L’héritage de Jean-Jacques Rousseau dans les trois phases de l’œuvre romanesque de George Sand

Thomas STAUDER

Universität Erlangen-Nürnberg Institut für Romanistik thomas.stauder@roman.phil.uni-erlangen.de

Recibido: 6 de noviembre de 2007 Aceptado: 25 de enero de 2008

RÉSUMÉ

En vertu de sa critique de la civilisation et du rationalisme, revendiquant un idéal humain plus proche de la nature, Jean-Jacques Rousseau est à juste titre considéré comme précurseur du romantisme ; mais son attitude à l'égard de l'émancipation de la femme reste controversée. Dans Julie ou La Nouvelle Héloïse, il défend la liberté sentimentale de la protagoniste des conventions de la société, tandis que dans Émile ou De l'éducation il se fait le porte-parole d'une conception très conservatrice du rôle de la femme. Dans cette contribution, on analysera l'influence de Rousseau sur l'œuvre de la féministe George Sand, pour voir où elle adopte les idées de son prédécesseur et où elle suit son propre chemin.

Mots clés: romantisme, féminisme, socialisme, rôle de la femme.

La herencia de Jean-Jacques Rousseau en las tres fases de la obra novelesca de George Sand

RESUMEN

En virtud de su crítica de la civilización y del racionalismo, abogando por un ideal umano más cercano a la naturaleza, Jean-Jacques Rousseau ha sido considerado acertadamente un precursor del romanticismo; sin embargo, su actitud frente a la emancipación de la mujer permanece controvertida. En Julie ou La Nouvelle Héloïse sale en defensa de la libertad sentimental de la protagonista ante las conveniencias sociales, mientras que en Émile ou De l'éducation actúa como portavoz de una noción muy conserva-dora del papel de la mujer. En este ensayo se analizará el ascendiente de Rousseau sobre la obra de la feminista George Sand, para comprobar donde ella acepta las ideas de su predecesor y donde sigue su propio camino.

Palabras clave: romanticismo, feminismo, socialismo, papel de la mujer.

The heritage of Jean-Jacques Rousseau in the three stagesof the complete novels of George Sand

ABSTRACT

Because of his criticism of civilisation and rationalism, while pleading for a human ideal closer to nature, it is justified to consider Jean-Jacques Rousseau a precursor of romanticism; nevertheless, his attitude towards women's liberation remains controversial. In Julie ou La Nouvelle Héloïse, he defends the emotional freedom of his heroine against social conventions, but in Émile ou De l'éducation he becomes the spokesman of a very conservative concept of women's behaviour. This essay sets out to analyse Rousseau's influence on the works of the feminist writer George Sand, in order to establish where she adopts the ideas of her predecessor and where she goes her own way.

Key Words : romanticism, feminism, socialism, women’s behaviour.

Introduction

C'est Raymond Trousson en personne, grand connaisseur de Rousseau, qui a plusieurs fois souligné la fidélité de George Sand aux idées du philosophe genevois, mais aussi établi qu'elle avait souvent adapté ces idées du dix-huitième siècle à son époque contemporaine (Trousson, 1995 : 202). Comme George Sand le fait remarquer dans son Histoire de ma vie, cette admiration profonde, pour elle, n'était pas du tout incompatible avec la critique de certaines positions et même - si nécessaire avec une orientation nouvelle:

Pardonne-moi, Jean-Jacques, de te blâmer en fermant ton admirable livre des Confessions ! Je te blâme, et c'est te rendre hommage encore, puisque ce blâme ne détruit pas mon respect et mon enthousiasme pour l'ensemble de ton œuvre. (Sand, 1854: 50).

Dans le développement qui s'ensuit, j'aimerais examiner les trois phases de l'œuvre romanesque de George Sand, en analysant à chaque fois un exemple significatif, pour savoir quels sont les thèmes et motifs de Rousseau qu'elle a imités, et pour déterminer à quel moment elle les a modifiés ou peut-être même écartés.

