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Aude Lancelain:

Comment on a lancé les livres cultes (1)

1761 « la Nouvelle Héloïse »

Le Nouvel Observateur 15.6.2000

Le plus grand best-seller du XVIIIe siècle fit de Jean-Jacques Rousseau l'idole de toute une génération. Histoire d'un « lancement » qui a tourné à l'hystérie collective...

Il parut au commencement du carnaval. Le colporteur le porta sur-le-champ à la princesse de Talmont, un jour de bal à l'Opéra. Après souper elle se fit habiller pour y aller, et en attendant l'heure elle se mit à lire ce nouveau roman. A minuit, elle ordonna qu'on attelle ses chevaux et continua à lire. On vint lui dire que ses chevaux étaient prêts ; elle ne répondit rien. Ses gens voyant qu'elle s'oubliait vinrent l'avertir qu'il était 2 heures. Rien ne presse, dit-elle en lisant toujours. Quelque temps après, sa montre étant arrêtée, elle sonna pour savoir quelle heure il était. Il était 4 heures. Il est trop tard pour aller au bal, dit-elle. Elle se fit déshabiller et passa le reste de la nuit à lire. Ce récit-là, tout en stupeur feinte et en candeur rouée, c'est Rousseau lui-même qui le livre quelques années plus tard dans les « Confessions ». Imaginez un seul instant Caroline de Monaco séchant demain le bal de la Rose pour lire le premier roman d'un obscur philosophe suisse, vous aurez alors une petite idée de l'ampleur du plus fantastique séisme littéraire qu'ait connu le XVIIIe siècle : la parution de « Julie ou la Nouvelle Héloïse ».

Un succès ? Non, un triomphe qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Eclatant, inouï, sans précédent. A peine l'oeuvre a-t-elle paru, en janvier 1761, qu'elle est entre toutes les mains. De la lointaine Suède aux faubourgs parisiens, en passant par Londres et les salons des jeunes Stürmer allemands, qui soupireront à l'unisson de Julie quinze ans avant de souffrir avec Werther, l'Europe entière en éprouve comme un saisissement. Dans ce nouveau monde qui naît, où le doute flotte dans l'air comme une poussière incertaine, où l'on ne peut plus croire, mais où pourtant il faut vivre encore, Rousseau est le premier de ces écrivains laïques à qui les hommes aient demandé ce que jadis ils attendaient de leurs directeurs de conscience. D'autres suivront sans doute, mais un seul d'entre eux suscitera-t-il l'espèce de ferveur que l'ermite retiré à Montlouis connaîtra de son vivant ? En un roman d'amour, un mélo si larmoyant et si raisonneur qu'il en est presque illisible de nos jours en dépit de son style splendide, il va devenir bien davantage qu'un auteur à succès... Le Socrate nouveau revenu enseigner aux mortels la puissance d'éros, doublé du plus écouté des moralistes. Le guide spirituel qu'une foi épuisée ne peut plus engendrer, doublé d'un sex-symbol pour tendron évaporé. Nul pourtant ne semblait moins prédestiné que lui à tenir ce rôle improbable de Leonardo DiCaprio messianique. Ce malade toujours préoccupé de sa vessie et de ses sondes, ce redresseur de torts qui n'est alors connu des lettrés que pour ses réquisitoires contre les moeurs modernes, et connu des rieurs aussi pour avoir été singé marchant à quatre pattes dans une comédie de Palissot, va pourtant se métamorphoser en quelques semaines à peine en objet d'un culte ahurissant.

