La libération
orageuse
Fenêtre ouverte sur la généralisation rugueuse
de la volonté de tous
D ANIEL
N EICKEN
rousseaustudies.free.fr
 
 
 
 
AVERTISSEMENT
Le corollaire à lire sur la texture principale de
la volonté de tous ayant une longueur telle que
sa communication orale serait aussi lourde ou
plantureuse qu’un opéra de Wagner, il faut que
j’offre un texte dont je pourrai parler aux vingt
minutes d’auditoire qui reviennent justement à
mes débuts d’équipier de Tanguy L’Aminot… et
qui donnera la parole à dix minutes d’un débat
que j’espère animé. Pour bien l’écrire, rien ne
sert de raboter mes longs développements sur la
rugosité de Rousseau en politique. Mieux vaut
prendre appui sur leur communication écrite et
ouvrir une fenêtre panoramique où fleurira une
promenade assez brève.
« […] LA LOI . […] CET ORGANE SALUTAIRE
DE LA VOLONTÉ DE TOUS , […] CETTE VOIX
CÉLESTE […]. »
Jean-Jacques Rousseau,
Discours sur l’économie politique
« I L Y A SOUVENT BIEN DE LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VOLONTÉ DE TOUS ET LA VOLONTÉ
GÉNÉRALE ; CELLE - CI NE REGARDE QU À
L INTÉRÊT COMMUN , L AUTRE REGARDE À
L INTÉRÊT PRIVÉ , ET N EST QU UNE SOMME
DE VOLONTÉS PARTICULIERES : MAIS ÔTEZ
DE CES MÊMES VOLONTÉS LES PLUS ET LES
MOINS QUI S ENTRE - DÉTRUISENT , RESTE
POUR SOMME DES DIFFÉRENCES LA VOLONTÉ
GÉNÉRALE . »
Jean-Jacques Rousseau,
Du Contrat social, liv. II, chap. 3
« […] LA FORMATION DU CIEL N EST PAS
FONCIÈREMENT DIFFÉRENTE DE CELLE D UN
ORAGE […]. »
Bréhier sur Anaximandre
Ouverture pratique
Le nébuleux calcul des volets clos
Sur l’espoir malheureux
Libération et liberté
La volonté divine à l’origine
L’horizon nouménal en plus vertical
Sous le ciel de Malebranche
La voix céleste enfenestrée
Éclairage utopique
Les hommes de l’Utopie
Tous les Célestin, toutes les Célestine
Les enfants d’Adam
L’éclairante liberté des sauvages
L’illumination froide
Sous un simple chêne
L’échauffement des voix
Le naufrage terrestre
Le bon coup politique
Sous le parapluie inégalitaire
Les pires foudres à venir
La formule libératrice
Le ciel chargé des différences
Sur la hauteur du paratonnerre
Les orages bleus
Le sauvetage éclairé
L’extrême tension vers le bleu
Sous le souverain le gouvernement
La couverture contractuelle
La LIBÉRATION ORAGEUSE
Fenêtre ouverte sur la généralisation rugueuse
de la volonté de tous
D ANIEL N EICKEN
Chemin faisant contre les mauvaises inégalités de tous les temps
historiques, Jean-Jacques Rousseau a bien observé que « l’homme
barbare […] préfere la plus orageuse liberté à un assujettissement
tranquille 1 ». « Malo periculosam libertatem quam quietum ser-
vitium », disait ( en latin ) un « vertueux Palatin * dans la Diete de
Pologne » 2 . — Par la fenêtre qui va s’ouvrir, outre le fait entrevu
que les "hommes" sujets à la barbarie ne sont pas désespérément
seuls à préférer ainsi, on observera que Jean-Jacques aurait ouver-
tement pu parler d’une GÉOMÉTRIE étonnante ( MAJESTUEUSE à
plus d’un titre ), d’une prime « liberté » de référence propre aux
« Sauvages », d’une préférence pour "la plus rugueuse libération"
dans le chef des « Barbares » et d’une « vertu » égale au refus de
la "servitude", même " lisse ", qui a malheureusement de moins en
moins cours parmi les hommes "civilisés" ; d’un vrai « reméde »
pouvant être extrêmement "orageux" ( ou rugueux ), enfin.
Ouverture pratique
Le nébuleux calcul des volets clos
À la fin de sa « vie » devenue « orageuse » 3 , le toujours plus
vieux « Rousseau » de Philonenko « espère en Dieu et désespère
des hommes » 4 . Le « désespoir » en « apothéose » : ainsi finit-il
dans le dernier des volumes consacrés à sa pensée du malheur .
Vingt ans plus jeune, il aurait fermé ses volets au monde social et
politique moderne pour se replier sur son moi pieux, en apaisante
communion avec la verte nature. Opérée par le prétendu « échec »
1 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 181.
2 : « * Le Palatin de Posnanie pere du Roi de Pologne Duc de Lorraine » prénommé
Stanislas, à une génération près. R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 405.
3 : R OUSSEAU , 1959 c , II, p. 86.
4 : P HILONENKO , 1984, III-10, p. 241.
5
 
de la « conception mathématique 5 » du Contrat social ( « œuvre
fermée » que « Fichte » et les « héros de la Révolution française »
croyaient « ouverte » 6 ), cette fermeture ferait de ce « traité » un
« chant lugubre et funèbre », désespérément crépusculaire, d’où
« Jean-Jacques regardait [déjà] vers le passé » 7 à travers les mots
de la formule – nébuleusement lue – du « Chapitre III du second
Livre du Contrat social 8 » :
Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de
tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à
l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé, et
n’est qu’une somme de volontés particulieres : mais ôtez
de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s’entre-
détruisent, reste pour somme des différences la volonté
générale 9 .
Fermement ancré dans les profondeurs du repli sur soi de son
désespéré, Philonenko n’a pas survolé ses projets visant la petite
Corse ( visée en 1765 ) et la grande Pologne ( visée en 1771 ). En
1778, le cercueil de plomb de Rousseau s’en serait refermé sur un
penseur devenu asocial et apolitique dans sa dernière pensée. Et la
terre de France, alors à la veille grondante de cette Révolution au
milieu de laquelle Hegel – malentendant à ses heures – entendra
s’entonner la nature terrifiante du Contrat social ?
Sur l’espoir malheureux
Sentant venir la fin de sa lourde vie, le « vrai Rousseau 10 » a
pourtant eu ces mots qui visent au minimum la Révolution née au
mois de juillet 1789 , rapportés en l’été de 1775 : « Nous touchons
5 : P HILONENKO , 1984, III-2, p. 32.
6 : P HILONENKO , 1984, III-1, pp. 21-22.
7 : P HILONENKO , 1984, III-3, p. 47.
8 : P HILONENKO , 1984, III-2, p. 30.
9 : R OUSSEAU , 1964 cs , II-3, p. 371.
10 : G AUCHET , 1993, p. 150.
6
 
