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FÉVRIER 2012

 

 

 

 

N° 35 : Edmond de Goncourt (Cliché Nadar)

 

 

 

 

 

LIBRAIRIE WILLIAM  THÉRY

1 bis, place du Donjon

28800   -   ALLUYES

Tél. 02 37 47 35 63

E.mail : williamthery@wanadoo.fr

1.- Xavier AUDOUIN [1766-1839], membre de la Commune de Paris, secrétaire de Pache, ministre de la Guerre, commissaire du pouvoir exécutif en Vendée. LS, Paris, 18 ventôse an VI [8 mars 1798], au directeur du dépôt de la guerre [le général Jean-Auguste Ernouf] ; 1 p. ½ in-folio. Intéressante lettre écrite par Audouin en sa qualité d’historiographe, relative au chef de bataillon du Génie Antoine-Vincent-Judes-Louis Legrand-Mollerat (1759-1849), « envoyé par le Directoire à l’armée du Rhin pour y écrire les campagnes de cette armée », qui réclame depuis longtemps le paiement des avances qu’il a dû faire. « Le succès de cette demande, quelque juste qu’elle paroisse, ne dépend peut-être pas de vous, mais il en forme une seconde qui est de votre ressort, et le travail dont vous m’avez chargé m’autorise à vous en présenter l’importance, il désire que vous demandiez pour lui au Ministre de la Guerre l’ordre de se rendre à Paris pour remettre au Dépôt les matériaux et les instructions qu’il a su recueillir. Ce voyage seroit aussi utile aux intérêts de cet officier que nécessaire à l’achèvement de son travail… » — Legrand est l’auteur de notes historiques qui paraîtront en 1909 à la Librairie Militaire R. Chapelot et Cie sous ce titre : La Justice militaire et la Discipline à l’Armée du Rhin et à l’Armée de Rhin-et-Moselle de1792 à 1796.            80 €

 

2.- [AVIATION – AS DE LA GUERRE 14-18] Gaston VITALIS [1890-1941], pilote de guerre, as des mitrailleurs aux 8 victoires homologuées. Deux lettres à Jacques Mortane. 1) LAS, Orléans, 4 décembre 1935 ; 2 pp. in-4°. Au sujet des as de la chasse aérienne de la guerre 14-18. « Il est bien exact que nous ne sommes plus que 38 As survivants, dans la chasse bien entendu. 27 ayant eu le communiqué à 10 boches et 11 à cinq. Et sur ces 11, il y a le mitrailleur Martin, dont je n’ai pas pu retrouver la trace. Vous citez, comme ayant eu le communiqué à 5, le gal Vuillemin et Borzecki. Le gal Vuillemin n’est passé au communiqué que par ses bombardements et jamais en tant que chasseur. Quant à Borzecki, il n’est jamais passé au communiqué, car il n’a abattu que 4 avions ennemis. »… Il cite à la suite d’autres aviateurs, dont « l’ineffable Régnier », promu officier de la Légion d’honneur : « Il paraît que c’est le poulain de Daladier ! C’est normal que ce fusilleur protège et fasse décorer ceux qui ont peu fusillé !! »… - 2) LAS, Orléans, 10 décembre 1935 ; 2 pp. in-4°. Il réagit à la réponse de Mortane, et revient sur sa comptabilité morbide : « Voici ma nomenclature du nombre de Boches abattus par les moins de 10 : Viallet 7, Flachaire 6, de Bonnefoy 5, Martin 6, Rousseau 5, de la Tour 7, Sauvage 6 et Languedoc 5. Pour les autres, nous sommes d’accord. J’ai toujours porté dans les 10, Bizet, Pezou, Massé et Gasser. Nous ne comptons que les As ayant été au communiqué, pour notre association, car, si nous voulons faire quelque chose d’indiscutable, il faut que nous reposions sur des bases solides. Or, seul, le communiqué officiel nous procure cette base. » Il est passé à la Vie Aérienne, mais Mortane était absent ce jour-là. Il évoque le concours des As organisé par ce journal et demande à Mortane la permission de concourir. « Il ne faut pas oublier qu’avec mes 8 victoires, j’ai le record de toutes les armées belligérantes, comme nombre d’avions descendus par les passagers. »…                                                                                                                               70 €

 

— [AUTOGRAPHES] Voir Ludwig Darmstaedter et Maurice Tourneux.

 

3.- Maurice BARRÈS [1862-1823], écrivain et homme politique. LAS, [Paris, 1904], s.d., à Henri Lavedan ; 1 p. in-8°, env. cons. Condoléances pour la mort de son père, le journaliste Léon Lavedan. « Dans votre deuil cruel, je vous prie de croire à ma sympathie profonde. Je sais ce que de tels moments ont de terrible et d’inoubliable. Je vous prie de faire agréer à madame Henri Lavedan avec mes respectueux hommages les souvenirs de ma femme. Nous nous voyons trop peu, mon cher Lavedan : pour ma part je le regrette souvent. »…                                                                                                                          50 €

 

— [MAURICE BARRÈS] Voir aussi Lucien Jean.

 

4.- Louis BARTHOU [1862-1934], homme politique, écrivain et bibliophile. LS comme ministre de la Justice, Paris, 8 août 1926, au député Petitfils ; 1 p. in-4°, en-tête Ministère de la Justice – Direction de l’Administration pénitentiaire. Il répond favorablement à l’intervention du député en faveur de M. Carisey, surveillant à la Maison d’arrêt de Charleville. « J’ai le plaisir de vous faire connaître que cette requête a été accueillie et que cet agent vient d’être affecté à la Maison d’arrêt de Reims. »…                                                                                                                                                                                    15 €

 

5.- Simone de BEAUVOIR [1908-1986], philosophe, romancière et essayiste. LAS, s.d., à André Parinaud ; 2 pp. in-8° à l’encre verte. Elle demande un droit de réponse suite à un article de l’écrivain et homme politique italien Ignazio Silone (1900-1978) dans les pages de La Parisienne : « je vous prie d’insérer en bonne et due place dans votre prochain numéro ma réponse au texte d’Ignazio Silone que vous avez reproduit. Je n’ai jamais été voir le pape, et Silone le sait parfaitement. Il donne ici un nouvel exemple de sa malhonnêteté intellectuelle. »…                                                                                            200 €

 

— [SIMONE DE BEAUVOIR] Voir aussi la lettre de Violette Leduc.

6.- [Charles Bessat dit Numa BLÈS (1871-1917), chansonnier, ami d’Erik Satie] Georges VILLA [1883-1965], dessinateur montmartrois. Dessin original au fusain signé, 12 x 17 cm, sur feuille rigide 16,5 x 25 cm. Portrait du chansonnier, co-fondateur du célèbre cabaret de la Lune Rousse avec Dominique Bonnaud.                                                                                         45 €

7.- Léon BONNAT [1833-1922], peintre et portraitiste. LAS, Paris, 10 mars 1895, à son « cher colonel » ; 2 pp. ½ in-8°. A propos du prochain Salon et de son portrait du président de la République. « Le temps passe et l’époque où les tableaux devront être envoyés au Salon approche rapidement. Voici la température qui paraît se radoucir. M. le Président de la République [Félix Faure, élu depuis moins de deux mois] paraît être tout à fait remis de ses fatigues. Ne pensez-vous pas que vous pourriez le prier de ne pas trop m’oublier ? […] peut-être serait-il temps de reprendre notre œuvre. […] Du reste le plus gros de la besogne est fait. Encore un effort et ce sera fait. »…                                                                                                 50 €

 

8.- Jean-Louis BORY [1919-1979], journaliste et romancier, prix Goncourt 1945. LAS, Haguenau, s.d., à un ami ; 1 p. in-8°. Il le remercie de son petit mot et se fait un plaisir de lui adresser la lettre autographe que son correspondant, qui fait son service militaire, semble désirer recevoir. « J’ai adressé de votre part le bonjour aux casernes de Haguenau [Jean-Louis Bory enseigna au lycée de Haguenau de 1945 à 1950]. Comme elles sont laides. Heureusement, le souvenir travaille beaucoup pour nous : vous ne devez vous rappeler, du temps de votre active, que les heureux moments. »…                                40 €

 

