Jean-Jacques Rousseau en Roumanie

du XVIIIe siècle à la première moitié du XXe siècle

 

Ileana Mihaila

(Bucarest)

 

Le destin posthume de l’œuvre de J.-J. Rousseau dans la culture roumaine a exercé une fascination semblable à celle – plus spectaculaire peut-être, mais non pas plus profonde – de Voltaire, son éternel rival. Déjà dans la seconde moitié du XVIIIe siècle nous possédons les éléments concrets qui nous permettent de parler aussi bien d’une réception passive – lecture des œuvres en original, prouvée par la présence dans les catalogues des librairies ou dans les registres des bibliothèques privées[1] – mais aussi des traductions. La découverte dans les fonds de l’Académie Roumaine d’un manuscrit de la fin du siècle des Lumières (mss.3099 BAR, daté 1794), signalée dans la presse en 1937 par Alexandre Cioranescu) qui comprenait la traduction intégrale de la comédie Narcisse réduit considérablement la distance qui le séparait jusqu’alors des premières traductions de Voltaire (réalisées en 1771-1772). En revanche, ce manuscrit nous apporte la première traduction intégrale d’une comédie française en roumain, réalisée d’après l’original. L’édition du texte, écrit en graphie slavonne, fut réalisée par le professeur Sorina Bercescu, du Département de langue et littérature françaises de l’Université de Bucarest, pour sa thèse de doctorat Rousseau en Roumanie. D’ailleurs, le choix même de Narcisse, première en date des œuvres de Rousseau, selon sa propre confession, semble plutôt prouver le désir du traducteur roumain – le poète Ioan Cantacuzino qui n’avait signé que de ses initiales le manuscrit, mais dont l’identité fut établie en 1946 par Al. Alexianu – de lui rendre ainsi hommage. Comme cette version roumaine n’a d’ailleurs été ni représentée, ni jouée, tout porte à croire qu’elle fut réalisée pour le plaisir de son auteur.

Ce n’est qu’à partir du début du XIXe siècle que les traductions se multiplient[2] – et les renvois aux textes fondamentaux de Rousseau encore plus, ce qui prouve que la grande majorité de ses lecteurs ne se sentaient nullement incommodés par l’absence des traductions. Ainsi, un autre grand moment qu’il faut évoquer est la date de la première traduction de Rousseau en roumain qui fut imprimée. Il s’agit des 18 premières lettres de la Nouvelle Héloïse, traduction réalisée par Ion Heliade Radulescu, grand écrivain et important animateur de la vie littéraire roumaine. L’intérêt des traducteurs roumains se porte ensuite surtout vers Émile (première publication, des fragments dans la presse en 1897, traduction intégrale signée par G. Adamescu en 1913) et surtout vers Le Contrat Social, qui connaître en 60 ans (de 1861 à 1922) quatre traductions différentes, dont deux ont été rééditées[3].

Mais énumérer et analyser toutes les traductions – et, tout aussi importantes pour la réception de Rousseau dans la culture roumaine, toutes les études qui lui furent consacrées depuis 200 ans, serait dépasser largement les limites imposées à une communication. Même la liste des chercheurs roumains qui se sont penché sur ce thème est déjà très longue, et elle comprend des noms remarquables comme celui de Nicolae Iorga, Pompiliu Eliade, A.D. Xenopol et, plus près de nous, nos grands professeurs Tudor Vianu, Alexandru Duţu et Paul Cornea, pour ne citer que quelques-uns. Une place à part mérite néanmoins les travaux de synthèse réalisés dans les décennies de l’après-guerre au Département de langue et littérature française, réunis dans le volume La littérature française dans l’espace culturel roumain (1984), ouvrage collectif dirigé par Angela Ion et où les chapitres qui nous intéressent[4] ont été réalisés par Irina Badescu et respectivement Sorina Bercescu, le premier avec la contribution de Michaela Schiopu, chercheur à l’Institut d’Histoire et de Théorie Littéraire de l’Académie Roumaine, membre du collectif qui s’engagea à réaliser, il y a presque quarante ans, une bibliographie qui réunisse les informations de la presse périodique. Même de nos jours, cette voie reste la plus scientifique et précise façon de juger des dimensions réelles de la fortune d’un écrivain dans une culture à une époque moderne.                                       