[…] à quelque grande révolution, le calme dont nous jouissons est
le calme terrible qui précède les tempêtes, et je voudrais que la
Providence rapportât au-delà des années orageuses qui vont éclore
le peu de jours qui me restent, pour être témoin du nouveau spec-
tacle qui se prépare. 11 » Philonenko cite ce brin de conversation
sans analyser sa haute teneur en espoir malheureux 12 . « Rousseau
ignore la date précise de la révolution », précise-t-il un paquet de
pages après avoir dit que le « Contrat social […] dev[i]nt l’évan-
gile d’une Révolution qui n’en finissait pas de le trahir » ( et non
de le traduire ) 13 .
Espérance paradoxale ? Certes, mais du même paradoxe que
de « tirer du mal même le reméde qui doit le guérir 14 ». Et toute
idée d’une « apothéose du moi 15 » n’est pas exclue pour autant,
ce vœu ne pouvant être que pieu aux yeux d’un « visionnaire […]
lucide 16 » tel que l’était Jean-Jacques. Voulant voir ses derniers
« jours » reportés outre les « années orageuses » ( et non tomber
dedans ), l’auteur du Contrat social ne se veut pas acteur scienti-
fique, LÉGISLATEUR ou « héros » révolutionnaire sur le tard ; il a
plutôt la science de vouloir contempler les suites "spectaculaires"
attendues. D’où vient cette curieuse volonté ? Ni d’un triste don
de voyance ni d’un voyeurisme sadique, mais du fait patent que,
une quinzaine d’années après l’encrage de la première version du
Contrat social , Rousseau est resté « loin de penser qu’il n’y ait ni
vertu ni bonheur possible pour nous, et que le ciel nous ait aban-
donnés sans ressource à la dépravation de l’espéce 17 ». De plus,
un millier de journées avant de mourir, il sait tout des ressources
contenues dans ce qui sombre et du malheur de ce monde qui peut
principalement se ressourcer quand finissent les orages où le sang
coule à flots rouges. Aussi mourra-t-il en espérant curieusement
et malheureusement « des hommes ».
Libération et liberté
Penché sur le cas de Condorcet ( mort emprisonné en 1794 ),
Koyré observe ceci : « La Révolution française a dû – ou a réussi
à – être une révolution radicale, et c’est justement grâce à son ra-
dicalisme qu’elle a, pour l’histoire de l’humanité, une importance
absolument décisive : elle clôt l’histoire de la libération et elle
11 : R OUSSEAU , 1965-1991, XL, p. 20.
12 : P HILONENKO , 1984, III-8, pp. 155-156.
13 : P HILONENKO , 1984, III-1, p. 18.
14 : R OUSSEAU , 1964 mg , I-2, p. 288.
15 : B RUNSCHVICG , 1953 ; 2009, p. 301 et ss ( n° 140-142 ).
16 : P HILONENKO , 1984, III-8, p. 156.
17 : R OUSSEAU , 1964 mg , I-2, p. 288.
7
 
commence celle de la liberté . 18 » Son successeur Kojève réussira
à lire, en creusant les feuilles de la Phénoménologie de l’esprit ,
que cette « liberté » ayant fini de libérer « clôt l’histoire » et que
le vrai Hegel est le penseur de cette « fin ». Selon un résumé qui
ne concerne pas que « l’Homme religieux », les êtres humains en
ont à « se libérer » du « malheur de la Servitude […] pour arriver
à la Satisfaction » finale 19 . Par rapport au « nouveau spectacle »
ayant succédé à l’ Ancien Régime et à la Révolution , J.-J. serait-il
providentiellement devenu un « témoin » a posteriori "satisfait",
comme tout un chacun le serait ? À ses yeux de vers 1800 ( sinon
de 1880 suivant l’audacieuse datation de F. Furet ), le « reméde »
paradoxalement "tiré" en aurait-il absolument fini avec le « mal »
présent en 1775 ? En bref, penserait-il avoir sauté la clôture de
l’histoire pour atterrir dans un champ aussi sain que stagnant, où
le « malheur » historique n’arriverait plus jamais de la vie ? Non,
non et non, répondrait-il sans doute.
En « rien "responsable" de la Révolution française 20 », Jean-
Jacques lirait, dans le cours des événements, le sort de science du
Contrat social et la présence très structurante du « rousseauisme
contre Rousseau » diagnostiqué par Gauchet 21 ; aucun « reméde »
absolu, aucune « liberté » au sens de Koyré : rien de satisfactoire
au sens de Kojève et tout d’une « histoire » sans « fin ». En lisant
géométriquement les lignes – et entre les lignes – du majestueux
« Systême » rousseauiste, il devient même évident que Rousseau
situerait cette « liberté » précisée dans le "passé sans histoire" des
« sociétés primitives 22 » : avant le « mal » et les « reméde[s] » ou
relatives « libération [s] » de l’« histoire » ; pas après. — Pour ne
pas pécher par précipitation, faisons un tour des deux "horizons"
doctrinaux en présence, puis montons au ciel du « Dieu » éternel
pour mieux revenir à nos moutons… tels qu’ils sont humainement
"sauvages", "barbares" ou "civilisés".
La volonté divine à l’origine
L’horizon nouménal en plus vertical
En un article sur Kant rédigé pour un important Dictionnaire
de philosophie politique , Philonenko se reporte à la Doctrine du
droit et considère que la « volonté générale, au sens de Rousseau,
18 : K OYRÉ , 1971, p. 113.
19 : K OJÈVE , 1947 ; 1968, p. 75.
20 : F URET , 2007 prf , p. 45.
21 : G AUCHET , 1993, p. 101.
22 : C LASTRES , 1974.
8
 
comme intégrale, est l’horizon vers lequel doit tendre tout système
juridique et politique […] sans pouvoir […] prétendre l’égaler » :
un « horizon nouménal », en son « schème » que « Rousseau lui-
même » rejetterait « sur le plan du fait » ; non point un « horizon
passif », mais un « principe actif de légitimation » qu’elle serait
en tant que « chose en soi », de telle sorte que chaque réel « État
phénoménal » se constitue légitimement « selon sa règle » 23 , en
fonction de son « Idée » normative. Le raisonnement qui mène
à déterminer la « volonté générale » comme « raison pratique » et
pure « résonance » individuelle se résume aisément : selon le seul
Philonenko, si « la volonté générale ne peut jamais errer […] ma-
thématiquement », elle pourrait, « à la limite, par un renversement
spectaculaire » qui n’a rien d’une averse, devenir « une volonté
pour le mal » et atteindre " factuellement " le comble de l’errance,
d’où le rejet du « plan du fait » qui répondrait moralement à cette
apeurante « aporie » 24 .
Les quatre livres du Contrat social ne peuvent-ils contenir
qu’un phare inabordable, mais débordant d’un beau temps
vitrifié qui calmerait jusqu’aux océans enragés, là où les
caps lui seraient dédiés ? Imaginons. — Dans les Six livres
de la République , Bodin se souvient de quand « le navire
de notre République avait en poupe le vent agréable » et du
miroitement d’« un repos ferme et assuré » ; mais « depuis
que l’orage impétueux a tourmenté [ce] vaisseau […], il
faut bien que les passagers » sortent de leur "tranquillité",
rejoignent le « Patron même et les Pilotes » et s’affairent
totalement au sauvetage « puisque tous ensemble courent
un même danger » 25 . Le traité républicain de Rousseau ne
contient-il pas de quoi réellement faire des petits… et des
grands "navires" peuplés de telle sorte que, "battus par les
flots", ils "ne sombrent pas" ? Fluctuat nec mergitur , écri-
rait un latiniste ou un Parisien au cahier des charges.
De son côté, Philonenko croit que « Rousseau échappe à [son]
aporie simplement parce qu’il n’y croit pas 26 » à tort… quand il
a bien raison de ne pas y croire. Il ne s’en tient pas moins au bord
de la vérité… quant à la « volonté générale » à l’état pur, fondant
l’« État parfait » ou idéal ; que la « volonté de tous » généralisée
se situe au fond plus ou moins impur de tout "État légitime" lui a
23 : P HILONENKO in : R AYNAUD et R IALS , 1996 k , p. 326.
24 : P HILONENKO , 1984, III-3, pp. 49-52.
25 : B ODIN , 1993, pp. 45-46.
26 : P HILONENKO , 1984, III-3, p. 50.
9
 