9.- Jean de BOSSCHÈRE [1878-1853], écrivain et peintre d’origine belge, grand ami de Milosz et d’Artaud. LAS, Paris, 31 octobre [1938 ?] ; 2 pp. in-8° sur papier à en-tête de sa revue Mouches à Miel dont les 4 seuls numéros paraîtront de mars 1938 à janvier 1939. Il remercie son correspondant, membre d’une Commission qui lui a attribué une subvention : « Afin que vous-même, cher Monsieur, puissiez juger de l’importance, pour moi, de cette indemnité, dont vous déplorez si gentiment ma modicité, je vous dirai qu’elle double les gratifications que me vaut la direction de la collection dont je me permets de vous envoyer les trois premiers volumes. »…                                                                                                                                   40 €

 

10.- Paul BOURGET [1852-1935], écrivain. LAS, [Paris, 26 mai 1894], au journaliste Noël Amaudru ; 1 p. in-8°, env. cons. Il s’excuse de lui répondre si tardivement : « je ne pouvais vous répondre que par des excuses de ne pas vous donner le rendez-vous que vous me demandez. Je me suis interdit de […] publier aucune interview sur une candidature dont on a déjà trop parlé dans la presse… » — Paul Bourget sera élu à l’Académie française le 31 mai 1894, en remplacement de Maxime du Camp (fauteuil 33).                                                                                                                                                                              30 €

 

11.- Edouard BRANLY [1844-1940], physicien. Carte postale (photo Henry Manuel). Au verso, Branly a inscrit et signé cette pensée autographe : « Aucun plaisir n’offre l’agrément du travail bien conduit. E. Branly. »                                         120 €

 

12.- Jacques CHARDONNE [1884-1968], écrivain. LAS, La Frette (Seine-et-Oise), samedi ; 1 p. ½ in-8°. Il part ce soir pour Macon et se trouvera à Lyon lundi et mardi. Il descendra à l’Hôtel Carlton, où son correspondant pourra lui écrire. « C’est pour mercredi, jour où je comptais me rendre à Nîmes que la grève des chemins de fer est décidée. Il me paraît difficile de voyager ce jour là. J’arriverai donc dans la journée de jeudi […]. Ce sera fatiguant mais, puisque la conférence est annoncée, mieux vaut ne pas la différer. »…                                                                                                                                  80 €

 

13.- Victorine de CHASTENAY [1771-1855], femme de lettres, mémorialiste et auteur de livres sur la chevalerie. LAS, Paris, 19 décembre 1821, à une dame ; 1 p. in-4°. Elle invoque sa bienfaisance « en faveur de l’institution des orphelins délaissés. C’est au nom des dames, qui en composent l’association, que j’ai l’honneur de m’adresser à vous. Sans doute, Madame, vous aurez voulu consacrer l’époque heureuse de votre mariage, par des actes de charité ; et vous aurez voulu faire bénir votre bonheur, par les infortunés, que vous aurez soulagés, et consolés, à cette occasion. »…                                50 €

 

14.- Claude-François CHAUVEAU-LAGARDE [1765-1841], avocat et homme politique né à Chartres, il défendit Madame Roland, Charlotte Corday, son compatriote chartrain Brissot, Marie-Antoinette et Madame Elisabeth. LAS, [Paris], 22 novembre 1824, à un « monseigneur » [peut-être au ministre de la Justice, Charles-Ignace de Peyronnet ( ?)] ; 1 p. in-4°, en-tête Conseil de l’Ordre – Le Président du Conseil. Demande d’audience. « Votre grandeur n’aiant pu me faire l’honneur de me recevoir vendredi dernier, je la supplie de vouloir bien m’indiquer, dans l’intérêt de l’ordre que je préside, et le plus tôt qu’il lui sera possible, un instant d’audience particulière. »…                                                                                                50 €

 

15.- Jules CLARETIE [1840-1913], écrivain, administrateur de la Comédie-Française. LAS, 25 décembre 1890, à Edmond-Joseph-Louis Tarbé des Sablons ; 1 p. in-8°. Il a été tellement absorbé par ses comptes de fin d’année et par les répétitions de Thermidor [de Victorien Sardou], qu’il n’a pu lire sa Césarée qu’aujourd’hui, jour de Noël. « Je vous en fais tous mes compliments. C’est scabreux mais emporté par un souffle de passion. On ne sent même que ce souffle ; on ne voit pas le microbe. Et c’est plein de talent, d’un talent vigoureux, vibrant, avec une sorte de poésie particulière qui jette un joli manteau de pourpre sur la réalité. »…— Joint, du même : Une LAS à Abel Lefranc à propos du philologue Eloi Johanneau (1770-1851).                                                                                                                                                                                                    45 €

 

16.- Désirée CLARY [1777-1860], premier amour de Napoléon, épouse du maréchal Bernadotte, reine de Suède. LA signée « Désirée », [Suisse], 24 novembre [ ?], à un ami ; 2 pp. ½ in-8° sur papier de deuil. Curieuse lettre. « J’ai reconnu votre amitié dans l’empressement que vous avez mis à me demander ce qui concerne notre amie. Je me proposais de vous prier de le faire d’abord pour moi et ensuite pour en instruire le r.[oi] qui s’il en est inquiet oubliera sa petite colère contre moi. Ce sera le meilleur moyen de raccommodement mais pour cela il faut que vous le teniez bien secret et surtout vis-à-vis mes petits [?] qui s’en feroient mérite près du roi. Les norvégiens partent à la fin de la semaine et annonceront cette nouvelle. Par eux je suis sûre de faire tout passer et oublier. Puisse-t-elle être vraie. Mais le plus grand mystère est nécessaire. » Elle parle de son séjour en Suisse : « il fait bien mauvais temps ici comme à Paris et notre maison est tellement mauvaise. Nous sommes dans l’eau. Si cela continue je perdrai le peu de bien que ce séjour m’avoit fait. »… — Six lignes d’une main étrangère en tête donnent quelques éclaircissements sur Désirée Clary et sa sœur Julie, qui avait épousé Joseph Bonaparte : « Les deux sœurs aimaient peut-être trop l’homme auquel cette lettre est adressée ; mais cette double affection prouve peut-être aussi l’innocence de leur attachement. »                                                                                                                                                         300 €

 

17.- Arthur COLLAS DE COURVAL [?- ?], médecin, auteur de Notes recueillies devant une station devant les parages de Madagascar (1862). Manuscrit autographe signé : Note touchant la Fièvre Jaune qui a régné à Colon [au Panama] du 8 mai au 22 septembre 1882, Paris, 24 juin 1883 ; 4 pp. in-8°. Médecin à l’hôpital de Colon pendant l’épidémie, Collas de Courval évalue à 65,5 % la mortalité de la population atteinte, pourcentage qui s’élève 82,6% « en défalquant les cas abortifs ou bénins », il en détermine les causes et le mode de propagation, enfin il a pu observer que parmi le personnel soignant, les religieuses avaient le plus souffert de la contamination. Il propose ensuite les moyens de se prémunir à l’avenir contre une nouvelle apparition de ce fléau. « 1° Ne pas débarquer les équipages infectés comme on l’a fait mal à propos lorsque l’on a hospitalisé des marins atteints de Fièvre Jaune dans l’Hôpital Américain et comme on a essayé de le faire dans le nôtre. – 2° Continuer, comme on est si bien en train de le faire, à améliorer les conditions hygiéniques de la vie des ouvriers européens. » Il poursuit : »La spécialisation élective qui fournit ces indications suffirait déjà à donner une physionomie spéciale et rassurante à la Fièvre Jaune dans l’Isthme ; il est une autre particularité qui, bien que moins scientifiquement explicable, demande toutefois à être signalée comme point de départ d’observations ultérieures. De tous temps la croyance populaire affirme que, non seulement la Fièvre Jaune ne naît pas dans cet Isthme de Panama situé au fond de la mer des Antilles et entouré de redoutables foyers, mais encore qu’elle ne s’y propage pas.  Enfin, pour employer l’expression vulgaire en usage, que la « Terre ne lui convient point. » Eh bien ! il est certain que les explosions ou recrudescences de la petite épidémie de 1882 ont toujours coïncidé avec l’arrivage à Colon de navires à provenance suspecte, ou, mieux, avec le débarquement irrationnel de leurs équipages actuellement malades. »…                                                                                      80 €

 

18.- [COMMUNE DE PARIS – 1792] PS par Didier Jourdeuil, Lenfant et Pierre-Jacques Duplain comme administrateurs du département de police et de Salut Public de la Commune de Paris, Paris, 12 octobre 1792 ; 1 p. in-4°, en-tête Commune de Paris – Département de Police , cachet de cire rouge au bonnet phrygien du Comité de Surveillance et de Salut Public. Ils autorisent le concitoyen Soyer « de mettre en liberté au vu du présent, Jean Leurper détenu depuis environ 3 mois, de lui faire la remise tant de l’amende prononcée contre lui par jugt de la Police Correctionnelle, que de ses effets. »… — Intéressant document réunissant les noms de trois instigateurs des massacres de septembre, tous signataires de la circulaire du 3 septembre.                                                                                                                                                                          150 €

