postale a. s., « la Hune », Sanary-sur-Mer, 15 février 1952, à André Parinaud ; 1 p. in-12 (pli). « Je ne puis […] rien de plus que vous adresser les textes demandés. Vous les aurez en temps utile, soit lundi. »…                                                                                                                                                                                                                    250 €

30.- Tristan KLINGSOR [1874-1966], poète, musicien, peintre et critique d’art. Poème autographe signé, Chanson de l’Oseille, s.d. ; 1 p. in-8° contrecollée sur carte souple (12 vers).

                                                                                        « Voici déjà l’oseille écarlate

                                                                                           Ou quasi ;

                                                                                           Ma tête est pleine de poésie

                                                                                           Et ma bourse est plate.

 

                                                                                           Rire, chanson, ni peine

                                                                                           Ne font grasse panse ;

                                                                                           Jambon de Mayence

                                                                                           Vaut mieux que long poème. »…                                                             60 €

 

31.- Henri Cazalis dit Jean LAHOR [1840-1909], médecin et poète symboliste. PAS, 6 mai 1902 ; 2/3 p. in-8°. « J’autorise M. Sachs [Léo Sachs] à mettre en musique et à publier l’Aubade de mon volume l’Illusion. J. Lahor. 6 mai 1902. »                     25 €

 

32.- Louis-Mathieu LANGLÈS [1763-1824], orientaliste, fondateur et premier directeur de l’Ecole spéciale des Langues orientales. Manuscrit autographe, s.d. ; 2 pp. ½ in-4°. Règlement en 12 articles concernant les deux secrétaires et le copiste arabe de l’Ecole Spéciale de Langues Orientales Vivantes. Extraits : « Article premier. Les deux secrétaires et le Copiste arabe de l’Ecole Spéciale de Langues orientales vivantes sont à la disposition de l’administrateur et des professeurs tous les jours depuis dix heures jusqu’à deux excepté les dimanches et fêtes. – 2. Ils secondent les professeurs dans les travaux littéraires soit en transcrivant des textes orientaux, soit en les traduisant, en corrigeant des épreuves, etc. – 3. Le professeur qui a besoin d’un des deux secrétaires ou du copiste arabe, adresse la demande à l’administrateur, en indiquant à peu près la durée du travail dont il va les charger. »…                                                                                                                                            75 €

 

33.- Charles-Martial LAVIGERIE [1825-1892], prélat, archevêque puis cardinal d’Alger. LAS, Paris, 22 mars 1859, à Charles Jourdain ; 2 pp. in-8°, en-tête Œuvre des Ecoles d’Orient. Le conseil d’administration de l’Œuvre des Ecoles d’Orient désirerait savoir si Jourdain accepterait le titre et les fonctions de l’un de ses membres. « Il me prie de vous dire, Monsieur, combien il s’estimerait heureux de profiter des lumières de votre expérience et de voir votre nom, si honorable à tous les titres, se joindre à ceux des membres illustres qu’il compte déjà dans son sein. »…                                                          50 €

34.- Antoine LOUIS [1723-1792], chirurgien, collaborateur du docteur Guillotin, c’est lui qui imagina de sectionner la tête des suppliciés au moyen d’une lame biseautée ; avant d’être appelée guillotine, la machine à raccourcir fut d’abord baptisée « louisette ». Consultation médicale autographe signée, Paris, 28 octobre 1776 ; 3 pp. ½ in-4° (infimes fentes et taches d’encre au bas de la dernière page). Extraits : « Il y a un engorgement qu’on peut légitimement attribuer à une humeur lymphatique. Il n’y a pas d’autre indication à suivre que de tacher de fondre cette humeur (…) Le régime est indispensable au moins pour empêcher les progrès de la tumeur. Il faut soigneusement éviter le lait, le  fromage, la pâtisserie, les viandes salées et épicées, toute espèce de ragouts ; on peut se permettre en ce genre la fricassée de poulet, la blanquette de veau. En général il  faut peu manger de viandes ; (…) Les bains domestiques seront très utiles, à un degré de chaleur tempérée ; les bains froids seroient nuisibles. Parmi les remèdes, les bouillons de poulet, ou de veau avec le cerfeuil,  la  chicorée feront du bien : en mettant dans la première tasse quatre onces de jus de puré de chicorée sauvage.  La continuation de ce jus d’herbe ne peut manquer d’être salutaire. Comme la maladie sera longue, il faudra varier les remèdes, auxquels la nature finiroit par s’habituer par une trop longue continuation. (…)  Les bouillons médicamenteux dans lesquels on écrasera une vingtaine de cloportes vivants, seront très efficaces. Dans leur discontinuation, on usera de pilules savoneuses. Tous ces fondans doux et néanmoins très efficaces (…) exigent de temps à autre  l’usage des purgations, avec la manne et l’arcanum duplicatum : mais il faut saisir le temps opportun (…) quelques doux que soient les purgatifs, ils agissent toujours par irritation. On pourra encore avoir recours aux injections de décoction de guimauve avec un peu de fleur de sureau, pour être portées dans le vagin avec une seringue appropriée à cet usage, afin de calmer immédiatement l’endroit souffrant. Il faut tacher d’avoir habituellement la liberté du ventre, car la constipation doit beaucoup éviter cette partie. (…)  Si ces secours variés et purgatifs avec le moins d’interruption possible, dès le mois de juin n’avoient pas apporté un soulagement assés marqué pour se promettre une guérison radicale, il faudroit aller prendre les eaux de Banèges et en cas de trop grand éloignement, et l’impossibilité de faire ce grand voyage, il faudroit venir à Plombières. »… TRÈS RARE.                                         500 €

 

