Le nœud théologico-politique dans l’œuvre de
Jean-Jacques Rousseau :
Une relecture du
Contrat-Social et de l’Emile
Introduction
L’effort des
commentateurs de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau réside souvent dans une
analyse systématique des thèmes et occurrences. Cette approche symptomatique de
l’histoire de la pensée révèle cependant un manque lorsqu’on tente d’approcher
dans sa mouvance et son dynamisme une pensée aussi riche. On est donc
rapidement emmener à retenir le général en délaissant ce qui fonde
l’originalité, le thème précurseur. C’est pourquoi notre parcours vise à sentir,
au plus près, le rapport vital de la philosophie qu’élabore Jean-Jacques
Rousseau en se confrontant aux questions théologiques et politiques. Ce que l’histoire retient sous le terme
générique de conflit théologico-politique. Le chemin intellectuel qui guide
sa réflexion, s’intéresse à l’écart qui sépare le stade de l’individu dénaturé
du premier contrat de celui d’Homme naturel social tel qu’il est présenté
par l’Emile. Cette transversalité du
parcours réflexif éclaire de nombreux rapports qui guident et orientent la
dynamique de sa philosophie par l’attention méticuleuse qui est portée aux
relations entre les étapes d’un processus conduisant l’Homme naturel social à
ses prérogatives terminales que sont Raison, Conscience et Foi. Notre
ambition reste alors de présenter, comment une réflexion autour de la notion de
chrétien, dans les deux pôles que sont la religion du Citoyen et la
religion de l’Homme -mais aussi, comment la redéfinition des structures
éducatives, sociales et individuelles, devant agir sur l’individu entendu comme
Citoyen et comme Homme dans le cadre politique - ont permis à l’œuvre de
Rousseau d’apparaître comme essentielle dans nos réflexions contemporaines et utiles
pour comprendre l’importance de cette philosophie dans l’analyse du conflit
théologico-politique de la fin du XVIII me et du début du XIX me siècle.
La force est dans le constat.
Jean-Jacques Rousseau voit
clairement, comme il l’affirme dès le début du Contrat Social reprenant les propos du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les
hommes, que l’horizon initié par la relation unissant les individus au
politique par la croyance première qu’est celle de l’homme primitif, savoir que
seuls, dispersés, ils ne pourraient plus vivre, ni même survivre ; conduit
les sociétés et donc en même temps les individus dans une impasse qui demande
que soient repensés les fondements de toute vie sociale.[1] Il s’agit donc, pour Rousseau, d’étudier
les possibilités d’une remise à plat des relations sociales mais surtout,
d’envisager comment les individus viciés, ceux que le premier acte d’union a
contaminé[2],
devraient être conduits pour entrer en relation dans des sociétés bien
construites et orientées vers le développement de leurs facultés individuelles
et collectives et non axées sur la guerre.
L’ambition est immense, n’en doutons
pas, puisqu’elle entend prendre les hommes « tels qu’ils sont » pour, pas à pas, les conduire vers un état
meilleur : vers le stade d’épanouissement de leurs facultés naturelles. Rousseau
refuse par là l’écart incontestable qui existe entre la définition théologique
de l’Humanité et l’Humanité réelle qui se présente sous ses yeux. Il s’agit
d’approcher les caractéristiques de chaque société, et à l’intérieur de chaque
individu, pour profiler au loin, un plan de redressement qui lutte pour que ces
individus pleins de vices deviennent bons, justes et droits. Que la religion
qui ne savait qu’asservir devienne le vecteur sur lequel l’Humanité, pleine
d’un espoir retrouvé, puisse envisager l’avenir et construire son autonomie.
Pour que le discours religieux entraîne l’Humanité dans son véritable
développement social. L’individu, première notion importante, est à son origine
un être pur au cœur nonchalant.
Rousseau dans sa lettre à M de Franquières.
« Dans ce dernier cas
est l’homme sauvage et sans culture qui n’a fait encore aucun usage de sa
raison, qui gouverné seulement par les appétits n’a pas besoin d’un guide, et
qui, ne suivant que l’instinct de la nature, marche par des mouvements toujours
droits. »[3]
L’individu comme entité première, entendez
homme naturel sauvage, n’apparaît pas aux yeux de Rousseau comme une menace
contre laquelle on devrait agir, tout au contraire, à ce stade il est un
exemple que l’on doit garder en vue pour ne pas oublier comment il nous faudra
agir pour effacer les conséquences des dégénérations successives. Et pour
cause, ce n’est pas l’homme sauvage, l’homme naturel primitif qui se présente
aux portes de la société civile du Contrat, mais bien l’homme dénaturé par les
premières ébauches de sociétés, celles où l’inégalité guidait la marche et les
orientations générales. L’Emile sur
ce point accentue encore l’écart de l’idéal et du réel. Alors que des
stratagèmes longs, subtils et difficiles parfois à mettre en œuvre son
nécessaire au redressement, il suffit d’un peu d’attention et d’une clarté de
vue pour conduire « Emile adolescent » aux portes de la société.