incroyablement échappé. Il n’empêche que cet « horizon noumé-
nal » ( où règnent les "fins" ) constitue une bonne idée de départ,
proche du statut d’une "définition nominale". Très croyant, Jean-
Jacques y verserait certes une verticalité allant des « hommes » au
« Dieu » dont la version "savoyarde" « avoit rechauffé [la] vieille
ame » de « Clairaut » 27 .
Sous le ciel de Malebranche
Rousseau a confessé une jeune lecture de « Mallebranche 28 »
et Riley pense que la « volonté générale » descend du ciel conçu
dans le Traité de la nature et de la grâce . Dans son livre intitulé
The General Will before Rousseau , la différence malebranchiste
entre la "généralité" des voies d’intervention divine et la "particu-
larité" du mal est mise en parallèle avec la différence rousseauiste
entre la « volonté générale » ne pouvant « ERRER » et la « volonté
particulière » ne le pouvant que trop, puis ce parallélisme osé s’y
transforme en une Transformation of the Divine into the Civic on
ne peut plus osée… mais qui borde la vérité qu’aligne le « traité »
des « vrais principes du droit politique » au point de bien aider à
l’aborder 29 .
Foi de Patrick : Jean-Jacques a civilisé une « Divine » forme
de « volonté » n’ayant rien de "sauvage", et l’interventionnisme
purement attendu de « Dieu » s’est transformé en une impatiente
« libération » déclarée « de l’homme et du citoyen »… dont tout
le monde politique s’est orageusement révolutionné en partant de
la France, depuis lors "universelle". L’histoire ne finit pas aussi
tôt, vue de Princeton ; mais, dans The Cambridge Companion to
Rousseau , la « volonté générale » devenue « Civic » se divinise
quasiment avec un accent kojèvien : « At the end of political time,
the "general will one has as a citizen" would have become a kind
of second nature, approaching the true naturalness of volonté
générale in Malebranche’s version of the divine modus operandi .
30 » Oublions cette « liberté » et oyons la divinité.
La voix céleste enfenestrée
Le Discours sur l’économie politique articulé pour l’ Encyclo-
pédie de d’Alembert et Diderot contient la première occurrence
du nom de la « volonté générale » dans l’œuvre de Rousseau et, à
proximité du nom de la « volonté de tous », la « voix céleste » en
27 : R OUSSEAU , 1959 c , XI, p. 574.
28 : R OUSSEAU , 1959 c , VI, p. 237.
29 : R ILEY , 1986.
30 : R ILEY , 2001, p. 133.
10
 
deux mots ; en outre, il s’y dit que « la voix du peuple est en effet
la voix de Dieu » 31 : Vox populi, vox dei . Pour entendre vraiment
ces formules, il faut imaginer « Dieu » intervenant généralement
pour tel « peuple » de la terre, c’est-à-dire ne lui voulant que du
bien. Pour voir ce que « Dieu » veut, osons "enfenestrer" le "ciel"
de son intervention.
Figure 1 :
Ceci n’est pas un "monochrome de Blueman". Derrière le vo-
cable divinement entendu de « volonté générale », il y a ce "ciel"
sans aucun nuage. La fenêtre figurant ci-dessus ayant la hauteur
de la bonté « Divine » et sa base étant aussi large que le nombre
de celles et ceux d’ici-bas pour qui « Dieu » est intervenu, on voit
que sa couleur est hautement définie et généralement étendue. Et
si au « monde », comme par « désenchantement 32 », il n’y avait
plus que les « hommes » pour intervenir ?
Éclairage utopique
Les hommes de l’Utopie
Écrivant un premier Contrat social ( qui ne se finira pas ), la
main du « Citoyen de Genève » a eu le réalisme de ne pas « faire
intervenir immédiatement la volonté de Dieu pour lier la societé
31 : R OUSSEAU , 1964 ep , pp. 245-248.
32 : G AUCHET , 1985.
11
 
des hommes 33 ». Une page après, elle redit – par écrit – les mots
de Diderot disant « que la volonté générale [est] dans chaque indi-
vidu un acte pur de l’entendement qui raisonne dans le silence des
passions sur ce que son semblable est en droit d’éxiger de lui 34 »
( « Voy. Au mot D ROIT [de l’ Encyclopédie ], la source de ce grand
et lumineux principe 35 » ). Rousseau sous-entend peut-être que la
« voix céleste » est pratiquement devenue une « voix intérieure »
par « résonance » ; hélas, les « passions » la « couvrent » de leurs
bruits ou de leurs nuages 36 . « Mais où est l’homme qui puisse »
l’entendre ? se demande Jean-Jacques. "Nulle part", répond-il par
sous-entendu, commençant à tonner contre Denis. En « Utopie »,
pourrait-il répondre, là où les « penchants du cœur humain » et le
« jeu des passions » seraient nuls… et n’en pourraient nullement
fausser les « calculs » d’un Mirabeau 37 .
Tous les Célestin, toutes les Célestine
Rien ne m’interdit d’"utopiquement" opérer la transformation
de la « volonté générale » divine en « volonté générale » civique
dans le cas particulier où le civisme s’avère infini. Ce qui revient
à aligner le bon nombre de « dieux » vivants.
Figure 2 :
33 : R OUSSEAU , 1964 mg , I-2, p. 285.
34 : R OUSSEAU , 1964 mg , I-2, p. 286.
35 : R OUSSEAU , 1964 ep , p. 245.
36 : R OUSSEAU , 1964 mg , I-2, pp. 286-287.
37 : R OUSSEAU , 1965-1991 cc , XXXIII, p. 240.
12
 