I. Le roman romantique: Indiana (1832)

L'histoire d'amour racontée dans Indiana est basée sur la dichotomie entre nature et civilisation qui était déjà au cœur de Julie ou La Nouvelle Héloïse. C'est la corruption morale de la société qui empêche l'épanouissement des vrais sentiments: thème récurrent chez Rousseau puis chez Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand. Dans le roman de George Sand, vient s'y ajouter l'engagement pour l'émancipation de la femme, opprimée par l'homme surtout dans le cadre du mariage civil; comme auparavant Madame de Staël - une autre admiratrice du penseur Genevois —, George Sand surmonte l'idéal conservateur du rôle de la femme que Rousseau avait esquissé principalement dans l'Émile.

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Indiana grandit entourée par la nature exotique de l'île Bourbon (qui désigne à cette époque-là l'île de La Réunion), ayant une enfance comparable à celle de l'héroïne de Bernardin de Saint-Pierre, Virginie, sur l'île Maurice. L'homologue de Paul, le camarade de jeu qui deviendra plus tard le bien-aimé, s'appelle ici Ralph, le cousin d'Indiana. George Sand montre volontiers au lecteur le lien épisodique avec Bernardin de Saint-Pierre1, par exemple dans une scène pendant laquelle Ralph lit un chapitre de Paul et Virginie à Indiana (Sand, 1832 : 318), ou dans une autre scène montrant Ralph en train de porter Indiana sur ses épaules (Sand, 1832: 256), imitant ainsi un fameux épisode de Paul et Virginie. La manière de grandir de ces enfants, proche de la nature, — comparée par Bernardin de Saint-Pierre et par George Sand à la croissance d'un arbre (Sand, 1832: 319) — rappelle "l'éducation négative" (c'està-dire, indépendante d'influences inutiles) décrite par Rousseau dans l'Émile (Rousseau, 1762 a: 96). L'" amour pur " (Sand, 1832: 321) entre Ralph et Indiana qui, au milieu de la nature, passent des " journées libres et paisibles " (Sand, 1832 : 319), " légers comme deux tourterelles " (Sand, 1832: 320), ressemble à l'amour entre Saint-Preux et Julie dans le roman épistolaire de Rousseau, lesquels s'étaient rencontrés loin de la civilisation dans un "réduit sauvage et désert" au bord du lac Léman, un endroit décrit par Saint-Preux dans une de ses lettres comme "asile de deux amants" (Rousseau, 1761 : 389). Comme leurs prédécesseurs littéraires, Ralph et Indiana adhèrent à une sorte de religion naturelle, comparable à celle évoquée dans la " Confession de foi du vicaire savoyard " de l'Émile, en vénérant le créateur de l'univers, sans avoir besoin d'une doctrine théologique (Sand, 1832 : 320).

Dans le roman de George Sand, Ralph et Indiana — grâce à leur enfance sur l'île

sont mieux préparés que les autres personnages à nourrir des sentiments authentiques ; avec leurs âmes non encore corrompues par la société, ils luttent pour leur rêve de bonheur. Mais avant de pouvoir réaliser ce rêve, tous les deux sont contraints par leurs familles à rejoindre la civilisation moderne de l'Europe et à y épouser quel-qu'un qu'on a choisi à leur intention. Cette influence des parents, à l'encontre du désir de liberté des enfants et surtout de la réalisation d'un amour romantique, avait déjà été dénoncée par Rousseau dans Julie ou La Nouvelle Héloïse, où l'héroïne se laisse persuader par son père et par sa mère de se séparer de Saint-Preux et d'accepter comme mari Monsieur de Wolmar, un homme beaucoup plus présentable aux yeux de la société. Ralph est obligé de se marier avec la veuve de son frère décédé: " je fus l'époux d'une femme qui me haïssait et que je ne pouvais aimer. " (Sand, 1832: 321).