Devant les portes de la société du Contrat, celui qui se présente est bien
celui qui a du lutter pour survivre, mentir pour manger, tuer pour se
protéger ; c’est un homme au cœur meurtrie, un homme égoïste et sans
scrupule qui, par défaut et non par devoir, accepte de taire ses prétentions,
de taire sa violence au profit d’une vie plus confortable, où tous assumant
l’acte d’union, personne ne conviendrait seul de le rompre. C’est un homme
étriqué, tiraillé qui s’offre au Législateur dans l’espoir de voir sa condition
s’améliorer. C’est là toute la symbolique qui entoure l’établissement de la
société du Contrat telle qu’elle est présentée dans le Contrat Social.
Rousseau élabore très vite le constat qui fonde les bases de l’union
sociale et à partir de ce dernier, développe les pistes ouvrant sur l’avenir
d’une construction plus juste, plus saine, vers l’affirmation de voies qui
pourraient offrir à tous les individus viciés de racheter leur innocence en
assumant pleinement leur rôle de Citoyen. Le redressement doit être progressif
et il demande que des étapes soient respectées. Il est fondamental de bien entendre que l’Emile développe le chemin que doit suivre l’homme naturel
primitif juste et droit avant d’entrer en société et que le contrat social
présente le chemin que doivent suivre les individus viciés et corrompus pour
arriver à retrouver, comme finalité, le terme du processus auquel parvient
Emile-élève[4] en
tant qu’Homme naturel social. Les deux chemins, sans être radicalement
identiques, n’en restent pas moins complémentaires. Puisque qu’ils œuvrent
conjointement pour la même finalité : rendre l’homme maître de ses
capacités naturelles. Il reste à croire que l’horizon final oriente et guide
l’espoir de la philosophie pratique de Rousseau.
Présenter et analyser la dynamique Individu Vicié, Citoyen,
Homme Naturel Social est l’objectif que nous fixons à notre étude. Et cela, même si nous l’observerons au
travers du schème relatif et présent à toutes les étapes qui est celui du
croire du chrétien.
Autrement dit du lien qu’introduisent,
à toutes les étapes, les différentes formes de croyances. La religion s’inscrit
comme élément central à tous les niveaux, son influence évolue certes en
fonction de l’implication qu’elle est censée avoir auprès, soit du Citoyen,
soit de l’Homme, mais toujours l’un ou l’autre se doit de reconnaître le
paramètre chrétien[5]qu’il
doit posséder pour espérer progresser, se perfectionner. Il nous faudra donc
être attentif aux différences existantes entre la Religion du Citoyen et la
Religion de l’Homme, entre l’Education
Citoyenne et l’Education Négative
Naturelle, pour comprendre le télos[6]
qui guide la philosophie pratique de J.J.Rousseau et mettre en avant
véritablement le lien dynamique qu’il pose entre la sphère identitaire et la
sphère des croyances.
I] - Le citoyen élément du
redressement.
« Pour qu’un peuple naissant put gouter les saines
maximes de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison d’Etat,
il faudrait que l’effet pu devenir la cause, que l’esprit social qui doit être
l’ouvrage de l’institution présidât à l’institution même, et que les hommes
fussent avant les lois ce qu’ils doivent devenir par elles. »[7]
Or, il n’en est rien. Nous souhaitons
ici nous attacher à comprendre comment Rousseau entrevoit cette possibilité de
redressement des individus viciés qui se présentent aux portes de la société du
Contrat dans et par l’éducation citoyenne de droits et de devoirs sous la
garantie d’une religion commune. Cette interrogation est essentielle
puisqu’elle demande que l’on comprenne la structure générale de la pensée
philosophique de l’auteur et à la fois son implication individuelle et
collective. Pour Rousseau, il est évident que le premier citoyen, autrement dit
l’homme vicié qui accepte d’entrer en société avec d’autres individus viciés,
n’est pas à la hauteur de ce que représente à ses yeux : le véritable
Citoyen. Pour y parvenir, il doit suivre une éducation bien réglée qui
comprenne son état et qui le guide, pas à pas, vers ses responsabilités. La
synthèse de ce cheminement est exprimée dans au moins trois ouvrages : Discours sur l’économie Politique, les Considérations sur le gouvernement de
Pologne et le Contrat Social.
