Lettre ouverte à mes lecteurs

 

Je suis donc né il y a trois cents ans et tous s’affairent encore à me fêter. Je le savais : je devais, pour l’éternité, les questionner, les intriguer, les effrayer ! Mais je ne m’attendais pas à subir ici leurs célébrations. J’espérais, dans ma grande naïveté, être délivré de ces murs de pierre qui m’écrasent depuis plus de deux cents ans. Et voici que l’on dresse encore sur ces dalles massives, qui m’oppressent tant, des pyramides de mots qui s’alourdissent chaque jour et rendent mes paroles de moins en moins compréhensibles !  

Oui, me voici jeté depuis 218 ans dans ce trou de ténèbres au fond d’une crypte sombre et glacée comme ces grands criminels dont tout le monde a peur. Qui a commis le crime d’emprisonner ainsi celui qui aimait tant la liberté, la nature, les ruisseaux et les prés ? Seuls ces Messieurs peuvent ainsi vous enterrer vivant, allez-vous me répondre, lecteurs avisés. Seuls ces hommes noirs peuvent vous traiter ainsi ! Eh bien non ! Certes ils n’auraient pas fait mieux dans le sadisme et dans la cruauté. Le croirez-vous lecteurs ? Ce sont mes adorateurs, mes fans si j’ose dire  (moi qui déteste le fanatisme !) qui m’ont conduit dans ce lieu d’horreur, dans cette oubliette ténébreuse où je gis, désespéré, à côté de mon pire ennemi. Mais si, mais si, je vous assure ! Certes la chose est incroyable, je vous l’accorde, mais ma vie, ne vous l’ai-je point dit, est incroyable aussi…

On a fait de moi un révolutionnaire qui, l’œil farouche et la pique à la main, menaçait de tuer le Roi. Le Roi ? C’était la reine que je voulais déchoir, humilier, avilir…Ne suis-je pas, avant tout, un féroce misogyne ? C’est donc moi qui jugeais les têtes couronnées, qui apprêtais la guillotine et mes mains couvertes de sang applaudissaient à ces massacres. N’avais-je pas dit pourtant que tout était perdu sans ressource quand on avait recours à la potence et à l’échafaud ? N’avais-je pas dit qu’il était blâmable de souhaiter une révolution ? Pas plus que les autres ils ne m’avaient lu. Ils m’ont mis sur la tête un bonnet phrygien et dans mes mains un couperet puis, ravis (d’eux-mêmes sans doute ?) ils m’ont enfermé ici.

Mais on m’a dit aussi ancré dans mes principes, défendant les coutumes contre tout changement, faisant la cour aux grands, vivant dans leurs châteaux, veillant sur l’ordre et sur les biens, défendant bec et ongles le patrimoine des enfants légitimes, abhorrant les illégitimes. On m’a vu décrier les régimes démocratiques et exalter la royauté. On m’a vu refuser l’asile aux étrangers qui frapperaient aux portes de la Corse. On m’a dit plus que conservateur : un tantinet facho. Je croyais pourtant avoir dit que la terre était à tous, que l’honneur seul faisait la différence entre les hommes, et que seule une égalité absolue viendrait à bout de la profonde misère des pauvres.

C’est vrai : je suis multiple, je suis divers, je suis vivant tout simplement. J’aime étonner, surprendre, réveiller. J’attends ce vrai lecteur qui me posera des questions, qui me contestera, ce vrai lecteur qui me lira, plume à la main, pour dialoguer. Mais jamais je ne suis méchant. Jamais mon cœur ne médite quelque violence, quelque injustice, quelque vengeance. J’explose puis je me calme sans jamais faire de mal, sans jamais outrager, sans jamais humilier. Révolutionnaire ? Conservateur ? J’abhorre les révolutions ; mais j’aspire à  l’évolution.

Revenons à mon propos : celui de mon tricentenaire. Oui : mon cœur palpite encore dans la crypte funèbre où l’on croit me célébrer. Ne vous est-il pas parvenu ce bruit que je n’y étais plus ? Que jamais mon squelette, descendu, monté, redescendu par de vertigineux escaliers, sans cesse déménagé, sans cesse malmené, ne pouvait offrir à vos regards cette perfection de mes os alignés que vous avez autrefois constatée ? Lecteurs qui vous targuez de tout savoir, savez-vous comment Lakanal désignait ma dépouille ? Parlait-il d’un cercueil ? Non. Il parlait  d’urne cinéraire. Cinéraire vient de cendre, vous ne l’ignorez point ? Qui donc est à ma place ? Qu’importe ! Ne nous arrêtons pas sur ces petits détails. Mon âme n’est point dans ma dépouille. Elle est partout où vous parlez de moi. C’est toujours moi qui tiens ce flambeau allumé, c’est toujours moi qui vous éclaire en ces temps de chaos. Le monde entier est concerné par mes écrits, guidé par mes pensées, soulevé par mes espérances. Je me disais banni, méprisé, humilié : me voici auréolé non de lauriers mais de paroles, universellement fêté, adulé…Me voici aussi écrasé par ces milliers de thèses, de livres et de publications, de réunions et de célébrations qui pèsent si lourdement sur mon âme navrée.