Quand Ralph devient veuf à son tour et par là même libre de s'unir à son amour de jeunesse Indiana, il apprend que celle-ci est devenue l'épouse du Colonel Delmare, un officier à la retraite, avec qui elle vit dans une luxueuse demeure en province. Sans être d'un caractère éclairé et tolérant comme le fut Monsieur de Wolmar dans le roman

1 Étant donné que Bernardin de Saint-Pierre était un grand admirateur de Rousseau - il le cite aussi dans le préambule de Paul et Virginie (Bernardin de Saint-Pierre : 72) -, il s'agit par lui d'une influence indirecte du Genevois sur George Sand.

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de Rousseau, Delmare est généralement considéré comme "honnête homme" (Sand, 1832: 132), ce qui signifie qu'il obéit aux conventions de la société ; mais dans sa vie privée il se montre d'une grande grossièreté, surtout à l'égard d'Indiana: "Il traitait toutes les délicatesses du cœur de puérilités féminines et de subtilités sentimentales" (Sand, 1832 : 132). Quand George Sand impute à la société la responsabilité de ce type de comportement — "ce fut la faute du siècle plutôt que la leur" (Sand, 1832 : 133) — elle s'inscrit dans la tradition de la critique radicale de la civilisation moderne que Rousseau avait publiée dans ses deux Discours de 1750 et 1755.

Mais la nouveauté de ce roman réside en la rébellion ouverte d'Indiana, alors que la Julie de Rousseau avait souffert en silence. Au travers des paroles que son héroïne adresse à Delmare, George Sand prononce un plaidoyer enflammé pour la liberté de la femme: "Je sais que je suis l'esclave et vous le seigneur. La loi de ce pays vous a fait mon maître. […] Vous pouvez m'imposer silence, mais non m'empêcher de penser." (Sand, 1832: 232) Quand George Sand dans sa préface parle des "passions [...] supprimées par les lois" (Sand, 1832: 40), ceci fait encore penser au contraste entre "amour" et "civilisation", cher au philosophe genevois; mais l'idéal de la femme est désormais un autre que celui évoqué par Rousseau dans le cinquième livre de l'Émile :

Dans l'union des sexes […], l'un doit être actif et fort, l'autre passif et faible […]. Ce principe établi, il s'ensuit que la femme est faite spécialement pour plaire à l'homme. […] La rigidité des devoirs relatifs des deux sexes n'est ni ne peut être la même. Quand la femme se plaint là-dessus de l'injuste inégalité qu'y met l'homme, elle a tort […] : c'est à celui des deux que la nature a chargé du dépôt des enfants d'en répondre à l'autre. (Rousseau, 1762 a : 266 267).

Alors que normalement la référence de Rousseau aux lois de la nature peut avoir un effet positif pour la liberté des sentiments et pour la femme, ici en revanche, s'appuyant sur une argumentation biologiste, il souligne la capacité de la femme d'enfanter pour en déduire qu'elle doit être reléguée au foyer et surveillée par l'homme ; il appelle ceci "la primauté que la nature donne au mari" (Rousseau, 1762 a : 277). Malgré l'admiration que George Sand éprouvait pour Rousseau, elle ne pouvait pas accepter ses idées rétrogrades sur le rôle de la femme; sur ce point, elle refusa de suivre son enseignement.

Au cœur du roman, il faut encore parler d'un autre homme qu'Indiana rencontre pendant sa recherche du bonheur. Contrainte au mariage avec Delmare — et ne considérant Ralph, à ce moment-là, que comme cousin fraternel —, Indiana devient une proie facile pour le séducteur Raymon de Ramière, qui "calcula les obstacles qu'il rencontrerait" (Sand, 1832 : 132) et réussit à lui faire croire à la sincérité de ses sentiments simulés. Selon les normes d'une société corrompue — responsable selon Rousseau de la déformation de l'individu —, Raymon avec sa "logique courtoise et mondaine" (Sand, 1832 : 128) n'est pas un homme plus mauvais que la plupart de ses contemporains; dans sa préface George Sand explique son caractère de la manière suivante: "Raymon, [...] c'est la fausse raison, la fausse morale par qui la société est gouvernée." (Sand, 1832 : 41).