Quel est donc l’ordre général à
suivre ? Observons un extrait des Considérations
sur le Gouvernement de Pologne
« C’est ici l’article important. C’est l’éducation qui
doit donner aux âmes la force nationale, et diriger tellement leurs opinions et
leurs goûts, qu’elles soient patriotes par inclination, par passion, par
nécessité. Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie et jusqu’à la mort
ne doit plus voir qu’elle. Tout vrai républicain suça avec le lait de sa mère
l’amour de sa patrie, c’est-à-dire des lois et de la liberté. […] Cet amour
fait toute son existence ; il ne voit que la patrie, il ne vit que pour
elle ; sitôt qu’il est seul, il est nul : sitôt qu’il n’a plus de
patrie, il n’est plus et s’il n’est pas mort, il est pis » [8]
On ressent bien à
quel point le citoyen doit vivre, respirer et sentir, par et au travers de la
société. Il ne peut opiner sans que soient présentes, dans son avis et
décisions, les structures et vues générales de sa société. Des premiers balbutiements de l’enfance
jusqu’à l’âge adulte, la société doit aider le citoyen à se construire et à
ressentir en son cœur l’élan de la vertu patriotique. C’est l’enfermement
national qui semble primer et s’imposer à chaque étape de la vie civile, pour
que soient canalisés les envies et désirs pour servir la patrie. Pour Rousseau,
le citoyen est le pilier fondateur, mais aussi le terreau originel sur lequel
doit éclore et grandir le progrès de la société du contrat vers la société
générale du genre humain Rousseau. [voir
note N°9] Il est
indispensable au sein de la société du Contrat et inéluctable dans le plan
programmatique du redressement de l’Humanité. Cette double place oblige donc
toute notre attention. Autant dire
que repose sur lui la réussite du plan qu’élabore l’auteur dans sa philosophie
pratique. Comme nous le présentions plus en amont, l’objectif, l’ambition
généreuse de Rousseau est celui de conduire, pas à pas, en suivant leurs
mouvements naturels, chaque individu, vers l’éclat de l’Humaine condition.
Autrement dit, de permettre aux individus, pris depuis leur état de
dégénération, d’atteindre la condition d’Homme naturel social pleinement
conscient de sa place, de son rôle et apte à se conduire seul dans le présent
comme dans l’avenir.
D’où
l’avertissement de Rousseau dans son Discours
sur l’économie Politique
« Or former des citoyens n’est pas l’affaire d’un
jour ; et pour les avoir hommes, il faut les instruire enfants ».
Ce chemin apparaît clairement dans
les propos de notre auteur, il affirme même dans le Manuscrit de Genève que l’on doit former des citoyens avant que de
penser pouvoir former des hommes. Car l’éveil des vertus ne peut venir, chez
l’homme vicieux, que d’une obligation supérieure et d’une force suffisante qui
sera le guider pas à pas.
« Nous concevons la société générale d’après
nos sociétés particulières, l’établissement des petites Républiques nous fait
songer à la grande et nous ne commençons proprement à devenir Homme qu’après
avoir été Citoyen. »[9]
Dans cet extrait se présente en même
temps, le double objectif de notre auteur : faire que nos sociétés
particulières s’approchent, lentement mais au plus près, de la société
générale, et que l’Homme qui vit dans cette dernière reste la source
d’inspiration permanente du citoyen des petites Républiques. Les multiples avertissements autours de
la formation du Citoyen témoignent bien de cette attention. Il faut regarder de
plus près, à présent, le rapport qu’entretient cette formation identitaire avec
la croyance et faire apparaître comment la croyance, la religion dirigée et
orientée, puisqu’il ne s’agit plus d’apprendre le catéchisme catholique du
christianisme romain, s’instruit en continue dans l’apprentissage mais aussi
dans la vie quotidienne du citoyen.
Le Citoyen et La Religion.
Pour Rousseau, il
est un point fondamental sur lequel on ne peut transiger : il faut que le
citoyen ait une religion lui permettant d’offrir son cœur à la patrie et sa vie
pour la nation. Il doit sentir,
par elle, la somme des récompenses possibles que peut lui octroyer son
patriotisme. S’agit-il, pour autant, d’établir une religion nationale qui, de
loin, éloignerait encore plus les peuples, par le simple fait arithmétique du
« Un Peuple = Une religion » ?
Nous ne le pensons pas. Lorsque Rousseau aborde l’idée de la Religion Civile,
c’est à la fin Du contrat Social au moment où, ayant exposé ce que devraient être les institutions
politiques justes et adaptées aux individus mal, il en vient à se demander si
les seules vertus positives, car politiques, comme le patriotisme, pourraient à
elles seules garantir la fidélité du Citoyen envers sa nation ! C’est en sommes tout le débat de la
naissance de cette entité nouvelle thématisée par la notion de « société
civile ». Il est évidement, que de détacher la notion de pouvoir du
religieux et au-delà, d’imprimer une relecture des acquis civils du peuple,
jusqu’alors opprimés par les rois, rend a cohésion plus délicate et demande que
touts, puissent ressentir l’importance de cet attachement à la société civile. La
question est de taille et ne nous y trompons pas Rousseau reste, dans sa
réponse, un fidèle contemporain du XVIIIe siècle. Il est évident que
l’individu, entendu ici comme citoyen, ne peut acquiescer volontairement s’il
n’entrevoit pas les possibilités d’un retour sur sa condition quotidienne. Mais
également, il parait impensable de croire que sans attache, le citoyen pourrait
croitre et prospérer à l’intérieur des frontières sociales de son pays.