 

19.- Armand Blocq dit Gaston DANVILLE [1870-1933], écrivain. Manuscrit autographe signé : En bémol, s.d. ; 4 pp. in-4°, légt défr. Poème en prose mi-décadente mi-symboliste publié dans le Mercure de France n° 16, avril 1891(tampon de la revue et indications typographiques de la main d’Alfred Vallette). Le texte met en scène un adolescent sous le charme vénéneux d’une courtisane dans un univers imité de Gustave Moreau. « Dans le boudoir tendu de soie bleue, aux teintes claires d’aigue marine et de saphir, où, sur l’étoffe, s’effeuillent des pivoines d’argent, plane la frêle remembrance d’un parfum étrange, évanoui, de senteurs vaguement hiératiques, que nuance faiblement l’agonie de jacinthes mourantes, pâmées en une coupe de cristal. […] Droite, elle parlait, transfigurée d’amour, la courtisane pâle, aux lèvres rouges, prêtresse d’idéal, dont un rai de soleil, glissant à travers les tentures mal jointes, auréolait d’un nimbe d’or le profil, aux lignes impeccables de marbre grec. »…                                                                                                                                                           150 €

 

20.- Jean-Gabriel DARAGNÈS [1886-1950], peintre et graveur. LAS, Paris, 22 octobre 1942, à l’éditeur Henri Jonquières ; 1 p. in-4° sur papier à lettres illustrée d’une vignette à la devise Insita cruce cor floret. Il est désolé de ne pouvoir lui offrir un exemplaire de la Tentation de Saint-Antoine qu’il a illustré : « je n’ai plus de volumes et je n’ai eu que 6 exemplaires de passe n’ayant pu atteindre le chiffre de 1500 que je prévoyais. Valéry [Paul Valéry avait rédigé la préface] m’en a pris 3, le dépôt légal, les archives et le mien m’ont épuisé les 6 que j’ai eus. »…                                                                    30 €

21.- Ludwig DARMSTAEDTER [1846-1927], chimiste, historien des sciences et grand amateur d’autographes, sa collection (environ 190.000 documents) constitue une partie très importante du département des manuscrits de la Bibliothèque d’Etat de Berlin. Catalogue : Verzeichnis der Autographensammlung von Professor Dr. Ludwig Darmstaedter. Berlin, J.A. Stargardt, 1909. In-8° cartonné 377 pp. — Joint : LAS, Berlin, 24 novembre 1909, à Noël Charavay probablement ; 1 p. in-8°, monogramme en relief. Il accepte son offre : « je crois que c’est dans l’intérêt de l’affaire si je ne charge que vous de la poursuite de mes desiderata. Je pense remplir la collection dans toutes les sciences, aussi bien dans les sciences libres, comme philosophie, philologie, pédagogie, économie nationale, histoire etc. que dans les sciences naturelles comme chimie, physique, botanique, zoologie etc. ainsi que dans la technique des machines, la technique électrique, l’aérostation, etc. » Il suppose que son catalogue (celui-ci-dessus décrit) lui est déjà parvenu.                                  120 €                                                                                                                                                                                  

22.- Lucien DESCAVES [1861-1949], écrivain. Manuscrit autographe [incomplet ?] : Images du chanoine Mugnier, s.d. [1944] ; 2 pp. in-4° (ratures). Intéressants souvenirs écrits après la mort de son ami intime, l’abbé Arthur Mugnier  dont voici le début : « Je viens de voir disparaître, en perdant le chanoine Mugnier, pasteur des âmes et des Lettres, le plus âgé et l’un de mes amis les plus chers. Rien de ce qui, dans le domaine des croyances, eût pu nous séparer, ne s’était opposé à une liaison qui durait depuis bientôt cinquante ans. Elle remontait, en effet, à notre première rencontre en 1896, le dimanche de la Quasimodo, chez Huysmans, qui demeurait encore rue de Sèvres, au cinquième étage et ne songeait pas encore à sa conversion ; mais il lui appartint dès lors, de resserrer entre nous trois, qui n’avons plus cessé de nous voir, des liens impérissables. Quant à Huysmans, même séparé de l’abbé dans ses relations mondaines, il n’a jamais cessé de le regarder comme un saint homme. C’était son mot. Il n’oubliait pas la part que l’abbé Mugnier avait prise à sa conversion. Celui-ci l’a relatée dans son opuscule : Huysmans à la Trappe et dans des conférences sur En route, La Cathédrale, enfin sur l’évolution religieuse de l’écrivain. »… — Joint : Un premier jet de ce texte, très raturé, présentant des variantes importantes, intitulé : Images du bon pasteur – Le chanoine Mugnier, 1er Vicaire de N.-D. des Lettres et apôtre du Pardon ; 2 pp. in-4°.              250 €

 

23.- Gaston DESCHAMPS [1861-1931], archéologue, membre de l’Ecole française d’Athènes, écrivain et journaliste, secrétaire de rédaction du Journal des Débats. Manuscrit autographe signé : Poèmes athéniens ; 12 pp. in-8°. Ce recueil comprend cinq poèmes : L’Exilé (sonnet), Le Rhéteur (id.), La Leçon de Théophraste sur l’Acropole (pp. 3-5), L’Idylle radieuse (sonnet), A Mélité pensive (id.), Hérode Atticus (pp. 8-12, 116 vers). Premiers vers de l’Exilé :

                                                                      « Philoctète blessé, dans l’île de Lemnos,

                                                                         Se traîne sur la rive, au bois des Térébinthes :

                                                                         C’est un soir merveilleux, dont les splendeurs éteintes

                                                                         S’effacent lentement aux flancs du mont Athos.

 

                                                                         Le solitaire a vu se rouiller les anneaux

                                                                         Où venaient s’amarrer jadis les barques peintes ;

                                                                         Longtemps il a rempli de ses horribles plaintes

                                                                         La montagne sonore et l’antre aux longs échos. »…                                         150 €

 

24.- DIANE de FRANCE [1538-1619], duchesse de Montmorency et d’Angoulême, fille de Henri II et de Filippa Duci ; son père la légitima et lui fit épouser en 1553 Horace Farnèse, duc de Castro ; devenue veuve, elle épousa le maréchal François de Montmorency. Diane de France joua un rôle important dans la réconciliation d’Henri III et du futur Henri IV sur qui elle exerça une grande influence. LS avec compliment autographe, Moulins, 14 mars 1566, au cardinal Farnèse, à Rome ; 1 p. in-folio, sceau sous papier, petites fentes aux extrémités du pli central. Lettre relative aux difficultés rencontrées pour nommer un abbé à la tête de l’abbaye de la Chaise-Dieu. Elle demande l’aide du cardinal et celle du pape.                         350 €

 

25.- Bianca DUHAMEL [? - ?], comédienne et cantatrice, maîtresse entretenue du baron Albert de l’Espée ; ce dernier lui avait fait construire à Biarritz la villa « Les Sables », reliée à son château par un souterrain ; Edouard Vuillard a peint son portrait dans le rôle-titre de « Miss Helyett », grand succès d’Edmond Audran créé aux Bouffes-Parisiens le 12 novembre 1890 (816 représentations). Photographie originale, format cabinet, 10,6 x 14,1 cm, tirage sur papier albuminé, cliché Reutlinger, Paris.                                                                                                                                                                                               20 €

 

26.- Paul DUKAS [1865-1935], compositeur. LAS, Royan, 28 juin 1923, à M. Seguin, chef du Bureau des Théâtres à la Direction des Beaux-Arts ; 1 p. in-8°, adresse au verso. On lui a fait suivre à Royan la lettre de Seguin demandant « une notice sur M. Vanstants professeur à Lille qui désire obtenir les palmes académiques !! » Il n’a pas d’imprimé sous la main : « Voulez-vous avoir l’obligeance, si vous le jugez utile, de m’en envoyer un avec les renseignements que M. Vanstants a dû joindre à sa demande. C’est un assez bon professeur. Mais je m’étonne que sa demande me parvienne si tard, alors que depuis longtemps mes nombreuses propositions de distinctions honorifiques sont déposées ; et je suis assez surpris aussi que pendant une inspection à Lille M. Retez ne m’ait pas pressenti au sujet de cette candidature… »                                          150 €