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L'embrouillement des problèmes sentimentaux de l'héroïne ne se dénoue qu'en dehors de la civilisation: après le mariage de Raymon avec une riche héritière et après la mort fort opportune de Delmare, Indiana se retire avec Ralph sur l'île Bourbon, lieu de leur jeunesse idyllique. Pendant une randonnée nocturne à travers un paysage exotique, le narrateur les qualifie de "deux promeneurs solitaires" (Sand, 1832 : 311), allusion évidente à l'ouvrage de Rousseau. Pour la première fois depuis longtemps, Indiana se sent vraiment libre: "les fers de la société ne pesaient plus sur elle" (Sand, 1832 : 312). Les amants décident finalement de passer le reste de leur vie sur cette île, loin de la France; Ralph fait cadeau d'une maxime s'inspirant de Rousseau au voyageur français qui deviendra le narrateur de leur histoire : "La solitude est bonne, et les hommes ne valent pas un regret." (Sand, 1832: 342).

II. Le roman social : Le Compagnon du Tour de France (1840)

L'engagement politique grandissant de George Sand sous la Monarchie de Juillet, favorisé par ses amitiés, d'abord avec le républicain Michel de Bourges et plus tard avec le Saint-Simonien Pierre Leroux, porta ses fruits aussi dans sa production romanesque; le premier spécimen de ce nouveau type de 'roman social' fut Le Compagnon du Tour de France.

La relation amoureuse entre la jeune comtesse Yseult de Villepreux et le jeune menuisier Pierre Huguenin - idéalisé puisque chaste jusqu'à la fin du roman,- est avantagée par leur éducation selon les principes de Rousseau : à Yseult fut appliqué le "système, un peu renouvelé de l'Émile" (Sand, 1840 : 390), "avec elle, l'éducation à la Jean-Jacques avait fait merveille" (Sand, 1840 : 391); quant à Pierre, il a lu le traité pédagogique du Genevois avant de le rencontrer dans la bibliothèque d'Yseult: "il se décida à ouvrir un livre... Ce livre fut l'Émile de Jean-Jacques Rousseau. Pierre le savait par cœur. " (Sand, 1840 : 92) Par conséquent les deux protagonistes se distinguent par leur caractère naturel; on apprend d'Yseult qu'"elle manquait absolument d'éclat. Cependant, en la regardant bien, on voyait […] la grâce cachée qui était en elle. Mais il y avait comme un parti pris de mépriser le travail de la séduction." (Sand, 1840 : 278) D'une manière similaire, Pierre souligne l'importance de la bonté de cœur, "car avec l'intelligence seule vous ne trouverez jamais rien." (Sand, 1840 : 413) Le sentimentalisme romantique - évoqué pour la première fois par Rousseau dans Julie ou La Nouvelle Héloïse - est présent chez les deux personnages principaux à travers les larmes qu'ils répandent (Sand, 1840: 373 et 398).

George Sand introduit dans son roman une allusion très concrète au roman épistolaire du Genevois: Étant donné qu'Yseult et Pierre sont séparés par leur différence de classe sociale, comme l'étaient Julie et son précepteur Saint-Preux, Yseult raconte une anecdote relatant comment, à l'âge de quatorze ans, le précepteur de son frère lui avait fait des avances et avait dû être congédié (Sand, 1840 : 467). On pense également à Rousseau quand on lit la description du petit jardin qu'Yseult a aménagépour elle-même au milieu du parc du château ; il ressemble à l'"Élysée" de Julie à Clarens (Sand, 1840: 448).

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Mais il existe une différence importante entre l'héroïne de George Sand et l'idéal féminin de Rousseau, c'est son niveau intellectuel: "Yseult, qui était fort adonnée à la lecture, à la rédaction analytique d'ouvrages assez sérieux pour son sexe et pour son âge, se tenait une partie de la journée dans son cabinet." (Sand, 1840 : 308-309) Son bien-aimé est d'une manière similaire un lecteur avide, un comportement peu commun pour un artisan du début du dix-neuvième siècle : "En effet, la vue d'un livre faisait toujours tressaillir Pierre de désir et de joie." (Sand, 1840 : 328) Par sa foi dans l'efficacité d'une éducation livresque — écartée quasi complètement par Rousseau dans son Émile —, Sand fait preuve d'un certain optimisme à l'égard du développement de l'individu et de la société, ce qui la distingue du pessimisme du Genevois, qui ne croit plus au progrès automatique de la civilisation.