Ils nomment cela : la gloire ! O, dérision ! Ai-je demandé la gloire ? J’ai demandé l’écoute. Ai-je demandé des livres ? Les livres sont nuisibles : combien de fois vous l’ai-je répété ! Avez-vous pensé à tous ces arbres coupés pour imprimer vos thèses, vos discours, vos colloques ! Moi qui vénérais les arbres et critiquais leur élagage, moi qui allais m’enfouir dans les forêts, moi dont le désir le plus vif était d’être enterré sous un chêne, voici qu’en mon nom vous coupez des forêts entières, faisant pour moi (sans doute êtes-vous sincères ?) ce que je réprouvais…. Avez-vous pensé aussi  à toutes ces idées pernicieuses colportées par les livres, à tous ces mensonges qui masquent la réalité, à tous ces détournements d’identité provoqués par des lectures provocantes ? Moi-même n’en fus-je pas la première victime ? Y a-t-il des livres chez les vrais sages qui peuplent la plus grande partie de la terre ? La sagesse chez eux est inscrite au fond de leur cœur. Elle n’a nul besoin de ces penses bêtes qui pallient à notre amnésie.

Est-ce tout ce que je crains de mes adorateurs ? Soyons francs : j’ai plus à craindre encore. Dans quel trou plus étroit, plus ténébreux, plus glacé mes nouveaux adorateurs vont-ils me jeter, oui ces milliers de célébrants que l’année 2012 fait pousser comme la pluie fait pousser le chiendent ?  Que vont-ils faire de mes pensées ? Ne vont-ils pas broder sur quelques phrases que j’ai pu prononcer dans la distraction de longs discours à leur façon ? Ne vont-ils pas imaginer des opinions que jamais je n’ai formulées ni, encore moins, pensées ? Ne vont-ils pas se livrer à cette défiguration que j’ai tant redoutée de la part de ces Messieurs ? Serait-ce eux  ces Messieurs que je voyais déjà de mon vivant mais qui, après ma mort, se sont multipliés comme l’hydre de l’Herne ?  Ils font tous comme si mon œuvre était un livre blanc où chacun pouvait écrire ce qu’il entend, où chacun pouvait  me modeler et me tordre à son désir, où chacun, croyant me décrire, décrivait  toujours un homme qui n’est pas moi, un homme que je ne connais pas. Le portrait, d’ailleurs, il faut en convenir, est souvent flatteur, rarement noir, parfois lumineux. Dois-je cependant  m’en réjouir ? J’ai horreur des flatteries, on le sait. Horreur de ces flagorneries avec lesquelles on m’a fouetté toute ma vie. Je désire seulement que l’on écoute mon murmure, que l’on prenne son temps pour l’écouter sereinement et qu’on l’écoute jusqu’au bout. Rien de plus. Rien de moins cependant. Je veux un lecteur éveillé et non assoupi, attentif et non indifférent, respectueux et non indulgent. Un homme, tout simplement, non dans l’habit mais dans l’esprit….

Enlacé des rets de la mort, emprisonné comme un paria, ma  liberté est de penser ! Oui, penser ! Non pas raisonner, mais plutôt méditer, se laisser aller aux flots de la pensée, ondoyante, légère, imprévisible, mais toujours vraie, toujours guidée par la vertu. C’est là l’honneur de l’homme. Penser dans tous les sens, à l’envers, à l’endroit, en haut, en bas, même en arrière. Oui, penser le contraire de ce que l’on pense mais le penser aussi différemment car le contraire n’est que le même qui se reflète en son miroir… Lecteurs, pensez : vous resterez vivants ! Vous serez libres malgré le joug de la nécessité ! Lecteurs, pour m’honorer, pensez sans cesse ! A moi, à vous, à cette humanité qui hurle dans les fers, à ces pauvres que la faim décime, à ces riches que l’abondance opprime…

Que vont-ils faire de moi tous ceux qui me célèbrent pour devenir célèbres ? Ou du moins le tenter ? Vont-ils m’ôter le pouvoir de penser en s’arrogeant le droit (voir même le devoir) de penser pour moi ? Vont-ils statufier mes propos ? Me statufier moi-même ? Où pourrais-je être encore plus mal que je ne suis ? Plus profondément malheureux ? C’est dans un lieu d’abîme bien plus noir que la nuit qu’ils vont bientôt précipiter le plus malheureux des mortels. C’est là qu’ils vont l’abandonner, sans compagnie, sans ami, ni même sans ennemi, l’éloignant de Voltaire qui, parfois, lui adresse un petit signe  moqueur.