Rousseau est très explicite sur ce point :
« Sitôt que les hommes vivent en société il leur faut
une Religion qui les y maintienne. Jamais peuple n’a subsisté ni ne subsistera
sans Religion et si on ne lui en donnait point, de lui-même il s’en ferait une
ou serait bientôt détruit. Dans
tout état qui peut exiger de ses membres le sacrifice de
leur vie, celui qui ne croit point de vie à venir est nécessairement un lâche
ou un fou ; mais on ne sait que trop à quel point l’espoir de la vie à
venir peut engager un fanatique à
mépriser celle-ci. Otez ses visions à ce fanatique et
donnez-lui ce même espoir pour prix de la vertu vous en ferez un vrai
Citoyen. »[10]
La relation d’identification de
l’individu dans son rôle de citoyen passe, comme nous l’avons vu par deux voies
incontournables. La première est évidemment éducative et doit permettre aux
vices de disparaître et aux vertus patriotiques d’apparaître. La seconde plus délicate,
tient dans la présentation d’un culte commun, civil et relatif à leur position
de citoyen. Culte qui doit être capable de s’insérer dans la vie quotidienne
tout en rappelant à chacun la place qu’il doit tenir et respecter. Rousseau
reste, toutefois, bien conscient des risques d’une religion dite nationale,
notamment à cause de l’enfermement qu’elle implique et c’est pour cela qu’il
combat cette idée pour imposer celle de la religion civile.
En effet, il y a dans le principe
même de la religion nationale, un défaut qui rompt toute possibilité de
redressement de la condition humaine. Ce défaut, aux yeux de Rousseau est
simple : il s’agit de l’enfermement que conditionne et suppose la Religion
Nationale. Elle écrase les citoyens dans une vision étriquée de la réalité,
tout ce qui est extérieur étant aussitôt dangereux, menaçant. En revanche, par
le biais de la Religion Civile, qui met la tolérance au cœur de ses
prérogatives, Rousseau cherche à ouvrir le Citoyen à l’ultime croyance, celle
évoquée par la religion de l’Homme dans le livre IV l’Emile. Cette dernière se présente comme une religion unificatrice
des différences, manifestation d’un accroissement de l’écoute des hommes aux
paroles de Dieu, aux schèmes de Dieu et de l’univers. C’est la religion
nationale autour de l’unité nationale, qui rompt l’unité fondamentale des
hommes sur la Terre. C’est la différence d’âge d’un peuple à l’autre, autrement
dit, le niveau d’accroissement des facultés communes et individuelles qui
accentue davantage les distorsions. L’ambition rousseauiste réside bien plus
dans l’ouverture qu’apporte la religion civile notamment par le message de
tolérance qui est le sien, à l’inverse des religions nationales qui pêchent par
l’intolérance qui les guide. Il
est fondamental, pour l’auteur, de lutter contre toute forme de corruption des
pensées qui enserrerait les citoyens, les privant ainsi de la chance d’observer
par delà leur communauté la foule du genre humain.
« De cela seul qu’on mettait Dieu à la Tête de chaque
société publique, il s’ensuivit qu’il y eut autant de Dieux que de peuples.
Deux peuples étrangers l’un à l’autre, et presque toujours ennemis, ne purent
longtemps reconnaître deux maîtres. […] »[11]
Ces religions nationales n’apportent
ainsi que peu de choses bonnes, pour ne pas dire aucune, et cette problématique
du culte à l’intérieur de la société sera un des points de réflexion de
Rousseau. Il sait que la difficulté première du politique tient en la fidélité
des citoyens, mais aussi en l’épanouissement des vertus citoyennes tel que
l’honneur et le sacrifice civil, distinction la plus honorifique qui pousse le
citoyen à combattre au péril de sa vie pour défendre sa patrie. Le citoyen à
besoin de reconnaître dans la société sa place mais aussi sa responsabilité.
Par l’éducation, il reçoit la reconnaissance de la société et ne perd en aucun
cas le sens des responsabilités. Par la religion civile, le pacte social
rationnel entre en son cœur et d’un écho fracassant le condamne volontairement
à aimer sa patrie et à la protéger. Rousseau sait qu’il faut un culte commun
pour attacher les individus dans leur rôle de citoyen ?