Le couple idéal d'Yseult et Pierre contraste dans le roman avec le couple beaucoup plus éphémère de Joséphine et Amaury. Avant de connaître cet ami de Pierre, Joséphine, fille d'un médiocre fabricant de draps, avait épousé le marquis des Frenays sans l'aimer, uniquement pour acquérir une position sociale élevée (Sand, 1840: 269-270). Quand Joséphine — avec un mari malade et absent — se décide à risquer une affaire amoureuse avec Amaury, artisan comme Pierre, elle est poussée à nouveau par son ambition malsaine: elle suppose qu'Amaury aura du succès comme artiste sculpteur. Ce désir de réussite sociale est âprement critiqué par George Sand, qui suit ici l'éthique de Rousseau:

Il est triste de le dire, mais il n'en est pas moins vrai que la plupart des femmes du monde attendent, pour donner la préférence à un homme, le jugement qu'en porteront les salons ; et le plus goûté est, selon elles, le plus accompli. Joséphine avait été trop sensible aux séductions de la vanité pour ne pas subir un peu ce travers. (Sand, 1840 : 316).

On se souvient de la plainte de Saint-Preux au sujet de la vie corrompue à Paris dans sa vingt et unième lettre à Julie, où il avait déjà noté que, dans la civilisation moderne, les relations amoureuses étaient supplantées par des considérations matérielles et égoïstes (Rousseau, 1761: 194).

Amaury de sa part ne se libère pas de la fièvre du luxe (Sand, 1840 : 516) ; il admire chez Joséphine son appartenance à une classe supérieure, à laquelle il aspire, et qui pourrait aussi promouvoir sa carrière d'artiste (tandis que La Savinienne, la veuve d'un ouvrier qu'il voulait épouser avant d'arriver au château, ne possédait aucun de ces avantages).

En ce qui concerne l'aspect politique de ce roman, on sait qu'une des sources les plus importantes de George Sand a été le Livre du compagnonnage d'Agricol Perdiguier; elle s'adressa à lui dans une lettre du 20 août 1840 de la manière suivante

C'est dans le peuple, et dans la classe ouvrière surtout qu'est l'avenir du monde. […] Avec le temps, la masse sortira de l'aveuglement et de l'ignorance grossière où les classes, dites éclairées, l'ont tenue enchaînée depuis le commencement des siècles. (Sand, 1840 [appendice]: 595).

Dans son roman, elle associe la classe ouvrière de son temps à un stade primitif de l'humanité, comparable à l'"heureux sauvage" de Rousseau ; mais ce qui distingue

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George Sand du philosophe genevois, c'est son attachement à la valeur de l'éducation intellectuelle —non seulement pour l'individu, mais aussi pour la société :

Ce qu'il y a d'admirable dans le peuple, c'est la simplicité du cœur, cette sainte simplicité, perdue pour nous, hélas ! […] Ô noble enfance de l'âme ! […] Amour et bénédiction à qui te ferait entrer dans l'âge viril en te conservant la pureté sans l'ignorance. (Sand, 1840 : 155).

Le jeune menuisier qui est le protagoniste de ce roman, n'a pas encore acquis toutes les connaissances nécessaires et peut compter seulement sur sa bonté de cœur ; c'est pourquoi il se décide à remettre à plus tard son mariage avec Yseult: "Pierre avait vingt et un ans, et sachant tout ce que l'homme le plus éclairé de son temps eût pu savoir dans l'ordre moral, il ne savait rien dans les choses de pure intelligence." (Sand, 1840: 572).

Dans cette apologie de la raison, nous trouvons une autre preuve de la différence entre Sand et Rousseau ; ce dernier avait écrit dans son deuxième Discours avec tout son habituel radicalisme, "que l'état de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animal dépravé." (Rousseau, 1755: 31).