 

27.- Alexandre DUMAS fils [1824-1895], écrivain. Pièce imprimée signée, Paris, 30 août 1888 ; 1 p. in-4°. Autorisation de l’auteur pour théâtres de la banlieue. Il autorise la représentation aux théâtres de Grenelle, Montparnasse et Gobelins de la pièce intitulée Le Fils naturel.                                                                                                                                                                25 €

28.- Pierre DUMOUSTIER [1771-1831], général de division, comte de l’Empire. LAS, Paris, 23 nivôse an VIII [13 janvier 1800], à des amis ; 1 p. in-4°, en-tête Garde des Consuls, vignette. Il attend des nouvelles. « Depuis ma dernière du 17, je m’attendais, mes chers amis, à avoir de vos nouvelles, mais toujours privé, ainsi que le Citoyen Espert [Jean-Baptiste Espert de la Tour ou son frère, Espert de Sibra], je vous envoye la lettre qu’il m’a écrit avant-hier soir ; vous y verrez que ne recevant rien de vous, il persiste à poursuivre. »…                                                                                                                  50 €

 

29.- François Lejeune dit Jean EFFEL [1908-1982], dessinateur. Petit dessin original signé sur carte 11 x 13 cm contrecollée sur feuille de papier rouge.                                                                                                                                      50 €

 

30.- [ÉGYPTE – MISSION SCIENTIFIQUE – AN VII] Procès-verbaux des séances de l’Institut des sciences et des arts d’Egypte, imprimés en exécution d’un arrêté de l’Institut national des sciences et des arts. Paris, Baudouin, imprimeur de l’Institut national, an VII. In-4° br. 26 pp. Fondé par un arrêté du général Bonaparte, l’Institut national comprenait quatre sections : mathématiques, physique, économie politique, littérature et arts. Dès la première séance, le 6 fructidor an VI (23 août 1798), la présidence fut décernée à Gaspard Monge, cependant que Napoléon Bonaparte était proclamé vice-président. La première séance de travail eut lieu le 11 fructidor. Au cours de cette séance, Monge lut un mémoire sur le phénomène optique des mirages. Ce bref opuscule rend compte de 13 séances, la dernière s’étant déroulée le 26 frimaire an VII (16 décembre 1798). RARE.                                                                                                                                                                               100 €

 

31.- [EMBASTILLEMENT DE PARIS – AVRIL 1841] Manuscrit anonyme : L’Embastillement de Paris – Complainte nationale dédiée à la Banlieue par un ancien vainqueur de la Bastille breveté du gouvernement, 24 avril 1841 ; 3 pp. in-4° (37 strophes de 6 vers). Curieux poème d’un rimailleur réfractaire à l’édification d’une enceinte fortifiée autour de Paris.

                                                                      « O vous, qui de la Bastille

                                                                         Gardez l’affreux souvenir,

                                                                         Donnez-vous la peine d’ouir

                                                                         Comment, de fil en aiguille,

                                                                         Un autre embastillement

                                                                         Nous arrive en ce moment.

 

                                                                         L’euss’s-tu cru, ville héroïque,

                                                                         Capitale de Juillet,

                                                                         Qu’un beau jour on oserait

                                                                         Te faire à ce point la nique,

                                                                         En t’entourant de remparts,

                                                                         Et cela de toutes parts. »…

Evoqué dès septembre 1840, le projet de protéger Paris derrière des fortifications ne recueillit pas l’unanimité. D’abord, deux possibilités se présentaient : une muraille continue ou des forts détachés. Thiers, encore président du Conseil, opta pour une formule mixte : enceinte et forts. Ce projet était-il bien fondé ? La presse était divisée. L’utopiste Victor Considérant, qui n’était pas favorable à « l’embastillement », avançait de surprenantes raisons : « Grâce à la prépondérance immense et si dangereuse que notre système de centralisation fait à la Capitale, une Faction, dans l’état actuel des choses, a déjà de grandes chances de s’imposer à la France par un seul coup de main qui la rende maîtresse de Paris. C’est depuis longtemps un axiome révolutionnaire, que la possession de l’Hôtel-de-Ville entraîne la possession de Paris, et que la possession de Paris entraîne celle de la France. […] Ainsi, en voulant soustraire la France par la Fortification du Centre aux conséquences d’une seule bataille perdue contre l’Etranger vers la Circonférence, vous livrez, sans retour, la France aux chances d’une seule émeute heureuse dans les rues de Paris. » (La Phalange, 16 septembre 1840). Les futurs Communards lurent-ils ces lignes prophétiques, lesquelles donnèrent des ailes à leurs illusions ?... Les députés approuvèrent le projet le 1er février 1841 et la loi fut promulguée le 3 avril. Elle prévoyait la construction d’une enceinte continue de 36 km flanquée de 94 bastions et de 17 forts détachés. Les travaux seront achevés en 1845. Curiosité.                                                                          90 €

 

32.- [ERCKMANN-CHATRIAN] Emile ERCKMANN [1822-1899] & Alexandre CHATRIAN [1826-1890], romanciers. Pièce imprimée signée, Paris, 20 novembre 1882 ; 1 p. in-4°. Autorisation de représenter Le Juif polonais sur les scènes des théâtres de Grenelle, Montparnasse et des Gobelins.                                                                                                     30 €

 

33.- Simone GENEVOIS [1912-1995], célèbre actrice du cinéma muet, créatrice du rôle-titre de La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc (de Mario de Gastyne, 1929). LAS, Paris, s.d., à Henri Dubly ; 2 pp. in-8°. Réponses à une enquête sur sa carrière cinématographique. « Mon rôle préféré est celui de Jeanne d’Arc. Mes souvenirs de studio, mon Dieu ! Je ne peux pas vous en raconter, j’en ai tellement ; mais je puis vous dire qu’ils sont presque tous agréables et que j’adore cette vie là. Mes projets, faire beaucoup de films mais des rôles de composition, des rôles modernes. L’avenir du cinéma je crois qu’il est merveilleux. »…                                                                                                                                                                                       30 €

 

34.- Marguerite Joséphine Weimer, dite Mlle GEORGE [1787-1867], célèbre tragédienne. LAS, Paris, jeudi 12 décembre 18.. [?], à M. Thugault-Tapillier 1 p. in-8°, adresse et marques postales. De son écriture tremblée des dernières années, elle conteste le montant d’une dette. « Il y a erreur sur votre compte. Vous oubliez 100 francs que je vous ai remis moi-même le 20 octobre. Cherchez. Vous trouverez l’erreur. »… — La comédienne a terminé sa longue existence dans d’inextricables tracas financiers ; quand elle mourut, il ne lui restait pas assez d’argent pour couvrir les frais de son enterrement au Père-Lachaise.                                                                                                                                                                                                              60 €

 

35.- [Edmond de GONCOURT] NADAR [1820-1910], caricaturiste et photographe. Portrait d’Edmond de Goncourt, format 19 x 24 cm ; photoglyptie Goupil & Cie tirée de la Galerie Contemporaine contrecollée sur carte rigide 23 x 31,7 cm dans un cadre imprimé (circa 1874-1878). Marge rognée au bord dudit cadre imprimé. Voir reproduction en 1ère page.   150 €

 

36.- Ludovic HALÉVY [1834-1908], écrivain. Pièce imprimée signée, Paris, 14 août 1896 ; 1 p. in-4°. Autorisation de l’auteur pour représenter Les Brigands sur les scènes des théâtres de Montparnasse, Grenelle et des Gobelins.               15 €

 

37.- Lucien JEAN [1870-1908], écrivain, ami de Charles-Louis Philippe. LAS, 22 avril 1903, à Edouard Ducoté, directeur de l’Ermitage ; 2 pp. in-8°. Intéressante lettre à propos de la note qu’il consacra à Maurice Barrès dans l’Ermitage, et dont il reconnaît volontiers les faiblesses. « D’abord j’aurais dû l’intituler l’Ecrivain et la Politique, ce qui l’aurait située, en la ramenant à une idée générale. Je crois que Maurice Barrès est l’un des plus grands écrivains de notre époque (je l’ai écrit) et un politique profond. Je voulais dire seulement 1° que la politique et ses gros moyens obligent l’homme supérieur à se diminuer. 2° que Barrès, analysant chaque minute, devait avoir en soi, devant ces gros moyens, le plaisir un peu méprisant d’un Stendhal – ou d’un Barrès. Je songeais à des sourires récents qu’il avait dans les réunions publiques. Tout ceci est en dehors de toute considération de parti. J’aurais dû le faire sentir. J’aurais dû, pour équilibrer la note, relever le pharisaïsme d’un adversaire lui reprochant d’aimer Venise ! ou la lourde sottise d’un autre l’appelant grimaud. »…                                   100 €

