UN GROUPE OUBLIE :
LES ETUDIANTES· OUVRIERES CHINOISES EN FRANCE
Genevieve Barman, Nicole Dulioust*
Depuis quelques annees les publications consacrees au mouvement etudiant-ouvrier chinois en France (qin gong jianxue yundong) se sont multipliees, centrees pour la plupart sur la branche française du PCC et ses figures de proue. Si la popularite posthume de Cai He sen, ami de Mao et « martyr de la revolution ", a rejailli sur les membres de sa famille, en l'occurence sa femme, sa soeur et sa mere, la presence au sein du mouvement d'une quarantaine de femmes n'a, dans Ie meilleur des cas, jamais ete mentionnee qu'en passant. Or malgre leur faible nombre, les etudiantes chinoises en France ne se sont pas perdues dans la masse de leurs quelques 1600 condisciples masculins. Elles ont forme un groupe a part, caracterise par son homogeneite, son niveau d'éducation et meme son degre de politisation.
A la difference des garçons qui, a leur arrivee, avaient en moyenne tout justeacheve leurs etudes secondaires, les jeunes filles etaient pour la plupart d'anciennes ele ves d'ecoles normales et certaines avaient deja une ex perience de l'enseignement. Face a des jeunes gens pro fondement patriotes, mais Ie plus souvent non politises,
*Notre coellegue Nicole Dulioust est decedee subitement Ie 3 janvier. Vue necrologie figure p. 137.
Etudes chinoises, vol. VI, nO 2 (1987)
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elles etaient assez nombreuses a avoir deja milite au sein de societes d'etudes revolutionnaires, comme la Xinmin xuehui et la Juewushe. Grace a leur formation anterieure, a leur plus grande maturite humaine et po litique et a l'aide particuliere qu'elles reçurent en Fran ce, elles furent aussi proportionnellement plus nom breuses que les hommes a acceder aux etudes supe rieures. Avec de tels atouts, elles esperaient apporter une contribution importante a la modernisation de la Chine. Leurs realisations se sont-elles montrees a la hauteur de leurs ambitions? A part Cai Chang et Xiang Jingyu, la flupart d'entre elles sont aujourd'hui tom bees dans loubli. Maintenant que Ie culte des heros s'estompe en Chine comme ailleurs, Ie temps est peut etre venu de ramener a la lumiere l'aventure collective de ces femmes.
Les premisses du mouvement
Lorsqu'en 1912 Li Yuying, Wu Zhihui et Cai Yuanpei fondent a Pekin la liuFajianxuehui ou Societe d'educa tion rationnelle française, destinee a preparer des jeu nes gens a des etudes a bon marche en France, une eta pe importante est franchie dans Ie domaine de l'educa tion des jeunes filles chi noises. Alors que celles-ci se voient toujours interdire l'entree des universites de leur pays, Ie chemin des facultes europeennes, traditionnel lement reserve a une elite de boursiers et de fils de fa mille, s'ouvre desormais aux filles et aux garçons coura geux, fussent-ils peu fortunes. La meme annee, une as sociation specifique est fondee, la «Societe des etu diantes frugales » (liuFa nilzi jianxuehui). Resolument novateurs, ses buts visent a promouvoir non seulement l'education des filles, mais encore la reforme de la famil Ie et l'egalite sociale1.