Lui au moins était franc : des injures sous la ceinture, des libelles orduriers. Point de fourberies, de compliments empoisonnés, de patelinages ondulants, de flagorneries reptiliennes ! Du franc jeu ! Encore que…. Lui Citoyen ? Lui parler de Sentiment ? Laissez-moi rire ! Les siècles m’ont appris à rire. Finies les fureurs brusques où ma raison s’abîmait ! Finies les terreurs que j’éprouvais quand de fausses rumeurs menaçaient l’équilibre précaire où - périlleusement– je me maintenais ! Le moindre signe me faisait chuter du fil que j’avais tendu sur mes propres abîmes ! Le moindre regard me navrait jusqu’à l’âme et mettait en danger ma raison ! Ah, s’ils m’avaient laissé à l’ile St Pierre que j’eusse été heureux ! Je reposerais sur le sein de la terre, cette Mère qui ne meurt jamais, qui est toujours à vos côtés, les bras largement ouverts….Mais on s’est bien gardé de m’y laisser ! Me faire plaisir ? Mais jamais on n’y a songé ! C’était à eux qu’ils voulaient faire plaisir : je n’étais qu’un prétexte à leurs festivités, le faire-valoir de leurs péroraisons…

Je suis dur, dites-vous ? Non, je suis agacé, car je serai toujours pour eux -dans les siècles des siècles- l’homme-qui-a-abandonné-ses-enfants, ce misérable hypocrite qui écrivit l’Emile les mains tachées du sang de sa progéniture. Les mythes sont plus forts que la réalité. Et quoiqu’on fasse et quoiqu’on dise je resterai ce père indigne que l’on se doit de mépriser. Mais n’est-ce pas en partie de ma faute ? 230 ans de réflexions changent un homme et lui ouvrent les yeux. J’ai bien mal estimé la capacité de mes lecteurs à deviner ce que je laissais entrevoir, à douter d’aveux si férocement assénés, moi le doux, le pudique, le timide. Quoi ? Pas un doute ? Pas le moindre trouble dans l’âme de ces juges ? Pas la moindre attention à cette phrase capitale de mes Dialogues où j’exprimais (cette fois très clairement) que j’avais pris le parti de raconter ces  abandons à mes amis pour leur dissimuler le mistère de mon caractère, trop incroyable pour être exprimé, trop humiliant pour être confessé, préférant passer, moi le père d’Emile, pour un père dénaturé ? Se sont-ils demandé pourquoi un homme choisit ainsi de souiller pour toujours une  réputation qui promettait d’être brillante plutôt que d’exposer son caractère à ses amis ? Se sont-ils demandé pourquoi il s’accusait de crimes qu’il n’avait pas commis, comme lui-même, à maintes reprises, nous le dit ? Non : ils ne se sont rien demandé. Ils sont demeurés dans cette  somnolence de l’esprit, cette paresse de la pensée où ils aiment à se complaire lorsqu’ils me lisent. Ce que j’ai dit ouvertement dans une langue que je méprisais : ils le croient. Ce que j’ai murmuré dans la langue que j’aimais, la langue des signes, que j’ai abondamment décrite, abondamment louée : ils ne l’entendent pas. La même incompréhension s’est renouvelée à propos de mes anecdotes. Je pensais naïvement qu’au-delà de l’habit que revêtaient mes mots ils en verraient la chair, la moelle substantifique, me lisant au second degré, dans cette langue figurée qui fut la première, donc la vraie, cette langue que je m’étais appropriée pour dire ma vérité. Hélas ! Si j’ai fait beaucoup trop confiance à mes lecteurs, eux, c’est certain, ont fait beaucoup trop confiance à mes paroles, du moins à celles que je leur jetais négligemment pour les tester, avec une habile malice, espérant qu’ils allaient écarter ces parures pour pénétrer jusqu’à mon cœur.  J’ai parlé d’un puits : ils n’ont vu qu’un puits ; d’un ruban : ils n’ont vu qu’un ruban ; d’un aqueduc : ils n’ont vu qu’un aqueduc ! Lecteurs dociles, lecteurs respectueux : votre docilité est une trahison, votre respect : une injure !

J’ai mes torts, je le sais. Je m’étais calomnié : pauvre fou que j’étais ! Tous m’ont cru,  m’accablant de crimes que jamais je n’avais commis. Au lieu d’être un héros j’étais, pour eux,  un criminel. Et par la faute de qui ? Mon Dieu ! Mais de moi-même ! Pourquoi avoir caché l’être de mes discours sous une apparence trompeuse ? Pour mieux leur faire comprendre que l’œuvre est le reflet de l’homme ? La stratégie était  adroite. Le résultat fut pitoyable. Lecteurs, je le dis à nouveau, j’ai trop misé sur vos talents. Je les ai crus semblables aux miens, dans ma douce innocence et ma naïveté. Mais je me suis cruellement trompé. Je l’ai compris à mes dépens

Non, je ne vais pas, à nouveau, raconter mes Mémoires et les persécutions que j’ai subies. Vous les avez tous lues et relues sans jamais m’entendre vraiment. A quoi bon persister ? De leur lecture faite devant un public choisi, j’attendais beaucoup. Un silence pesant fut sa seule réponse. Pas une demande d’explication. Pas une question. Pas même un regard interrogatif ou du moins étonné. Une lourde et pesante chape de réprobation s’abattit sur moi, sans qu’il me soit possible de crier mon innocence ou, même, de la murmurer ! Car je suis innocent. Innocent ! Je le répéterai jusqu’à la fin des temps, jusqu’à ce qu’un cœur juste me rende enfin justice !