« Or, il importe bien à l’Etat que chaque citoyen ait
une religion qui lui fasse aimer ses devoirs […] Il y a donc une profession de
foi purement civile dont il appartient au Souverain de fixer les articles, non
pas précisément comme dogmes de religion, mais comme sentiment de sociabilité,
sans lesquels il est impossible d’être un bon citoyen, ni sujet fidèle. »[12]
Cette dernière vise donc, à l’inverse
de la religion nationale, à garantir les fondements de la société politique
dans laquelle elle est proclamée mais par delà, à introduire comme une sorte
d’élan qui doit conduire le cœur des citoyens à s’ouvrir, petit à petit, vers
les autres et donc à reconnaître les points communs qu’ils partagent entres eux
et avec les citoyens des
républiques voisines. La religion civile joue, dans le télos de la philosophie pratique rousseauiste un double rôle :
Celui, tout d’abord, de garant de la loyauté des citoyens, mais aussi celui de pont, de passerelle
entre les différents individus-citoyens, façonnant à leur insu peut être, leur
identité d’Homme. Cette place charnière est très importante et fonde même toute
notre lecture de l’œuvre de Jean-Jacques.Rousseau. Car, sans la Religion Civile
il ne peut y avoir de véritables citoyens. Fonction civique, justification de
la propédeutique du cœur, la Religion Civile donne véritablement l’élan
fondateur de l’espoir de l’humanité. Or nous le comprenons, l’étape identitaire
du Citoyen est fondamentale et fondatrice des bases nécessaires au
développement d’aspirations plus grandes encore. Elle ouvre lentement le chemin à la religion universelle,
celle qu’Emile rencontrera bien plus tôt, ce qui nous fait affirmer que le Contrat Social et l’Emile sont des œuvres intimement liées relevant d’une ambition
identique. La Religion Civile doit être solidaire du peuple pour lequel elle
agit, elle doit entrer dans leurs cœurs et comprendre à quelle étape du
processus ils (les citoyens) en sont. Le tableau dépeint par Rousseau et plus
encore les textes qui visent à répondre aux difficultés que rencontre celui qui
ose regarder la condition humaine dans les yeux, veulent avoir une implication
concrète et ne pas rester de simples appels. Dans son Discours sur les sciences et les arts, il aborde la question
délicate des différences existantes entres les hommes à la surface du globe.
Dans sa vision pratique, il affirme que toute démarche visant à redresser la
marche générale d’une société, quelle qu’elle soit, doit passer par une étude
minutieuse des ses structures et de ses fondements. Etude comparative que l’on
mène à partir des éléments que l’on a développés dans nos recherches
précédentes. C’est ce que fait Rousseau avec ses textes : Considérations sur le Gouvernement de
Pologne et Projet de Constitution pour la Corse, entres autres. Etude
comparative donc, qui sait déjà ce que devrait être l’Homme dans ses traits de
perfection en fonction de sa réalité naturelle. Une question (double) s’impose alors :
Quel est donc cet homme Naturel social que Rousseau dépeint ? Pourquoi cette
figure idéale devient-elle le moteur de la recherche rousseauiste ?
II] L’homme naturel
Social : Emile.
Lorsqu’on
observe, et nous pensons qu’une lecture attentive ne peut être différente,
comment Rousseau construit cette ambition généreuse qui est de conduire
l’Humanité vers la paix et l’éveil en œuvrant pour que tout individu puisse se
construire dans une identité commune qui est celle relative à l’Homme naturel social
on doit présenter, les deux côtés du plan général que sont : celui exposé
par l’orientation de la construction identitaire citoyenne et celui de
l’identité naturelle de l’Emile.
Comme nous le pressentions, Rousseau
cherche par le biais du jeu identitaire à permettre aux individus de poursuivre
leur évolution jusqu’à l’étape terminale que représente l’avènement de l’Homme
naturel Social, autrement dit, Emile-élève au sortir de son éducation.
Emile-élève prêt à entrer en société. L’Emile,
que l’on prend à tord pour un manuel d’éducation est en réalité un ouvrage
d’exposition qui vise à développer, depuis les premiers pas de l’enfant, les
conséquences de l’éducation naturelle négative. Il s’agit alors de penser l’individu naturel pour le
comprendre afin de pouvoir proposer des axes d’évolutions cohérents et fiables.
C’est en ce sens que nous soutenons l’analyse que développe Luc Vincenti dans
son ouvrage : Jean Jacques
Rousseau ; l’individu ou la république :
« L’état de
nature rousseauiste, parce qu’il constitue l’anthropologie ne sert pas de cause
au politique réel mais fonde le politique légitime. Nous sommes, à l’inverse de
l’œuvre des jurisconsultes servant à justifier les sociétés existantes » [13]
C’est cela qui reste
fondamental. En effet, il n’est pas
question avec Rousseau d’analyser le passé pour justifier le présent, ce que
trop d’auteurs faisaient aux XVII et XVIII ème siècles. Il s’agit, à l’inverse,
d’étudier ce que devrait être l’organisation politique idéale en fonction de ce
que l’on considère comme naturel aux individus. Lorsque Rousseau emploi le
terme : naturel, c’est avant tout pour rappeler que c’est à la Nature
intrinsèque de l’individu que l’on s’adresse, que c’est à elle que l’on fait
référence. Cette naturalité chère au cœur de Rousseau et que les individus
viciés du premier contrat ont perdu[14].La
naturalité s’inscrit donc en filigrane dans toutes les décisions de Rousseau,
c’est elle qui est recherchée, c’est elle l’arbitre et le juge de toutes les
démarches du redressement. C’est pour cela, qu’il étudie dans ses deux Discours les causes de la dégénérescence