Il faut préciser que le problème des instruments nécessaires à la recherche commença à se poser aux historiens et aux philologues ressemblés dans l'Académie roumaine depuis la fin du XIXe siècle. Plus précisément, en 1894 déjà fut débattu le projet des premières bibliographies scientifiques qui réunissent les informations concernant la culture roumaine. En 1895 il était déjà esquissé sous la forme ambitieuse un ouvrage qui aurait présenté, dans un premier tome, la bibliographie de tout ce qui avait été imprimé, le deuxième étant réservé aux manuscrits[5]. Un tout premier résultat des recherches concernant les journaux et les revues roumaines a été le répertoire Publicaţii periodice româneşti, publié en 1913 par Nerva Hodos et Al.Sadi Ionescu, qui présentait les publications depuis 1820 jusqu'à 1906[6].

Le problème d'une investigation sérieuse de la presse roumaine au XIXe siècle est remis à l'ordre du jour à l'Académie roumaine seulement après la Seconde Guerre Mondiale. Le projet a été confié tout d'abord à deux philologues réputés, Nestor Camariano et Ovidiu Papadima, auxquels s'ajouta, un peu plus tard, le bibliographe Ioan Lupu. La découverte d'une revue parue en Moldavie en 1790, Courrier (!) de Moldavie (sept numéros), fit s'élargir la période soumise à l'investigation jusqu'au XVIIIe siècle[7]. En 1949, un nouveau projet fut présenté à l'Académie roumaine, par les trois auteurs - O. Papadima, N. Camariano et I. Lupu, Bibliografia analitica a periodicelor româneşti[8]. Après une interruption entre 1949 et 1953, le travail fut repris sous l'égide de la Bibliothèque de l'Académie, à Bucarest[9]. Enfin, entre 1966 et 1972, l'ouvrage tout entier fut publié[10].

Peu après la parution des trois volumes qui composent le "tome premier", c'est-à-dire sur la période 1790-1850, le relais fut pris par le collectif de littérature comparée de l'Institut d'histoire et de théorie littéraire de Bucarest, mais dans une perspective plus conforme à ses préoccupations. L'ouvrage allait porter dorénavant le nom de Bibliographie des relations de la littérature roumaine avec les littératures étrangères dans la presse périodique 1859-1918 (Bibliografia relaţiilor literaturii române cu literaturile străine în periodice 1859-1918)[11].

En ce qui concerne le XXe siècle, il faut préciser que la Bibliographie... a été continuée, et qu'à partir de 1997 ont commencé à paraître les volumes qui ressemblent le matériel concernant les littératures étrangères, selon les mêmes critères que pour 1859-1918, pour les années 1919-1944. L'ouvrage a été réalisé toujours par le collectif de littérature comparée, qui réunissait alors les chercheurs Ana-Maria Brezuleanu, Ileana Mihaïla, Michaela Schiopu, Cornelia Stefanescu et Viorica Ionescu-Niscov[12].

S'informer sur la réception d'un écrivain dans la culture roumaine devient ainsi une opération qui a toutes les chances de couvrir la quasi-totalité des données qui pourraient intéresser le chercheur. Car il a à sa disposition une multitude d'informations portant non seulement sur la presse en soi, mais aussi sur les livres parues ou à paraître, ou sur les spectacles de théâtre, ou même sur la simple citation des idées d'un écrivain dans des articles à caractère culturel plus général.

Ainsi, la réception de Jean-Jacques Rousseau dans la culture roumaine, reflétée par la presse, nous apparaît autrement riche et intéressante.