35.- André MALRAUX [1901-1976], écrivain et homme politique. Lettre dactylographiée signée, Paris, 6 juillet 1936, à Jean Carteret ; 1 p. in-4°, en-tête Association Internationale des Ecrivains pour la Défense de la Culture. Il répond à une lettre de Carteret désireux d’obtenir des facilités pour un voyage. « Comme je vous l’ai dit, la combinaison qui permettait autrefois à André Gide d’assurer quelques voyages n’existe plus. Il ne peut donc être désormais question que de l’Etat. » Il transmet sa lettre au ministre des Loisirs, seul compétent en la matière, mais il le prévient : « Inutile de vous dire que je ne crois pas à un arrangement pour le 10 juillet car ces choses, même quand elles réussissent, ne réussissent jamais vite. »… — Joint : La réponse de Jean CARTERET (1906-1980), poète, astrologue et philosophe. LAS, Paris, 10 juillet 1936 ; demi-page in-4°. Il téléphonera à Bécart, chef du secrétariat particulier du ministre. « Quelle que soit la réponse, je quitterai Paris au plus tôt, pour opérer au contact de nouveaux milieux ces recherches utiles à l’œuvre que je projette. Sans votre action directe, je redoute devoir abandonner pour cette année mon départ pour la Chine, mais je souhaite ardemment l’heureuse issue de votre intervention. »…                                                                                                                                                             150 €

36.- MARIE-CAROLINE CHARLOTTE d’AUTRICHE [1752-1814], reine de Naples et des Deux-Siciles, sœur aînée de Marie-Antoinette. LA signée « Charlotte », Palerme, 31 mars 1799, en français, probablement à un diplomate ; 4 pp. in-4°. Très intéressante lettre politique dans laquelle elle évoque la situation troublée de son pays et ses relations avec la Turquie et les autres pays d’Europe. Cette lettre confirme ce que l’on savait déjà, que c’était elle et non son mari Ferdinand IV qui tenait les rênes du pouvoir. Elle insiste sur l’importance de cultiver l’amitié de la Turquie, « que nous avons toujours regardé et regardons encore come une de nos meilleures alliées. Les secours de tous les genres nous les attendons de leur constante amitié come eux ils peuvent compter sur notre éternelle reconnoissance. Le point le plus essentiel pour le moment ce seroit la Paix avec les Régences de Barbarie [ ;] elles faciliteroit notre commerce et obligeroit infiniment la nation Sicilienne, en meme temps que cella feroit jalouser la napolitaine de jouir du meme bonheur. » Elle déplore de manquer de nouvelle des siens et d’autres nations amies : « Nous manquons de nouvelles de Vienne depuis le mois de novembre et de tout le Nord. Mais nous avons appris par Livourne la guerre de l’Empereur déclaré et les hostilités meme comencée ; de fait on craint la Toscane envahi pour se venger, les francois occupée par la guerre de l’Empereur, l’aproche de plusieurs endroits des troupes russes, de l’insurrection de la Belgique, du peu de contentement des Italiens, de tant de points a deffendre n’ont point pu envoyer ni renforts ni secours a Naples ce qui fait que les Provinces apres le premier moment ou les mauvais sujets partans et la peur a fait planter tous les arbres et s’erriger a la suite de l’ingrate capitale. Tout le royaume est république. […] L’Escadre angloise est allé pour faire le blocus de Naples. Cette ville est entierement gaté. Le Peuple y est fidelle mais avilis oprimé. La noblesse et les plus [mot illis.] sont les plus indignes, quelques jeunes gens Etudians […] et les mauvais moines du clergé ce sont les classes corrompus et tout ce qui est militaire de terre come de mere mais ce sont des etres si vils avilis méprisables et poltrons que leur défection n’acquiert que des infames sujets à la République et par conséquent nullement a regretter. » Elle souhaite la prompte venue des Russes et compte sur le soutien des troupes Turques. Marie-Caroline indique à son correspondant qu’elle est toujours en Sicile et ne cache pas sa grande tristesse : « mon ame est infiniment afectée des malheurs que j’ai éprouvé et éprouve encore et cela afecte cruellement ma santé depuis le mois de novembre. » Elle redit son inquiétude d’être sans nouvelles de Vienne ni de la Russie : « nous ne savons que par votre lettre écrite qu’un traité ait eue lieu entre la Russie et nous. Cette stagnation de nouvelles und notre position infiniment scabreuse surtout dans ces momens mon cœur ame est agité de mille inquiétude pour notre sort futur, pour le sort de mes enfans, de ma pauvre fille en Toscane [Louise-Marie, épouse du grand-duc de Toscane Ferdinand III]. L’ingratitude atroce des habitans de Naples blesse et revolte mon cœur et ame pour celles qu’ils usent vers le meilleur des Rois qui ne les a que trop aimés, enfin je suis malheureuse. »…                                                                                                                                                               500 €

37.- [MARINE - MARSEILLE -1824] Antoine ROY [1764-1847], comte et pair de France, ministre des Finances de Charles X. Pièce signée en partie imprimée, mai 1824 ; 1 p. in-folio (35 x 50 cm) sur parchemin (petite fente en tête). Acte de francisation du Saint-Laurent, appartenant à Marie-Martine Avenante, armateur à Marseille. « Ce bateau a un mât, point de pont ; […] sa longueur de l’éperon à l’étambot est de trente quatre pieds ; […] sa plus grande largeur est de onze pieds onze pouces ; [que] sa hauteur est de quatre pieds cinq pces ; […] il mesure 19 tonneaux ¾ ayant été jaugé suivant la manière prescrite par la Loi du 12 Nivôse de l’an 2. […] le Propriétaire dudit bateau a rempli les formalités prescrites par la loi du 27 Vendémiaire an 2, pour constater qu’il est propriété française ; que les déclarations, sermens, soumissions et cautionnemens prescrits par ladite Loi, ont été faits le 29 mai 1824 et enregistrés N° 1887 sur le registre du Bureau de Marseille où réside ledit Propriétaire. Pour quoi il a droit de naviguer sous le pavillon de France. Enjoignons en conséquence aux Commandans des Bâtimens du Royaume, à tous Fonctionnaires publics, de le reconnaître pour Français, et de le faire jouir de tous les privilèges des Vaisseaux du Royaume… »                                                                      80 €

 