Le récit des amours contrariées de Saint-Preux et Julie faillit pourtant ne jamais paraître. C'est au cours de l'été 1756, alors qu'il vient de se retirer de Paris pour le décor champêtre de l'Ermitage, que l'idée d'un roman épistolaire s'impose à lui. Il se voit alors au seuil de la vieillesse, sans ami avec « l'âme la plus expansive », sans amour avec les sens « les plus combustibles ». Sans amour ? Il vient pourtant de rencontrer Sophie d'Houdetot, la belle-soeur de son hôtesse. Une forêt de cheveux noirs bouclés qui, séparée de son mari, entretient une liaison quasi officielle avec Saint-Lambert. De cette fièvre érotique inassouvie naîtra sans doute, dit Jean Starobinski, ce grand « rêve éveillé » où Rousseau se donne « la limpidité qu'il ne trouve plus dans le monde réel : un ciel plus pur, des coeurs plus ouverts, un univers à la fois plus intense et plus diaphane ». Les épîtres passionnées de « la Nouvelle Héloïse », il les écrit sur du papier doré à vignettes, les sèche à la poudre d'azur et d'argent, les plie soigneusement en billets et les relit en se promenant au milieu des bosquets, « avec autant de délices que [s'il les eût] reçues d'une maîtresse adorée ». Deux orages vont pourtant venir compromettre l'achèvement du récit qui va bouleverser le siècle. Mme d'Houdetot s'éloigne, et Rousseau croit voir s'enfuir avec elle sa dernière chance de vivre un grand amour. De façon tout aussi dramatique, la rupture avec ses amis encyclopédistes se précipite. Face au poème « Sur le désastre de Lisbonne », où Voltaire accable la Providence, Rousseau adopte désormais la posture de « champion de Dieu » et se met à prendre le parti de l'infâme. Allons donc ! Dévot, ce Jean-Jacques qui a abandonné ses enfants en vertu d'une philosophie fort peu chrétienne ? Qui vient d'abjurer le papisme à Genève « par pure politique » ? Excédé, l'ami Diderot rompt. Et cet « archifou » de Rousseau qui en remet une couche... Le voici désormais qui se met en tête de publier une « Lettre à d'Alembert », où il accable de maximes mordantes ces peuples corrompus qui applaudissent aux « livres efféminés respirant l'amour et la mollesse », lui qui est en passe d'achever une ode exaltée aux intermittences du coeur ! La contradiction est éclatante, infiniment choquante, et Rousseau lui-même hésite un temps à l'affronter. Le 28 janvier 1758, il écrit à Mme d'Houdetot qu'il renonce à faire imprimer sa « Julie ». Le 13 février, il lui annonce son dessein d'écrire une cinquième partie destinée à elle seule. Avant la fin de l'année, il se sera ravisé.

C'est qu'il a désormais une autre idée en tête : finir ses livres, recueillir ses oeuvres complètes, se constituer un petit capital et casser sa plume. Jouir enfin de lui-même, dans une solitude « peuplée d'êtres selon [son] coeur ». Advienne que pourra, sa décision est prise : « la Nouvelle Héloïse » paraîtra. Il charge Marc-Michel Rey de l'imprimer à Amsterdam. S'il entend bien vivre en France, c'est en étranger. Et il n'ignore pas non plus que la censure, s'exerçant sur toutes les oeuvres éditées en terre française, ne manquerait pas de transformer cette aimable hérétique qu'est Julie en bigote maussade, et cet athée convaincu qu'est son époux Wolmar en capucin laïque. La publication ne cessera d'être repoussée pendant un an. Rey se fait tirer l'oreille pour verser les sommes promises - 15 louis par partie -, et Rousseau se conduit en véritable harpie. Il argumente sur la qualité du papier, qu'il veut somptueux, exige que l'on respecte jusqu'à son accentuation hasardeuse, jusqu'à ses fautes grammaticales même. « La phrase est tellement cadencée que l'addition d'une seule syllabe en gâterait l'harmonie », écrit-il en septembre à un éditeur au bord de la crise de nerfs. Rey veut aussi encombrer la page de titre de sa devise Vitam impedere vero : quelle sottise ! Un titre en français, une devise en latin et une citation de Pétrarque en italien : ce bariolage serait tout bonnement effrayant, proteste encore Rousseau. On progressait tout de même ; à la fin de l'année 1760, Rey peut enfin lancer son prospectus publicitaire. Seul reste à régler le problème des illustrations. Rousseau veut pour sa « Julie » une douzaine d'estampes, et puisque ce pingre de Rey refuse de s'en charger, il les fera lui-même exécuter. Rousseau colle impitoyablement son oeil de myope sur les planches exécutées par Gravelot, et bien entendu il n'est pas satisfait. Telle attitude manque de noblesse, telle autre de simplicité, Julie a l'oeil trop grand, sa confidente Claire a le sein trop plat... « Les Suissesses ne l'ont pas ainsi, figurez-vous. » Le 19 janvier surtout, la dernière estampe l'épouvantera : « Wolmar semble un vieil apothicaire et Claire une grosse servante joufflue qui tient un torchon ! » Elles paraîtront pourtant chez l'éditeur Duchesne, quelques jours après le roman. Habile façon de doubler la cagnotte : le butor de l'Ermitage venait d'inventer le « produit dérivé », pierre d'angle du marketing moderne.