Nous sommes maintenant en mesure de préciser que pendant la période allant de 1866 à 1918, dans la presse roumaine paraîssent vingt-quatre articles sur la vie et l’œuvre de Rousseau, mais très peu de traductions (quatre). Deux traducteurs signent leurs productions, A. Cosma (1889) I.C. Georgescu (1898), mais les deux textes sont donnés sous des titres de circonstance, Amic, amiceta (ami, amitié) et Duelul (le duel). Par contre, les anonymes Ruz (1885) et Tip (1897) traduisent des fragments du Contrat Social et d’Émile[13]. Quant aux articles[14], leurs auteurs, noms respectables de l’époque et quelques Français donnés en traduction, admirent Rousseau sans réserves et prennent sa défense quand un confrère roumain leur manque de respect (dans un article sur la La Vie de Jésus de Renan, en 1864). Plus généralement ils le célèbrent par des articles de présentation de sa vie, de ses idées, de ses œuvres (du Contrat Social en particulier): à l’occasion du centenaire de sa mort en 1878 (deux articles) ou pour le bicentenaire de sa naissance (1912, seize articles, certains signés par des noms connus comme le critique Garabet Ibraïleanu). La même année, d’ailleurs, un choix des textes représentatifs de Rousseau est offert aux lecteurs roumains par l’effort du traducteur A. Luca. Les auteurs roumains le comparent dans leurs articles avec Voltaire (1880) ou … Zola (1908), présentent ses lettres inédites qui viennent d’être publiées (1908) ou des articles et ouvrages qui lui sont dédiés parus à l’étranger (par exemple, le livre de Harald Höffding J.J. Rousseau et sa philosophie, résumé pour les lecteurs de Noua Revista Româna en 1912). Ils s’attardent sur des manifestations en son honneur, à Montpellier, Genève ou Bucarest (la conférence de N.D. Cocea à l’Athénée Populaire, en 1913). Ils présentent les circonstances de sa mort, son lyrisme ou ses idées réformatrices, pour arriver même au « sentiment de la nature » dans son œuvre (c’est le titre même d’un article paru en 1916). En général, les auteurs roumains en parlent comme de « celui qui créa la démocratie » et s’attaquent si d’autres ne manifestent pas le même enthousiasme pour leur idole (par exemple, un journaliste roumain déplore la froideur du public à la commémoration de 1912 à Montpellier, et l’explique par « le contexte politique de l’époque »).

L’intérêt pour Rousseau s’augmente visiblement dans la première moitié du XXe siècle. Presque cent articles lui sont consacrés[15], auxquels s’ajoutent les traductions[16], notamment des fragments des Confessions ou des «méditations philosophiques». D’une valeur littéraire remarquable sont les deux articles qui lui sont consacrés par un des noms les plus importants de la littérature roumaine, le poète Tudor Arghezi, qui lui voua un vrai culte dès sa jeunesse, quand il passa un certain temps à Genève. Dans les deux Lettres ouvertes à Jean-Jacques Rousseau (1912 et 1928) il s’adresse de façon directe à celui qu’il transforme par la force du verbe poétique dans un esprit tutélaire des écrivains insoumis et révoltés et qu’il oppose ainsi à « l’ami aristocratique et avare, M. de Voltaire ». Dans des pages lyriques inégalables, Arghezi retrace les paysages suisses si chers à Rousseau et leurs longs entretiens dans les matins froids genevois, le poète roumain au pied de la statue en bronze et le prenant pour témoin de tous ses combats sur le front autrement dur de la vie littéraire roumaine.

Un autre nom aujourd’hui célèbre, celui de Mircea Eliade, se retrouve en 1923 signant un article sur Rousseau dans une revue de vulgarisation scientifique : Ziarul ştiinţelor populare şi al călătoriilor [le journal des sciences populaires et des voyages]. Très jeune à l’époque, l’auteur fait la preuve d’une information solide, présentée avec humour mais aussi avec profondeur, échappant aux platitudes. D’ailleurs, sous le pseudonyme Silviu Nicoara, dans Universul literar, la même année, M. Eliade s’attarde sur les détails des légistes qui ont rédigé le rapport d’autopsie de l’écrivain!

Décidément, les revues roumaines profitent de toutes les occasions pour parler de Rousseau : 150 ans de sa mort (1928 : 12 articles, dont celui de T. Arghezi, mais aussi deux signés Nae Batzaria, écrivain très célèbre de l’époque); 217 ans de sa naissance (!), en 1929. Des études plus poussées lui sont dédiées, dont une thèse de doctorat, soutenue par Stefan Soimescu, qui est intitulée Idealul moral in filosofia şi pedagogia lui Jean-Jacques Rousseau et qui est publiée en 1929. Six notes de lecture lui sont dédiées, toutes favorables. Le livre connaît une seconde édition, en 1935, sous le titre Filosofia şi pedagogia lui Jean-Jacques Rousseau et l’auteur lui dédie encore un livre, Lupta contra iluminismului : Jean Jacques Rousseau, paru en 1939 ; les deux sont très bien reçus par la presse littéraire (six notes de lecture).