38.- Jacques MARITAIN [1882-1973], philosophe chrétien. Carte a. s., Meudon, jeudi, à Maurice Sachs ; 2 pp. in-12. Il lui donne des nouvelles de sa santé et le remercie pour l’envoi de ses deux cartes. « Nous pensons beaucoup à vous, vous le savez. Je voudrais tant que vous n’ayez pas trop à souffrir à Dinard ! Au moment où vous êtes, avant de se donner à Dieu pour toujours, il n’est pas rare que le diable emploie ses prestiges à assaillir l’âme avec violence. Nous avons connu cela, avant de recevoir le baptême. J’espère que ce tourment vous sera épargné. Mais si cela arrivait, sachez que la tactique avec cet ennemi des hommes est de se faire tout petit, et de le laisser crier avec indifférence, en se jetant en grande nudité d’esprit entre les mains de Dieu. »…                                                                                                                                                                                     60 €

39.- André MASSÉNA [1758-1817], général de la Révolution, maréchal d’Empire, duc de Rivoli, prince d’Essling. LAS, Quartier-Général de Loano, 16 Prairial an III [4 juin 1795], au général Jean-Baptiste Cervoni ; 2 pp. ½ in-4°, en-tête André Masséna Général divisionnaire Commandant la droite de l’Armée d’Italie. Il ne cache pas son agacement en constatant que certains de ses ordres n’ont pas été exécutés. « Les 3 Compies de Grenadiers de la 56e et les trois de la 99e doivent former le 6e Baton de Grenadiers, j’apprends qu’elles sont divisées, je ne sais par quel ordre cela n’a pas été fait, qu’à la réception de la présente les trois Compies qui sont à St-Jacques se rendent au camp de Feliguio, j’écris au Général Laharpe pour que les trois de la 99e se rendent également au même camp. Rendez-moi compte, je vous prie, si les troupes qui devoient camper à St-Pantaléon, à la Redoute de Carbua et à celle de Feliguio y sont, il est instant que mes ordres ne souffrent à l’avenir aucun retard. »… Masséna annonce à Cervoni qu’il va ordonner qu’on lui procure des tentes pour le bataillon de Grenadiers : « vous pouvez en attendant qu’elles arrivent le cantonner à Orco. »… — Joint : deux portraits gravés de Masséna.            280 €

 

40.- Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de MAUREPAS [1701-1781], homme d’Etat, ministre de Louis XV et de Louis XVI. LS, Fontainebleau, 4 juillet 1731, au maréchal de Villars ; 1 p. in-folio (légt défr.). Maurepas est alors ministre de la Marine de Louis XV, poste qu’il occupa de 1723 jusqu’à sa disgrâce, survenue en 1749. Sa lettre au maréchal de Villars est relative à une contestation élevée entre le marquis de Rouvroy et Thomas de Chateauneuf. « J’ay l’honneur, Monsieur, de vous envoyer la copie que M. Mithon m’a adressée de l’arrest citté dans les Ecrits du chapitre de Toulon que vous m’avez marqué estre nécessaire pour faire décider la contestation qu’il y a entre M. le mqis de Rouvroy et le sr Thomas de Chateauneuf. J’y joins aussy la lettre que M. Mithon m’escrit en m’envoyant cet arrest. »…                                                       50 €

 

41.- Darius MILHAUD, La Sagesse. Livret de Paul Claudel. Sans éditeur, ni lieu ni date [1935]. Fac-similé du manuscrit original. In-4° br. 73 pp. Un des 15 expl. sur vergé de Hollande, seul grand papier [n° 8 provenant des archives de l’éditeur Heugel]. Couv. défr., premier plat détaché, dos abîmé, petit travail de vers affectant le second plat et les 3 derniers feuillets. — On joint : 1) Darius MILHAUD, Carte postale a. s., [Paris, 10 janvier 1952], à un ami ; 1 p. in-12 (trous de classeur ). A propos d’une exposition consacrée au Groupe des Six par le Centre de Documentation de Musique internationale en décembre 1951 : « Ainsi que je l’ai promis à M. Ph. Heugel, je vous autoriserai à exposer à l’étranger une partie importante des documents que je vous ai prêtés pour l’Expo des 6. Mais je désire reprendre néanmoins les manuscrits littéraires que je vous ai confiés. »… – 2) Une LAS de la femme de Milhaud à François Heugel, 29 septembre 1971 ; 1 p. in-8°. « La Rue des Clochettes est à Champel au bout de l’avenue Dumas. Nous serions enchantés de vous y voir bientôt. Milhaud va un peu mieux. »…                                                                                                                                                                                     200 €

 

42.- Oscar Venceslas de Lubicz MILOSZ [1877-1939], poète, romancier, dramaturge et ambassadeur de Lithuanie en France. LAS, Paris, s.d., au docteur Allendy ; 3 pp. in-8°, en-tête Légation de Lithuanie (petit trou au pli central sans perte de texte). En le remerciant du souvenir sympathique qu’il a gardé de son entretien chez Albert Gleizes et son épouse, « ainsi que des clartés nouvelles que je dois au remarquable exposé de Monsieur le Docteur Jaworski ». Il le prie de vouloir bien associer son nom « à ceux des amis du groupe « Studio ». » Par ailleurs, il serait très heureux de se trouver parmi les auditeurs de la conférence que le docteur Allendy doit faire le vendredi 2 février « sur la Vie, — admirable et terrible sujet ! »…                                                                                                                                                                                      220 €

43.- Claude MONET [Paris, 1840 – Giverny, 1926], peintre impressionniste. Enveloppe autographe libellée à l’adresse de son ami Gustave Geffroy, romancier, auteur dramatique et critique d’art [Paris, 1855-1926] ; format : 9,5 x 12 cm. Cachet postal : 4 juin 1889. Gustave Geffroy fut très proche de Claude Monet. Lors de la dispersion des archives du peintre, ce ne sont pas moins de 250 lettres à lui adressées par Geffroy entre 1886 et 1925 qui furent proposées aux amateurs. Il est légitime de supposer que dans la lettre que contenait l’enveloppe, Monet répondait à une lettre que Geffroy lui avait envoyée le 28 mai et dont le catalogue de la vente cite l’extrait suivant : « Dites-moi donc, définitivement, à quelle date je dois livrer la notice sur Rodin »… Il y était donc question de l’exposition conjointe que Rodin et Monet devaient faire à la Galerie de Georges Petit, en juin 1889. Les notices devaient être rédigées par Octave Mirbeau et Gustave Geffroy. Ces derniers étant très liés avec Monet, ils avaient dû agiter les noms des deux artistes dans un chapeau pour décider qui ferait la notice sur Monet et qui ferait celle sur Rodin. Gustave Geffroy se vit adjuger la notice sur Rodin. L’exposition se passa mal. Quand Monet apporta ses 145 toiles, Rodin avait déjà pris possession des lieux avec ses 36 sculptures sans se soucier de son colocataire. Il l’avait même fait volontairement et proclamé haut et fort : « Je me fous de Monet, je me fous de tout le monde ! Je ne m’occupe que de moi. » (Mots rapportés par Edmond de Goncourt).                                                            160 €