Un imprévu « climatique » vient toutefois retarder encore la parution. Rey expédie ses ballots le 22 novembre par les canaux via Bruxelles, et juge qu'ils seront à Paris avant décembre. Mais l'hiver est si rude que les canaux gèlent... Quatre mille exemplaires de « la Nouvelle Héloïse » pris dans les glaces ! C'en est trop, Paris s'impatiente. Des voyageurs murmurent qu'elle est déjà à Londres, on parle de triomphe, la rumeur ne cesse d'enfler. Et Rousseau qui pendant ce temps multiplie les faux bruits, les indiscrétions calculées et les coquetteries en tout genre. A Malesherbes (responsable de l'édition et de la censure) il parle d'un « fade recueil », à Lenieps (l'un de ses correspondants) d'un « livre de femme » vaguement ennuyeux. Avec d'autres au contraire, il joue sur le registre ô combien efficace du scandale annoncé : « Toute fille qui lira mon livre est perdue » ! Il prétend aussi un temps n'être que l'éditeur de ces lettres, tout en dressant avec une habileté de stratège la liste de ses hommages d'auteur. Quant à ses protecteurs, ils s'activent à noyauter l'opinion en sa faveur. Les Luxembourg parlent de « Julie » à la cour, Mme d'Houdetot en ville, et Duclos - membre influent du Paris littéraire - allèche les périodiques. Un « grand lancement », dirait-on aujourd'hui, à faire pâlir le plus salonnard des académiciens. Le « berger extravagant » avait décidément un solide sens du teasing publicitaire.

Enfin elle paraît, et c'est le raz de marée. Les libraires de la rue Saint-Jacques et du Palais-Royal sont assaillis malgré le prix élevé de l'ouvrage. Les moins fortunés doivent le louer à la journée, ou même à l'heure. Des libraires peu scrupuleux exigent ainsi 12 sous par volume, et n'accordent qu'une heure de lecture ! On va jusqu'à le lire debout, tandis que d'autres attendent leur tour. En un an, Rey avouera avoir gagné 10 000 livres, une somme colossale pour l'époque, et « la Nouvelle Héloïse » sera rééditée soixante-douze fois jusqu'à la fin du siècle : du jamais vu. Bientôt, on ne compte plus les éditions pirates, les imitations dramatiques ou lyriques, les suites fantaisistes et les parodies. Un courrier pharaonique parvient à l'auteur, où une foule d'admirateurs ultratitrés ou obscurs lui témoigne de son enthousiasme dans un style tantôt pédant, tantôt naïf, mais toujours exalté. Tel abbé doit cesser la lecture, « craignant d'étouffer par ses pleurs », telle marquise ne pouvant supporter la scène de la mort de Julie lui écrit qu'elle a dû fermer le livre pour ne pas défaillir. Mme Bourette, célèbre patronne du café allemand surnommée « la Muse limonadière », le remercie pour avoir « versé des larmes délicieuses », tandis que le ministre Moultou lui écrit qu'« il faut mourir après avoir fait ce livre et vivre après l'avoir lu ». « Si le grand Rousseau n'existait pas, lui écrit encore un hobereau du Var qui s'est mis en tête de lui envoyer une missive par semaine, je n'aurais besoin de rien. Il existe, et je sens qu'il me manque quelque chose. » Dans ce déluge lacrymal et pâmoisonesque, sans doute la palme de l'hystérie doit-elle cependant revenir à un certain général baron Thiébault, qui écrit dans ses « Mémoires » : « De bouleversements en bouleversements, d'émotions en émotions... j'arrivai à la dernière lettre de Saint-Preux, ne pleurant plus, mais criant, hurlant comme une bête. » Avec toutefois une mention spéciale pour Charles-Joseph Panckoucke, débauché fameux et futur grand libraire, qui conclut sa lettre à Rousseau d'un sobre : « J'adore votre personne et vos sublimes écrits. »

Le Paris littéraire pourtant sera féroce. Le roman est alors un genre mineur que ni « la Princesse de Clèves » ni « Manon Lescaut » n'ont encore suffi à fonder en dignité, et la mode est aux récits de cinquante à cent pages... Obèse, « Julie » en fait six fois plus. La critique est sidérée par ce roman-fleuve inclassable où les soupirs exaltés des amants se mêlent aux homélies, où les scènes champêtres alternent avec les discours politiques, où les dialogues philosophiques dévorent les péripéties romanesques. La « Correspondance littéraire » de Grimm procède dès janvier à l'éreintement prévisible : aucun génie, aucun style, aucun goût, mais des invraisemblances et des sophismes en cascade. Le redoutable Fréron attendra avril pour cracher son venin dans « l'Année littéraire » : « Quelquefois même cette lecture fatigue, et le livre tombe des mains... L'auteur donne les rides de la philosophie même à de jeunes fronts ornés de pompons et de fleurs. » C'est pourtant ce même Fréron qui confiait en privé à l'auteur en février que « de sa vie il n'avait rien lu qui l'eût si fort attendri » ! Où l'on voit que le courage des gens de lettres a une longue histoire... Le plus acharné d'entre tous sera toutefois Voltaire. Le philosophe de Ferney va pendant de longs mois être comme obsédé par l'existence de cette « Julie », dont l'auteur lui avait cherché querelle l'an passé. Roman « sot, bourgeois, impudent, ennuyeux », « rhapsodie inconséquente » : toute sa « Correspondance » fourmille de tels jugements. C'est encore insuffisant : il fait paraître en février un pamphlet de vingt-cinq pages intitulé « Aloïsia », sous le nom de son ami le marquis de Ximenès. On y trouve un résumé pour le moins sarcastique du fameux best-seller : Saint-Preux - alias Rousseau avec qui il affecte de le confondre - y est « une espèce de valet suisse qui a peu étudié... assez ivrogne par surcroît », et Wolmar « un gros Russe naturalisé dans le pays de Vaud », assez sot pour épouser Julie et se déclarer « très satisfait du tonneau, quoiqu'un autre l'eût percé ». Quant à la morale : « Jamais catin ne prêcha plus et jamais valet suborneur de fille ne fut plus philosophe. » Peine perdue, « l'affaire » ne fera qu'ajouter l'aura du martyre au succès populaire.