II ne s'agit pas encore de financer des etudes par Ie travail, mais d'etudier a moindres frais en vivant Ie plus simplement possible. Des ecoles sont ouvertes pour pre parer les interesses a leur future vie. Ces classes prepa ratoires au voyage en France sont Ie terrain d'ex-
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perience d'une grande innovation sociale : la mixite des etudiants. Pour la premiere fois dans l'histoire chinoise, des femmes sont admises a suivre des cours avec leurs camarades masculins. A l'ecole preparatoire de Pekin, ouverte au printemps 1912, elles sont deux a profiter de ces nouvelles dispositions: Zheng Yuxiu (plus connue en France sous Ie nom de Soume Tcheng) et Zhang Yi bao.Toutefois, seule la premiere partira effectivement pour l'Europe2. De toutes les jeunes filles chinoises ve nues en France faire leurs etudes, Soume Tcheng est certainement celle qui accomplira la plus prestigieuse carriere. Nee en 1891 a Canton dans une famille de petits fonctionnaires, elle deviendra la premiere femme juriste de Chine. Partie en France en decembre 1912 avec un groupe d'etudiants « frugaux ", elle est attachee a la delegation chi noise a la Conference de la paix en 1919. En 1925 elle soutient sa these de doctorat en droit et epouse peurapres Tao Weiming, futur ambassadeur de Chine aux Etats- U nis. Rentree au pays, elle est nom mee en 1928 membre du conseil legislatif (lifa yuan), seule femme a y sieger avec Mme Tchang Kai-chek, et preside l'ecole de droit de l'Universite de Shanghai3. Son exemple encouragera d'autres jeunes fines a tenter l'aventure française apres la premiere guerre et elle meme mettra son prestige et ses relations au service de ses cadettes.
En 1919, Ie mouvement d'education en Europe reprend sur une plus grande echelle. II est maintenant propose a des jeunes gens sans ressources de partager la condi tion des travailleurs français et d'epargner sur leurs salaires afin de payer eux-memes leurs etudes, d'etre autrement dit des etudiants-ouvriers (qingong jianxue). Soume Tcheng rentre en Chine et fait campagne en faveur de la participation des femmes a cette aventure revolution naire : plusieurs jeunes Sichuanaises l'accompagnent a son retour a Paris en decembre 19204. Parallelement, Ie mouvement se prepare aussi au sein des societes d'etude revolutionnaires qui fleurissent en Chine dans les an nees 1918-19. La Societe d'etude du peuple nouveau (Xinmin xuehui), en particulier, encourage ses mem-
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bres, garçons et filles, a adherer au mouvement travail etudes qui doit leur permettre non seulement d'acquerir . des competences utiles au pays, mais encore de prendre contact avec la classe ouvriere et de se rapprocher du coeur de la revolution mondiale, l'URSS.
Sous cette impulsion, Cai Chang et Xiang Jingyu creent avec des camarades du college de Zhounan une societe d'etudiantes-ouvrieres en France. Certains s'en thousiasment pour cette entreprise, comme Mao qui de clare a Xiang : «Chaque femme que vous decidez a partir en France est une femme que vous sauvez ». Mais d'autres s'inquietent des conditions pratiques de ce de part et s'interrogent sur le realisme avec lequel il est prepare. Zhao Shiyan par exemple, en depit d'une petition de principe en faveur de l'egalite des hommes et des femmes, juge impossible pour les jeunes filles de vivre en France comme etudiantes-ouvrieres et trouve meme que les etudiantes frugales ne devraient pas y venir trop nombreuses. Si les Chinoises, pense-t-il, ne peuvent battre le fer dans les acieries françaises, elles ne sauraient non plus, comme certains les y encoura gent, financer leurs etudes en vendant des broderies5. Avant de s'embarquer pour l'Europe, les etudiants-ou vriers devraient en effet apprendre, en plus des rudi ments du français, un metier manuel qui leur permette de subvenir a leurs besoins. Pour les hommes, le choix est relativement facile et s'oriente generalement vers les metiers de la metallurgie : ajustage, moulage, li mage. II n'en va pas exactement de meme pour les jeu nes filles, bien que les feministes soutiennentqu'aucun metier ne doive leur etre ferme et que Soume Tcheng manifeste le desir de montrer l'exemple en apprenant Ie travail du fer6. L'initiative la plus originale dans ce domaine appartient a la societe des etudiantes-ou vrieres du Hunan.