Parce que la « voix céleste » "résonne" parfaitement – c’est-à-
dire d’une « Divine » façon en chacun et chacune, nous pouvons
prénommer Célestin et Célestine les « hommes » et les "femmes"
dont la « volonté » ( constante ) est à la hauteur ( bleuissante ) de
ce que « Dieu » veut pour la « société » qu’ils et elles forment de
manière utopique. Dans ce cas de figure, la parité ne crée aucune
tension, les couples n’ont sûrement pas d’orages et aucun divorce
ne se prononce. Tous les Célestin et toutes les Célestine sont, sur
le plan volontaire et au sens d’une fameuse formule du Contrat
social définitif, de pures « différences » dont la « somme » n’est
autre que la « volonté générale » 38 .
Les enfants d’Adam
Au milieu de sa lettre à Mirabeau du 26 juillet 1767, Rousseau
assène ces mots à l’"Ami des hommes" et aux « Messieurs » qui
pensent comme lui : « vous donnez trop de force à vos calculs, et
pas assez aux penchants du cœur humain et au jeu des passions »
qui sont à l’origine des orages. « Votre système est très bon pour
les hommes de l’Utopie ; il ne vaut rien pour les enfants d’Adam »
martèle-t-il, las de ce marquis. Il y a souvent bien de la différence
entre les Adam et Ève et les Célestin et Célestine…
À ce sujet, Philonenko a cité une lettre de Rousseau à Usteri,
datée du 18 juillet 1763, où l’auteur du Contrat social avait déjà
assez asséné : « Mon livre n’est pas fait pour des Dieux. 39 » 40 . Il
n’en dit pas moins, sur la même page, que « la volonté générale,
dans sa pure définition, n’était pas du tout utopique » ; ce qui est
faux, inversant même la vérité, en ce qui concerne Jean-Jacques ;
ce qui serait vrai concernant Diderot, d’avec qui Rousseau a com-
mencé à divorcer pour que l’ inerrance de la « volonté générale »
puisse heureusement épouser les "orageux" et les "orageuses" que
le péché originel a enfantés.
L’éclairante liberté des sauvages
L’illumination froide
L’illumination vécue par Jean-Jacques Rousseau en l’automne
1749 a souvent été chaudement commentée. H. Gouhier y voit, en
la belle « âme » de l’illuminé, « une espèce de nébuleuse affective
gonflée d’idées, vision à la fois lumineuse et confuse d’un monde
38 : R OUSSEAU , 1964 cs , II-3, p. 371.
39 : R OUSSEAU , 1965-1991 cc , XVII, p. 63.
40 : P HILONENKO , 1984, III-4, p. 82.
13
 
nouveau qui se révèle dans sa vérité avant toute perception dis-
tincte de ses formes » 41 . Foudroyé par l’émotion, étant le siège de
« mille lumieres » vertigineuses, le grand lecteur de la « question
de l’Académie de Dijon » tombe assis sous « un des arbres » qui
bordaient l’« avenuë » empruntée vers le donjon de « Diderot » et
y crayonne la « prosopopée de Fabricius » 42 ; crayonnage pentu
que viendra entourer un premier « Discours […] plein de chaleur
et de force », mais manquant « de logique et d’ordre » 43 si l’on en
croit la lettre des Confessions .
Comme le Big Bang chaud se double d’un Big Bang froid à la
pointe de la cosmologie, ce réel " Big Bang " de matière littéraire
s’est doublé d’un " Big Bang " d’informations géométriques… que
la tête froide de Rousseau a choisi de ne pas éventer. C’est qu’il
y avait bien de la « Geometrie 44 » dans le « magasin d’idées 45 »
que Jean-Jacques s’était méthodiquement confectionné en quinze
ou vingt années de lectures. — Philonenko a mesuré à quel degré
cette « vision de Vincennes » pèse et se pense froidement : selon
lui, elle « doit toujours conserver sa valeur de point zéro : c’est le
pur moment originaire qui coupe en deux la vie de Jean-Jacques
et qui autorise à parler d’un "avant" et d’un "après" » 46 . Plus que
le voyage spatiotemporel de « Fabricius », Rousseau a géométri-
quement vu des « societés d’hommes simples 47 » et comment ce
beau temps du départ s’est gravement gâté jusqu’à l’accumulation
nimbée des malheurs arrivés au siècle des Lumières ( deux siècles
avant le siècle des Extrêmes 48 ).
Sous un simple chêne
La lecture du Contrat social peut simplement commencer par
le début du dernier livre 49 . Jean-Jacques y puise, dans le Valais,
des « hommes droits et simples » qu’il attroupe « sous un chêne »
avec une « simplicité » maximale, mais sans les prendre pour des
« dieux » sis au paradis "utopien". « Tant que [ces] hommes réunis
se considerent [tous] comme un seul corps, ils n’ont qu’une seule
volonté » qui porte à peu près le nom ( charmant ) de « VOLONTÉ
GÉNÉRALE ». La "géométrie des voix" que Rousseau murmure et
41 : G OUHIER in : R OUSSEAU , 1969, p. CLXXXI .
42 : R OUSSEAU , 1959, pp. 1135-1136.
43 : R OUSSEAU , 1959 c , VIII, p. 352.
44 : R OUSSEAU , 1959 c , VI, p. 238.
45 : R OUSSEAU , 1959 c , VI, p. 237.
46 : P HILONENKO , 1984, I-2, p. 23.
47 : R OUSSEAU , 1959 d , II, p. 828.
48 : H OBSBAWM .
49 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-1, p. 437 et ss.
14
 
