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La réception récente de Rousseau au Danemark
Schøsler, Jørn, Université du Sud du Danemark
Bibliothèque Universitaire
résumé: Depuis les premières traductions des oeuvres de Rousseau parues vers 1800,
le philosophe genevois a connu une fortune importante au Danemark. Or, - sauf le
livre un peu daté et limité d’Olaf Carlsen de 1953 ( Rousseau og Danmark... ), qui
poursuit la fortune pédagogique du philosophe jusqu’en 1900, - aucune synthèse
n’existe sur cette question fondamentale pour l’histoire culturelle de notre pays. Dans
ce contexte, la présente communication se propose modestement de donner un aperçu
de la réception danoise de Rousseau ces dernières années où tout se passe comme si
l’auteur du Contrat social est devenu une référence incontournable dans l’actualité
politique, toutes tendances confondues.
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La réception récente de Rousseau au Danemark
par
Jørn Schøsler
Dans un article paru en 2004 intitulé „La réception de Rousseau“, Tanguy L’Aminot, éminent
spécialiste de Rousseau, directeur de l’Equipe J.-J. Rousseau à la Sorbonne, appelle de ses voeux
les chercheurs à se pencher sur la réception de Rousseau, domaine assez négligé malgré les
innombrables études sur le philosophe genevois. En effet, comme le dit l’auteur de cet article,
l’étude des commentaires sur l’oeuvre de Rousseau, qui varient ”du blanc au noir”, pourra „servir à
une meilleure compréhension , à une approche plus affinée et plus riche du sujet“. (L’Aminot, 2004,
pp. 27-28). 1
Dans ce contexte, il serait intéressant d’éclairer la fortune de Rousseau au Danemark, car depuis
les premières traductions des oeuvres du philosophe, parues vers 1800, 2 Rousseau a exercé une
influence importante et suscité des commentaires différents et parfois même opposés. Il est vrai
qu’il y a du terrain à défricher, car à part quelques études partielles – un petit article du philosophe
Harald Høffding de 1912 (“Rousseau og det nittende aarhundrede”) et un livre par Olaf Carlsen de
1953 sur la réception pédagogique de Rousseau avant 1900 (Carlsen, 1953), il n’existe aucune
synthèse sur cette question fondamentale pour l’histoire culturelle de notre pays. Notamment rien
n’a été fait pour le XXe siècle, l’étude par ailleurs méticuleuse de Carlsen s’arrêtant en 1900. Il
reste donc à raconter l’histoire de la réception danoise de Rousseau sans laisser de côté aucun aspect
de son oeuvre et allant jusqu’à l’époque contemporaine..
1 L’appel à une collaboration pour un Dictionnaire de la réception de J.-J. Rousseau a été adressé aux membres de
l’Equipe J.-J. Rousseau le 15 mars 2003.
2 Om oprindelsen til uligheden blandt menneskene og dens grundstøtter. Et kronet priisskrivt. Oversat af det franske af
Salomon Soldin (Kjøbenhavn, 1800).
Den nye Heloise, eller Breve fra to elskende i en li l e by ved foden af alperne (Kjøbenhavn, 1798-1800)
Emil e l er om opdragelsen . Oversat af fransk og udgiven med Tysklands opdragelsesrevisorers og en del danske
oplysende, bestemmende og rettende anmærkninger. (Kjøbenhavn, 1797-99). (Traduit par J. Werfel).
Bekjendelser, eller hans levnet, skrevet af ham selv på fransk 1-4 Deel. (4e Partie: Drømmerier ). . (Kjøbenhavn,
1798). (Traduit par Matth. Hagerup).
 
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Rousseau au Danemark au XXe siècle
Avant de focaliser la polémique autour de Rousseau ces toutes dernières années, il convient de
mettre celle-ci en perspective en rappelant brièvement les principaux jalons de la réception danoise
de Rousseau au XXe siècle. Il est vrai que peu de monograhies ont été consacrées au philosophe
genevois, mais Rousseau n’a cessé de susciter des commentaires sous forme d’articles et
d’introductions et plusieurs traductions ont vu le jour tout au long du siècle. Un aperçu
chronologique laisse apparaître le succès plus ou moins grand des différents ouvrages et une histoire
qui se dessine en 5 étapes.
Au début du siècle, deux figures d’envergure, Harald Høffding (en 1912) et Georg Brandes (en
1908) publient des articles sur Rousseau, manifestement fascinés par sa psychologie contradictoire.