Celle-ci propose a ses membres de donner une impul sion nouvelle a un artisanat traditionnel de la region, celui de la broderie hunanaise (Xiang xiu), celebre pour ses motifs realistes et ses couleurs eclatantes. Les candi dates au depart etudieraient le dessin ou les techniques
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de la broderie et, parvenues en France, pourraient, d'u ne part, gagner leur vie en vendant leurs travaux, d'au tre part promouvoir cet artisan at et etudier ses debou ches. Cela aurait en retour pour consequence ultime de contribuer au developpement du travail feminin et,par la meme, a l'autonomie des femmes de la province7. Bien qu'ingenieux ce projet ne se revelera pas d'un grand avenir. A partir de 1920, une vingtaine de jeunes filles se preparent neanmoins au voyage en France dans cette perspective. Toutes ne partiront pas et celles qui le pourront se tourneront finalement vers d'autres activi tes pour subvenir a leur entretien. Seule, semble-t-il, Ge Jianhao, l'etonnante mere de Cai Chang et de Cai He sen, doyenne des etudiants-ouvriers, gagnera effective ment quelque argent en brodant8.
Originalite du groupe feminin
II est difficile d'etablir avec exactitude combien de jeunes Chinoises sont venues en France dans le cadre du mouvement travail-etudes. On parle generalement d'u ne quarantaine de jeunes filles. C'est Ie chiffre avance par Xiang Jingyu. Mais il varie selon les temoignages : elles seraient une vingtaine selon Zhou Enlai, de trente a trente-cinq pour Soume Tcheng; quant a Hugues Le Roux, il parle en juin 1925 d'une cinquantaine d'etu diantes chi noises suivies par sa femme9. Le probleme reside en grande partie dans la difficulte de faire la distinction entre lesjeunes fines qingongjianxue,jian xue, ou simples etudiantes beneficiant de subsides plus ou moins reguliers de leurs familles. Theoriquement, celles qui ont la possibilite de compter sur une somme de 500 yuan par an sont encouragees a partir comme jianxue; il reste aux autres la solution de tenter l'aven ture comme qingongjianxue10. D'apres une demande de subsides adressee en janvier 1921 au ministere chinois de l'Education, elles n'auraient ete que dix-huit a ne pas pouvoir vivre comme etudiantes frugales et a dependre entierement des secours de la Societe franco-chinoise d'education (SEFC)l1. Mais cela ne signifie pas pour au-
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tant que les autres disposent d'un pecule suffisant, ni qu'elles n'auront jamais besoin de travailler. Zhang Ruoming, par exemple, arrivee en France comme jian xue, travaille quelque temps dans une verrerie de la banlieue parisienne et est admise a l'Institut franco chinois de Lyon (IFCL) comme etudiante-ouvriereI2. Enfin, en juillet 1928, une subvention de 2 000 dollars chinois est attribueee apres enquete a sept etudiantes ouvrieres, dont certaines n'avaient jamais jusqu'alors ete connues comme tenesl3.
Vu la difficulte d'etablir une ligne de demarcation claire entre les differents groupes, il nous semble done preferable d'appliquer aux filles le meme critere qu'aux garçons et de considerer comme etudiantes-ouvrieres toutes les jeunes Chinoises venues en France dans le cadre du mouvement entre mai 1919 et janvier 1921. Pour notre part, nous en avons retrouve quarante-six qui, a des titres et a des moments divers, peuvent etre comptees parmi les etudiantes-ouvrieres. Leurs notices biographiques figurent en annexe.