À la même période, plusieurs articles présentent la nouvelle traduction du Contrat Social (de Ştefan Freamat, 1939), belle occasion d’écrire à nouveau sur cette « source idéologique de la démocratie ». Et c’est toujours dans une revue, la célèbre à juste titre Revista Fundaţiilor Regale, qu’en 1937 le futur grand spécialiste européen Al. Cioranescu publie une étude sur sa découverte de la traduction de Narcisse en 1794.

Plusieurs contributions importantes à l’étude de Rousseau, parues à l’étranger, sont vite présentées aux lecteurs roumains, intéressés, paraît-il, des moindres détails de sa vie ou de l’exégèse de son œuvre : l’article de Victor Giraud sur ses idées religieuses (Revue des Deux Mondes, mai 1921 ; article roumain, dans Viaţa Românească, juillet 1921); le livre d’Irvin Babbit sur Rousseau and Romanticism, paru aux États-Unis en 1922 ; La Chronologie critique de la vie et des œuvres de Jean-Jacques Rousseau, réalisée par le professeur genevois Louis J. Courtois en 1924 est vivement admirée («… un modèle d’exégèse et de chronologie. Nous ne savons pas si on pourrait citer dans la littérature mondiale un travail si complet, si parfait, si sincère » (article signé I.T., paru dans Adevărul Literar şi Artistic, le 22 juin 1924). Courtois est d’ailleurs invité par Nicolae Iorga à donner une conférence à Valenii-de-Munte (Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève ou l’Épopée d’une petite nation) pendant l’été de 1925, conférence qui sera présentée dans un article paru dans Neamul Românesc en septembre. La Correspondance générale de Jean-Jacques Rousseau, éditée par Théophile Dufour et Pierre Plan en 1924, fait l’objet de cinq articles (1924-1925), dont le premier résume la présentation d’A. Thibaudet (parue dans l’Europe Nouvelle, le 31 mai; l’article en question, signé par G. Baiculescu dans Adevărul Literar şi Artistic, est du 15 juin). Le septième tome des Œuvres complètes, paru en 1927, est encore signalé par un article.

Le livre de Claude Ferval, Jean-Jacques Rousseau et les Femmes donne du fil à retordre à huit journalistes et écrivains roumains, en 1934 ; le sujet était considéré très intéressant dès 1922, quand la poétesse Claudia Millian, sous le pseudonyme Rozina, publie un long article nommé Filosofii şi chestiunea feminina où il est question de « la femme idéale dans la vision de Rousseau (la Nouvelle Héloïse) et « les filles spirituelles de cette Julie : Indiana, Lélia, Valentine » ; en 1944, « l’amour trompeur » du philosophe avec Madame de Houdetot enflamme encore les plumes dans les magazines romains. Le choix de textes fait par Romain Rolland (Pages immortelles de Jean-Jacques Rousseau) est présenté en 1939 et traduit en 1940. Enfin, en 1944, est présentée sa rencontre avec Robespierre à Ermenonville dans l’article Doi idealisti : Rousseau et Robespierre et il est célébré la même année comme Un pionnier de la liberté : « Jean-Jacques Rousseau a révolutionné toute la morale sociale, toute la pédagogie, a ouvert la voie au romantisme et a été le promoteur des révolutions modernes », écrit N. Chiritescu-Dolj dans la revue bucarestoise Victoria.

Avec un tel préambule de la période d’après-guerre, il est facile à deviner l’intérêt de la recherche roumaine dix-huitièmiste pour le grand philosophe. Une nouvelle monographie Jean-Jacques Rousseau, publiée par D. Isaac en 1966, est destinée au grand public. Plusieurs traducteurs s’attardent sur ses pages et nous offrent une nouvelle traduction du Contrat Social en 1957, réalisée par H. Stahl, un Disours sur l’origine de l’inégalité en 1958, trad. S. Antoniu; une remarquable version roumaine des Rêveries… due au philosophe Mihail Sora en 1968, des Confessions intégrales en 1969, traduction et présentation de Péricle Martinescu, un choix de textes pédagogiques (1960), puis un Émile en 1973, dûs à D. Todoran, des Écrits sur l’art, choix de textes paru en 1981 (trad. Maria Dimov, préface Irina Badescu), etc. Deux textes de doctorat, appartenant à deux professeurs de littérature française de l’Université de Bucarest, lui ont été consacrées : Rousseau en Roumanie (Sorina Bercescu, 1969) et Vers une pragmatique de la littérature. Étude de la réception de Jean-Jacques Rousseau en France, 1750-1800 (Irina Badescu, 1976 ; publiée en 1999). Lors du bicentenaire de la mort de Voltaire et de Rousseau, en 1978, un colloque leur fut dédié, dont les actes parurent dans les Annales de l’Université de Bucarest[17].