(Høffding, 1913), (Brandes, 1910, 1916-17). Høffding, déjà l’auteur d’une monographie sur
Rousseau publiée en 1896 (Høffding, 1896), est naturellement plus admirateur que Brandes, qui –
même s’il voit en Rousseau un génie – sympathise plus avec Voltaire à qui il consacre une
monumentale biographie en 1916-17. Vers 1930 – 2e étape – paraissent deux traductions et une
monographie: dans son anthologie Den nyere Filosofi (1928), Frithiof Brandt publie des extraits
d’ Emile dans la traduction de Vilhelm Malling, et Andreas Blinkenberg publie sa traduction des
Confessions en 1930 (rééditée en 1948 et 1966), année où sort aussi un livre sur Emile , de Vilhelm
Schepelern, qui présente Rousseau comme pédagogue et philosophe de la culture (Schepelern,
1930). 3e étape: Christian Rimestad publie en 1939 une traduction d’une anthologie de Rousseau
par Romain Rolland avec l’introduction de celui-ci. (Rousseau/Rolland/Rimestad, 1939). Rimestad
présente au lecteur danois des extraits des Discours , des Rêveries , Du Contrat social , de la Lettre à
d’Alembert sur les spectacles , d’ Emile , de La Nouvelle Héloïse et des Confessions . (une réédition
paraît en 1964). Cette publication suscite l’année après, en 1940, un commentaire psychologique et
esthétique par Paul V. Rubow, qui, obligé de s’incliner devant un génie, trouve néanmoins Jean-
Jacques fou, anarchiste et le diable en personne! (Rubow, 1940). Une 4e étape se situe vers 1950,
car Blinkenberg publie en 1948 une nouvelle traduction des Confessions , aidé par Karl Hornelund
(Rousseau/Blinkenberg, 1948), et H.M. Berg traduit ’4 promenades’ tirées des Rêveries du
promeneur solitaire (Rousseau/Berg, 1951). Enfin sort en 1953 l’impressionnante monographie
d’Olaf Carlsen, qui retrace l’influence de Rousseau sur la pédagogie au Danemark jusqu’en 1900
(Carlsen, 1953). Les années 60 constituent en quelque sorte une 5e étape qui commence et finit par
l’intérêt porté sur Emile . Après avoir laissé une place importante à Emile dans son livre sur
l’histoire de l’éducation en 1957 (Grue-Sørensen, 1957), Grue-Sørensen récidive en 1962 avec une
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introduction à la traduction intégrale d’ Emile par Kristen D. Spanggaard
(Rousseau/Spanggaard/Grue-Sørensen, 1962). 3 En 1961 sort un petit livre (deuxième monographie
depuis celle de Schepelern en 1930) par Carl Gad, qui se propose de trouver l’unité dans les écrits
du philosophe de Genève (Gad, 1961), et en 1966 paraissent en même temps deux traductions des
Rêveries , une par Hans Mølbjerg avec un post-scriptum (Rousseau/Mølbjerg, 1966), et une autre,
plus scientifique, par Leif Nedergaard-Hansen (Rousseau/Nedergaard-Hansen, 1966). La décennie
se clôt par rapport à Rousseau en 1969 où s’annonce une nouvelle ère plus polémique dans
l’histoire de sa réception danoise avec un livre de Søren Krarup, ( Om at ofre sig for menneskeheden
og ofre menneskene ) qui dénonce violemment, non sans argumenter ’ad hominem’, la tendance
totalitaire (autoritaire) de la pédagogie de l’ Emile (Krarup, 1969, pp. 39-67)
Ce tournant polémique prend vraiment son élan une vingtaine d’années plus tard où l’enjeu
politique de la réception rousseauiste se fait sentir. C’est en quelque sorte la traduction Du Contrat
social par Anne Schanz, assortie d’une longue introduction par l’ancien leader des étudiants
marxistes, Mihail Larsen, qui inaugure en 1987 une 6e et dernière étape de l’histoire de la réception
danoise de Rousseau (Rousseau/Schanz/Larsen, 1987). A la traduction du Contrat social vient
s’ajouter en 1996 la traduction du Discours sur l’inégalité parmi les hommes , traduit avec une
introduction, par Mogens Chrom Jacobsen (Rousseau/Jacobsen, 1996) L’approche psychologique,
biographique et pédagogique, qui a dominé la lecture de Rousseau depuis le début du siècle, cède la
place à une polémique situant Rousseau au coeur de l’actualité politique et culturelle du Danemark.
Les principaux acteurs de ce débat sont – après Mihail Larsen – Per Stig Møller, (1996), Peter
Wivel (1998, 2002), Søren Krarup (2000) et John Pedersen (2002). Lars-Henrik Schmidt, auteur
d’une fameuse thèse iconoclaste sur Rousseau et Nietzsche, soutenue à Aarhus en 1988, ne rentre
pas dans ce schéma bien que visant lui aussi l’actualité de Rousseau (Schmidt, 1988). Le but que se
propose ce travail universitaire est de fournir, plus en profondeur, un ‘diagnostic’ de l’époque
contemporaine en élaborant une ’analytique sociale’ d’inspiration derridienne et foucaldienne
voyant la socialité comme un ersatz d’une immédiateté à jamais perdue.