Qui sont cesjeunes filles mobilisees par le mouvement qingong jianxue? Comme leurs camarades masculins, elles sont en majorite originaires des provinces du Si chuan, du Hunan et du Guangdong. Comme eux, elles sont issues des classes moyennes, filles de professeurs, de fonctionnaires, de commerçants. La s'arretent les ressemblances. Alors que les hommes arrivent souvent en France physiquement, intellectuellement et morale ment peu prepares aux difficultes de leur nouvelle vie, les jeunes filles qui parviennent a s'embarquer ont ma nifestement fait l'objet d'une selection severe. Douees d'une bonne sante et de nerfs solides, la moitie au moins d'entre elles resteront en France au-dela de 1925 et feront des etudes superieures. Mais bien que les ecoles preparatoires leur soient largement ouvertes, elles sont malheureusement peu nombreuses a pouvoir entrepren dre finalement Ie voyage: il leur est sans doute plus difficile d'echapper a leurs familles et surtout de trouver des fonds pour financer leur traversee. Nous ne savons pas comment leur depart fut accueilli par leur entoura-
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ge; tout au plus le recit d'un voyageur du paquebot Cor dilliere, parti de Shanghai en novembre 1920, fait-il etat de la lutte qu'ont du mener deux passageres hunanaises pour venir a bout de l'opposition de leurs parentsl4. Si aucune etudiante-ouvriere n'a raconte elle-meme les difficultes rencontrees pour venir en France, une autre jeune femme, Ie futur ecrivain Su Xuelin, eleve de l'IFCL de 1921 a 1925, avoue dans ses memoires n'avoir ose annoncer a sa mere sa decision d'etudier a Lyon que la veille de son departl5.
La decision de partir est en effet bien plus difficile a prendre pour une jeune fille que pour un jeune homme. Bien que la condition traditionnelle de la femme chinoi se ait ete profondement remise en question depuis les dernieres annees du XIXe siecle, grace au developpe ment de l'instruction feminine et aux campagnes contre les pieds bandes et le mariage force, les filles nees, com me les etudiantes-ouvrieres, autour de 1900, connais sent une tres grande diversite de situations, selon la re gion ou le milieu dont elles sont issues. Contraste ec1a tant : le 14 novembre 1919, quelques semaines a peine avant le depart des premieres Hunanaises pour la Fran ce, dans cette ville de Changsha oil elles ont etudie et mili te ensemble pour les droi ts de la femme, une jeune fille moins favorisee, Zhao Wujie, se tranche la gorge dans le palanquin qui la menait a la maison de son futur epoux. Le dernier acte public de Xiang Jingyu et de ses compagnes sera d'ailleurs leur participation a une cere monie funebre ala memoire de la malheureuse16. Mal gre leur jeune age, la plupart d'entre elles ont deja du se battre pour poursuivre leurs etudes, pour resister aux proposi tions de mariage precoce et mener une existence autonome. Pour une Wu Ruoying, fille du philosophe anti-confuceen Wu Yu et de la feministe Wu Zenglan, dont le depart parait s'inscrire dans une tradition fami Hale, combien de jeunes filles ont du, avant de partir, rompre des fiançailles imposees par leurs parents, com me Soume Tcheng, ou, comme Su Xuelin, faire du chan tage au suicide pour obtenir l'autorisation d'entrer au college17? Certes les etudiantes chinoises en France, a
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l'exception de Ge Jianhao, semblent avoir echappe au bandage des pieds qui, bien qu'officiellement interdit defuis 1902, se poursuit encore assez generalementjus qu en 1911, et meme au-dela dans certaines provinces reculees. Cai Chang, elle-meme, nee en 1902, assure a Helen Snow etre la premiere de la famille a avoir des pieds normaux et Xiang Jingyu, dans l'ecole qu'elle diri ge a Xupu avant de venir en France, aide ses petites EHe ves a se debander les piedsl8.