J’oubliais encore un de mes crimes (ils m’en prêtent tant !) : je suis un féroce misogyne. Misogyne ! Moi qui voulait me fondre à l’identité de Maman, moi qui, à Motiers, n’ai pas craint de me dévoiler devant tous ceux qui venaient me voir, cousant, tapissant, faisant de la dentelle et portant la robe arménienne ? Les bras m’en tombent…Bien sûr ils ont des arguments, qu’ils brandissent comme des preuves, m’accablant sans pitié du haut de leurs fauteuils capitonnés. Le livre V de l’Emile l’aurais-tu oublié, Jean-Jacques (car ils ont aussi l’impudence de me tutoyer comme autrefois on en usait avec les domestiques ou les noirs ; je devrais plutôt dire : comme hélas aujourd’hui on en use toujours….).  La femme de tes vœux, soumise, punie sans même avoir fauté, toujours à l’ombre d’un époux qui décide et commande, toujours obéissante sans jamais protester, l’aurais-tu oubliée ? Nous y sommes. Ne fus-je point soumis moi-même au joug de la nécessité ? Ne fus-je pas moi-même d’une patience infinie, et d’une pudeur de vierge, jugé coupable sans avoir fauté ? N’ont-ils pas compris, ces pauvres  militants, que c’est mon portrait que je fais quand je trace celui de Sophie ? N’ai-je pas dit, aussi, que régner c’était obéir ? Mais alors, dirons mes lecteurs étonnés, que pensez-vous, tout archétype mis à part, toute fiction écartée, des femmes réelles ? Des femmes que vous avez côtoyées, fréquentées, des femmes auxquelles vous écrivîtes ? Ouvrez la Lettre à d’Alembert. Consultez la note de la page 120 et lisez ceci : « Il me parait plaisant d’imaginer quelquefois les jugements que plusieurs porteront de mes gouts et de mes écrits (…) Il a de l’aversion pour les femmes ; je ne serai que trop bien justifié là-dessus ». Oui, oui, j’ai encore de beaux restes ! De beaux restes de mémoire ! Quant au reste….Mais sur ce point je n’en dirai pas plus. Me défendre toujours me fatigue et me blesse. Oui je suis blessé dans l’estime profonde que j’ai portée à tant de femmes, dans l’admiration qu’elles ont suscitée en moi, dans la vaste défense que je leur ai consacrée, moi-même et de ma propre plume ou bien lorsque je fus la plume de Mme Dupin. Sans doute les ai-je trop aimées ? Respectées ? Adorées ? Qu’une âme juste vienne trancher. Pour moi je me retire de ce débat.

Beaucoup me disent : mais vous dites tout et son contraire…Comment pourrions-nous savoir quelle est votre pensée du jour ?  Et quand faut-il vous croire ? Les jours pairs ou les jours impairs ?  Bien sûr, disent les uns, cet homme est de mauvaise foi ! Bien sûr, disent les autres, c’est sa paranoïa ! Figurez-vous que je suis précepteur, le précepteur du genre humain. Car ce n’est pas seulement un jeune garçon que je me propose d’élever, mais toute l’humanité. Sachez qu’un précepteur pour séduire et convaincre ne doit pas débiter de mornes leçons. Il se doit d’attirer l’attention, de faire de ses propos un genre de devinettes, de laisser son élève découvrir lui-même la vérité. Oui, il doit savoir questionner, ou bien même se taire, et parfois amuser, devenir mystérieux et précis tour à tour pour stimuler ses élèves endormis. Mais doit-il être contradictoire ? Mais oui ! Pour nourrir le dialogue, élargir le regard.  N’est-ce pas ce que j’ai fait avec vous ? Et quel meilleur procédé, pour y parvenir, qu’un bon paradoxe auquel on se heurte soudain, sortant de sa somnolence pour porter enfin attention à un discours qui était devenu un bruit de fond ?