 

38.- Théodore JOUFFROY [1796-1842], philosophe et homme politique. LAS, 5 février [1841 ou 1842], [probablement à Adolphe Franck, qui dirigeait la publication du Dictionnaire des Sciences philosophiques, dont la première édition parut en 1843] ; 1 p. ½ in-8°. Lorsqu’il s’était engagé « à rédiger pour l’Encyclopédie l’article Morale », il ne pouvait prévoir qu’il serait « chargé du cours de philosophie ancienne à la faculté. » Le travail que ce cours lui impose, ajouté à ses autres occupations, ne lui laisse pas un moment. Force lui est donc de renoncer à écrire l’article. « Je suis forcé, monsieur, de vous prier de confier la rédaction de cet article important à un autre collaborateur. J’espère que votre ouvrage ne pourra que gagner à cet échange et que la publication de votre prochain volume ne sera point retardée. »…                                                 50 €

 

39.- [Gustave KAHN] Lot de 17 cartes de visite autographes adressées à Gustave Kahn par Pierre Paraf, Félicien Paris (2), J. Paul-Boncour, Louis Payen, Eugène Pelletier, Cécile et Georges Périn, Edouard Petit, Louis Picard, le marquis de Pimodan, Raymond Poincaré (3), Georges de Porto-Riche, Edmond Potier,  Maurice Pottecher et Jean Psichari.                            40 €

 

40.- Paul de KOCK [1791-1871], romancier et auteur dramatique. Manuscrit autographe : La Dansomanie – Paris en l’air, vaudeville en 8 tableaux ; 72 pp. in-folio. Premier tableau : Un restaurant-bouillon - Deuxième tableau : L’Ecole de Danse – Troisième tableau : Sur la Colonne de Juillet – Quatrième tableau : Sur le Boulevard – Cinquième tableau : Bal Bourgeois – Sixième tableau : Au Jardin des Plantes – Septième tableau : Une ville en l’air – Huitième tableau : Les Modistes. Œuvre restée probablement inédite.                                                                                                                                          250 €

 

41.- [Paul LÉAUTAUD] Robert DEVAUX, graveur. Portrait de Paul Léautaud gravé sur bois et signé, tirage couleur vert lierre. Format 20 x 30 cm tiré sur papier chiffon (Arches ou Rives) 31 x 48 cm, sous verre, dans un cadre de bois. Une note au crayon de l’artiste précise : « Paul Léautaud. Ecrivain français. Dessiné par Michel Bénier, gravé et tiré à la presse à bras par Robert Devaux. »                                                                                                                                                                                 100 €

 

42.- Charles-François LE BRUN [1739-1824], duc de Plaisance, homme politique, troisième consul après le 18 Brumaire puis architrésorier de l’Empire. LS avec post-scriptum autographe, Paris, 9 mars 1807 ; 2 pp. in-4°. Recommandation en faveur d’un ancien lieutenant qui a quitté l’armée à 35 ans. « … je ne vous le donne pas pour un homme capable d’être Garde Général, parce qu’il n’a pas eu une éducation soignée. Simple Garde seroit cependant trop peu pour lui. […] Mon protégé s’appelle Jacques Drouin. Il a été au siège de Mayence, il a fait la guerre de Vendée. Il est fils de la nourrice d’un de mes enfants. »…                                                                                                                                                                                                50 €

 

43.- Violette LEDUC [1907-1972], romancière. LAS, Birac (Charente), 15 août 1948 ; 1 p. in-4° sur feuille de papier détachée d’un cahier d’écolier. Elle se trouve toujours chez sa mère où elle soigne ses furoncles. Sa journée est bien réglée : « Ménage le matin, écriture tous les après-midis et lecture du gros livre étonnant de Lawrence : Les sept Piliers de la Sagesse. » Elle ne voit pas la campagne là où elle se trouve. « Je sens celle que je traduis avec de l’encre et une plume. » Elle a écrit à Jacques [Guérin], mais elle n’a pas obtenu de réponse. Elle souhaite aller au bord de la mer mais reste persuadée qu’elle y sera « moins travailleuse. » Elle termine en évoquant discrètement sa nouvelle grande amie Simone de Beauvoir, [qui a favorisé la publication de L’Asphyxie deux ans plus tôt et à qui elle voue une vénération sans bornes] : « Mon idole a triomphé, c’est ma religion (S. de B.), ma parfaite combleuse de vide… enfin les liens que nous ne pouvons pas nouer sont le témoignage du transcendant… »                                                                                                                                                          300 €

 

                          

44.- Franz LEHAR [1870-1948], compositeur d’opérettes autrichien d’origine hongroise. Photographie (carte postale) dédicacée au romancier et poète André Jullien du Breuil, avec une portée autographe signée (les premières notes de la Veuve Joyeuse). Légère pliure en haut à droite. — André Jullien du Breuil, lieutenant dans la résistance, fut tué dans le Vercors le 1er août 1944. — Joint : Le manuscrit d’un texte sur Franz Lehar dont l’auteur n’a pu être identifié, s.d. [circa 1923] ; 1 p. ¼ in-4°. Il est question dans cet article de l’opérette La Jaquette Jaune, qui sera boudée par le public lors de sa création en 1923 et dont la nouvelle version remportera six ans plus tard un énorme succès sous ce nouveau titre : Le Pays du Sourire. « Franz Lehar, le roublard et élégant compositeur viennois, travaille à une opérette chinoise : La Jaquette Jaune. Il a fait savoir à ses amis que l’idée fondamentale de cette opérette – où une viennoise épouse un richissime Chinois – est que cette dernière pleurant sa nostalgie de Vienne, symbolise le deuil de l’Autriche de la perte de sa puissance d’antan. Une personne qui a entendu le maître jouer sur le piano certaines parties de l’opérette, nous assure que Lehar n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de sa puissance mélodique et qu’il a su y introduire quelque chose de la vraie âme de la musique chinoise. »…                                                                                                                                                                                         150 €

 

45.- Michel LEIRIS [1901-1990], écrivain, ethnologue et critique d’art. LAS, Paris, 28 octobre 1969, à René Lacôte ; 2/3 p. in-4°, env. cons. Comme Lacôte ne l’ignore pas, cela agaçait Leiris d’être « toujours vu sous l’angle « confessions », « document humain », etc. D’où, la publication de Haut mal augmenté et celle de Mots sans mémoire. » Faire cet aveu, c’est dire à Lacôte à quel point son article des Lettres Françaises lui a fait plaisir.                                                                                        150 €

 

46.- LOUIS PHILIPPE d’ORLÉANS [1838-1894], comte de Paris, prétendant au trône. LAS, Paris, 6 novembre 1871, à M. de Chaulin ; 1 p. ½ in-8°. Il sera content de le rencontrer à Paris ce mois-ci. « Je pars ce matin pour une visite à la campagne, mais je serai à Paris samedi 11 (13 Square de Messine avenue de Messine) et si vous passez par là je serai très-heureux de voir ce jour-là entre 5 et 6, soit le dimanche vers une heure. »…                                                                                       30 €

 

47.- Pierre LOUŸS [1870-1925], écrivain. Quatrain autographe signé « P. » : Fleurs à M., 1901 ; demi-page in-8°. Vers de circonstances pour l’anniversaire d’une jeune fille. Voir Les Poëmes de Pierre Louÿs, édition Y.-G. Le Dantec (Paris, Albin Michel, 1945), p. 574.