Le bilan ici présent n’est que provisoire et à titre informatif ; une étude plus complète de la réception de Jean-Jacques Rousseau dans la culture roumaine, du XVIIIe siècle à nos jours, reste encore à faire. Mais, quelque parfaite qu’elle fût, elle sera fatalement à refaire un jour ; car l’intérêt pour la vie et l’œuvre du grand « citoyen de Genève » reste une constante non seulement de notre recherche dix-huitièmiste, mais aussi du lecteur roumain.

 

 

 

 

 



[1] La présence du Contrat Social est signalée par Andrei Radulescu, dans : Influenţa franceza asupra dreptului roman pana in 1864 (Memoriile Sectiei Istorice, Bucarest, 1946, p. 4).

[2] Fait prouvé par la preésence dans le mss. 3481 – BAR, daté 1830-1840, d’amples fragments d’Émile et de La Nouvelle Héloïse en traduction roumaine.

[3] 1861, Iassy, trad. Petre Borsiu; 1861, Sibiu, Observatorul ; 1885, Timişoara, trad. G. Popa ; 1916, Bucarest, N. Dascovici.

[4] Les Lumières françaises dans la culture roumaine, pp. 72-98, et Rousseau et les intellectuels roumains, p. 120-129. Ils reprennent et complètent l’information déjà publiée dans l’Histoire de la littérature française, t. 2 (Ed. Universităţii din Bucureşti, 1982, sous la direction d’Angela Ion), dans le chapitre de Mihaela Schiopu, Réception des lumières françaises en Roumanie, pp. 446-457). Les traductions de Rousseau en roumain ont également été passées en revue dans l’article qui lui est consacré par Al. Dimitriu-Pausesti dans le dictionnaire Scriitori francezi (coord. Angela Ion, Ed. Ştiinţifică şi Encyclopedica, 1978), pp. 268-273.

[5] À son tour, ce premier volume allait être divisé, pour les besoins d'une recherche appliquée, dans trois parties – une première, qui devait réunir les informations sur les livres roumains anciens (depuis 1508 jusqu'en 1830), une autre qui était destinée aux livres étrangers concernant les Pays Roumains, enfin, une troisième, à la « culture roumaine moderne », c'est-à-dire à tout ce qui était paru après 1830, livres et presse périodique.

[6] Pour l'histoire de ce thème, voir l'Introduction à la Bibliographie analytique des périodiques roumains (Bibliografia analitica a periodicelor româneşti), par Ioan Lupu, Nestor Camariano et Ovidiu Papadima, Bucarest, Ed.Academiei, 1966, tome Ier, Ière partie. Pour des informations supplémentaires, voir l'article de Dan Zamfirescu Instrumente de lucru, publié dans la revue Contemporanul le 13 février 1970 et reproduit dans le volume Accents et profils (Accente şi profiluri), Bucarest, Ed. Cartea Românească,1983, pp.157-162.

[7] Néanmoins, l'éclosion de la presse roumaine date depuis 1829, quand commencent à paraître Le Courrier Roumain (Curierul românesc), sous la direction de Ion Heliade Radulescu, à Bucarest, et L'Abeille roumaine (Albina românească), que Gh.Asachi fit paraître à Iassy en même temps – ce sont deux grands écrivains de l'époque.

[8] Un premier tome de la Bibliographie analytique des périodiques roumains allait ressembler les informations tirées de la presse parue depuis 1790 jusqu'en 1851, le deuxième s'occupait de la période entre 1851 et 1859. L'intérêt qui, pour une certaine période de temps, fit s'associer à cette entreprise l'Institut d'histoire « N.Iorga » de Bucarest, explique le fait que cette bibliographie apporte des informations non seulement littéraires, mais aussi politiques, économiques et culturelles, parues dans les revues et les journaux de l'époque, en roumain; en langues étrangères dans les Principautés Roumaines (la Moldavie et la Valachie); en langues étrangères, que des auteurs roumains ont fait paraître à l'étranger.