Mais certains vont plus loin : cet homme, disent-ils, n’est pas crédible, c’est évident. Ah, l’évidence ! Cette pire des erreurs, ce piège mortel où tombent la plupart des mortels ! L’évidence de l’apparence, l’évidence du paraître, l’évidence de la bogue où se cache l’amande, de la pierre noire où se cache la géode scintillante ! J’en suis la première victime. J’en suis même le martyr, le mot n’est pas trop fort. Qui s’est demandé pourquoi, dans mes propos, la problématique de l’être et du paraître  revenait si souvent ? Qui s’est étonné que je répète, avec une insistance étonnante, sinon stupide, que je n’étais pas l’homme que l’on croyait voir ? Qui s’est posé des questions sur la fonction de mes répétitions, de mes redoublements ? Et pourtant ne sont-ils pas, eux aussi, les accents de ma langue ? Croit-on que j’aie la mémoire si courte pour avoir répété, sans m’en rendre compte, le récit d’une même anecdote dans deux livres différents ? C’est vraiment ignorer mes talents, piétiner mon génie. Je le répète : tout est voulu, même les erreurs, même les contradictions.

Quant aux chiffres, rendez-moi justice : sur ce point j’ai été très clair. Davantage même : transparent comme l’est aussi mon cœur. J’ai d’abord expliqué que le chiffre 9 s’annulait dans la  preuve par 9 que j’utilisais, exemples évidents à l’appui. Puis j’ai posé mes équations : le chiffre 5 c’était JE. Le chiffre 905 c’était Elle. Le 9 ôté que restait-il ? Le chiffre 7 c’était Rousseau  Le chiffre 907 c’était Madame. Le 9 ôté que restait-il ? Peut-on faire plus simple ? Plus enfantin ? Qu’aucun de mes lecteurs n’ait porté attention à ces évidences est plus que de l’incompréhension. C’est davantage : un désir (inconscient ?) d’occulter la réalité, de me refuser le droit d’exprimer ma vérité.

J’ai toujours aimé les chiffres. Ils sont faits pour la musique mais aussi pour tout ce qui ne se crie pas sur la place publique mais reste murmuré dans une oreille amie. J’ai tenté autrefois de les partager avec celui que je considérais comme mon frère. Mais bien vite je compris qu’il s’en servait bien autrement que moi : moi pour me rapprocher de lui et lui pour s’éloigner de moi. Je remisai dès lors tous ces chiffres en mon cœur ne les offrant qu’à Du Peyrou qui, lui aussi, n’a rien compris ….A évoquer ces jours très sombres un gout de fiel m’envahit la bouche semblable à celui que j’éprouvais lorsque ma Mie Jacqueline oubliait la bile dans le poulet…Douleur, douceur : qui peut vous séparer ? Vous serez toujours liées, toujours complémentaires, comme homme et femme dans la vie

Ma vie ? Faut-il y revenir ? J’ai tout dit, ou presque. Car si j’ai parlé du mal que j’avais fait bien plus souvent que du bien que j’avais fait aussi, j’ai rarement parlé du mal que l’on m’avait fait. J’eus un père fantasque et parfois violent. De mère je n’eus de souvenirs que les pleurs de mon père, redevenu enfant. Il avait acquis cet art de communiquer par geste au palais de Topkapi où il séjourna pendant huit ans. Il m’en faisait parfois, dans ses bons jours, une plaisante démonstration. L’enfant que j’étais restait ébloui. Communiquer sans l’aide de la parole ? Communiquer au moyen de signes et dire davantage que ces mots trompeurs que la société  vous impose et qui -bien souvent- servent à dire le contraire de la vérité ? J’étais séduit. Une idée germait dans ma tête d’enfant : écrire avec des gestes, glisser dans le langage conventionnel des signes où l’on pourrait tout dire, même les secrets les plus intimes… Je m’initiai d’abord aux signes de l’alchimie. Je m’essayai à ses secrets. Je soufflai, tout prêt à succomber à ces brigands qui, déjà, s’étaient emparé de la bourse de Maman. Puis vinrent les signes de la chimie, puis ceux de la musique, puis ceux des dépêches de l’ambassadeur de Venise. J’étais prêt, dès lors,  à les utiliser pour mes propres besoins…

Un rêve revient souvent  dans mes pensées tout à la fois splendide et effrayant. Je suis dans la petite chambre où ma tante Suzon tient son alcôve. Un miroir surplombe le nécessaire à toilette. Et dans ce miroir se reflète le visage d’une charmante petite fille déjà couverte d’un jupon. Deux robes ont été sorties de l’armoire : l’une bleue, toute en velours, agrémentée d’une ceinture dorée. L’autre blanche avec un flot de rubans roses. On me fait choisir. Les rubans m’effraient autant qu’ils m’attirent et je les caresse d’une main à la fois audacieuse et timide. C’est un jour d’été, le jour de mes sept ans. Tante Suzon et ma Mie Jacqueline s’affairent pour me faire endosser la robe. On appellera mon père lorsque tout sera prêt pour lui faire la surprise. Je me contemple dans le miroir. Je suis rayonnante. J’ai un rôle à jouer. Je ne suis plus l’enfant-qui-a-tué-sa-mère, je suis celui qui l’a ressuscitée !  Non seulement je suis pardonné mais exalté en quelque sorte ! Je suis heureux, épanoui, important ! Oui, pour la première fois, j’existe ! Ma vie s’ouvre à larges battants dans ce limpide matin d’été où un rossignol s’est mis à chanter. N’ai-je rien révélé de cet instant dans mes Mémoires ? Des regards navrés qui se posaient sur moi lorsqu’on évoquait la mort de ma mère ? Navrés seulement ? Ou réprobateurs ? Relisez Julie, chers lecteurs, vous comprendrez peut-être tout ce que je n’ai pas dit…