                                                                      « Ces fleurs qu’un profane hiver serre

                                                                         L’enfant chéri de Bérenger

                                                                         Les cueillit sur son oranger

                                                                         Pour ton quinzième anniversaire. »

« L’enfant chéri de Bérenger » n’est autre que Pierre Louÿs, dont l’œuvre pétrie de sensualité ne pouvait recueillir l’assentiment du sénateur Bérenger, surnommé « Père La Pudeur » pour ses campagnes contre le nu au théâtre et dans l’art en général.                                                                                                                                                                                                                 120 €

48.- Daniel MAC-NAB. LAS, Calais, 7 octobre 1891, à l’éditeur de musique Henri Heugel ; 1 p. in-4°. Il lui envoie sous pli recommandé sa préface au second volume des Chansons du Chat Noir de Mac-Nab (Maurice). « Dites-moi si elle vous convient. Vous la trouverez peut-être un peu longue, pourtant elle n’est pas démesurée et au surplus vous pouvez élaguer ce qui vous semblera faire longueur. Je voudrais bien avoir les épreuves à corriger pour éviter que les noms propres ne soient écorchés. » Il lui rappelle sa promesse de lui procurer une épreuve de la couverture avant la lettre et lui demande son dû : « vous m’avez dit à notre dernière entrevue que j’avais de l’argent à toucher, je vous serai bien obligé de me faire régler ce petit compte. »… — Joint : La partition d’une célèbre chanson de Mac-Nab : Le Grand Métingue du Métropolitain, illustrée d’une lithographie de Stop (27 x 35 cm).                                                                                                                                     50 €

 

49.- Auguste MAQUET [1813-1888], écrivain, principal collaborateur d’Alexandre Dumas. LAS, 15 décembre 1870, à l’actrice Marie Laurent ; 1 p. in-8° (petite trace de rouille). Il la prie, en cette période de guerre, de mettre son talent au service de la patrie. « Je demande si vous pouvez aider ces braves soldats qui partent, par une strophe de votre Marseillaise, ils vous seront reconnaissants, et moi aussi, pour eux. »… — Marie Laurent accepta probablement et elle fit mieux encore, en réconfortant les blessés à l’ambulance de la Porte-Saint-Martin durant le siège de Paris.                                                                                                                     50 €

 

                        

50.- [Jean-Blaise MARTIN (1768-1837), célèbre musicien et chanteur qui a donné son nom à une tessiture, le « baryton-martin » : 2 octaves et demie, proche du ténor]. Cinq portraits de Martin dont trois en buste : 1) Lithographie de C. Motte d’après Rulmann – 2) Eau-forte de Frémy d’après Riesner – 3) Lithographie de Ducarme d’après A. Midt ; et deux en pied : 4)  Martin dans le rôle de Gulistan : lithographie de François Delpech d’après Hippolyte Lecomte. – 5) Silhouette de Dantan. Deux de ces portraits proviennent de la collection Henri Bachimont. (De gauche à droite : portraits 3, 5 et 1)                                     60 €

 

51.- Jacques-Paul MIGNE [1800-1875], prêtre, écrivain et éditeur, il établit à Montrouge une importante imprimerie qui publiait à prix réduit les œuvres des pères de l’Eglise en langue originale avec traduction. LAS, Petit-Montrouge, 13 mai 1857, à Philarète Chasles ; 1 p. in-8°, en-tête Ateliers catholiques d’imprimerie, de librairie, de fonderie, de stéréotypie, de glaçage, de satinage, de brochure, de reliure, de peinture et de sculpture. Il relance Chasles qui n’a pas signalé les volumes qu’il lui a fait parvenir : « A force d’espérer, l’on désespère, dit-on, c’est ce qui commence à m’arriver pour votre compte rendu, dans les Débats, des quelques pères que j’ai été si heureux de vous envoyer. Non seulement ma collection latine est finie, depuis longtemps, en 217 vol. ; mais encore, je touche déjà au 32e de ma collection grecque. »… — Joint, du même : LAS à M. Marette, sous-chef de la Librairie au ministère de l’Intérieur (2 novembre 1853 ; 1 p. in-8°, en-tête idem). Il lui demande de lui retourner les épreuves d’une circulaire envoyées par erreur avant correction.                                                    30 €

 

52.- Oscar Venceslas de Lubicz MILOSZ [1877-1939], poète lituanien de langue française. LAS, 19 mai 1924, au docteur René Allendy ; 4 pp. in-8°. Il lui a fallu prendre beaucoup de temps pour lire le dernier livre du psychanalyste d’Artaud et d’Anaïs Nin, la lenteur étant chez lui, assure-t-il, « le signe de l’intérêt le plus vif. Elle ne m’empêchera d’ailleurs pas de relire avec la même attention ces pages où intuition et savoir forment un couple si harmonieux. Je saisis enfin toute la portée de la découverte : fort belle au point de vue philosophique, elle ouvre de larges horizons à la thérapeutique et se relie par conséquent aux plus hautes vérités de la science et de l’art, dont le caractère essentiel est d’être ensemble belles et utiles. C’est par cette double vertu qu’elle enchante mon matérialisme de mystique. Elle me réconcilie avec Freud que je ne connaissais que par les critiques de quelques amis littéraires qui n’y ont pas compris grand’chose. »…                                      400 €

 

53.- Caroline MIOLAN-CARVALHO [1827-1895], célèbre soprano, épouse de Léon Carvalho, créatrice de plusieurs héroïnes de Gounod (Marguerite, Mireille, Juliette…) Reçu autographe signé, Orléans, 26 janvier 1866 ; demi-page in-8° oblongue, défraîchie. « J’ai reçu de l’Institut Musical d’Orléans la somme de mille francs pour ma coopération au concert de ce jour. »…                                                                                                                                                                                           20 €

 

54.- Gaspard MONGE [1746-1818], mathématicien et homme politique. LAS, s.d., à Joseph-Marie de Gérando (fondateur de l’anthropologie française, 1872-1842, baron d’Empire) ; demi-page in-4°, petit manque de papier sans perte de texte. Il fait « mille tendres complimens à [son] cher confrère Monsieur de Gerando » et le prie de lui faire dire « si il y aura quelque chose comme ce dont il est question dans le billet ci-joint. Si cela devait être, je recommanderais au Ministère M. Barruet qui est plein de vertus et de mérite et qui serait très capable de bien remplir les vües du gouvernement. »… — Annotations tout aussi sibyllines d’une main étrangère au bas de la lettre : « Le Mintre a envoyé M. Geoffroy & pour l’apprtion de S. M. rien n’annonce que d’autres personnes doivent être envoyées. »                                                                             120 €

 

55.- NAPOLÉON 1er [1769-1821], empereur des Français. Pièce signée « N » en marge d’un Rapport à Sa Majesté l’Empereur et Roi en date du 21 octobre 1810 ; demi-page in-4° (la moitié inférieure du document manque), en-tête Ministère de la Guerre – Bureau des Etats-Majors. L’empereur donne son accord à la demande du général Jean-Claude Moreau, « employé à l’armée d’Italie et qui a le commandement supérieur d’Ancône », qui sollicite un congé de convalescence. « Il expose que le climat d’Ancône est très nuisible à sa santé et qu’il est indispensable qu’il rentre en France pour s’y rétablir. » — Le général Moreau [1755-1828], devenu baron d’empire depuis le 10 mai, obtiendra un congé de trois mois avec le maintien de ses appointements. Ses états de service indiquent qu’il ne retourna pas en Italie mais qu’il fut nommé commandant du département du Var le 8 avril 1811.                                                                                                                      600 €

 

56.- [PHARE – CHARENTE - TOUR DE CHASSIRON] Imprimé. Carte d’Etat-Major de l’extrémité nord de l’Ile d’Oléron où fut érigée la tour de Chassiron. Carte établie par Ch. Picquet, géographe du Roi et du Duc d’Orléans, Paris, 1847. Carte numérotée 151, format 58 x 86 cm, entoilée, repliée, in-4°, 8 compartiments.  Echelle 1/80.000. Quelques salissures sur la toile du premier compartiment. — Le phare de Chassiron a été construit entre 1834 et 1836.                                                        30 €

 

57.- Charles-Louis PHILIPPE [1874-1909], poète et romancier. Carte-lettre a. s., [Paris, 15 août 1903], à Edouard Ducoté ; ½ p. in-8°. Il confirme un rendez-vous pour jeudi prochain. « J’ai à vous remercier de votre livre, nous en parlerons, et tout particulièrement de la nouvelle que vous m’avez dédiée. Elle me plaît beaucoup. »…                              100 €

 

                                              

58.- [Luigi PIRANDELLO] André LEBON, caricaturiste et dessinateur de presse. Dessin original à l’encre de Chine signé et daté (1947). Portrait-charge de Luigi Pirandello. Format : 14,5 x 24 cm sur feuille 20 x 28 cm. Ce dessin était destiné à illustrer un article de Jean Rousselot qui ne l’a pas apprécié et a noté en bas à gauche : « Je ne crois pas opportun de passer ce dessin par trop caricatural. Rousselot. » Ce portrait de Pirandello est donc peut-être toujours inédit.                 70 €