Mihail Larsen (1987)
3 Une édition abrégée de la traduction de Spanggaard avec un post-scriptum d’Anne Fastrup a paru en 1996: Jean-
Jacques Rousseau, Emile eller om opdragelsen . Forkortet udgave. på dansk ved Kristen D. Spanggaard. Udvalg og
efterskrift ved Anne Fastrup. (Borgen, 1997).
 
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C’est donc Mihail Larsen qui, dans son introduction à la traduction danoise du Contrat social,
place Rousseau dans l’actualité politique. Cette longue introduction (62p.) témoigne d’une
connaissance solide de la pensée politique de Rousseau et Larsen réussit à exposer clairement les
raisonnements parfois compliqués du philosophe genevois. Soutenant que l’auteur du Contrat
social reste d’actualité pour une critique socialiste de la société libérale, Larsen précise qu’une
lecture totalitaire du Contrat social n’est pas justifiée, car s’il est vrai qu’il y a des passages chez
Rousseau qui recommandent la dictature (p.55) et la censure (p.56), ceux-ci sont explicables, et si
Rousseau indéniablement a pu servir de prétexte à la terreur révolutionnaire (Robespierre, Saint-
Just), c’est par un abus ou une fausse interprétation de son texte (p.60). Même le fameux passage où
Rousseau dit que la volonté générale doit, dans certains cas, ‘forcer le citoyen à être libre’ ne
signifie, selon Larsen, rien d’autre que l’acceptation des lois dans un état de droit! (p.45). Terminant
son exposé en élevant Rousseau en pourfendeur des défauts de la société bourgeoise - l’évolution
technologique, les villes démesurées et surpeuplées, la pollution, la bureaucratie et l’aliénation –
Mihail Larsen conclut que “La morale bourgeoise ne vaut plus rien, les hommes politiques sont
corrompus et la culture dominée par Hollywood” (p.62). 4
Per Stig Møller (1996)
Une tout autre vue sur Rousseau se trouve chez Per Stig Møller, l’actuel Ministre des affaires
étrangères conservateur, qui, en 1996, a jeté un pavé dans la mare avec un livre de philosophie
politique ayant pour objectif de montrer les Lumières comme le berceau des principaux courants
politiques: socialisme, communisme, libéralisme et conservatisme (Møller, 1996). Pour Møller, ces
courants politiques ont pris naissance en France et en Angleterre entre 1748 et 1759 et il conclut-
sans surprise – que le conservatisme reste aujourd’hui un modèle à suivre, les autres courants
s’étant pervertis respectivement dans le totalitarisme (socialisme et communisme) et dans une
économie effrénée où seul compte le profit sans aucune responsabilité sociale (le libéralisme). Ses
‘héros’ sont Hume, Burke, Smith, et Montesquieu, les coupables sont La Mettrie, Helvétius et
surtout Rousseau. Ce dernier reste pour Møller l’incarnation de tout ce qu’il abhorre: l’avocat d’une
société totalitaire et transparente où la liberté et l’inégalité naturelles sont sacrifiées au nom d’une
égalité imposée de force par un législateur qui se conçoit comme éducateur du peuple. Non sans
argumenter ‘ad hominem’ à la Søren Krarup (Rousseau abandonnant ses enfants...), Møller relève
4 ”Borgerlige dyder er til grin; politikerne sælger sig selv; og kulturen dirigeres fra Hollywood”.
 
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chez Rousseau les passages qui parlent de la “volonté générale” excluant toute représentativité, de
la nécessité de forcer le citoyen à être libre, de l’”ennemi du peuple” qui doit être supprimé, d’une
patrie aux frontières fermées, de la censure, et de la société transparente. Ainsi pour Møller,
Rousseau est responsable de toutes les idéologies totalitaires et des révolutions sanglantes, à
commencer par celle de 1789 où Robespierre et Saint-Just se réclament des écrits de Rousseau. Au
XXe siècle les héritiers directs du totalitarisme rousseauiste sont Hitler, Staline, Mao, Pol Pot et
Kim Il Sung, qui, dit-il, “surveillaient tout le monde dans les sociétes morales et transparentes
qu’avaient inventées Rousseau” (p.151). 5
Parmi les nombreuses recensions auxquelles a donné lieu ce livre, quelques-unes commentent son
analyse de Rousseau. Ainsi, dans un compte rendu dans Politiken (le 27 août), Steffen Heiberg, par
ailleurs élogieux et insistant sur la critique du libéralisme, semble plus réservé à l’égard du prétendu
totalitarisme de Rousseau: Rousseau, dit-il, “est accusé de faire de la politique une entreprise
d’éducation du peuple...”, ce qui pour Møller, précise-t-il, “témoigne d’une pensée totalitaire...”