Où est la robe bleue qui m’amena au ciel ? Où est cet instant merveilleux où je vécus vraiment pour la première fois ? C’est pour me délivrer de ce rêve récurrent que j’écrivis Narcisse. On le joua. Fort mal ? Non pas. La représentation fut glacée. Glacé, glace, miroir : vous saisissez ? Je fis mon peccavi. Peccavi, peccare, péché : vous saisissez ? Oui j’étais ce Valère qui disait : Qui lui ? Dites donc elle… C’était abominable et c’était délicieux. Mais la vie est passée. La robe s’est déchirée dans les mains du complot. Je n’ai jamais vécu. Gigi est demeurée, embryon endormie, dans mon âme navrée.

Je peux vous conter un autre souvenir, celui d’un instant vécu à Bossey dans la calme simplicité des choses.  Je suis dans le clair-obscur d’une salle où par la fenêtre ouverte pénètre une branche de framboisier. Une mouche se pose sur ma main tandis que je récite ma leçon. Une hirondelle passe par la fenêtre. Instant profond, inoubliable, instant vrai, sans fiction, sans fable. L’histoire de l’aqueduc, me direz-vous ? Le saule est vrai sans doute, mais l’aqueduc est une fiction, un objet salam comme le sont  le  puits, la pomme, ou le  ruban, une image qui me permet de tout dire sans jamais m’exprimer. Un mensonge en quelque sorte ? Si vous voulez. J’ai toujours été sincère surtout lorsque je mentais car mes mensonges étaient la seule façon pour moi de dire la vérité. Je m’en suis longuement expliqué. Peut-être n’ai-je pas été assez clair ? O, lecteurs, combien de fois vous l’ai-je dit ? Je n’écris que pour ceux qui peuvent me comprendre…

D’autres doux souvenirs ? J’allais souvent autour de Paris dans les villages environnants, Charonne, Belleville ou Ménilmontant, boire un petit verre de vin aigrelet accompagné d’une omelette. Ah, la bonne odeur du cerfeuil qui cuit ! Ah, le bon temps ! Les bonnes promenades ! Pourquoi rouler si vite en carrosse, risquer d’écraser un pauvre qui vacille, trop chargé de fardeaux, ne jamais savourer la nature que l’on traverse sans la voir ! Quoi de plus émouvant qu’un bourgeon qui s’ouvre, qu’un bouton qui fleurit ! Que de merveilles simples et vraies j’ai découvert lors de ces marches solitaires !

Parfois il m’arrive encore de joyeuses surprises. Je méditais l’autre jour dans ma tombe lorsque je surpris une main délicate poser sur la pierre une boite de ces violettes de Toulouse qui charment l’œil autant que le palais. J’en fus de suite ému jusques aux larmes. Qui savait que j’aimais tant les sucreries ? Et qui se souvenait qu’une des plus grandes joies de ma vie était de courir un matin de printemps au fond des buissons chercher la violette ? Il existait encore des cœurs compatissants, des cœurs célestes, qui n’avaient pas succombé aux sirènes du temps ! Ce simple geste me ravit : non, je n’étais pas oublié et, quelque part, j’étais compris ! Cela valait tous les colloques ! J’aime les fleurs surtout lorsqu’elles sont blanches et odorantes. Pourtant une fleur bleue m’a séduit. Elle me ramène au temps où l’on m’appelait : mon petit. J’avais une mère alors, une mère et un modèle. Me fondre à elle, aspirer son identité : c’était là mon désir le plus vif. Mon obsession, pourrais-je dire. La vie nous sépara. Je pense à elle dans mon caveau. Est-elle moins à l’étroit que moi ? Moins seule ? Moins glacée ? Ah que la mort est dure quand on est séparés !  Oui, c’est vrai, je l’ai dit : j’aurais aimé être bouquetière, m’enivrer de parfums, placer chaque fleur à sa juste place afin qu’elle y brille de tout son éclat sans cependant voiler l’éclat de ses voisines. Etre à sa place ! Joie la plus vraie ! Joie la plus juste ! Joie la plus simple ! Jamais je ne l’ai été. Non, jamais je n’ai trouvé ma place dans cette incompréhensible société  où, sans cesse, je marchais à côté !