 

MONTHERLANT, BANINE, JÜNGER & MARGUERITE YOURCENAR

44.- [MONTHERLANT] Umm-El-Banine ASSADOULAEFF dite BANINE [1905-1992], femme de lettres de langue française d’ascendance azérie, amie de Jünger, de Malraux et de Montherlant. Quatre lettres adressées à Montherlant, auxquelles on joint le duplicata dactylographié d’une réponse de Montherlant. 1) LA signée « Banine », 21 janvier 1952 ; 1 p. in-4°. Elle lui demande s’il a bien reçu « le petit livre de Jünger qu’il a fait imprimer à l’intention de ses amis » et qu’elle a fait déposer à la N.R.F. Jünger lui a dit toute son estime pour le caractère et l’œuvre de Montherlant et il s’inquiète de ce que ce dernier aurait pu s’offusquer de paroles de Henri Thomas notées dans son journal. Banine s’est empressée de le rassurer : « Si les hommes célèbres permettaient à chaque critique de les blesser, il ne leur resterait plus qu’à chercher refuge dans la tombe. Jünger lui-même en sait qque chose, lui qui a été si violemment attaqué en France comme en Allemagne. »… - 2) LAS, 21 juillet 1952 ; 1 p. ½ in-4°. Après avoir réagi aux dernières pages de Montherlant publiées dans la Table Ronde et à un article de Mauriac, elle confesse toute l’admiration que lui inspire Marguerite Yourcenar : « Je pense avec admiration et beaucoup d’envie à la femme la plus étonnante que je connaisse, à son équilibre intérieur qui semble bâti sur un roc inébranlable — à Marguerite Yourcenar. Vous avez lu sans doute son admirable Hadrien. Encore une rencontre qui ne m’a pas déçue. Cette femme est sympathique malgré des caractéristiques qui auraient pu la rendre odieuse. Elle a fait une « très forte impression » même à Jünger, ce qui est un tour de force. »… - 3) Henry de MONTHERLANT. Duplicata d’une lettre dactylographiée, Paris, 24 juillet 1952 ; 1 p. in-4°. Montherlant ne partage pas l’avis de Banine sur Les Mémoires d’Hadrien : « Je n’ai pas lu le livre de Mme Yourcenar. L’histoire romancée est pour moi de la ratatouille, quand la vie est si belle, et si belle l’histoire honnête, qui ne prétend qu’à la reconstituer. Et tous ces gens qui ont besoin de Mme Yourcenar pour découvrir les Grecs et les Romains, et que ces Grecs et ces Romains après tout n’étaient pas si bêtes, me semblent porter surtout un triste témoignage sur l’inculture et l’ignorance de notre époque. »… - 4) LS avec post-scriptum autographe, 28 juillet 1952 ; 1 p. in-4°. Banine défend l’œuvre de Yourcenar : « ce livre n’a rien de commun avec les histoires romancées : c’est en quelque sorte la reconstruction d’une âme, faite avec une intelligence,  une subtilité et un lyrisme qui mettent M.Y. au rang d’un grand écrivain. Des hommes de grande culture (il ne s’agit pas de moi, ma culture étant des plus défectueuses grâce à cette chère révolution qui m’a débarrassée, toute petite encore, des études classiques) se repaissent de ce livre et nullement pour y apprendre l’histoire grecque ou romaine.  Je vous assure que vous auriez tort de ne pas le lire. » En post-scriptum, elle lui apprend que Marguerite Yourcenar l’admire beaucoup : « vous me répondriez sans doute que cela vous est égal. Mais là encore vous auriez tort : l’admiration d’un écrivain comme elle n’est pas négligeable. » - 5) LAS, 30 décembre 1953 ; 1 p. in-8°. Belle lettre d’admiration. « ce que j’aime décidément le plus chez vous, ce n’est pas tant votre qualité de grand écrivain […] que votre attitude devant la vie, votre personnage. Que de résonnance il éveille en moi, ce qui m’étonne car enfin comment peut-on être attiré à la fois et si fort par un Tolstoï et un Montherlant ? aux antipodes l’un de l’autre. Mais un point de commun entre vous et il y en a d’autres : votre mépris de l’argent, votre étonnement de voir l’immense majorité des hommes consentir à tant de bassesse pour s’en procurer. Et si j’aime moins votre mépris pour l’humanité, je ne le comprends que trop, étant littéralement ravagée de mépris et m’en défendant en vain. »…                                                                                                                                                                                 200 €