sous-entend sûrement par la suite fait état d’une « unanimité » qui
« regne » et d’une « volonté générale » qui est encore la « volonté
de tous ». Ensemble sous le feuillage d’un vert égal et sous un ciel
bleu parsemé de moindres nuages blancs ( couleur d’innocence ),
avec un léger bruissement de fond, toutes ces « voix » unanimes
n’en font qu’une, qui sonne « céleste ».
Par la fenêtre de la figure 1 , le bon « Dieu » voit la « troupe »
"paysanne" qui habite le quatrième « CHAPITRE I » du « traité » et
veut son « bien ». Pour rappel, cette forme rectangulaire contient
des informations fondamentales et non de l’"art" : sa longue base
exprime ici le nombre des « heureux […] paysans » ; sa hauteur
dit la justesse ( ou la « JUSTICE » ) de son "ton", que sa teinte ( on
ne peut plus unie et moins orageuse ) redit ; enfin, elle affiche une
UNITÉ d’un seul tenant, monolithique à souhait. Sur la terre des
« hommes », la forme humaine de la « voix céleste » se compose
le plus simplement d’une généralité de « voix » si proches les unes
des autres que l’« unanimité » et son type d’ UNITÉ ne se rompent
pas. En outre, formant ainsi un rectangle dont l’aire est égale à la
l’aire « Divine », BONTÉ et BLEUTÉ lui sont également inhérentes.
Même si J.-J. Rousseau évoque une suite de « plusieurs » Suisses
« réunis », un citoyen de Belgique tel que moi tendrait davantage
à rapprocher la figure suivante des grands tableaux imaginés par
Magritte… ou d’une bande de petits Schtroumpfs dessinée sur le
plan de leur « seule volonté ».
Figure 3 :
15
Le sens de la « céleste » hauteur de ce rectangle composite se
précise en ce que cette « volonté » rectangulaire « se rapporte à la
commune conservation, et au bien-être général » 50 . En taisant son
« PRINCIPE », Jean-Jacques sous-entend que la « PITIÉ » 51 s’avère
facultative dans l’obtention de la "couleur" de l’ INERRANCE . En
parlant de « paysans », il a voulu ne pas trop faire entendre qu’il
pensait premièrement aux « Sauvages » 52 : « quoique […] la pitié
eût déjà souffert [en eux] quelque altération » dont les nuages de
la figure 2 devraient légèrement s’épaissir et clairement grisailler,
il saute "sauvagement" aux yeux que, en cas de très haute « simp-
licité », « la voix du peuple est en effet la voix de Dieu 53 » dans
ce chant précis de la « liberté » que Rousseau a entendu prendre
pour référentiel caché.
L’échauffement des voix
La « liberté » aussitôt dite, voilà que ça commence à chauffer
sous le « chêne » du Valais ou chez les bons « Sauvages » qu’ils
cachent : « quand les intérêts particuliers commencent à se faire
sentir […], l’intérêt commun s’altere et trouve des opposans » 54 ;
parce qu’« un seul opposant rompt l’unanimité 55 », il s’ensuit que
« l’unanimité ne regne plus dans les voix »… et que « la volonté
générale n’est plus la volonté de tous » dès la première opposition
sensible d’une « volonté particuliere ». La « différence entre […]
la somme de différences » de la figure 2 et la « somme de volon-
tés particulieres » de la figure 3 était insensible ; il en va « bien »
différemment entre ces deux figures et la figure 4 où le "regard"
sur l’« intérêt privé » gagne une « voix » distincte et « nouvelle »
qui « retentit comme un coup de tonnerre », pour parler comme
l’intarissable Bossuet.
Le premier éclat de « voix » déclenche-t-il de quoi prononcer
un éloge funèbre ? Philonenko diagnostiquerait que la « volonté
générale » est mortellement blessée, que l’« esprit de simplicité »
a vécu et que le Contrat social renferme un « reméde » fantôme,
fauteur de contraste… faute de mieux. Pour ma part, je dirais que
c’est précisément de la « volonté de tous » qu’il s’agit depuis la
zone de la figure 3 , que Jean-Jacques ne s’attendait pas à ce qu’il
y ait toujours du pur azur tous azimuts et que la blessure constatée
au niveau de l’ UNITÉ s’avèrera bénigne.
50 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-1, p. 437.
51 : G OLDSCHMIDT , 1983, p. 331.
52 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 171.
53 : R OUSSEAU , 1964 ep , p. 246.
54 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-1, p. 438.
55 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-2, p. 441.
16
 
Figure 4 :
L’imagerie nous montre clairement que la quatrième « volonté
particuliere » s’est sensiblement éloignée de la ligne bleue – non
point celle des Vosges, mais celle de la VG dont le Valais n’était
jamais loin – ; en d’autres mots, elle a dépassé le seuil représenté
par les deux lignes grises équidistantes de la longue hauteur de la
« volonté générale ». Malgré cet écart, l’aire de cette "« volonté
de tous » sauf un" a la « rectitude 56 » sauve, étant égale à l’aire
de la « volonté générale » sur une même base.
Le naufrage terrestre
Le bon coup politique
On imagine aisément que l’opposition à l’« intérêt commun »
ne demeure pas longtemps le fait d’un isolé. D’autres "électrons
libres" de l’« intérêt privé » sont en situation de "contredire" de
vive « voix » le "courant majoritaire" ( ou "mainstream" ). Jean-
Jacques les a vus et est arrivé à les comprendre pour expliquer
leur afflux imposant : « Chacun, détachant son intérêt de l’intérêt
commun, voit bien qu’il ne peut l’en séparer tout-à-fait, mais sa
part du mal public ne lui paroit rien, auprès du bien exclusif qu’il
56 : R OUSSEAU , 1964 cs , II-3, p. 371.
17
 
prétend s’approprier. 57 » L’atmosphère en devient maladivement
"électrique", chargée des maux liés à la « Loi du plus fort », mais
les premiers « Gouvernemens » surgissent alors d’un coup pour y
porter « reméde » 58 ( cela dit en brûlant une étape « civile » 59 ).
Leur surgissement transforme le grand « corps social » malade en
un « corps politique » rendu à la bleuté, mais dont la « volonté »
comporte des nuages gris.
Figure 5 :
L’intempérie a été forte, voire même orageuse , mais le cadre
de l’État ( comprenant ci-dessus trois "volontés gouvernantes" ) a
ouvert une courte période d’accalmie que je qualifierais bien de
première « libération ».
Sous le parapluie inégalitaire
Si les « Gouvernemens » sont des « remédes » à l’origine, ils
n’en ont pas moins des effets secondaires plutôt problématiques.
La figure 5 montre que la « volonté » qui gouverne s’unit loin de
l’« intérêt commun » et tend à s’opposer au « Souverain » qu’est
57 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-1, p. 438.
58 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 184.
59 : R OUSSEAU , 1964 di , II, pp. 177-178.
18
 
toujours toute la "communauté" ; parfois, il résiste vertueusement
à cette tension ; souvent, il suit sa « pente » et sa "vertu" consiste
tout au plus à ne pas la suivre ouvertement. Et les « Citoyens »,
ont-ils tendance à réagir fermement ? « Quand ceux-ci sont […]
plus amoureux du repos que de la liberté [ sensu lato ], ils ne tien-
nent pas longtems contre les efforts redoublés du Gouvernement ;
c’est ainsi que la force résistante augmentant sans cesse, l’autorité
Souveraine s’évanouit à la fin 60 ». Gris et désunis, « tous » n’en
forment plus une bonne « volonté » de « peuple » ( ayant tout ce
qu’il faut de la « volonté générale » ) mais font une « multitude »
de « volontés » mal gouvernées.
Figure 6 :
Le ciel lourd qui surplombe ce paragraphe le murmure : l’État
tel qu’il dégénère ne "cimente" pas la « société », il "bétonne" les
inégalités . Quand les coups pleuvaient fortement parmi les hom-
mes ( même après la conclusion d’un « pacte » richement inégali-
taire ), le "parapluie" étatique s’est ouvert ; mais il s’est vite mis
à pleuvoir dessous, à l’image d’un chef-d’œuvre de la plomberie
surréaliste de Dali. — Pour remédier à une telle dégénérescence,
60 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-14, p. 428.
19
 