Que dire de plus que vous ne sachiez pas ? J’eus une compagne, une amie fidèle (mais si ! mais si ! il ne faut pas toujours penser au sexe !) une sœur en quelque sorte. Je l’ai aimée pour moi. Je l’ai aimée pour elle. Je lui devais beaucoup. Elle me devait bien plus encore. Mais il y eu bien des orages, bien des naufrages. Je n’en dirai pas plus.

Vous parler de mes livres ? Parlons plutôt de mes idées. Ecrire me fut très douloureux. J’ai toujours écrit sur moi-même, c’est-à-dire sur l’humanité, cherchant les limites de l’homme, jugeant sa société. Puis grossissant la vue mon regard s’est fixé sur une femme sublime qu’il m’aurait plu d’incarner. M’étais-je trop découvert ? Mon âme, alarmée, me dicta l’Emile où je combattis mon penchant, exaltant la virilité en ses plus nobles traits. Ne pas nuire : telle était ma ligne de conduite. Ne pas troubler un univers déjà bien trouble, ne pas donner à d’autres de mauvaises idées, ne pas empoisonner la société. Et je m’y tins superbement. J’écrivais : j’étais responsable. Jamais je n’ai trahi.

Tous mes livres viennent de mon cœur et ont été écrits avec mon sang. Mais certains l’ont été plus que d’autres quand je mettais ma vie en jeu, mon honneur en otage. Oh, certes ! Je suis heureux d’avoir publié aussi des écrits, peut-on dire : politiques ? Sociaux me semblerait plus juste. Philosophiques ? Non ! Je récuse ce mot pour moi blessant. Les philosophes détruisent et moi je veux construire. Oui j’ai aimé dire ce qui pourrait servir à rendre un homme heureux et si cela n’était qu’un rêve c’était du moins un très beau rêve. Dire la diversité de l’humanité. Louer la différence, prôner la tolérance. Crier aussi l’inégalité des richesses, l’exploitation de l’homme par ses frères, les chaînes qui l’emprisonnent. Oui, je me suis ému de  toutes les injustices que les hommes subissent, toujours dans la peur, souvent dans la misère. Je me suis ému aussi des saignées profondes  que l’on fait à la terre au profit d’un vil intérêt. J’ai condamné la mise à mort de la nature, cette mère commune, cette mère généreuse qui donne toujours jusqu’à son dernier souffle. J’ai condamné la guerre. Je me suis indigné. S’indigner ! Oui, s’indigner ! Sans répit, sans repos ! Mes blessures d’enfant ont ouvert mon regard : je vibre à chaque malheur humain que l’homme inflige à son prochain. Et j’en suis fier. Mais cette fierté est triste. Ces pensées ne devraient-elles pas être partagées par tous les hommes sans que l’on ait besoin de les exprimer ? Est-ce normal de devoir les enseigner à ce monde dépravé où la finance seule a le droit de parole ? Car j’ai testé les hommes plutôt que les pays : la note n’est pas brillante…L’argent, hommes égarés, sera votre tombeau : l’être est lumière ; l’avoir : obscurité.

Je veux aussi la réciprocité. Sans contrat pas d’assise. Il faut toujours coupler les droits et les devoirs. Coupler l’ami avec l’ami, l’époux avec l’épouse, l’homme de lettres (le mot écorche ma gorge) avec son lecteur, le citoyen avec la société. Chaque couple doit s’unir par un contrat signé avec le cœur : le cœur engage plus que la plume. Il sera mieux encore de choisir un témoin : un puits, un rocher, un chêne centenaire qui atteste de leur parole. Donner sa parole d’honneur : phrase sacrée. Mais où est l’honneur maintenant ? Il arrive qu’une main distraite laisse sur ma tombe un livre qui vient d’être édité. Et j’en suis effaré. Où est la pudeur des vierges ? La dignité des jeunes femmes ? Chacun raconte sa vie intime et s’acharne à rivaliser, multipliant les descriptions infâmes dans un exhibitionnisme éhonté.  Ils me font rire ceux qui m’accusent de turpitudes lorsque j’ai prétendu avoir montré mes fesses au fond d’un puits obscur ! Auraient-ils oublié que la vérité sort d’un puits et que mes fesses (que je n’ai évidemment jamais montrées) étaient l’objet symbolique chargé de représenter celles de mon modèle d’alors en féminité, celles que Melle Lambercier venaient de montrer, fort ingénument, au roi de Sardaigne ?