Mais d'autre part, Rousseau est justement considéré comme un des précurseurs dans la propagation d'idées socialistes en France; dans ce même Discours de 1755, il y a un passage fameux où il dénonce l'invention de la propriété privée comme début de la décadence de l'humanité : "les fruits sont à tous, et [...] la terre n'est à personne." (Rousseau, 1755: 57) L'égoïsme et l'ambition effrénée des sociétés modernes en résulteraient: "tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l'inégalité naissante." (Rousseau, 1755 : 70) Rousseau dénonce l'injustice dans l'actuelle distribution des richesses : "il est manifestement contre la loi de la nature, [...] qu'une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire." (Rousseau, 1755 : 90).

Dans Le Compagnon du Tour de France on rencontre des idées similaires — modifiées par le saint-simonisme de Leroux, décisif pour George Sand au moment de la rédaction du roman — dans une allocution prononcée par Pierre lors d'une assemblée d'ouvriers:

Ne voyez-vous donc pas le monde des riches ? Ne vous êtes-vous jamais demandé de quel droit ils naissent heureux, et pour quel crime vous vivez et mourez dans la misère ? Pourquoi ils jouissent dans le repos, tandis que vous travaillez dans la peine ? […] Vous trouvez cela fort injuste. […] Je le dis moi-même. (Sand, 1840 : 186-187).

On trouve aussi dans ce roman des allusions à la théorie d'État esquissée par Rousseau dans Du contrat social ; Pierre voit le livre du Genevois dans la bibliothèque d'Yseult (Sand, 1840: 92). S'appuyant sur les convictions de Leroux - qui dans De l'humanité avait écrit, "Le citoyen de Rousseau n'est libre que de sa voix, il n'est libre que de son vote. La loi rendue, il est esclave" (note dans Sand, 1840 : 241) Sand fait, par l'intermédiaire de son protagoniste, une critique de la doctrine vieillissante de son penseur préféré:

Le plus libéral de tous ces philosophes était Jean-Jacques Rousseau, et il a dit qu'il n'y a pas de république possible sans esclaves. —A-t-il pu dire une pareille chose ? s'écria l'avocat.

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[…] - Relisez le Contrat social, répondit Pierre, vous vous en convaincrez. - Ainsi vous n'êtes pas républicain à la manière de Jean-Jacques ? — Ni vous non plus, monsieur, je présume. (Sand, 1840 : 241).

Tandis que Rousseau en 1762 avait encore parlé de la délégation de la 'volonté générale' comme fondement d'un nouveau type de société (Rousseau, 1762 b : 57), George Sand en 1840 rêve d'une espèce de socialisme chrétien, consciente du caractère utopique de cet espoir. C'est pourquoi elle présente ce projet dans son roman sous la forme d'une vision prophétique de Pierre, dans laquelle apparaissent non seulement le ciel chrétien et l'abolition des classes sociales dans une fraternité universelle selon l'idéologie de Leroux, mais aussi comme héritage de Rousseau une nature idéalisée (Sand, 1840 : 381-383).

III. Le roman champêtre: La Mare au diable (1846)

Les "romans champêtres" de George Sand, avec La Mare au diable comme première œuvre de cette série (Sand, 1846 : 7 [" Notice de 1851 "]), sont, malheureusement encore aujourd'hui, souvent sous-estimés comme " aimable idylle " (Wiggershaus : 121) ou " naïve histoire " (Brem : 59). Mais une lecture attentive de ces romans montre que Sand n'a pas oublié les problèmes sociaux de son temps ; La Mare au diable peut être interprétée comme un essai de réaliser dans le présent la même utopie que dans Le Compagnon du Tour de France était encore projetée dans le futur. Lisons l'ouverture de La Mare au diable, intitulée " L'auteur au lecteur ":

Nous ne voulons pas dénier aux artistes le droit de sonder les plaies de la société et de les mettre à nu sous nos yeux; mais n'y a-t-il pas autre chose à faire maintenant que la peinture d'épouvante et de menace ? […] L'art n'est pas une étude de la réalité positive ; c'est une recherche de la vérité idéale. (Sand, 1846 : 14).