Rousseau s’est-il mouillé jusqu’à concevoir, sous le titre sec Du
Contrat social , un subversif « ouvrage qui détruit les Gouverne-
mens 61 » ? Il en a été soupçonné… à tort. Par ses « principes », il
ne pouvait ignorer que la présence de « Gouvernemens » était un
moindre mal que leur absence, et que la "pluie" redoublerait là où
l’on détruirait ces "parapluies". Sachant la proximité des « années
orageuses », il « vouloi[t] prévenir » la « destruction prochaine »
qui les "menaçait" 62 ; d’où son discret « espoir » de les guérir en
leur tendant la perche d’une profonde réforme égalitaire… et son
« malheur » de vivre un retour de bâton dû à un malentendu que
sa lucidité aurait pu prévoir. — La Révolution française aura un
tel épisode destructif : outre son erreur sur la « représentation »,
une "mentalité ultra -antigouvernementale" l’emportera « au-delà
de Rousseau » et des « limites » de l’inerrance 63 . Autrement dit,
les soi-disant « représentans » du « Souverain » qui chapeautaient
la France révolutionnaire ont cru bon de chercher à manger tout
"parapluie" « exécutif » à la santé du parlement « législatif », ce
qui fut terriblement indigeste à la nation.
Les pires foudres à venir
Le « reméde » des « Gouvernemens » s’est malheureusement
"corrompu", et sa « corruption » court vers un « terme extrême »
dont Rousseau a calculé la situation future 64 . Dans son Discours
sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ,
Jean-Jacques révèle que, dans un avenir prévisible où l’« extrême
inégalité des Conditions » sera atteinte, « on verroit fomenter par
les Chefs tout ce qui peut affoiblir des hommes […] en les désu-
nissant […], […] inspirer […] une haine mutuelle par l’opposition
[…] de leurs intérêts, et fortifier par-conséquent le pouvoir qui les
contient tous » ; « du sein de ce désordre » s’élèvera « par degrés
[la] tête hideuse » du « Despotisme […] dévorant » ; au « dernier
terme de l’inégalité, […] tous les particuliers redeviennent égaux
parce qu’ils ne sont rien »… et « tout se ramene à la seule Loi du
plus fort » où « le Despote n’est le Maître qu’aussi longtems qu’il
est le plus fort ». Si ce n’est pas de l’extrêmement violent ORAGE
exactement dépeint, alors je mange mon chapeau…
Tant que le "parapluie" est trop pyramidal et se prend pour le
sommet de l’État, il s’attire des foudres et la violence monte sous
sa toile. Sans « reméde » approprié, les « hommes qui forment ce
61 : R OUSSEAU , 1964 lem , VI, p. 806.
62 : R OUSSEAU , 1964 lem , VI, p. 809.
63 : G AUCHET , 1989, p. 128.
64 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 189 et ss.
20
 
troupeau qu’on appelle société 65 » vont fatalement au pire « mal »
possible. La sombre image que je "tire" de cette fin de Discours
n’en donne qu’une faible idée…
Figure 7 :
La formule libératrice
Le ciel chargé des différences
Au fond du dernier Rousseau et de sa volonté de vivre sa fin
de vie « au-delà des années orageuses qui vont éclore », les idées
( liées ) de « remède par le mal », d’" ESPOIR MALHEUREUX ", de
« généralisation rugueuse » et de « libération orageuse » s’enra-
cinent toutes solidement dans la formule du Contrat social … qui
s’est vue infinitésimalement lue par Philonenko. En me basant sur
le deuxième titre de mon Corollaire , je peux aussitôt dire que les
« différences » faisant en « somme » la « volonté générale » qui
se chargent d’un « plus » ou d’un « moins » deviennent autant de
« volontés particulieres » et font, en « somme », non une "VGE"
65 : R OUSSEAU , 1964 dsa , pp. 8-9.
21
 
( " V olonté G énérale E lectrifiée" ), mais une "VTG" ( " V olonté de
T ous G énéralisée" ) pouvant avoir de l’électricité dans l’aire sans
donner prise au potentiel d’« ERRER » 66 .
Si ce chargement alternatif des « différences » changeait tout,
toute la politique de Rousseau ne serait qu’« utopique » ( avec ou
sans renvoi à un rectangle "continu" d’ordre divin ). "Orage, haut
désespoir !", chanterait Philonenko avant de refermer la « volonté
générale » sur sa pure dimension d’« horizon nouménal » que, du
« reste », la "formule libératrice" renferme. Heureusement, sous
quelques conditions réalistes bien entendues, les charger ainsi ne
change irrémédiablement rien d’essentiel.
Sur la hauteur du paratonnerre
À la condition que le caractère d’ UNITÉ ne parte pas vraiment
avec la rupture de l’« unanimité » des « voix » et/ou revienne par
« contract » et à celle que le « gouvernement » tienne à sa place
( en ne se "surordonnant" pas ), l’électrification sensible de toutes
les « différences » n’apporte aucun mauvais changement pourvu
que, une fois divisée par le nombre ( entier ) d’individus qu’aligne
le « corps social » ou « politique », la mesure de l’aire obtenue en
sommant toutes les aires « particulieres » donne la bonne hauteur
de l’« intérêt commun » ( ou "général" ).
D’une manière imagée, on peut formuler que, dans la mesure
où elle est bien haute ( ne l’étant ni trop ni trop peu ), la « volonté
de tous » fonctionne comme un "paratonnerre" et protège tout ce
qu’elle conduit. Lorsque les tensions entre « tous » s’intensifient,
les « hommes » descendant d’« Adam » ne tombent pas forcément
comme des « loups » dans l’« état de Nature » que Hobbes place
à la nuit des temps passés, mais que Rousseau situe le plus forte-
ment à l’extrémité de l’inégalité future. Ouvrir alors un parapluie
léviathanesque ne suffit pas : il est nécessaire de hautement avoir
la forme pour parer les coups d’une " ERRANCE du tonnerre"… et
parvenir à faire bleuir l’orage, même « extrême ».
Les orages bleus
Plus intense que l’électricité courante, il y a parfois de l’orage
dans l’aire de la « volonté de tous » ; paradoxalement, ce genre de
"rugosité" éclatante n’empêche pas toute "généralisation" condui-
sant à l’ INERRANCE . — Ce paradoxe se trouve formulé à travers
un exemple romain, au livre final du Contrat social . Après avoir
écrit que, « même dans les plus beaux temps de la République »,
66 : R OUSSEAU , 1964 cs , II-3, p. 371.
22
 
les « querelles » entre « les Patriciens et les Plébeyens […] troub-
lerent souvent les comices », Rousseau a pu écrire que, « dans les
tems mêmes les plus orageux les plébiscites du peuple, quand le
Sénat ne s’en mêloit pas, passoient toujours tranquillement et à la
grande pluralité des suffrages » 67 . En l’« État » sur « deux » où
la « majesté du Peuple Romain 68 » dominait, le caractère « ora-
geux » et une certaine « tranquillité » pouvaient aller de pair, non
loin de l’« unanimité ». Les Romains du « Peuple » majestueux
n’étant pas vraiment des « Sauvages », mais simplement « [t]els
les Germains » de Tacite 69 aux yeux de Jean-Jacques, on peut les
qualifier de bons "Barbares" et lire à travers eux que « l’homme
barbare […] préfere la plus orageuse liberté à un assujettissement
tranquille 70 » ; en d’autres mots : "une « libération » continuelle à
une « servitude » inertielle " qui, en cas d’abandon à sa « pente »,
s’extrémiserait à un « point » peu reposant.
En branchant la télé sur n’importe quelle… chaîne d’une telle
"Barbarie", à l’heure de la météo politique, tout homme civilisé
serait capté par ce genre de « spectacle » :
Figure 8 :
67 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-2, p. 439.
68 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-4, p. 452.
69 : R OUSSEAU , 1964 dsa , I, p. 11.
70 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 181.
23
 