(Heiberg, 1996).
Des réserves sont exprimées aussi dans Kristeligt Dagblad (le 17 août) par Claus Bjørn qui
reproche à Møller de trop insister sur l’héritage totalitaire de Rousseau: ”Il établit un lien direct
entre Rousseau et le génocide de Pol Pot – martelant ceci rien moins que 5 fois!” (Bjørn, 1996).
Dans Weekendavisen ( le 30 août), Peter Wivel ne porte aucun jugement mais constate en passant
que Per Stig Møller salue le conservatisme de l’époque comme le premier avertissement contre une
politique rationaliste (!) incarnée de manière terrifiante par Rousseau...(Wivel, 1996). L’organe
nationaliste Danskeren (le 6 décembre), sous la plume de Peter Nerup Buhl, regrette que le
”cosmopolite”, Møller ”manque totalement de compréhension pour la cause nationaliste”.
Défendant le multiculturalisme, Møller pratique lui-même ce totalitarisme moral et moralisateur
qu’il reproche à Rousseau.! (Buhl, 1996).
Deux recensions scientifiques épinglent la méthode subjective et idéologique de Møller: ainsi, le
professeur Eigil Steffensen, dénonce, dans la revue Vindue mod øst ”l’engagement sympathique” de
l’auteur en faveur des penseurs réformistes, - Hume, Montesquieu et Burke – alors que les penseurs
utopistes et révolutionnaires, notamment Rousseau, sont traités avec dédain. Møller rend le principe
de l’égalité de ce dernier responsable du totalitarisme moderne (Steffensen, 1996). Le politologue,
Palle Svensson, de l’Université de Aarhus, est encore plus sévère dans la revue Politica : la méthode
subjective et idéologique de Møller l’amène à un exposé biaisé: ceux qu’il considère comme
5 ”. . Og sådan sad siden Hitler og Stalin, Mao, Pol Pot og Kim Il Sung og holdt øje med alle i de moralske,
gennemsigtige samfund, som Rousseau havde fundet på.”.
 
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”méchants” (”skurkene”) sont rendus responsables de l’abus de leurs idées par la postérité alors
que les opinions problématiques de ses ”héros” sont excusées ou tout à fait occultées. Rousseau,
notamment, est réduit à un rationalisme désséché et à un socialisme totalitaire alors que Møller ne
tarit pas d’éloges sur des penseurs, qui, en réalité, ne recommandaient pas un régime démocratique.
(Hume, Montesquieu, Burke) (Svensson, 1996).
Peter Wivel (1998)
En 1998, deux ans après le livre de Per Stig Møller, paraît une monographie volumineuse sur
Rousseau, écrit par Peter Wivel, figure de proue dans la presse danoise (Wivel, 1998). Wivel,
d’extrême-gauche dans sa jeunesse, plus tard rédacteur en chef de quotidiens de droite
( Weekendavisen , Berlingske Tidende ), aujourd’hui correspondant pour Politiken , propose une
véritable hagiographie de Rousseau pour réhabiliter en quelque sorte le penseur genevois, selon lui
injustement traité de totalitaire. S’opposant – sans le nommer – à Per Stig Møller, pour qui – on
vient de le voir – Rousseau était un penseur totalitaire, Peter Wivel appelle le philosophe genevois
“le plus grand philosophe de la liberté qui ait jamais existé et écrit” (p.26). 6 En même temps, il vise
implicitement les disciples modernes de Brandes (et de Voltaire) (le fameux “kulturradikalisme”),
en rappelant que Rousseau dénonce la raison critique et scientifique au service du bonheur (p.12).
Enfin, il considère la lutte des classes comme périmée parce que, dit-il, il existe des “gens
honnêtes” (“ordentlige mennesker”) (p.8).
Pour Wivel, il s’agit avant tout de présenter Rousseau comme le philosophe de la liberté
individuelle et morale. Focalisant unilatéralement sur cet aspect de la philosophie de Rousseau, il en
fait l’organe de sa propre position chrétienne, insistant tout au long du livre sur l’homme comme
créature de Dieu, doté d’une conscience qui lui dicte sa responsabilité envers autrui: “Dieu ou la
voix de Dieu se manifeste comme une exigence absolue de responsabilité envers autrui” (p.102). 7
De plus, Wivel prétend aussi que les droits de l’homme, qui ont inspiré la Déclaration de l’ONU en
1948, ont été inventés et définis par Rousseau pour protéger la liberté personnelle et individuelle.
Fondés sur la volonté de Dieu, les droits de l’hommme sont universels, proclamant
fondamentalement que tous les hommes naissent libres et égaux. (p.9). 8 Enfin, si pour Wivel,
6 ”. . den mest betydningsfulde frihedsfilosof, der nogensinde har levet og skrevet”.