de l’humanité, pour mieux offrir dans ses œuvres positives un axe théorique de
changement. Les révolutionnaires de 1789, en se revendiquant de Rousseau
avaient bien compris la teneur de ces écrits, mais ils n’avaient,
malheureusement, pas cernés l’importance du travail qu’il fallait mettre en
œuvre pour que cela puisse fonctionner. Il est, en effet, inutile de proclamer
un état de fait que l’on juge idéal, pour que la société se redresse et les
individus s’impliquent, car si le peuple n’entend pas la profondeur des
arguments qui lui sont présentés, il n’arrivera jamais à les adopter ni même à
agir en conséquence [Note : il doit s’agir, avant la raison, du
sentiment : l’éducation vise d’abord à restaurer l’amour de soi et son
développement moral]. Chaque peuple, chaque communauté recèle un niveau
d’attention et de compréhension différent des autres et si l’on veut pouvoir l’aider
à avancer, il faut en premier lieu parler un langage qu’il est capable de
comprendre. C’est bien toute la démarche de Rousseau qui souhaite que le Contrat Social reste un idéal et que
l’on essaye, avant que de proclamer des lois, de prendre le pouls de la
société, d’évaluer les individus qui en fondent le terreau pour mieux
s’adapter. C’est seulement après ce travail que l’on pourra adapter l’image
idéale aux réalités concrètes pour mettre en œuvre les réformes utiles au
développement des facultés humaines prises au niveau individuel mais aussi
collectif. Dans ce chemin, le rôle de la religion est fondateur puisque, sans
elle, il est impossible de lier un individu vicié à la société qui tente de le
re-dresser[15]. En parallèle au cheminement social qui doit permettre
l’avènement de l’individu-citoyen, Rousseau dévoile, dans l’Emile, le chemin idéal que l’individu naturel devrait suivre pour
s’épanouir en tant qu’Homme. C’est
ici toute l’importance de l’Emile,
car il démontre, pas à pas, les conséquences d’une bonne éducation sur un
individu naturel non corrompu. Cette éducation n’a d’autre objectif que de
conduire l’individu naturel au rang d’homme naturel social conscient,
responsable et croyant en des valeurs sûres et fiables qui offrent,
collectivement, à tous les individus la chance de pouvoir partager un destin
commun. Destin qui de l’aveu même de Rousseau dépasse de loin le cadre des
petites républiques.[16] Cette
idéalité explique aussi pourquoi Rousseau choisit de prendre un élève
imaginaire.
« J’ai donc pris le parti de me donner un élève
imaginaire, de me supposer l’âge, la santé ; les connaissances et tous les
talens convenables pour travailler à son éducation, de le conduire du moment de
sa naissance jusqu’à celui où devenu homme fait il n’aura plus besoin d’autre
guide que lui-même. »[17]
Rousseau, dans l’Emile, envisage de nous donner à
penser la croissance naturelle des individus sortant des mains de la nature.
L’objectif, explicite est bien celui de conduire l’individu naturel à l’état
d’homme. Or, encore une fois, cette construction identitaire semble ne pas
pouvoir s’achever sans le concours explicite du thème religieux. C’est
pourquoi, bien que naturellement éduqué, Emile-élève doit rencontrer la
religion par l’intermédiaire du vicaire savoyard au livre IV. Notre intention n’est pas d’analyser la
teneur de ce discours, car le temps nous manque, mais il reste important pour
notre étude d’aujourd’hui de sentir l’importance de ce moment éducatif
d’Emile-élève pour la finalisation de sa condition d’homme.
La Religion d’Emile-élève.
Emile-élève
parvient donc au moment de l’éveil de sa conscience morale et politique et son
éducateur, juge alors opportun qu’il rencontre le thème religieux. Ce moment est fondamental pour
Rousseau, puisqu’il considère que si l’on rate les bonnes rencontres à chaque
étape du processus éducatif (Citoyen ou naturel), on risque de pervertir
l’individu et donc de l’avilir. Cette rencontre, comme toutes celles qu’aura
fait Emile-élève dans son parcours, est orientée et cherche à déclencher en lui
un élan naturel apte à le faire progresser dans la voie de la connaissance de
soi. Lorsqu’il entend pour la première fois le vicaire savoyard, Emile-élève
reçoit, en son cœur, l’élan de l’humanité toute entière. Rousseau nous explique
clairement son intention :
« J’ai transcrit cet Ecrit, non comme une règle des
sentiments qu’on doit suivre en matière de religion, mais comme un exemple de
la manière dont on peut raisonner avec son élève pour ne point s’écarter de la
méthode que j’ai tâché d’établir. Tant qu’on ne donne rien à l’autorité des hommes
ni aux préjugés des pays où l’on est né, les seules lumières de la raison ne
peuvent dans l’institution de la nature nous mener plus loin que la religion
Naturelle, et c’est à quoi je me borne dans mon Emile. »[18]
Ce plan programmée démontre bien que Rousseau
attend beaucoup de cette mise en œuvre éducative tant pour l’épanouissement de
l’individu-Homme, que pour le rassemblement de l’humanité en son entier. C’est
sur cette piste que la relation « Citoyen-Chrétien » dans le
recouvrement du conflit Théologico-politique trouve son terrain de
développement. N’entrons pas dans le débat sur la religion naturelle mais
retenons que pour Rousseau, cette religion de l’Homme, naturelle en somme,
permet à tous les individus, ayant atteint le niveau de la raison, d’entendre
en leur cœur l’Humanité en son entier. La religion que le vicaire savoyard
présente à l’Emile-élève n’est pas faite de dogmes, ni même encore
d’enseignement, mais seulement de ressentiment. C’est une religion naturelle[19]
en cela qu’elle s’appuie véritablement sur le cœur de l’homme qui l’approche.