 

59.- Paul PORTIER [1866-1962], zoologiste et biologiste marin. Carte autographe signée, Bourg-la-Reine, 9 septembre 1941, à un ami ; 2 pp. in-12, en-tête Institut Océanique – Fondation Albert 1er, Prince de Monaco. Il est immobilisé depuis huit jours par « un nouvel anthrax qui a pris des proportions inquiétantes. » Il n’a donc pu se rendre à l’Académie. Ayant retrouvé « le passage où Cl. Bernard s’occupe du CyH », il lui en envoie la copie : « Vous verrez qu’en somme vous êtes du même avis et que cette conception s’appuie même sur des preuves expérimentales. »… — Joint : La copie, par Portier, du passage de la Physiologie opératoire de Claude Bernard consacré à l’acide cyanhydrique ; 1 p. ½ in-8°. « Ce poison est le pls dangereux, le plus virulent que le physiologiste ait à manier : il suffit de déposer une goutte d’acide cyanhydrique anhydre sur la membrane conjonctive d’un cheval, pour voir en quelques secondes, l’animal tomber comme foudroyé… »                    40 €

 

60.- Jean-Marius Richard dit Carlo RIM [1905-1989], romancier, scénariste et dessinateur de presse. LAS, Lyon, s.d., à l’éditeur Henri Jonquières ; 1 p. in-8° sur papier à en-tête de la revue Jazz, dont il était rédacteur en chef. Il a dû quitter Paris précipitamment « pour une affaire de tonnerre de Dieu. Je vous supplie de ne pas me laisser tomber ainsi que vous paraissez en avoir l’intention très résolue. Vous avez promis à Carlo Rim de vous occuper personnellement de la section des librairies de l’Araignée. C’est une question importante et assez complexe. Il s’agit de ne pas oublier les jeunes bougres qui font encore des choses propres, il s’agit aussi d’oublier les quelques crétins qui, comme M. Kra Simon déshonorent sans vergogne votre digne corporation. » Il lui demande d’aider de ses précieux conseils madame Broudic, directrice de la Galerie Manuel.                                                                                                                                                                                                                      40 €

 

61.- Raoul ROCHETTE [1789-1854], archéologue, conservateur du Cabinet des Médailles, membre puis secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts et de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Trois lettres à Alfred de Falloux, ministre de l’Instruction publique au sujet de sa révocation par Hippolyte Carnot, éphémère détenteur du même maroquin du 24 février au 5 juillet 1848. 1) LAS, 4 janvier 1849 ; 2 pp. in-8°, en-tête Académie des Beaux-Arts – Le Secrétaire perpétuel de l’Académie. Rappel des faits : « Un des premiers actes de la République fut de me retirer les fonctions de conservateur des Médailles et Antiques de la Bibliothèque, que je devais à l’élection et que je remplissais depuis trente ans. L’arrêté de M. Carnot, qui supprimait mon emploi, contre le texte formel du décret de la convention et des ordonnances royales qui avaient constitué l’administration de la Bibliothèque, fut signé le 1er mars, dans toute l’effervescence des passions politiques. » Les passions apaisées, et Falloux, « homme aussi juste qu’éclairé » se trouvant à la tête du ministère, il sollicite sa réintégration. – 2) LAS, Paris, 18 janvier 1849 ; 2 pp. in-8°, en-tête id. Il a appris que des réclamations se sont élevées contre sa rentrée à la bibliothèque. « Dans cette situation, il ne s’agit plus pour moi de redemander la place qui m’a été ravie, et dont je n’ai pas cessé un seul jour d’être digne ; […] il s’agit avant tout de dissiper les nuages qu’on a pu jeter dans votre esprit, en détruisant les imputations qui ont été portées jusqu’à vous… » Il demande une audience à de Falloux. 3) LAS, Paris, 15 mars 1849 ; 3 pp. in-4°. Rochette relance le ministre qui lui avait demandé un temps de réflexion. Il redit n’avoir pas renoncé à sa réintégration. « Vous trouverez certainement juste et naturel, monsieur le ministre, que je n’accepte pas une situation, qui me donne l’apparence d’une renonciation volontaire, quand je suis sous le coup d’une révocation injuste, et vous me permettrez de renouveler entre vos mains la demande de ma réintégration, en y ajoutant la déclaration que j’ai eu l’honneur de vous faire à plusieurs reprises, que j’étais prêt à reprendre mes fonctions sans traitement, tout le temps que pourront l’exiger les besoins de l’Etat. » Il rappelle son expérience et ses états de services. « Membre de l’Institut depuis trente trois ans, j’appartiens à l’Académie des Belles-Lettres, dont je suis un des doyens ; et c’est à la considération dont je suis entouré que j’ai dû, il y a dix ans, d’être choisi par une autre Académie, pour son secrétaire perpétuel, certainement un des titres les plus honorables qu’il y ait dans notre pays. Je suis membre honoraire de des principales Académies de l’Europe ; huit souverains étrangers m’ont décoré de leur ordre du mérite et, parmi ces souverains, je n’en citerai qu’un, l’auguste et vénéré Pape Grégoire XVI, qui m’a accordé les deux ordres pontificaux par une distinction dont je ne crois pas qu’il y ait un autre exemple en France, et par considération pour mes travaux sur l’antiquité chrétienne, qui jouissent à Rome d’une estime, dont on n’y est pas prodigue pour ceux qui viennent de laïques et d’ultramontains. »… — Joint, du même : Manuscrit autographe ; 1 p. ½ pet. in-4°. Résumé des faits dont il est question dans cette correspondance. — On ajoute, du même : Voyage pittoresque et histoire du nord de l’Italie. Tiré à part de la 23e livraison des Annales de la Littérature et des Arts (in-8° br. 13 pp.)                                                                                                          150 €

 

62.- Romain ROLLAND [1866-1944], écrivain. Photographie (carte postale) signée au recto ; au verso, ligne autographe signée de ses initiales : « Salut cordial à Pierre A. Marchal. R. R. Octobre 1936. » — Joint : 2 lettres dactylographiées signées de sa veuve à l’éditeur Henri Jonquières. 1) 3 juin 1947 ; 1 p. in-4°. Elle lui demande de contribuer par un don de livres aux frais de restauration des remparts de Vézelay menacés de ruine. « J’ai pensé qu’une vente de manuscrits littéraires et musicaux, de dessins, tableaux et livres, nous aiderait à trouver les sommes indispensables […]. Quelques peintres de renom nous ont déjà assuré – ou promis – leur concours ; et j’ai commencé à réunir les manuscrits et les livres. La vente sera organisée par la Direction des Arts et Lettres. La maison Charavay (M. Castaing) s’occupe du catalogue. J’ai déjà une trentaine de manuscrits de Claudel, P. J. Jouve, Marcel Arland, Gide, Malraux, Léautaud – et d’autres. »…- 2) 24 juin 1947 ; ½ p. in-8°. Remerciements pour l’envoi deux livres « pour la vente qui sera faite au bénéfice de la Ville de Vézelay. »…                                                                                                                                                                                                       80 €

 

63.- Paul-Pierre Roux dit SAINT-POL-ROUX [1861-1940], poète. LAS, 30 décembre 1897, à Edouard Ducoté, directeur de l’Ermitage ; 4 pp. in-8°. Avant que l’année se termine, il tient à lui adresser « le reçu des cent francs que si fraternellement vous m’adressâtes de Suisse, reçu que, n’étant pas absolument sûr de votre présence, j’avais différé. » De plus, il avait égaré son adresse. Ducoté ayant dit à Paul Fort que Saint-Pol-Roux ne se serait pas approché de lui lors d’une réunion littéraire, il s’en montre vivement contrarié : « Cette remarque de l’ami Fort m’a épouvanté, et  davantage surpris. Voilà quatre mois que je n’ai mis les pieds dans un milieu littéraire — pas même au Mercure ! —. Outre que je suis un timide, un sauvage, je ne vois point, bien que j’aie de très bons yeux ; je veux dire que personne n’est distrait comme Saint-Pol-Roux : je regarde constamment dedans. Un défaut ? Une qualité ? Je ne sais. N’importe, cela m’a valu déjà nombre d’ennuis. On peut si aisément croire que je ne vois pas — exprès !.. Ce qui serait indigne ou ridicule de ma part. Quant aux emprunts auxquels me contraint parfois la Fatalité, rien à redouter. Je les note afin que, si la Mort me surprenait, ma riche famille fasse son devoir. Vous avez bien voulu me demander aux obsèques de Daudet [le 20 décembre 1897]: si ça allait mieux ? Eh bien, non, là ! » C’est pourquoi il propose à Ducoté de renouveler sa générosité moyennant de la copie pour l’Ermitage : « Si je suis maladroit, envoûtez-moi de silence. Un refus ne me blesserait pas, le principal est que je garde votre estime. Et puis je me console en songeant que j’aurai mon heure, mon Heure ! alors je prouverai, œuvres en main, que j’étais digne d’être aimé. »…                                                                                                                                              350 €