7 ”Gud e l er Guds stemme manifesterer sig som et ufravigeligt krav om ansvar overfor andre” (p. 106).
8 Per Stig Møller, lui aussi , considère les droits de l’homme comme l’héritage essentiel des Lumières, mais sans les
mettre en rapport avec Rousseau considéré comme la bête noire. . Mihail Larsen, plus honnêtement, précise que les
droits de l’homme se fondent sur les idées de Rousseau mais contrairement à Wivel, il ne leur accorde pas une origine
 
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l’éthique précède la politique, la nature humaine étant la création de Dieu, il rejoint Møller dans la
défense des valeurs de droite: liberté et responsabilité individuelles fondées sur le droit de propriété.
Le livre de Wivel se ressent de sa profession de journaliste. Sans prétention scientifique, il se
réclame ouvertement d’une approche journalistique qui, pense-t-il, peut lui dispenser de discuter
avec d’autres interprètes de Rousseau. Il n’engage même pas la discussion avec Per Stig Møller
dont il désapprouve pourtant l’interprétation totalitaire! En conséquence, son livre manque de
solidité scientifique et malgré son ampleur (481 p.), il prend des allures de pamphlet en faveur
d’une idéologie et d’une anthropologie libérales. Trop biaisé et subjectif, il laisse de côté les autres
facettes de la pensée complexe de Rousseau et présente un Rousseau taillé sur mesure.
Ces lacunes sont signalées dans les comptes rendus qui, tout en saluant le mérite de l’entreprise,
restent tous plus ou moins critiques. Le livre de Wivel a suscité des commentaires dans 6 journaux
et dans 4 revues. Pour Henning Silberbrandt, dans Information (le 13 novembre, 1998), Wivel trahit
la complexité de Rousseau pour l’adapter à ses besoins. Rousseau est, selon le recenseur, bien
responsable des idéologies totalitaires du XXe siècle! (Silberbrandt, 1998). Pour Martin Zerlang,
qui parle du livre dans Politiken Weekly ( le 16 décembre, 1998), la méthode journalistique de Wivel
n’est qu’une multitude de citations et des paraphrases au détriment d’une analyse approfondie des
textes. Néanmoins, le livre est “la plus grande introduction en danois à la pensée de Rousseau et
montre l’actualité de Rousseau, notamment par rapport aux droits de l’homme.” (Zerlang, 1998).
Lars-Henrik Schmidt, auteur d’une thèse sur Rousseau et Nietzsche, recommande le livre dans
Berlingske Tidende (le 13 novembre, 1998) mais dénonce une méthode déficiente: Wivel a tort de
ne pas se conformer aux procédures scientifiques et il se trompe dans son interprétation de notions
cruciales comme ”volonté générale” et ”droit de l’humanité”. (Schmidt, 1998). Dans Jyllands-
posten (le 18 décembre, 1998), Erik Svendsen reproche à l’auteur son approche subjective qui - en
négligeant l’importance de Rousseau pour le romantisme et pour la pédagogie – le réduit au rôle de
père de la démocratie et de l’Etat de bien-être. Svendsen dénonce aussi son manque de scientificité
où une ”mosaïque de citations” se substitue à l’analyse et l’argumentation. (Svendsen, 1998). Asger
Brandt est sur la même ligne dans Kristeligt Dagblad (le 13 novembre, 1998) en dénonçant
vivement un Rousseau taillé sur mesure. Wivel, dit-il, présente une caricature de Rousseau où celui-
ci est réduit à être l’inspirateur des droits de l’homme. (Brandt, A., 1998). Enfin, dans
Weekendavisen (le 11. décembre, 1998), Wivel trouve en Peter Kemp, philosophe et théologien
divine! (cf. P.S. Mø l er, op.cit. , p. 308-09) et Mihail Larsen, op.cit. , p. 61). Peter Wivel a approfondi son point de vue
dans un article publié dans les actes d’un colloque sur l’actualité des Lumières: “Rousseau og menneskerettighedernes
fødsel”, Mere Lys? (He l erup, Spring, 2002), p. 300-06.
 
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francophile, un commentateur plus compréhensif: pour Kemp, Wivel est „incontestablement
original“ parce qu’il lit Rousseau à la lumière de Lévinas (admiré par Kemp) mais sa présentation
de Rousseau est quand même ”très spéciale” (”meget speciel”). (Kemp, 1998).
Les recensions dans les revues ne sont guère plus positives, à l’exception de celle de Rune Wåhlin
Andersen dans Natur & Videnskab (juni, 1999). Pour celui-ci, l’exposé est succinct et clair et exige
un effort du lecteur. Wivel a démontré l’actualité de Rousseau par rapport aux droits de l’homme.