45.- Antoine-Amédée-Marie-Vincent Manca de Vallombrosa, marquis de MORÈS [1858-1896], aventurier er activiste politique, fondateur avec Edouard Drumont de la Ligue Antisémitique de France, collaborateur de la Libre Parole, il est tué le 9 juin 1896 à El Ouatia dans des circonstances mal élucidées alors qu’il tentait de rassembler des tribus touaregs pour s’opposer à l’hégémonie anglaise en Afrique. LAS, Khenchela (Algérie), 17 décembre 1895, à Jean Drault, rédacteur à la Libre Parole, actuellement à Alger ; 6 pp. in-8° (défauts, un feuillet abîmé). Le marquis de Morès se trouve en Algérie où il a fondé le Parti antisémite algérien. Il est très pris par ses activités et demande à Jean Drault de se charger de deux affaires pour lui : « la première est celle des bataillons d’Afrique, la seconde celle des convoyeurs kabyles. En ce qui concerne la première, il y a ici une véritable conspiration méthodiste pour nous fermer la route d’Egypte par les Touaregs et soulever les populations au moment d’une guerre — d’autre part sous prétexte d’humanité certains écrivains (Séverine) !!! et Rochefort dans l’Intransigeant ont reproduit des correspondances extraordinaires — le résultat avec la lâcheté actuelle a été de désorganiser la discipline sur les frontières, et d’outrager sans qu’ils puissent se défendre des héros comme le commandant Drude et le capitaine Panard chez qui je suis, mon ami qui depuis 18 ans fait campagne au Tonkin, au Dahomey, partout où l’on se bat à la tête de la compagnie franche. Le corps d’officiers et de sous-officiers est dégoûté et cette campagne est une aussi mauvaise action que celle contre l’amiral Gervais. Faites une enquête et vous rendrez service au pays. Occupez-vous aussi des convoyeurs Kabyles. C’est un crime contre l’humanité que nous paierons s’il n’est atténué. » Morès est trop occupé pour se charger de cette affaire : « Je […] ne puis prodiguer mon temps et mes cartouches, je n’ai que le nécessaire et il faut se presser pour ne pas arriver trop tard. » Il a annoncé la visite de Drault à plusieurs personnes dont il donne la liste. « Voyez aussi le colonel de Polignac à la Bouzareah et allez au lazareth de Matijon. » Il annonce son départ pour le sud la semaine suivante.                                                                                                   150 €

 

46.- NADAR, A terre & en l’air… - Mémoires du Géant. Avec une traduction par M. Babinet, de l’Institut. Paris, E. Dentu, libraire-éditeur, 1865. 2e édition. Hors-texte sur double page : le traînage du Géant tombé à Frehren en Hanovre, le 19 octobre 1863. Demi-chagrin citron in-12, dos à 5 nerfs, tranches dorées, 439 pp. ; premier plat de couverture illustré conservé. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur : « A mon ami A. Ferreira. Nadar. Mars 1865. » 150 €

 

47.- NAPOLÉON 1er [1769-1821], empereur des Français. LS « Np » dictée à Meneval, Paris, 9 mars 1809, au général Henri Jacques Guillaume Clarke, ministre de la Guerre ; ¾ p. in-4° (tache d’encre au bas du document). Ordre de compléter des régiments du Corps Oudinot pendant la campagne d’Allemagne. « Je vous envoie un état que j’ai fait dresser du corps du Général Oudinot. Faites le rectifier, s’il y a erreur, & faites vérifier s’il manque effectivement 100 hommes au 16e legere, 100 hommes au 96e, 100 hmes au 54e, 112 hommes au 26e legere, et en tout 1100 hommes. Proposez moi les moyens de la compléter. Faites mettre à chaque division les noms des généraux qui commandent les brigades, les noms des adjudans, commandans, des commandans du génie, de l’artillerie et des commissaires des guerres, afin que je m’assure qu’il ne manque rien à ces deux divisions. »…                                                                                                                                       1000 €

48.- [NAPOLÉON 1er] *** [SAINT-DIDIER], Nuits de l’Abdication. Seconde édition. Paris, Plancher, rue Serpente & Delaunay, libraire au Palais-Royal, septembre 1815. In-12 br. 48 pp. sous couverture d’attente (étiquette de la librairie Raymond Clavreuil). Expl. légt défr. L’E.O. avait paru le mois précédent et ne comportait que 43 pages. RARE.      100 €

 

           

49.- Irène NÉMIROWSKY [1903-1942], romancière d’origine ukrainienne et de langue française. LAS, Paris, 7 février 1935, à un rédacteur de la Revue des Deux Mondes ; 1 p. in-8°. Elle demande si le titre Jour d’été conviendrait à la nouvelle qu’elle a envoyée à la revue. « Il ne témoigne pas d’une imagination exhubérante [sic], mais les titres les plus simples sont les meilleurs, ne le pensez-vous pas ? Donc, s’il plaît à M. Doumic, que ce soit Jour d’été. » Elle a été touchée des « aimables paroles » de Doumic à son égard et prie son correspondant de le remercier. — On joint : Une photographie d’amateur, format 6,5 x 11 cm, prise le 12 juillet 1922, représentant un groupe de personnes parmi lesquelles, assise au premier plan, à l’extrême droite, la jeune Irène Némirovsky âgée de 18 ans. Elle fait partie des neuf qui ont apposé leur signature au dos de la photo. Les autographes d’Irène Némirovsky et les documents la concernant sont très rares.                      400 €

 

50.- OBALDIA (René de), Théâtre. Paris, Grasset, 1966-1975. Six volumes in-8° br. de 269, 219, 205, 213, 245 et 351 pp. : Genousie – Le satyre de la Villette – Le général inconnu – L’air du large – Du vent dans les branches de Sassafras – Le cosmonaute agricole – Sept impromptus à loisir – La damné – Les larmes de l’aveugle – Urbi et orbi – Deux femmes pour un fantôme – La baby-sitter – Classe terminale – Le banquet des méduses - … et à la fin était le bang – Monsieur Klebs et Rozalie. (Moisissure sèche affectant une petite zone des 20 dernières pages du tome III). E.O., exemplaires de service de presse ; cinq de ces six volumes sont enrichis d’envois au critique Jean-Louis Bory : Tome I : « Pour toi, tout particulièrement, Jean-Louis, ce THEATRE de Monsieur le Comte. Affectueusement. René. – Tome III : « Pour toi, Jean-Louis, superbe et généreux, ces SEPT IMPROMPTUS A LOISIR (six !) mais il y a, cette fois, une volte-face…). Affectueusement. René. 23/2/67. » - Tome IV : « Pour toi, Jean-Louis, ces deux mots de Monsieur le Comte. Eperdument. René. » - Tome V : « Pour toi, Jean-Louis, ce THEATRE avec l’affection toujours vierge de ton centenaire. René. 24/10/73. » - Tome VI : « Pour toi Jean-Louis 1er. Ton Obaldia VI ! Affectueusement. René. Sept. 75. »                          120 €

 