Il est remarquable que les « volontés particulieres » ayant ici
le sens de l’« intérêt commun » sont au nombre de vingt-deux sur
trente-quatre, ce qui constitue une « grande pluralité » et augure
une bonne « police ». Encore convient-il de remarquer que, sans
l’« entre-destruction des plus et des moins 71 »… que Philonenko
interprète avec une « barbarie logique 72 », jamais les deux AIRES
fondamentales du « droit politique » ne pourraient entrer en CON -
CORDANCE salvatrice.
La "formule" textuellement donnée par Rousseau, précitée en
blanc sur fond de volets bleus prêtés à Philonenko et illustrée en
ce chapitre se reformule ici comme suit :
Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous
et la volonté générale ; celle-ci n’a qu’un regard bleu ciel ,
l’autre a le regard chargé de nuages blancs à orageux , et
n’est qu’une somme de volontés particulieres : mais ôtez
de ces mêmes volontés les plus et les moins qui " s’entre-
détruisent " , revient en somme le beau temps ou l’éternelle
couleur de la volonté générale .
Les guillemets qui entourent le fait que « les plus et les moins
[…] "s’entre-détruisent" » vont donner lieu aux deux derniers des
chapitres qui composent cet article au fil « orageux », tourné vers
une prise de parole. Avant, je vais toutefois devoir souligner que
le traité du Contrat social est plus taillé pour couper l’appétit des
êtres humains qui deviennent peu à peu des "plantes carnivores"
que pour pleurer la perte irrémédiable d’un « état » sans « État »
où ils étaient « tous » "fleur bleue".
Le sauvetage éclairé
L’extrême tension vers le bleu
Dire qu’« [il] y a souvent bien de la différence entre la volonté
de tous et la volonté générale » ne va pas sans entendre qu’ il y a
aussi souvent du « mal » dans la volonté de tous . Ce « mal » peut
être vu comme un « désordre » dû à un manque de « PITIÉ ». Pour
penser tout le « reméde » qui l’"ôte", il faut partir du « principe »
d’où Jean-Jacques "tire" sciemment l’inerrance : le « PRINCIPE DE
LA CONSERVATION DE SOI 73 »… dont l’intensité est « extrême » à
la fin de l’histoire de l’ inégalité parmi les hommes .
71 : P HILONENKO , 1984, III-2, p. 31.
72 : K OYRÉ , 1973, p. 337.
73 : G OLDSCHMIDT , 1983, p. 311.
24
 
Le Contrat social paraît pourtant plus paisible que la seconde
partie du second Discours . En son deuxième livre, Rousseau a dit
que, « pour instituer un peuple », il fallait remplir la douce "con-
dition" qu’il « jouisse de l’abondance et de la paix » ; autrement,
quand des « gouvernemens » sont « établis durant [des] orages »,
« ce sont ces gouvernemens-mêmes qui détruisent l’Etat » ; « à la
faveur de l’effroi […], des loix destructives » sont alors adoptées,
« que le peuple n’adopteroit jamais de sang-froid » 74 . OK, mais
quid quand un « peuple » se retrouve dans une situation extrême-
ment grave et erronément désespérée où il ne se conserverait pas
sans se refroidir le « sang » ? Que se passe-t-il quand le « Tiran »
ou l’« anti-Législateur 75 » et leurs suites malheureuses viennent
de passer ? — Sans être trop apocalyptique, ne pouvons-nous pas
considérer qu’il y a un début de réponse à ces questions dans les
Considérations sur le Gouvernement de Pologne ? Rousseau n’y
vient-il pas en aide aux Polonais ; plus précisément aux « ames »
polonaises, qui « s’endormoient dans un repos léthargique » mais
que « l’orage » déclenché par un « agresseur » a « réveillées » et
"libérées" de leurs « fers » ? Hélas, sous le « poids de la fatigue »,
elles « voudroient allier la paix du despotisme aux douceurs de la
liberté » ; « choses contradictoires » qui le portent à ce propos si
tranchant 76 : « Le repos et la liberté me paroissent incompatible ;
il faut opter. » Cités peu après, « Moyse, Lycurgue et Numa »
confirment qu’un « peuple » peut s’« instituer » orageusement 77 .
Et Jean-Jacques himself a eu la science de vouloir finir ses vieux
« jours » en tant que « témoin [d’un] nouveau spectacle » certes
"populaire", sorti d’« années orageuses »…
Rousseau a vraiment malheureusement vécu le fait d’espérer
du pire. Philonenko en dira qu’il a été « le médecin d’une époque
si malade qu’aucun remède ne […] convient […] sauf une révo-
lution qui en lui donnant [un] coup de grâce » ( "non-malebran-
chiste" ), « permettrait à l’humanité de se sauver dans un nouveau
cycle » ; chose si risquée que « Jean-Jacques ne souhaitera pas la
révolution » 78 : il « souhaitera » mourir en ayant vu son résultat,
pensant globalement que « sans une révolution formidable, il n’y
a plus de salut 79 »… et l’on sait déjà fort bien que la « volonté de
tous » peut être « salutaire 80 ». La « Révolution » n’en est pas le
74 : R OUSSEAU , 1964 cs , II-10, p. 390.
75 : P HILONENKO , 1984, III-3, p. 63.
76 : R OUSSEAU , 1964 cgp , I, pp. 954-955.
77 : R OUSSEAU , 1964 cgp , I, p. 956.
78 : P HILONENKO , 1984, I-3, p. 75.
79 : P HILONENKO , 1984, I-10, p. 213.
80 : R OUSSEAU , 1964 ep , p. 248.
25
 