[9] Ce qui explique les lacunes concernant la presse en allemand et hongrois en Transylvanie. Par contre, ont été parcourus les journaux parus dans les Pays Roumains en grec (quatre titres entre 1841 et 1849).

[10] Six tomes : le premier volume, en trois parties et le deuxième volume, toujours en trois parties. La troisième partie de chaque volume présente les informations concernant la vie culturelle dans les Pays Roumains, les spectacles de théâtre (en roumain, allemand, français, italien ou hongrois), les articles parus dans la presse concernant la littérature, les traductions ou les présentations de livres. Chaque information apporte le nom de l'auteur (s'il est donné dans le journal, ou si l'auteur a été identifié postérieurement; ou, s'il utilise un pseudonyme, avec le vrai nom entre parenthèses droites), le nom de l'article ou de la traduction (ou, si le titre n'existe pas, un titre approprié), la sigle de la revue (une liste de toutes les revues parcourues, avec les années et l'endroit de la parution, la sigle et la cote sous laquelle elle se trouve à l'Académie roumaine accompagne chaque tome), toutes les coordonnées du numéro et de l'article (année, mois, jour, page etc.) et une brève description du contenu. La classification est faite d'après le critère de la nationalité de l'auteur du texte littéraire dont il est question. À la fin de l'ouvrage, le spécialiste peut consulter un fort utile Index alphabétique (I: des auteurs et traducteurs; II: des pseudonymes identifiés; III: des noms de personnes, d'institutions, d'indications géographiques). Toutes les informations viennent accompagnées également par la classification décimale universelle utilisée par les catalogues des bibliothèques. Intéressante pour les chercheurs qui s'occupent de la pénétration dans la culture roumaine des informations concernant la littérature universelle, ces "troisièmes parties" des deux volumes sont une riche mine d'informations, car elles montrent quels auteurs étaient traduits, commentés, joués à l'époque, mieux encore, quelle était l'attitude du lecteur roumain avisé.

[11] Seules les informations concernant les littératures étrangères et la présence des œuvres littéraires roumaines à l'étranger furent retenue dorénavant. La coordination des trois volumes a été assurée par le même Ioan Lupu, qui avait travaillé également à la première bibliographie, et par Cornellia Ştefănescu, chef du département. La réalisation effective du travail a été repartie entre tous les membres du collectif, et elle fut effectuée selon les règles générales qui avaient été établies pour la première bibliographie. Publiés par la maison d’éditions académiques de Bucarest, le premier tome parut en 1980 (littérature universelle; littérature en langues germaniques); le deuxième, en 1982 (littérature en langues romanes); le troisième, en 1985 (littératures en langues classiques, slaves et autres, Index des noms)[11]. L’ouvrage fut couronné par l’Académie roumaine.

[12] Publié par Ed. Saeculum I.O., Bucureşti, il comprend: le t.1 (théorie littéraire et littérature comparée), paru en 1997, le t. 2, paru en 1999 (littératures d’expression anglaise); le t. 3, paru en 2000 (littérature d’expression allemande); le t. 4, paru en 2002 ; le t. 5, paru en 2003; le t. 6, paru en 2004 (les trois derniers, littératures d’expression française); le t. 7 (littératures italienne, espagnole, portugaise), en 2005; les t. 8 et 9, parus en 2006 et 2008 (littératures latine, grecques ancienne et moderne), slaves (russes, bulgare, polonaise, serbe, ukrainienne, tchèque et slovaque et orientales (sanscrite, bengali, persane arménienne). L’ouvrage sera achevé par le t. 10 (littératures orientales et roumaine à l’étranger, à paraître en 2009).

[13] T. II, p. 339, entrées 16033-16036.

[14] T. II, pp. 52-53, entrées 8223-8247.

[15] T. IV, 21 entrées; t. V, 78 entrées, notamment pp. 261- 263, entrées 6859- 6931.

[16] T. VI, entrées 1056, 4930, 5238-5242, 6043-6046.

[17] Voltaire, Rousseau et le siècle des Lumières, An XXVII, no. 2/1978.