Ce détour vous étonne ? Oui je suis un être déroutant, peut-être même inexplicable comme l’a prétendu mon meilleur ennemi. Qui pourra comprendra. Je n’écris pas pour tous les hommes. Le temps est révolu où je me répétais sans cesse dans l’espoir de voir dans votre regard briller un peu de ma lumière. Les morts sont las. Il ne faut plus les questionner. Ce sont leurs livres qui parlent lorsque leurs bouches se sont fermées. C’est à vous de me chercher, de me trouver et de me savourer,  de garder longtemps mes phrases en bouche, tel un vin capiteux, avant de me juger. Buvez modérément, toujours avec plaisir, toujours surpris par de nouveaux arums et toujours étonnés qu’un vin puisse aussi bien vieillir…

Vous parler de ma mort ? Des causes de ma mort ? C’est encore une énigme, même pour moi. J’ai bien quelques idées : je n’en parlerai pas. Rien que de naturel dans ces organes dont j’eus si souvent à me plaindre. On découvrit, par contre, un hématome sous dural constaté par quatre regards compétents et dont mes lecteurs n’ont jamais fait mention alors qu’ils certifient gravement, ignorant volontairement les résultats d’une autopsie sérieuse, que je souffrais d’une grave malformation urinaire. Il est vrai que j’ai tout fait pour qu’ils le croient. Mais pour quelles raisons pensez-vous ? Les mythes, je l’ai dit, l’emporteront toujours sur la réalité. Je serai, pour l’éternité, l’homme-qui-a-préparé-la–révolution, l’homme-qui-a-abandonné-ses-enfants, l’homme-qui-avait-une-malformation-urinaire. Non ! Je ne suis pas l’homme qui… ! Non ! Je ne suis pas l’homme…Non ! Non !

Mais qui suis-je vraiment ?  Parfois je me demande si je ne suis pas une fiction moi aussi. Pourtant je dois bien exister pour de vrai, comme disent les petits enfants, eux qui partagent aussi leur vie entre fiction et réalité : le Tasse avait prévu mon existence, mes douleurs, mon agonie. Non pas celle qui précède la mort, mais celle qui accompagne la vie. Surprenant ? Le temps n’est qu’un leurre, un rêve, une fiction lui aussi. Ne suis-je pas là discutant fort allègrement avec vous alors que l’on me dit mort depuis 234 ans ! Serais-je, comme le souhaitaient ces Messieurs, un enterré vivant ?

Mais il est une question, mes lecteurs, que vous ne songez pas même à me poser. C’est une question qui gêne un peu, que l’on me pose  rarement, que, plus rarement encore, on aborde dans ces milliers d’ouvrages qui me masquent sans cesse : celle de Dieu.  J’ai douté, direz-vous ? Vous n’avez pas compris. Mes doutes portaient sur moi-même, sur ce terrible  secret dont, parfois, je doutais. N’est-ce pas moi qui ai creusé ce trou fatal où je me suis emprisonné ? N’est-ce pas moi qui ai choisi ce rôle où je tournais en rond ? Je me suis approché de l’heure du grand départ rongé par le doute mais sans douter de Dieu. Mais ce Dieu, direz-vous, l’avez-vous rencontré ? Qu’en est-il au-delà de la vie, lorsque l’âme s’élance vers son céleste amant dans le grand vol nuptial  de son éternité ? Vous n’avez pas compris mes paroles humaines. Comment comprendriez-vous celles de l’au-delà ? Dieu, plus que moi, est une énigme. Dieu se dévoile à qui le veut. N’espérez pas que je vous parle de l’aube ouverte à tous les cœurs, de ce bleu transparent qui se change en lumière, lorsque, peu à peu, vous montez. Ce bonheur est pour tous. L’enfer est une fiction, le jugement aussi. Le regard infini pourrait-il se réduire à l’œil fou de Caïn ?

Mais il faut m’arrêter ici. L’éternité passe trop vite : nous la gâchons à babiller. Si, d’aventure, vous attendez de moi une parole avant de refermer ma tombe pour y poser vos couronnes empesées, je dirai simplement les mots que j’écrivis à mon ami Moultou : Je tolère tout hors l’intolérance ! Et si vous les gardez dans un cœur vertueux, si vous les pratiquez, si vous les transmettez, alors lecteurs, oui mes lecteurs, je serai enfin satisfait de vous !

J’ai dit mon dernier mot. Ma lettre est achevée. Elle ne fut que trop longue. Mais je dois la signer. J’ai horreur de l’anonymat : je me sens responsable de chaque mot que j’ai commis. Mais sous quel nom signer ? Je prendrai aujourd’hui, mes lecteurs confidents,  le  nom secret que j’ai choisi :

                                                                  Gigi.

 

PS : Puis-je exprimer un vœu concernant cette prochaine célébration que sera sans doute le tricentenaire de ma mort ? Le voici : reposer sous un tertre de terre, fleuri, (pourquoi pas ?) de pervenches, un tertre qui portera ces simples mots : ci-git Gigi. Alors pourront disparaître ces célébrants intermittents qui me font penser à tous ces faux chrétiens qui ne vont à la messe que le jour de Noel : c’est tous les jours qu’il faut m’aimer et garder mes paroles dans votre cœur pour devenir de plus en plus humains.

 

Pcc : Françoise Bocquentin