« reméde », mais le « mal » qui ne manque plus d’y condamner
en imposant d’« opter » contre la mort, pour se conserver en vie.
Que personnellement Rousseau souhaite ou non son « redoutable
secours 81 » n’y change rien : si elle arrive, alors il arrivera ; ce
qui n’arriverait jamais si l’ inerrance qui "remédie" n’était pas un
pur dérivé du « PRINCIPE DE LA CONSERVATION DE SOI », pouvant
s’activer sans « PITIÉ » et dont l’activité culmine principalement
au bord du gouffre.
La noirceur de l’extrémisme terminal est telle qu’elle ne peut
qu’être condamnée à bleuir. Même si cette « pensée du malheur »
contrarie son tendre « cœur » ( sans le contredire ), Jean-Jacques
a fondé tout son « Systême » sur cette "bonne tension". L’image
du « Cercle » qui se « ferme » à la fin du second Discours doit se
lire comme une ouverture : après le « nouvel Etat de Nature 82 »,
le « nouveau spectacle » d’un monde où l’« État » refondé revêt
le BLEU de suivre mutatis mutandis l’« exemple des Sauvages 83 »
et des « sociétés primitives 84 ».
Sous le souverain le gouvernement
Même après l’« extrême » application des « vrais principes du
droit politique 85 » et a fortiori avant, dès lors qu’il ne s’agit pas
d’une "Nation sauvage", le « reméde » nécessite la présence d’un
ou plusieurs gouvernants formant un « État » avec les gouvernés.
De nombreux lecteurs de Rousseau ( dont Philonenko 86 ) ont cru
que ce « Gouvernement » nécessaire – car seul légitime – relevait
nécessairement de la « DÉMOCRATIE » ; ayant lu de leurs yeux lu
que « ce Gouvernement » nécessitait « un Etat très petit », « une
grande simplicité de mœurs » et « beaucoup d’égalité » ( « choses
difficiles à réunir » ) 87 , ils ont trop vite considéré que le Contrat
social n’était bon que pour des cités grosses comme des tribus ou
pour Genève intra muros . Désespérante nécessité…
En lisant mieux Jean-Jacques, on "distingue" clairement qu’il
s’est orageusement fermé à la forme des "gouvernements démo-
cratiques", ce qui pourrait apparaître ( à tort ) comme une marque
de rugosité extrémiste. Lisons : « il n’y a pas de Gouvernement si
sujet aux guerres civiles et aux agitations intestines que le Démo-
cratique ou populaire, parce qu’il n’y en a aucun qui tende si for-
81 : P HILONENKO , 1984, I-10, p. 239.
82 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 191.
83 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 171.
84 : C LASTRES , 1974.
85 : R OUSSEAU , 1964 cs , IV-9, p. 470.
86 : P HILONENKO , 1984, III-5, p. 85.
87 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 405.
26
 
tement et si continuellement à changer de forme, ni qui demande
plus de vigilance et de courage pour être maintenu dans la sienne.
C’est sur-tout dans cette constitution que le Citoyen doit s’armer
de force et de constance, et dire chaque jour de sa vie au fond de
son cœur ce que disoit un vertueux Palatin * dans la Diete de Po-
logne : Malo periculosam libertatem quam quietum servitium . 88 »
Nous y revoilà. La « DÉMOCRATIE » étant le mode gouvernemen-
tal le plus contraire à la « tranquillité » et aussi le moins "libéré"
de la préférence pour « la plus orageuse liberté », elle requiert des
« Citoyens » trop bons pour exister en bon nombre. Rousseau en
tire cette conclusion finement calculée… mais mal lue par tant de
générations de "démocrates" : « S’il y avoit un peuple de Dieux,
il se gouverneroit Démocratiquement. Un Gouvernement si par-
fait ne convient pas à des hommes. 89 »
Les « enfants d’Adam » et Ève n’étant ni des Célestin ni des
Célestine, Jean-Jacques ne pense pas que se "gouverner populai-
rement" aide à bleuir le ciel de leurs « volonté[s] de tous ». Outre
l’argument orageux, il présente encore un argument logique dont
l’éclatement ne facilite pas la lecture : si des « Dieux » vivants ou
des « hommes de l’Utopie » se « gouverneroi[en]t Démocratique-
ment », ils formeraient de la sorte un « Gouvernement sans Gou-
vernement 90 » ; non une « société sans État », mais un « reméde »
contre-indiqué en cas de « mal »… et donc « institué sans néces-
sité 91 » : AUSSI POSSIBLE QU INUTILE et d’une utilité comparable
à celle d’un "parapluie perçant" ; l’auteur du Contrat social ne l’a
guère traité autrement qu’en le faisant remonter au ciel.
Dans ce chapitre "démocratique", Rousseau apporte encore de
quoi éclaircir sa lecture en un court laps de temps. Sans citer Jean
Bodin, il dit d’emblée que l’aberration du « Gouvernement sans
gouvernement » est entièrement due au fait que le « Prince » et le
« Souverain » sont deux « choses qui doivent être distinguées » et
que la « DÉMOCRATIE » a le fond de confondre 92 . Critique, il cite
Montesquieu qui, « faute d’avoir fait les distinctions nécessaires,
[…] n’a pas vu que l’autorité Souveraine étant partout la même,
le même principe doit avoir lieu dans tout Etat bien constitué 93 ».
Ce « principe » est à la fois souverainement porteur d’ inerrance
et "gouvernementalement" sans portée. C’est pourquoi il « n’est
pas bon que […] le […] peuple détourne son attention des vues
88 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 405.
89 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 406.
90 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 404.
91 : R OUSSEAU , 1964 di , II, p. 188.
92 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 404.
93 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 405.
27
 
générales, pour la donner aux objets particuliers 94 » du domaine
gouvernemental ; s’il se "détournait" ainsi, il risquerait gravement
de tomber en errance . Qu’il « ne regarde qu’à l’intérêt commun »
ou qu’il s’évertue à le regarder au maximum, et il ne s’en portera
que mieux, dirait J.-J. R. — Le « principe » actif du « reméde » se
trouvant au niveau de la « souveraineté » et non à celui du « Gou-
vernement », Jean-Jacques doit être ouvert à toutes les formes de
« Gouvernement » et exiger fermement la "subordination 95 " de
tout « Prince » à son « Souverain ». Subordonner ainsi apporte de
l’ inerrance et rapproche heureusement les « sociétés politiques »
des « sociétés primitives ».
La couverture contractuelle
Les pages du Contrat social n’ont aucune figure et sont toutes
imprimées noir sur blanc. La première de couverture est toujours
illustrée pour faire joli. Si le papier et le fin carton utilisés pour le
fabriquer venaient à troquer leur blancheur contre l’un des cieux
figurant au fond de huit des présentes pages, en conformité avec
leur contenu, alors le « petit traité » de Rousseau présenterait tout
d’abord une couverture majoritairement bleue… et sensiblement
nuageuse, car le « contract social » intervient principalement en
cas de rupture – « plus » ou « moins » importante – de l’« unani-
mité ». Même s’il ne l’a pas vue "couverte", Bernardi a bien vu
que la page suivante contenait un mot de Virgile qui signifie que
le « contrat social » est un « pacte » 96 , et donc qu’une GUERRE a
dû éclater comme éclate un orage avant la venue de son moment ;
à cheval sur deux vers, les quatre mots latins de l’« Aeneid. XI »
en sont imprimables sur un fond orageux. En bleu rugueux ou du
même noir que les dernières pages du second Discours ? La page
contenant la formule noircie par Philonenko exige de la BLEUTÉ !
foederis aequas
Dicamus leges.
A ENEID . XI
La dominante des cent pages s’impriment les quatre livres
du Contrat social se résume à ceci ( et la preuve apportée n’en est
pas un roman ) : DU BLEU DU CIEL EN BATAILLE , du début où sont
les « fers » jusqu’au mot « FIN ».
94 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-4, p. 404.
95 : R OUSSEAU , 1964 cs , III-1, p. 399.
96 : B ERNARDI in : R OUSSEAU , 2001, p. 21.
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