(Andersen, R. W., 1999). Plus de réserves se trouvent dans le compte rendu de Hans-Jørgen
Thomsen, historien des idées, dans la revue Standart (nr. 1, marts, 1999). Il est vrai, dit-il, que
Wivel a écrit un livre “compétent et captivant” qui montre bien l’actualité de Rousseau pour une
cririque de la modernité, - et ceci avec ”une maîtrise rhétorique et stilistique admirables” – mais
l’auteur est malheureusement aveuglé par une approche privée et idéologique qui l’empêchent de
voir le côté romantique de Rousseau. (Thomsen, H.-J., 1999). Une critique bien plus sévère se
trouve sous la plume de Morten Knudsen dans Højskolebladet (le 29 janvier, 1999). Celui-ci est
frappé par l’actualité de Rousseau mais dénonce vivement la méthode subjective de Wivel. Le livre
manque cruellement de rigueur scientifique , car il n’y a pas d’analyse approfondie de notions
cruciales comme “état de nature”, “éducation” et surtout “volonté générale” et peu d’argumentation.
(Knudsen, 1999). L’attaque la plus virulente est néanmoins due à Tøger Seidenfaden, rédacteur en
chef à Politiken , qui dresse une véritable réquisitoire dans la revue Kritik. Pour Seidenfaden, la
méthode journalistique est tout à fait condamnable dans un ouvrage qui se veut histoire des idées.
L’exposé, diffus et flou, manque d’une organisation solide et d’un fil conducteur. Au lieu d’une
discussion éclairante avec d’autres interprètes, le lecteur trouve un “exposé apologétique
enthousiaste” qui laisse complètement de côté les aspects problématiques de la pensée de Rousseau.
Seidenfaden regrette surtout l’absence d’une discussion avec Per Stig Møller avec qui Wivel n’est
pas du tout d’accord. (Seidenfaden, 1999).
Søren Krarup (2000)
Pour Mihail Larsen, Peter Wivel et Per Stig Møller, les droits de l’homme constituent un héritage
précieux des Lumières, mais si Larsen et Wivel désignent Rousseau comme l’inspirateur ou le
créateur de ces droits, Møller les présente comme un rempart contre le totalitarisme issu du Contrat
social. Une position radicalement négative condamnant à la fois Rousseau et les droits de l’homme
se trouve, en 2000, dans un livre intitulé Dansen om menneskerettighederne (Krarup, 2000). Il
10
s’agit du 25e livre de Søren Krarup, pasteur luthérien intégriste de la paroisse de Seem près de Ribe.
Depuis 30 ans, ce pasteur – aujourd’hui membre du Folketing pour le parti d’extrême-droite (Dansk
Folkeparti)- ne cesse de s’attaquer aux valeurs héritées des Lumières, et dans ce livre très
controversé, il s’attache à expliquer les droits de l’homme comme un produit logique mais pervers
des Lumières. Les coupables sont principalement John Locke et Rousseau qui, ayant divinisé la
nature, ont inventé une “égalité idéologique” (p. 9-10) qui “refuse d’accepter la terrible réalité
inégale”. Remplaçant la justice de Dieu par la justice des hommes, les Lumières ont enfanté – avec
Locke – la ”religion naturelle”, le “droit naturel” et la ”loi naturelle” et se référant à une nature
divinisée (p.72), on a pu inventer toutes sortes d’utopies, notamment celle de Rousseau, exposée
sous forme pédagogique dans l’ Emile et sous forme politique dans Du Contrat social – ”devenu
l’évangile de tous les révolutionnaires qui veulent changer la société.” (p.72). 9 Rousseau, poursuit
Krarup, se mettant à la place de Dieu, forme le projet d’une ”société parfaite” et pour y arriver
s’arroge le droit de changer la nature humaine. Oubliant ainsi que l’homme est un pécheur, il se
réclame de la raison dans ce qui est réellement une “imagination débridée et utopiste” (p.73) 10 et
finit par un ”projet totalitaire” (p.74). Et Søren Krarup de s’exclamer: ”Une folie religieuse. Des
utopies sauvages et démoniaques“ (p.74). 11
Les héros de Krarup sont Edmund Burke, Kierkegaard et Grundtvig. Il rappelle que ce dernier
oppose, dans sa Chronique mondiale ( Verdens Krønike ) de 1812, son engagement chrétien et
populaire à Rousseau et à la Révolution, enseignant aux Danois que le bonheur ne dépend pas des
droits de l’homme mais de la foi et de la fidélité envers la vie et la patrie. (p.94).
Le livre de Krarup est plutôt un pamphlet, qui, dans une langue aggressive et primitive, avance des
postulats et des généralisations sans fondement à la place d’arguments et d’analyse des concepts..