D’où un constat très simple : ne peut entendre l’appel du vicaire que
celui en âge, non mental, mais sentimental, d’en ressentir l’impact et les
influences. On voit clairement alors que ce n’est qu’en complément de la
Religion Civile[20] que cet
écho pourra se faire entendre, auprès des citoyens rééduqués, s’il veut pouvoir
conduire les citoyens à se détacher, pas à pas, de leur société pour envisager
la plus grande des républiques, celle qui engloberait le genre humain en son
entier.
III. Ambition généreuse ou
rêve prémonitoire.
Il est difficile de retracer en si
peu de temps toutes les étapes du programme que dresse Rousseau dans la
quasi-totalité de ses œuvres. Retenons toutefois que l’action concrète du
politique est dirigée sur l’individu en tant que pièce unique du système global
et que c’est grâce à cette attention qu’il arrive à évaluer chaque individu et
à adapter au mieux l’éducation citoyenne à ses prérogatives et cela dans le but
de le conduire, pas à pas, vers l’état d’individu-citoyen, conscient de sa
place au sein de la société, fidèle et droit envers les siens, juste et bon
envers les citoyens des autres nations. Dans cette étape du citoyen, le cœur
entend, la raison observe et c’est alors que ce qui fonde l’ouverture d’esprit
d’Emile-élève peut-être entendu par tous et conduire, étape par étape, les
nations à œuvrer pour élaborer un destin commun. Car lorsque les citoyens
atteignent le stade de compréhension des arguments de la religion du vicaire
savoyard, alors ils redécouvrent l’univers et adhérent au projet général qui
est celui d’unir les sociétés particulières dans une société générale. C’est
nous semble-t-il dans cette optique générale que s’élabore le projet de JJ
Rousseau et que nous pouvons comprendre, ce qui oppose les commentateurs de son
œuvre, savoir, ses propos dans le Manuscrit
de Genève :
« Nous concevons la société générale d’après nos
sociétés particulières, l’établissement des pettes républiques nous fait songer
à la grande, et nous ne commençons proprement à devenir Hommes qu’après avoir
été Citoyen. »[21]
Cette hiérarchie des rapports
identitaires oblige Rousseau à affirmer que l’identification citoyenne est
antérieure à celle de l’Homme, par tout le travail éducatif qu’elle met en
œuvre. L’objectif final, c’est évidemment de rendre aux individus viciés, la
chance de recouvrer leurs facultés et de vivre paisiblement dans un monde où
tous les individus, conscients de leurs rôles et de leurs places, œuvreront
ensemble. Vision idéaliste ?
Certes si l’on s’arrête ici ! Mais rappelons nous les propos de l’auteur,
sans ambition, sans vision ambitieuse on ne peut rien changer. Il ne s’agit pas
ici de délires utopistes irréalisables, mais tout au contraire, d’une lutte réelle
visant à établir un mouvement général, respectant des étapes de redressement,
et conduisant, lentement l’humanité vers sa destination finale : le mieux
vivre. La religion comme composante essentielle de ce propos intervient, en
permanence dans les deux constructions identitaires, à la fois pour asseoir le
mouvement, pour confirmer la mire mais aussi pour élargir le champ d’entente
des individus. Réunir tous les peuples sur des bases religieuses proches, sans
être foncièrement identique, car cela jamais il ne le préconise, c’est déjà
permettre des ponts, des liens, qui n’auront qu’à être activé le moment
opportun. Il y a de nombreux problèmes que soulève cette optique, notamment
celui portant sur les cultures.- Comment
cette implication pratico-éducative va-t-elle pouvoir lentement percer à
travers le prisme culturel pour ouvrir cette civilisation vers
d’autres ? Un deuxième
problème, que l’on ne peut que légèrement présenter ici, reste celui des
religions autres que celles ayant pour bases les paroles du Christ.-Comment les accepter et les mettre en
relation, quand on sait que la religion du vicaire, même si elle n’est que
religion naturelle, s’étaye autour des paroles du Christ ?
Le développement de la pensée de
Rousseau attend donc que soient prises des mesures radicales pour qu’enfin l’on
pose les bonnes questions. Les œuvres positives, en majeure partie politiques,
démontrent l’étendue des domaines que le juste législateur aura à aborder. Il faudrait,
pour que le plan aboutisse, que l’humanité reçoive un nouveau messie, qui à
l’inverse de Jésus Christ, embrasse le pouvoir politique pour le fonder sur les
bases nouvelles que présente, en majeure partie, le Contrat Social.