Or, l'utopie contemporaine a besoin d'un espace particulier, lequel chez cette élève de Rousseau peut être situé seulement à la campagne, loin de la civilisation. Malgré ce cadre naturel, les protagonistes de ce roman tardent à s'émanciper des normes de la société qui empêchent leur bonheur privé — une constellation également préfigurée par le Genevois.

Germain se retrouve jeune veuf de 28 ans avec trois enfants en bas âge de son premier mariage. Son beau-père lui conseille de trouver au plus vite une nouvelle épouse; en dehors de tous motifs sentimentaux, mais pour des raisons pratiques: pour avoir une femme qui pourra s'occuper de son foyer. Le père Maurice a découvert dans le village voisin une veuve de belle apparence et surtout assez riche (Sand, 1846: 36); Germain devine les intentions pécuniaires de son beau-père (Sand, 1846: 36) et déteste ce type de calcul (Sand, 1846 : 37), mais il respecte la volonté du chef de famille. Il s'agit d'un nouvel exemple de l'autorité des parents sur la vie amoureuse de leurs enfants; tout comme Julie chez Rousseau qui se laisse persuader d'épouser Monsieur de Wolmar, Germain donne son consentement à demander la main de la veuve Guérin. George Sand juge ce comportement de son personnage principal

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comme trop conformiste: "Germain ne comprenait pas qu'il eût pu se révolter contre de bonnes raisons, contre l'intérêt de tous." (Sand, 1846: 40).

Sur le chemin le menant à sa future mariée Germain est accompagné par Marie, une fille de seize ans, qui vient d'une famille pauvre et qui doit s'engager au service d'un fermier comme bergère. La manière dont Pierre répond au désir d'un de ses fils de participer à ce voyage (Sand, 1846 : 57), fait penser à la recommandation de Rousseau dans l'Émile, de ne pas maintenir les enfants dans la "dépendance des hommes", mais seulement dans la "dépendance des choses". Quand Marie s'occupe de Petit-Pierre avec beaucoup de tendresse et montre ainsi qu'elle serait une bonne mère, Germain commence à tomber amoureux d'elle. Ce rapprochement entre les deux protagonistes a lieu en dehors de la civilisation, représentée ici par le village : c'est dans un endroit où n'apparaît aucun être humain — les environs de la Mare au diable, mentionnée dans le titre du roman — que ceux-ci dévoilent réciproquement leurs vrais sentiments et répandent des larmes d'attendrissement (Sand, 1846 : 74).

Tout comme Germain, Marie se sent au début prisonnière des conventions sociales; elle dit qu'elle est trop pauvre pour se marier (Sand, 1846: 78) et affirme que la différence d'âge rendrait une union avec quelqu'un de vingt-huit ans impossible (Sand, 1846 : 90). Germain, qui a perçu l'excellent caractère de Marie (Sand, 1846 : 92), ce qui vaut pour lui plus que l'argent de la veuve Guérin, rêve déjà d'un mariage d'amour, même s'il ne sait pas encore comment il pourra le réaliser (Sand, 1846 : 93). Quand il dit à Marie qu'elle serait une épouse idéale pour lui et que la différence d'âge n'est pas insurmontable, elle lui répond qu'elle doit suivre les conseils que lui donne sa mère (Sand, 1846: 98).

Ainsi les deux se séparent et Germain arrive dans le village de la veuve Guérin; celle-là vit dans une belle maison aisée, comme l'avait espéré le père Maurice; mais elle a payé ce gain matériel par la perte de la bonté naturelle du cœur. Son portrait (Sand, 1846 : 110) — qui semble encore plus déplaisant en comparaison avec Marie

rappelle la description de la décadence morale des parisiennes dans le roman de Rousseau, mais aussi la coquetterie de Joséphine dans Le Compagnon du Tour de France.