 

64.- Charles-Augustin SAINTE-BEUVE [1804-1869], célèbre critique. Minute a. s. d’une lettre, Paris, 9 mai 1860, à Pelletier, rédacteur en chef du Moniteur ; 1 p. in-8°. Virulente lettre sur Granier de Cassagnac. Il décline la proposition de Pelletier de rendre compte des Girondins de ce dernier : « Je voudrais pouvoir répondre oui ; mais j’ai une difficulté insurmontable sur cet auteur : il me paraît compromettre tout ce qu’il touche. » Son article sur Condorcet que le Moniteur a publié « est odieux et faux […] Je n’ai pas lu le reste de l’ouvrage, mais ce ne peut être bon, bien qu’il y ait des recherches. L’esprit n’en saurait être plus juste que celui de tous ses autres écrits car lui, il n’est pas un esprit éclairé : ce qui n’empêche pas qu’il ait une plume avec laquelle, à un moment donné, il joue merveilleusement du bâton. Je l’ai vu comme journaliste, dirigé sur une position à enlever, et faire prouesse, s’en tirer à merveille. Mais de lui-même, c’est un gladiateur et un casse-cou. » Un des regrets de Sainte-Beuve est de l’avoir nommé dans un de ses articles. « Je n’ai, d’ailleurs, jamais eu à me plaindre de lui ; mais c’est répulsion de nature, et que je sais très partagée. Il a compromis le romantisme de Hugo, il a compromis le doctrinarisme de Guizot ; il compromettrait ce qu’il sert aujourd’hui, si ce régime n’était pas en dehors et au-dessus des coups de plume pour ou contre. »…                                                                                                                     120 €

 

65.- [SÉNÉGAL – ÉVANGÉLISATION & IMPRIMERIE (1860)] Deux lettres de J. PEUREUX, père missionnaire, au directeur des Douanes. 1) LAS, Paris, 12 février 1860 ; 1 p. in-4° sur papier timbré (défr.). Il l’informe qu’un colis contenant des caractères d’imprimerie à destination de Mgr Kobès, évêque missionnaire au Sénégal, a été refusé à Southampton et lui a été réexpédié. « Comme le contenu est d’origine française, […] je viens vous prier de vouloir bien me faire remettre le colis en question, avec franchise de droits de douane. »… - 2) LAS, Paris, 20 mars 1860 ; 1 p. in-8°, en-tête Congrégation du St Esprit & du St Cœur de Marie. Le Père Peureux relance le directeur du douanes et fait une intéressante description du contenu du colis. « Parmi ces caractères les uns sont ordinaires, mais il y en a d’autres qui sont commandés exprès pour pouvoir donner aux lettres ou caractères européens, une acception particulière de prononciation propre à la langue des sauvages que nous évangélisons. Ainsi nous sommes obligés d’imprimer nous-mêmes nos catéchismes, nos grammaires et nos dictionnaires, parce que nous ne pourrions en suivre la correction en France, et que dans nos colonies mêmes nous ne pourrions trouver les signes distinctifs qui nous sont indispensables. »…                                                                         30 €

 

               

66.- Maurice Féaudierre dit SERGE [1909-1992], dessinateur et historien du cirque. Dessin original à l’encre de Chine : Buffle Blanc, l’Homme rouge qui connut Buffalo Bill, format 13 x 20,5 cm. — Joint : un autre dessin, 13 x 19,5 cm. — Ces deux dessins semblent avoir été publiés dans le journal Ce Soir pour illustrer une série d’articles intitulés Le Tour du Monde en 4 Heures.                                                                                                                                                                           60 €

 

67.- [SYRIE] LS par FAUCONNIER [?]comme gouverneur intérimaire de l’Etat des Alaouites, Lattaquié, 29 septembre 1923, à Maurice Maunoury, député de Chartres, ministre de l’Intérieur de 1922 à 1924 ; 8 pp. in-8°. Désigné pour prendre le gouvernement du Grand Liban, il a attendu ce poste cinq semaines à Beyrouth puis il a été envoyé à Lattaquié faire l’intérim d’un collègue qui partait en congé. « J’ai rejoint les Alaouites sans protester, peu séduit au fond par l’éventualité d’une installation provisoire et par les charmes relatifs d’une résidence quasi rurale et où les relations faisaient défaut. […] nous avons été chercher un peu de fraîcheur dans les vieilles pierres du château de Markab et nous avons campé dans les ruines de l’ancienne forteresse des Croisés. […] Nous allons maintenant rentrer à Lattaquié mais seulement pour quelques semaines. Le Haut Commissaire m’a en effet offert le poste de Délégué à la Fédération, fonctions que M. de Caix cumulait lui-même avec celles de secrétaire général. […] Aux Alaouites je me trouvais retombé dans une sous-préfecture de 3e classe. A Damas la tâche sera délicate mais intéressante. L’organisation de la Fédération des Etats Syriens reste très discutée. Je ne sais si elle se maintiendra. Il y a, en tout cas, un gros effort à faire dont peut dépendre l’avenir de l’influence française en Orient. Je m’y emploierai de mon mieux et cette perspective me réconcilie avec la Syrie. »…                                               50 €

 

68.- Adolphe THIERS [1797-1877], homme politique et écrivain, premier président de la troisième république. LAS, dimanche, à son ami François-Auguste Mignet ; 1 p. in-8°. Il a besoin de le voir pour bénéficier de ses lumières. « Seras-tu libre à deux heures ? peu m’importe que ce soit, chez toi, ou chez moi, car je veux me promener. »… — Thiers et Mignet étaient amis intimes de longue date. Ils s’étaient connus à Aix-en-Provence, dès 1815, sur les bancs de la faculté de Droit. — Joint : Une photographie de Thiers sur papier albuminé, format carte de visite, état médiocre.                                                          40 €

 

69.- TOURNEUX (Maurice), Etienne Charavay – Sa vie et ses travaux. Paris, au siège de la Société, 1900. In-8° br. 47 pp. Portrait d’Etienne Charavay en frontispice. E.O. Tiré à part à 200 expl. sur vergé de la revue Révolution française éditée par la maison Charavay. Exemplaire de présent non coupé. Couv. légt défr. ; intérieur à l’état de neuf.                                           25 €

 

70.- Samuel William Théodore Monod dit Maximilien VOX [1894-1974], éditeur, dessinateur, historien de la typographie et écrivain. LAS, [5 mai 1947], à l’éditeur Henri Jonquières ici familièrement appelé « Espèce de tante » ; 1 p. in-8° oblongue. Il est heureux de recevoir enfin des nouvelles de Jonquières, condamné au régime sec. « Toute cette eau, évidemment, ça ne peut que te faire du bien : mais après un vieux coup de gin, on ne se sent pas mal non plus. Cy, une petite couillonnade où je te prie de trouver, sous la désinvolture, un peu de ce ferme bon sens qui caractérise notre vieux cep, comme chacun sait, cartésien-sic. Je refous le camp vers la Provence, où le thermomètre, dit-on, fonctionne plus librement qu’à Paname. »… — Joint : Une lettre du typographe belge Fernand Baudin [Bonlez (Belgique), 14 juillet 1975 ; déchirure sans manque] annonçant à Henry Jonquières qu’il prépare un hommage à Maximilien Vox. « Je suis occupé à un « Dossier Vox »,… comme il y a eu un Dossier Butor, un Mc Luhan, un Mise en page… par la munificence de Rémy Magermans, avec la complicité des héritiers Monod, de Peignot, Leroy, Tierce, Blanchard. Après avoir collé, décollé & recollé les images, j’en suis aux légendes & commentaires. Pour cela je dispose du tapuscrit des mémoires inédits de Vox. » Baudin cite à Jonquières ce que Vox a écrit sur lui. »                                                                                                                                                                                 70 €

 

 

 

 

 

 

N° 22 : Souvenirs de Lucien Descaves sur l’abbé Mugnier (premier jet).