Conclusion
Nous voulons
conclure notre propos par l’affirmation, peut être difficile à entendre, que
l’œuvre positive[22] de Jean
Jacques Rousseau aborde en droite ligne les difficultés que met à jour le Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité. Si les hommes sont corrompus par la société telle qu’elle est,
si l’individu naturel est un être simple et sans imperfection, on doit pouvoir
mettre en place un système qui l’aide à avancer. L’intelligence de Rousseau
réside dans le fait d’avoir vu que la radicalité ne peut être appliquée. Il ne
suffit pas d’imposer un axe de redressement pour que les sociétés changent. Il
faut au contraire œuvrer en profondeur, dans l’interstice que laissent ouvert
les sentiments aux portes du cœur, pour que lentement intervienne l’écho du
changement. La relation qui se
joue alors, trouve sa justificatif dans les figurent du redressement que sont
le Citoyen et l’Homme. Dans l’émergence d’une approche différente du fait
religieux, de son impact et de sa place dans le monde social. Rousseau, par
l’ambition qui guide sa démarche, ouvre les voies des réflexions futures sur le
rôle, la place et la relation du politique et du religieux dans le champ
social.
Gérard VALDIVIA
[1] Rousseau. Du Contrat Social. Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C. T. III. .L.1. Chap. VI. En effet , rousseau sent très clairement que l’organisation des sociétés demande une redéfinition du CADRE SOCIAL et donc une mise en œuvre de moyens corrélatifs aux objectifs terminaux. Ces objectifs sont peu nombreux : rendre les hommes libres, justes et égaux. Permettre aux sociétés de mettre en place des partenariats dans une entente cordiale. Redonner à la religion son statut et son utilité.
[2] Rousseau. Du Contrat Social.
Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C. T. III. P361. « Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui
nuisent à leur conservation dans l’état de nature, l’emportent par leur
résistance sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir
dans cet état.[…] »
[3] Rousseau. Lettre à Franquières. Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C. T. IV. P 1138
[4] Nous employons cette terminologie pour éviter les confusions avec le titre de l’ouvrage l’Emile. Lorsque nous employons « Emile-élève », c’est donc à l’enfant éduqué par Rousseau dans l’Emile que nous faisons référence. L’usage des italiques sert déjà à éviter cette confusion.
[5] Prenons le terme dans son acception du dictionnaire Littré : Qui professe la religion
du Christ.
[6] Il est fondamental de reconnaître, dans l’étude d’une pensée philosophique, que le but est identifié, que l’horizon d’épanouissement de la pensée en cours de construction reste le « but », « l’objectif » à atteindre par le philosophe. Aussi, toute analyse cohérente d’un auteur se doit d’identifier clairement le « ce sur quoi » ce fonde la pensée et le « ce vers quoi » elle tend.
[7] Rousseau. Du Contrat Social. Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C. T. III. P 966.
[8] Rousseau. Considérations sur le gouvernement de Pologne. Paris. Gallimard. La pléiade. T III. P 966
[9] Rousseau. Manuscrit de Genève. Paris. Gallimard. La Pléiade. T III. P 287.
[10]
Rousseau. Manuscrit de Genève.
OC. T. III. pp. 336.
[11] Rousseau. Du contrat Social. Paris. Gallimard. La Pléiade. T III. P 460
[12] Rousseau. Op.Cit P 468
[13] Vincenti. L. Jean Jacques Rousseau ; l’individu ou la république. Paris. Kiné. 2001.
[14] Cf. : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.
[15] Dans le sens de
re-diriger
[16] Rousseau. Manuscrit de Genève.
Paris. Gallimard. La Pléiade. T III. P 287 : « Nous concevons la
société générale d’après nos sociétés particulières, l’établissement des
petites Républiques nous fait songer à la grande et nous ne commençons
proprement à devenir Homme qu’après avoir été Citoyen. »
[17] Rousseau. Emile. Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C T. IV. P 264.
[18] Rousseau. Emile. Paris. Gallimard. La Pléiade. O.C T. IV. P 204.
[19] La Religion du Vicaire Savoyard : Je crois qu’une volonté meut l’univers et
anime la Nature. Si la Matière mue me montre une volonté, la matière mue selon
certaines lois me montre une intelligence. L’homme est donc libre dans ses
actions et comme tel animé d’une substance immatérielle.
[20] La Religion Civile. « Les dogmes de la religion civile
doivent être simples, en petit nombre, énoncés avec précision sans explication
ni commentaires. L’existence de la divinité puissante, intelligente, bienfaisante,
prévoyante et pourvoyante, la vie
à venir, le bonheur des justes, le châtiment des méchants, la sainteté du
contrat social et des lois, voilà les dogmes positifs. Quant aux dogmes
négatifs, je les borne à un seul ; c’est l’intolérance : elle rentre
dans les cultes que nous avons exclu. » Rousseau.J.J :
Du Contrat-Social. éd Gallimard. Coll. La Pléiade. O.C T III. P 468
[21] Rousseau. Manuscrit de Genève. Paris. Gallimard. La Pléiade. T. III. Pp 286-287
[22] Nous enlevons de l’œuvre positive toutes ses correspondances.