51.- George ONSLOW [1784-1853], compositeur. LAS, 12 janvier 1831, à M. Monestier ; 1 p. in-8°. Lettre d’affaires. Il le remercie pour l’envoi d’une note et le prie « de vouloir bien [lui] préparer en blanc une procuration au moyen de laquelle la personne représentant [sa] mère puisse toucher tous les semestres à courir de la somme empruntée par M. de Chabrol à Volvic. Cette forme de rédaction évitera la peine d’envoyer une nouvelle procuration tous les six mois. »… RARE.                   100 €

 

                      

52.- [Pierre-François PALLOY (1755-1835), dit le Patriote, entrepreneur de travaux publics, démolisseur de la Bastille.] Manuscrit d’un poème (peut-être incomplet), s.d. [1822 ?] dicté ou recopié ; 4 pp. in-folio, vignette en tête ornée des portraits de Henri IV et de Louis XVIII se faisant face. Poème écrit à l’occasion de la mort de son oncle Chrétien, décédé à Condrieux le 2 juillet 1822. Curieuse pièce dans laquelle l’évocation du défunt est souvent éclipsée par une sorte de plaidoyer pro domo et par le rappel de souvenirs parfois douloureux de son existence mouvementée. Il termine par un vibrant hommage à son épouse, qu’il compare à une Baucis dont il serait le Philémon. Plusieurs notes en bas de page ajoutent d’intéressants détails biographiques aux 66 vers mirlitonesques de ce poème. Il rappelle ainsi le décret de l’Assemblée nationale qui lui accorda le titre de Patriote et lui alloua une portion de terrain de la Bastille, la décoration de la Fleur-de-Lys qui lui fut attribuée par Louis XVIII, les ennuis dont il fut victime sous la Terreur, la ruine dans laquelle se terminait son existence, etc. 

                                                                      « J’ai chanté ma patrie et glorieux comme elle,

                                                                         Je triomphais de m’être attiré ses regards.

                                                                         J’ai cru les mériter, de malheureux hazards

                                                                         En proscrivant mes droits à cette récompense,

                                                                         N’ont pas du les proscrire à la reconnaissance

                                                                         D’un Roi, trop malheureux le digne successeur

                                                                         A promis à son âme un espoir plus flatteur.

                                                                         L’envie en frémira, mais enfin la Justice

                                                                         Doit m’accorder au moins l’honneur d’un sacrifice,

                                                                         Par tout j’ai fait du bien, et du bien que j’ai fait

                                                                         Le souvenir suffit à mon cœur satisfait. »… CURIOSITÉ.                                                180 €

53.- [Louis PASTEUR] Grand Festival au profit de l’Institut Pasteur organisé par la conférence « Scientia » sous le patronage de MM. Chevreul, F. de Lesseps, Léon Say, général de Nansouty, Berthelot, Renan, P. de Brazza, Janssen, Dr A. Richet, Emile Augier, A. Dumas fils, V. Sardou, Sully-Prudhomme, Ambroise Thomas, Charles Gounod, Reyer, Massenet, C. Saint-Saëns, L. Delibes, J. Claretie, Carvalho, Porel… Plaquette in-4° (23 x 32 cm) de 16 pp. sur simili Japon, s.d. (mai 1886). Ornements et portrait de Pasteur par Félix Régamey. Nombreux fac-similés des savants, écrivains, musiciens et artistes ayant apporté leur concours à cette œuvre. Exemplaire enrichi d’un envoi a. s. de Pasteur sous son portrait : « A Mademoiselle Isaac. Très reconnaissant souvenir du 11 mai 1886. L. Pasteur. »                                                                        260 €

 

                                    

54.- Marcel PETIOT [1893-1946], médecin et criminel, condamné à mort pour l’assassinat de 27 personnes pendant l’Occupation. Minute autographe d’une lettre adressée au ministre des pensions, Paris, s.d., au verso de son papier à en-tête ; 1 p. pet. in-4°. Avant de sombrer dans la criminalité en série, Marcel Petiot avait la réputation d’être un médecin serviable et dévoué à ses patients. Ainsi, le document que nous proposons n’est autre qu’un modèle de lettre écrit pour l’un d’eux, qui n’avait pu faire valoir jusqu’ici les bonnes raisons d’obtenir une revalorisation de sa pension. « Je suis titulaire d’une pension de réforme à 10% pour reliquat de dysenterie, crises abdominales douloureuses avec diarrhées sanguinolentes, douleurs dans la fosse iliaque droite, corde colique, etc. En outre je présente des varices extrêmement pénibles dont l’importance a d’ailleurs été établie par expertise le … à 15% documentaire parce qu’à ce moment je n’avais pas présenté les pièces établissant que ces varices résultent des fatigues du service […] Je vous serais très obligé si vous vouliez bien me préciser sous quelle forme je dois faire la demande de révision puisque la commission de Réforme se refuse à examiner lesdites pièces. »… — On joint : Un journal et deux revues relatant les crimes de Marcel Petiot. 1) Le Petit Parisien du mardi 14 mars 1944. A la une : Dans l’hôtel de la rue Le Sueur le docteur Marcel Petiot soumettait ses victimes à une mort lente et affreuse. – 2) Toute la vie, du 23 mars 1944 : Un feu de cheminée ruine la carrière d’un assassin. – 3) Actu, n° 94, 23 avril 1944 : Emule inattendu de Nostradamus… le Dr Petiot entre deux ordonnances ou deux crimes, écrivait… des prophéties. Tous ces articles sont illustrés de nombreuses photographies.                                                                                      500 €

 

55.- PHILIPPE d’ORLÉANS [1674-1723], régent de France. Paraphe avec le mot autographe « bon » au bas d’une supplique du comte François d’ESTAING, lieutenant général des armées du roi et chevalier des ordres de Sa Majesté, gouverneur des pays Messin et Verdunois, de Châlons en Champagne et Douai en Flandre, 14 mai 1717 ; 1 p. pet. in-4°. Le comte d’Estain [ou d’Estaing] « représente qu’il ne pût recevoir les app.s qui lui sont dûs pour l’année 1716 en qualité de cidevant Lieutenant général du Verdunois, parce qu’il n’a pas fait renouveller ses provisions dans letems qu’il estoit encore pourveu, de laquelle il s’est demis au mois de Juillet de lad. année en faveur de Mr son fils. Comme on ne peut lui accorder le renouvellement des d. provisions Il suplie tres humblement S.A.R. de lui accorder par gratification extraord.re lesd. appointemens montant à 1800 livres dont le fonds est fait. »                                                                                              120 €