« Une des infamies de ce siècle est d'avoir applaudi quelque temps à ce monstrueux ouvrage », écrira encore dix ans plus tard Voltaire. Sans doute une analyse plus sereine du triomphe de « Julie » lui eût-elle permis d'entrevoir l'effondrement imminent d'un monde. Que les duchesses mêlent leurs larmes à celles des bourgeoises et des chambrières en lisant que « la femme d'un charbonnier est plus respectable que la maîtresse d'un prince », que les abbés se pâment en lisant qu'il « vaut mieux croire la Bible falsifiée et inintelligible que Dieu injuste et méchant », sans doute était-ce déjà là le signe sûr que l'Ancien Régime était hors de ses gonds, que ses hiérarchies ne résisteraient plus longtemps à cette unification souterraine des sensibilités, génialement révélée à elle-même par Rousseau. Mais pour l'heure, en ce printemps 1761, à quoi peut bien songer ce solitaire, alors que les vagues de la gloire viennent battre son seuil ? Alors qu'il ne peut ignorer que pas une femme ne lui résisterait s'il en entreprenait la conquête ? Un comte hongrois, venu lui rendre visite au plus fort de l'hystérie collective, le laisse entrevoir : Rousseau le reçoit vêtu d'une vieille robe de chambre pleine de taches, chaussé de pantoufles à semelles de bois. « Si nous n'avions pas su que c'était le grand Rousseau, nous l'aurions pris pour un cordonnier malpropre ! », s'émeut l'aristocrate. Déjà loin du tumulte donc, et même très loin. Après avoir séduit les âmes, il s'apprête à leur dispenser de plus graves leçons. L'« Emile » est en cours, et bientôt ce n'est pas le planning mondain de la princesse de Talmont qu'il viendra perturber, mais la promenade régulière d'Emmanuel Kant - événement encore plus improbable. Il songe aussi à une dernière chimère. Un livre pour tous les temps, une sorte de code auquel les hommes devraient revenir comme au Décalogue de Moïse. Ce sera « Du contrat social ». D'un auteur à succès ces brûlots feront un proscrit. Songeons qu'un an et demi à peine après la folie « Julie » ils seront tous deux lacérés et brûlés sur les places de Paris, de Rome et d'Amsterdam. Ultimes convulsions d'un monde qui se refuse à mourir.
 

 Notre feuilleton de l'été

En ce temps-là, la promotion, la publicité, le marketing n'existaient pas. Et pourtant les grands classiques ont eu aussi leur plan média. Quels auraient été le succès des « Fleurs du mal » sans le procès intenté à Baudelaire, la notoriété de « la Chartreuse de Parme » sans l'article dithyrambique de Balzac, le triomphe des « Misérables » sans l'exil volontaire de Victor Hugo, l'impact du « Voyage au bout de la nuit » sans les polémiques du prix Goncourt, et les ventes du « Diable au corps » sans l'éditeur Bernard Grasset, qui le premier inventa à l'écran et dans les journaux la « réclame littéraire » ? Pendant six semaines, « le Nouvel Observateur » vous raconte comme un feuilleton la sortie de ces livres avant qu'ils ne soient tenus pour des chefs-d'oeuvre de la littérature française.

A suivre

Le 20 juillet : « la Chartreuse de Parme », de Stendhal, par Gilles Anquetil.

Le 27 juillet : « les Fleurs du mal », de Baudelaire, par Jacques Drillon.

Le 3 août : « Voyage au bout de la nuit », de Céline, par Frédéric Vitoux.

Le 10 août : « les Misérables », de Victor Hugo, par Alain Riou.

Le 17 août : « le Diable au corps », de Raymond Radiguet, par Jérôme Garcin.
 

A lire

« Jean-Jacques Rousseau », tome 1 : « la Marche à la gloire », tome 2 : « le Deuil éclatant du bonheur », par Raymond Trousson, Tallandier.

- « Jean-Jacques Rousseau et la pensée du malheur », tome 2, par Alexis Philonenko, Vrin.

- « Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle », par Jean Starobinski, Tel-Gallimard.