Sa position repose sur des a prioris, selon lui, indiscutables. Néanmoins, cette nouvelle et enième
intervention de Krarup dans le débat d’idées au Danemark a suscité beaucoup de commentaires
avec 8 comptes rendus dans la presse quotidienne et 5 recensions dans des magazines/revues. Ces
articles ne discutent pas spécialement son image caricaturale de Rousseau, il suffit donc dans ce
contexte de rappeler que la presse de gauche - Information (17-8-2000) , Aktuelt (16-8-2000), et
Politiken (16-8-2000) - a accueilli son livre avec mépris, alors que la presse de droite - Berlingske
Tidende (16-8-2000), Jyllands-posten (16-8-2000), Kristeligt Dagblad (19-8-2000) , Weekendavisen
(18-8-2000) et Ekstrabladet (16-8-2000) - est restée plus compréhensive tout en le critiquant aussi.
9 “. . et evangelium for alle revolutionære samfundsforbedrere”.
10 . .en afsindig og utopisk fantaseren. . ”.
11 “Et religiøst vanvid. Vilde, dæmoniske utopier.”
 
11
Parmi les revues, deux magazines sont plutôt positifs ( Højskolebladet , Årg. 125, Nr. 27, 2000, et
Præsteforeningens blad , Årg. 90, nr. 46, 2000) alors que deux revues plus scientifiques ( Salt, Årg.
9, nr. 5, 2000 et Slagmark , Nr. 30, 2000/2001) sont très négatives.
John Pedersen (2002)
Cet aperçu de la polémique récente au Danemark autour de l’actualité de Rousseau peut
naturellement se clore avec un livre de John Pedersen intitulé Lys forude? Oplysningstanker fra
Voltaire til Søren Krarup (Pedersen, 2002). John Pedersen, professeur émérite de littératures
romanes à l’Université de Copenhague et fin connaisseur du classicisme et des Lumières, se
propose dans ce pamphlet d’éclairer le débat actuel autour de l’héritage des Lumières en restituant
le véritable sens des textes en question afin d’en corriger les abus au service de causes politiques ou
religieuses. Pour cerner le projet originel des Lumières, il faut, pense-t-il, clarifier les concepts et
replacer les textes dans leur cohérence interne et dans le contexte contemporain. (p.21,181).
Autrement dit, il faut essayer de montrer “ce qu’écrivaient réellement les philosophes français”
(Voltaire, Rousseau, Montesquieu). Pedersen, on l’aura compris, adhère profondément aux valeurs
des Lumières qu’il tente ainsi de présenter dégagées de tout contresens.
L’entreprise de Pedersen n’est pourtant pas neutre, car s’il présente avec sympathie Rousseau, son
véritable héros reste Voltaire dont l’esprit s’est perpétué au Danemark dans le courant ‘radical
culturel’ (kulturradikal), notamment grâce à Brandes (cf. Brandes, 1916-17 et Hertel, 1997, 2000).
Aussi consacre-t-il la plus grande partie de son livre à une critique de l’idéologie de droite au
Danemark, surtout telle qu’elle se manifeste dans les livres de Per Stig Møller, de Peter Wivel et de
Søren Krarup. C’est ainsi que dans un chapitre intitulé “Le cas Rousseau” (“Tilfældet Rousseau), il
défend le philosophe genevois contre les lectures, selon lui, fausses de Møller et de Wivel, qui
toutes deux n’ont pour but que de plaider ”la cause du libéralisme” (p.72). Sa critique de Møller est
particulièrement sévère, sans doute parce que celui-ci est au gouvernement et peut-être parce que
Wivel est son ancien collègue au quotidien Berlingske Tidende ... 12 Quoi qu’il en soit, selon
Pedersen, Møller établit sa thèse d’un Rousseau totalitaire en s’appuyant sur ”des citations
irréfléchies, amputées et isolées de tout contexte” ayant ”des conséquences aberrantes” et sur ”des
déformations (ou contresens) du texte de Rousseau” (p. 69). Peter Wivel, lui, en revanche, fait de
Rousseau ”un chrétien convaincu” (p.71). Comme Møller, il choisit les passages qui servent sa
12 Aujourd’hui, ils travaillent tous les deux pour Politiken , quotidien d’orientation ‘radicale culturelle’..
 
12
cause libérale, mais alors que chez celui-là Rousseau devient l’ennemi, chez celui-ci il reste une
figure idéale. Tous les deux négligent les contextes qui pourraient éclairer les nombreuses
contradictions de Rousseau. Rousseau, conclut John Pedersen, n’était pas ”un homme libéral
moderne” (Wivel, p. 209, Pedersen, p. 73), 13 mais un penseur complexe et insaisissable (p.73).