 

56.- André PIEYRE DE MANDIARGUES [1909-1991], écrivain. LAS, Paris, 5 juin 1980, à André Parinaud ; 1 p. in-8°. Il est trop fatigué et trop occupé pour répondre sérieusement à son enquête. Toutefois, il lui fera cette réponse dense et laconique : « je n’aime vraiment beaucoup que le Palais Idéal du facteur Cheval, à Hauterive, peut-être un peu antérieur à 1890, et puis la Tour Eiffel (à cause d’Apollinaire et de Delaunay !). »…                                                                                        90 €

 

57.- [Édouard PIGNON] Édouard Pignon – 50 peintures de 1936 à 1962 – Propos de Pignon sur la peinture et la réalité. Paris, Galerie de France, s.d. In-4° relié pleine toile verte sous jaquette (défraîchie), 65 pp. Exemplaire numéroté (bon état intérieur) enrichi d’un grand dessin original aquarellé en couleurs de Pignon sur double page signé et daté (1963) offert à ses amis Jacques et Lida. Ce dessin, de format 30 x 45 cm, représente un chevalier en armure sur son cheval cabré. Les 50 œuvres reproduites en N&B ou en couleurs sont contrecollées sur les pages du livre à l’intérieur du texte. — Joint : Édouard Pignon – Paris, Galerie de France, 1960. Plaquette gd in-4° à l’italienne éditée à l’occasion de l’exposition des œuvres de Pignon (22 mars – 20 avril 1960). Tirage à 1500 expl. num. Textes et photographies d’Hélène Parmelin.                             450 €

 

58.- Eugène POTTIER [1816-1887], dessinateur sur étoffe, communard et chansonnier, auteur des paroles de l’Internationale. LAS, Paris, 6 août 1845, à un médecin, probablement ; 1 p. in-8°. Il emmène à la campagne sa petite fillette, « qui n’est pas encore remise, et aux Pyrénées, [sa] femme, dont la santé [l’]occupe un peu plus sérieusement. » Il prie son correspondant de « pardonner aux embarras d’un double voyage l’oubli momentané » de sa dette : « Je ne parle que de celle d’argent : croyez bien, cher monsieur, que nous n’oublierons jamais celle que nous ont fait contracter vos excellents soins auprès de notre enfant. »…                                                                                                                                                                          100 €

 

59.- [POUCHKINE] Georges-Charles de HEECKEREN d’ANTHÈS [1812-1895], officier et homme politique français, il ne doit sa célébrité qu’au duel au cours duquel il tua son beau-frère, le poète russe Pouchkine. LAS écrite à la 3e personne, Paris, Hôtel de Hollande, 18 février, à M. Bance ; 1 p. in-8° oblongue. Il le prie de vouloir bien « lui confier les livraisons de la Galerie de Florence afin qu’il puisse les examiner d’avance. Il envoie à cet effet son domestique avec la voiture, s’engageant à donner demain réponse s’il compte les garder pour le prix indiqué. »… PEU COMMUN.                                    90 €

 

60.- Francis POULENC [1899-1963], compositeur. Carte postale a. s. (vue de sa propriété), s.d., à Madame Heugel ; 1 p. in-12. « Ne rentrant à Paris que le 15 je vous adresse tous mes regrets pour vendredi prochain auxquels je joins mon très respectueux souvenir. Fr. Poulenc. » — On joint : Une carte de remerciements bordée de noir envoyée par les familles Manceaux et Seringe à la famille Heugel pour le message de sympathie adressé lors de la mort de Poulenc.                           150 €

 

61.- [REVUE] LA FEUILLE. Collection complète des 25 numéros de la revue de Zo d’Axa parus du 6 octobre 1897 au 28 mars 1899. Paris, 1900. In-folio en ff. sous chemise orange illustrée. Dessins de Steinlen (nos 1 à 7 — les deux premiers en couleurs —, 11 et 12 sur double page, 14 à 18, 20, 22 à 25), Willette (n° 8), Léandre (n° 9), Hermann-Paul (nos 10 et 13), Couturier (15), Anquetin (19) et Luce (21). Bords insolés fragiles. — On joint : La rare affichette publicitaire (état de neuf) pour Les Feuilles de Zo d’Axa, imprimée en rouge et noir (30 x 44 cm).                                                                                          450 €

 

HENRI-PIERRE ROCHÉ ENTHOUSIASMÉ PAR LOUISE DE VILMORIN

62.- Henri-Pierre ROCHÉ [1879-1959], romancier et marchand d’art, auteur de Jules et Jim. LAS, [Sèvres], 3 janvier 1958, à André Parinaud ; 2 pp. in-8° à l’italienne. Il le remercie pour « les entretiens avec Louise de Vilmorin, qui étaient une sorte de chef-d’œuvre, très personnel, et qui nous ont ravis, ma femme et moi — c’était égal au moins à « Léautaud » [allusion aux entretiens de Léautaud avec Robert Mallet] —. J’espère qu’ils ont fait sensation ! C’était un duo magnifique, si allant et nuancé, j’étais emballé, je voulais lire tous ses livres à elle et voir des photos d’elle, et lui envoyer mes romans ( ?). Quel ton elle a ! et puis j’ai eu des bronchites… » Il a souvent pensé envoyer des articles à Parinaud, mais sa maladie l’a fait renoncer. Pour terminer, il le félicite, ainsi que Jacques Laurent, pour la qualité de sa revue Arts, « qui s’impose — ce n’était pas facile. »…                                                                                                                                                                   180 €

 

63.- Edouard-Augustin-Edouard Roger de Bully dit ROGER DE BEAUVOIR [1806-1866], journaliste, écrivain et voyageur. LAS, s.d., à Nadar ; 1 p. in-8°. Une lecture importante l’empêche de se rendre lundi « à cette charmante séance. Ne m’en veuillez pas je vous en prie et gardez-moi votre bonne volonté. J’irai vous voir bientôt. »…                                        45 €

 

64.- Pierre-Paul Roux dit SAINT-POL-ROUX [1861-1940], poète. Sonnet autographe, Le Génie, signé et daté, Camaret, Manoir de Cœcilian, 17 août 1936 ; 1 p. in-4° contrecollée sur carte souple. Selon Mikael Lugan, ce poème n’a pas été publié du vivant de son auteur. Il a paru pour la première fois en revue dans Les Lettres, en 1945, puis dans Le Journal des Poètes, l’année suivante. Rare manuscrit autographe, les archives du poète ayant été détruites lors de l’incendie de sa maison.