Quand Germain s'aperçoit que la veuve a invité trois autres prétendants en même temps que lui, il est excédé et décide de rentrer à la maison. Sur le chemin de retour il sauve Marie de l'harcèlement sexuel de son patron ; ce fermier, qui de surcroît nie son intention honteuse, représente le pervertissement du vrai amour tout comme la veuve Guérin. Germain, qui n'avait jamais tenté d'abuser de la confiance de la jeune Marie, même quand il était seul avec elle au milieu de la forêt, réprimande le fermier; ses paroles font penser à l'accusation de Rousseau contre la corruption morale dans la civilisation moderne: "Homme de peu de cœur! lui dit Germain, je pourrais te rouer de coups si je voulais ! Mais je n'aime pas à faire du mal […]. Rougis si tu peux." (Sand, 1846: 130).

La décision de Marie à la fin du roman d'épouser Germain malgré la différence d'âge peut être interprétée comme la victoire des vrais sentiments sur les conventions sociales; suivant l'exemple de Julie dans sa dernière lettre à Saint-Preux, Marie révèle avoir toujours aimé Germain (Sand, 1846: 148). Pour compléter cette scène finale, la joie de Petit-Pierre rappelle au lecteur encore une fois l'attitude maternelle de

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Marie (Sand, 1846: 148). À la différence d'Yseult dans Le Compagnon du Tour de France, qui unissait la bonté de cœur avec les intérêts intellectuels, cette fois-ci l'héroïne de Sand correspond à un idéal plutôt conservateur, selon l'image de la femme chez Rousseau.

Mais George Sand dans son "roman champêtre" ne reste pas nécessairement en arrière des positions de son " roman social " ; la preuve en est qu'ici elle ne célèbre pas seulement la vertu du cœur, mais souhaite aussi l'épanouissement intellectuel de la population rurale: "vivre par le cœur et par le cerveau" (Sand, 1846 : 17). Ainsi le simple paysan sera capable d'apprécier le charme esthétique d'un paysage : " Un jour viendra où le laboureur pourra être aussi un artiste, sinon pour exprimer [...] ; du moins pour sentir le beau. " (Sand, 1846 : 18) Ceci rappelle l'expérience de Pierre Huguenin dans Le Compagnon du Tour de France, où le protagoniste apprend à estimer la beauté de la nature seulement après en avoir lu dans les livres (Sand, 1840 : 115).

Avec cette " confiance dans l'éducabilité de l'homme " mentionnée expressément dans La Mare au diable (Sand, 1846 : 19), George Sand surpasse Rousseau et remplace le pessimisme historique du Genevois par une foi utopique dans l'avenir de l'humanité.

Conclusion

La comparaison des trois romans montre que dans sa première phase romantique

illustrée par Indiana — George Sand reste encore très attachée à Rousseau; c'est uniquement lors de son plaidoyer pour l'émancipation de la femme qu'elle ose contredire le philosophe.

Quant à l'idéal de la solidarité chrétienne entre ouvriers évoqué dans Le Compagnon du Tour de France, elle le doit beaucoup plus à des penseurs protosocialistes comme Leroux qu'à Rousseau.

Dans La Mare au diable, Sand retourne à la dichotomie rousseauiste entre nature innocente et civilisation dépravée ; mais elle ne croit pas que le paysan doit rester un "heureux sauvage", étant donné qu'il a, lui aussi, la possibilité de parvenir à un degré élevé de la conscience à travers l'éducation intellectuelle.

Comme déjà Raymond Trousson (1995 : 191) l'a observé, c'est surtout la "théorie du progrès continu" qui la distingue de Rousseau ; malgré tout, la Dame de Nohant ne se lassait jamais de défendre le Genevois contre ses nombreux ennemis, comme ici en 1863 dans la Revue des Deux Mondes: "Il m'a fait tant de bien, il m'a ouvert tant d'horizons, il m'a créé tant de nobles jouissances, […] que je ne me reconnais pas le droit de lui demander compte de ses erreurs”. (Présence de George Sand, 1980: 29-30).

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2008, 23, 157-168

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