Søren Krarup est particulièrement pris à partie dans un chapitre sur les droits de l’homme qui
dénonce sans ménagements son livre sus-mentionné. Dans sa lutte enragée contre ces droits – que
Pedersen cite dans la formulation de la Déclaration française de 1789 – Krarup ne fait que répéter
ses clichés et ses préjugés nationalistes et chrétiens, mettant des postulats à la place d’une
argumentation. Mais son erreur fondamentale, précise Pedersen, est de postuler un lien direct entre
les droits de l’homme et le dérapage totalitaire de la Révolution française (p.133-35), car si Locke et
Rousseau sont à l’origine des droits de l’homme, ils ne sont pas pour autant responsables de la
dérive totalitaire! (p.117). Krarup n’a pas compris la notion d’égalité, qui signifie égalité dans les
droits devant la loi et non pas égalisation (uniformisation)! En général, martèle Pedersen, le pasteur
révèle une ignorance choquante du mouvement philosophique en France au XVIIIe siècle, et se
permet même d’expédier Rousseau avec une citation isolée tirée du Contrat social ! (p.133).
Pedersen, nous l’avons vu, se montre avec ce pamphlet – malgré quelques remarques critiques à
son égard - solidaire avec le mouvement ‘radical culturel’ dont il partage les valeurs héritées des
Lumières. Se situant dans la lignée de Voltaire et de Brandes, il retient comme héritage essentiel des
Lumières un appel à la raison, la critique de la superstition, le respect des droits de l’homme et
surtout la tolérance – opposée à tout fanatisme. Son style est satirique et humoristique (voltairien)
mais l’exposé se fonde sur l’argumentation, l’analyse des concepts et en général les textes mêmes.
Son propos fondamental est de ‘sauver’ le projet des Lumières contre toutes les trahisons, mais bien
que reconnaissant la complexité de la pensée de Rousseau et rappelant ses contradictions, il finit lui
aussi, en quelque sorte, par récupérer Rousseau pour sa lutte contre la droite au gouvernement:
critiquant uniquement l’exploitation libérale de Rousseau chez Møller, Wivel et Krarup –Mihail
Larsen ne mérite apparemment aucune discussion – il retient chez Rousseau ce qu’il voit, lui,
comme l’héritage intéressant des Lumières. De plus, on peut légitimement se demander si le projet
même de restituer ce qu’a réellement pensé et dit un philosophe reste une tâche possible?
L’herméneutique, ne nous a-t-elle pas appris que le sens d’un texte n’est jamais définitif mais se
révèle dans une succession d’interprétations différentes? N’est-ce pas justement la réception qui
nous éclaire le mieux sur le sens d’une oeuvre?
13 . .et moderne, liberalt menneske . .”.
 
13
Le livre de Pedersen a donné lieu à 6 recensions dans la presse quotidienne. Parmi celles-ci, 2
réagissent entre autres à sa présentation de Rousseau. Ainsi, dans Jyllands-Posten (29, april 2002),
quotidien de droite, Niels Lillelund ne mâche pas ses mots en fustigeant le ton polémique et
didactique, voire présomptueux, de Pedersen. L’auteur, dit-il, réfute superficiellement Møller et
Wivel mais ne fournit rien à la place sauf une prétendue complexité de la pensée de Rousseau!
(Lillelund, N., 2002). Un autre quotidien de droite, Berlingske Tidende (1. maj 2002) se montre plus
favorable sous la plume de Peter Wivel sus-mentionné. (Wivel, P., 2002). Comme on pouvait s’y
attendre, Wivel sympathise avec le rejet par Pedersen d’un ‘Rousseau totalitaire’, responsable de la
Terreur et des dérives totalitaires du XXe siècle. Toujours aussi admiratif de Rousseau, Wivel voit
en celui-ci le seul vrai démocrate des Lumières mais, curieusement, il ne profite pas de l’occasion
pour répondre à la critique dont il fait lui-même objet dans le livre de Pedersen. ... 14
Comme il ressort de cet aperçu de la récente réception de Rousseau au Danemark, Rousseau est
devenu un véritable enjeu dans le débat politique et culturel. D’abord une antidote contre la société
bourgeoise chez Mihail Larsen, il est ensuite présenté par Wivel comme le chantre des valeurs de
cette même société (liberté et responsabilité individuelles, morale chrétienne, droits de l’homme) et
par Møller et Krarup comme l’inspirateur des régimes totalitaires. Enfin Pedersen soutient la thèse
d’un Rousseau insondable par sa complexité et donc moins utile qu’un Voltaire ‘radical culturel’
pour la lutte nécessaire contre l’intolérance. La critique – journalistique et scientifique – dénonce en
géneral une image tronquée et trop subjective du penseur de Genève.
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14 ”Det siger sig selv, at jeg afstår fra at kommentere det afsnit”.
 
14
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