                                                                      « Par-dessus l’atavique esclavage de l’heure

                                                                         Il s’exalte en archange de la liberté,

                                                                         Les globes aiguisant la foi qui les effleure,

                                                                         Et ses ailes l’emportent dans l’éternité.

 

                                                                         Comme il ne faut qu’ici la vieille race meure

                                                                         En ses silos taris par la stérilité,

                                                                          D’un bond il va forcer la subtile demeure

                                                                         Où les dieux thésaurisent la fertilité. »…                                                            350 €

 

65.- Camille SAINT-SAËNS [1835-1921], compositeur. LAS, [Paris, 19 janvier 1874], à son ami le sculpteur Georges Tattegrain ; 4 pp. in-12, env. cons. Que Tattegrain se rassure, il ne mérite pas tant de sollicitude, le refroidissement qui l’avait mis en « piteux état » n’a pas eu de suite et il se porte à merveille. « Quant à ce pauvre Lamarche [Alfred Lamarche, ami de la famille et témoin de Saint-Saëns lors de son mariage avec Marie Truffot en 1875 ; le musicien lui dédia son Trio pour piano et cordes n° 1], c’est une autre affaire. Je le trouve en meilleur état que l’été dernier, mais il ne se relèvera jamais complètement, je le crains. Sa femme prend les événements avec une énergie admirable et lui remonte le moral le mieux qu’elle peut… » Il va les voir de temps en temps. « Il est vraiment bien à plaindre et cela est bien attristant pour nous. » Il donne aussi des nouvelles de ses amis Seghers, qui ne vont pas mal, « sauf la goutte qui a mis les doigts de notre excellent ami [F.-J.-B. Seghers, violoniste et chef d’orchestre, fondateur de l’Union Musicale, 1801-1881] dans un état pitoyable. Il s’obstine à jouer du violon quand même et d’après la description qu’il m’a faite de cet exercice, je suppose qu’il doit être aussi douloureux pour les auditeurs que pour les exécutants. »…                                                            350 €

 

66.- Henri SAUGUET [1901-1989], compositeur. Partition du ballet : Les Cinq Etages. Argument de Rodolphe Liechtenhan et Wazlaw Orlokowsky d’après les Cinq Etages de Béranger. Chorégraphie originale de Wazlaw Orlokowsky. Paris, Au Ménestrel – Heugel & Cie, 1957. Bradel demi-percaline vert lierre pet. in-4°, 70 pp. ; premier plat de couv. cons. E.O. Envoi a. s. de l’auteur à l’un des deux dédicataires de l’oeuvre : « Pour François Heugel avec la reconnaissante amitié d’un de ses « auteurs », heureux et fier d’appartenir à son illustre maison. En souvenir, Henri Sauguet. Paris, 21-1-59. » — On joint : Une photographie de Sauguet en compagnie du chorégraphe, du scénariste et de deux danseuses (format 10 x 14 cm) et deux photographies du ballet (13 x 17,5 cm). Bel ensemble.                                                                                                          160 €

 

67.- [MAISON DE SAVOIE] Charles-Emmanuel [1562-1630], duc de Savoie et prince du Piémont. PS, Turin, 14 octobre 1581, en italien ; 1 p. in-folio oblongue (bords effrangés, petits manques sans perte de texte, restaurations). Mandement à ses trésoriers pour mettre sous séquestre les sommes dues au sieur Calligaris et ne s’en dessaisir qu’avec son accord.      150 €

 

68.- [Rabîndranâth TAGORE (1861-1941), philosophe indien, prix Nobel de Littérature 1913] TABOR, dessinateur allemand. Dessin original au crayon de couleur signé, portrait de Rabîndranâth Tagore, Hambourg, s.d. ; format 16 x 20 cm exécuté sur feuille 27 x 32 cm. La signature de l’écrivain sous le dessin est probablement apocryphe.                                       100 €

 

VERLAINE  REFUSÉ  AU  FIGARO !

69.- [Paul VERLAINE] Paul BONNETAIN [1858-1899], écrivain, journaliste et voyageur. Carte aut. signée, Paris, 26 juillet 1888, à Paul Verlaine ; 1 p. ½ in-12, en-tête Le Figaro – Supplément littéraire, env. cons. Refus de publier un manuscrit du poète. « J’ai l’honneur et le regret de vous retourner votre manuscrit que M. Périvier vient de me rendre en me chargeant de vous transmettre ses propres regrets. Mais j’espère bien que vous prendrez bientôt votre revanche … »     300 €

 

70.- Louise de VILMORIN [1902-1969], femme de lettres. LAS, Paris, 30, Villa-Dupont, 30 décembre 1952, à la décoratrice Madeleine Castaing ; 1 p. ½ in-8° au trèfle dessiné en tête. Vœux pour la nouvelle année. « Toutes mes pensées les plus tendres vont vers toi, ton cher Marcellin et vos enfants, et je vous envoie à tous deux mes vœux affectueux et fidèles pour la nouvelle année. Après trois semaines vraiment très pénibles j’ai enfin quitté l’hôpital Américain et suis installée chez mon frère André à Paris. » Sa belle-sœur est partie pour les Indes et ils forment tous les deux « un petit ménage patient et paisible ». Elle aimerait voir les Castaing : « Appelle-moi et venez dîner un soir au pied de mon lit. Tu sais que je vous aime et vous aimerai toujours, alors mettez vite vos ailes et volez vers moi qui pense tant à vous et aux jours heureux où la vie, plus clémente alors, me permettait de passer souvent des heures auprès de vous. »…                                                                 150 €