Face aux etudes egalement, les etudiantes-ouvrieres apparaissent comme des privilegiees a une epoque OU les filles ne constituent encore que les 4,35% de l'effectif des ecoles chinoises, etablissements missionnaires mis a part19. La plupart des douze etudiantes-ouvrieres huna naises ont eu la chance de frequenter le college de Zhou nan, ecole d'avant-garde fondee par Zhu Jianfan, un journaliste actif dans les cercles reformateurs du Hu nan. L'association autonome des eleves, que dirigent trois etudiantes, dont Wei Bi et Lao Qirong, qui vien dront en France, publie une revue feministe « L'horloge des femmes» (Niljie zhong), defendant les idees de science, de democratie, d'egalite des sexes, de liberte du mariage, et d'emancipation economique de la femme20. Les ecoles normales de filles de Chengdu, de Canton et de Tianjin constituent les autres principales sources de recrutement des etudiantes-ouvrieres21. Plus encore que les gar~ons, celles-ci gagnent la France en groupes issus des memes etablissements. Elles sont d'ailleurs expressement encouragees a le faire par les initiateurs du mouvement22• Soeurs, cousines, camarades d'etudes ou de combat politique, c'est ensemble qu'elles vont vivre le choc culturel de la decouverte de l'Europe.
Premiers pas en France
Du fait des obstacles que rencontrent les jeunes filles dans la realisation de leurs projets, leur mouvement de depart vers la France demarre assez timidement. Alors que des groupes d'etudiants-ouvriers s'embarquent des le mois de mars 1919, avant meme le debut du mouve-
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ment du 4 mai, ce n'est qu'en janvier 1920 que les pre mieres jeunes filles arrivent a Marseille23. Ces pion nieres, au nombre de quatre, seront suivies un mois plus tard par la famille Cai et deux autres jeunes Hunanai ses. II faudra ensuite attendre le debut de l'ete pour voir debarquer un nouveau petit groupe de troisjeunes filles. De fait, c'est au moment oil le mouvement etudiant-ou vrier commence a voir son avenir serieusement compro mis que la vague feminine semble prendre de l'ampleur. Le plus important groupe de filles gagne en effet la France avec l'avant-dernier groupe d'etudiants-ouvriers le 27 decembre 1920, quelques jours a peine avant que l'affiux des jeunes Chinois ne soit definitivement stop pe24.
Les quatre premieres etudiantes-ouvrieres, Fan Xin shun, Fan Xinqun, Li Zhixin et Xiong Shubin, toutes hunanaises, embarquent a Shanghai en novembre 1919 avec soixante-dix jeunes gens, dont Nie Rongzhen et Yan Changxi25• Des leur arrivee en France, les cousines Fan sont admises comme ouvrieres a l'usine Caseo-so jaine de La Garenne-Colombes. L'entree de deux jeunes filles de bonne famille, dont l'une est la fille du directeur des douanes de Changsha, dans ce lieu sacre de l'utopie anarchiste de Li Yuying est saluee par la presse chinoi se comme un evenement sans precedent dans l'histoire des femmes chinoises26. Elle symbolise l'adhesion des jeunes filles aux ideaux du mouvement travail-etudes, me me si dans la pratique la plupart d'entre elles tra vailleront fort peu, si ce n'est pas du tout. Pendant ce temps, leurs deux compagnes de voyage sont envoyees au college de jeunes filles de Montargis, oil elles sont bient6t rejointes par Xiang Jingyu, Cai Chang et leurs amies du college de Zhounan.
Le personnage le plus haut en couleur de ce groupe de Montargis est sans conteste Ge Jianhao. Quoi de plus extraordinaire en effet que de rencontrer parmi les col Iegiens de Montargis une femme de 55 ans, aux pieds deformes, vouee a la vie traditionnelle d'epouse et de mere depuis l'age de 16 ans? Plus peut-etre que ses jeu nes compagnes, Ge Jianhao incarne l'irrepressible soif
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de connaissances et de liberte qui s'est emparee d'une partie de la Chine depuis la chute de l'Empire. Admira trice de Qiu Jin, elle ne se contente pas d'encourager les projets d'etudes de ses enfants : n'a-t-elle pas vendu ses bijoux pour envoyer Cai Hesen a l'ecole normale de Changsha et cache Cai Chang lorsque son pere voulait lui imposer un mariage arrange? Elle ne se juge pas trop vieille a 48 ans pour decider d'entreprendre elle meme en 1914 une formation rapide d'institutrice. Et lorsqu'on lui refuse l'inscription au concours d'entree a l'ecole normale, a cause de son age et de ses pieds ban des, elle proteste avec tant de vehemence que les autori tes scolaires finissent par ceder. En un peu plus d'un an seulement, elle obtient son dipl6me et peut retourner dans son village y ouvrir une ecole de filles. Rien d'eton nant done a ce qu'une femme d'une energie aussi farou che se retrouve bientOt parmi les candidats au depart en France et reussisse a franchir rapidement les obstacles. Seul finalement le PCC aura raison de sa determina tion, puisqu'illui refusera l'adhesion qu'elle demandait, enlaison de son age27!
A Montargis, les jeunes Chinoises suivent la meme formation que leurs condisci ples masculins au college de gar~ons. Elles sont regroupees dans une classe speciale destinee a amener rapidement leur français a un niveau leur permettant de suivre des etudes normales. Quelque temps apres leur arrivee, elles apparaissent une pre miere fois a l'attention du public français a l'occasion d'une fete franco-chi noise. Le 21 mars 1920, la quaran taine d'etudiants chinois du college de Fontainebleau organise une grande soiree culturelle qui rem porte un vif succes. Pres d'un millier de spectateurs se pressent pour assister, apres les inevitables discours sur l'amitie franco-chinoise, a un spectacle d'acrobatie et a un con cert de musique chinoise. Les etudiantes-ouvrieres par ticipent au grand complet a la fete et y sont le point de mire de tous les regards lorsqu'en vetements tradition nels elles executent une danse de printemps tres appre ciee28•
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Les etudiantes chinoises nouvellement arrivees en France ne passent en effet pas inaperçues. Elles ont me me les honneurs de la presse. En fevrier 1921, le journal L 1llustration leur consacre un article. Dans le style fleuri de l'epoque, il nous les decrit «toutes freles et' enfantines dans la longue robe de soie a larges manches qui convient si naturellement a leur grace exotique, a leurs gestes menus, aux tons d'ivoire de leur visage casque de cheveux tres noirs et oil les sourcils allonges semblent avoir ete dessines finement au pinceau ,,29. Sur la photo qui accompagne l'article, on peut noter neanmoins que ces creatures enchanteresses ont coupe leurs cheveux a la garçonne, signe de l'independance qu'elles tiennent a manifester.
Les femmes et les mouvements de protestation
Si le college de Montargis reste le lieu de regroupement le plus important des etudiantes-ouvrieres avec douze eleves, d'autres colleges leur ouvrent egalement leurs portes, comme celui de Tonnerre et des etablissements de la region parisienne. Pour payer leurs etudes, lesjeu nes filles chinoises dependent, comme leurs camarades masculins, des fonds qu'elles ont deposes a la SEFC a leur arrivee ou de l'argent que celle-ci leur prete. Or des la On de l'annee 1920, la SEFC, depassee par son succes, n'est plus en me sure d'assumer les depenses du flot sans cesse grossissant de jeunes Chinois qui debarquent cha que mois a Marseille. Elle demande alors l'arret imme diat de tous les convois d'etudiants-ouvriers en partance pour la France et annonce a ceux qui s'y trouvent deja la fin de sa participation financiere. Cette nouvelle seme la consternation parmi les etudiants-ouvriers.
Se sentant abandonnes dans les difficultes par ceux-Ia memes qui les avaient encourages a se lancer dans l'aventure française, certains decident de tenter une ac tion concertee pour defendre leurs interets. Le 28 fe vrier 1921, a lieu aux abords de la Legation de Chine a Paris une manifestation conduite par Cai Hesen et ses amis, rec1amant au gouvernement chinois une subven-
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tion de 400F par mois et par personne pendant quatre ans. Xiang Jingyu fait partie des onze representants deIegues par leurs camarades aupres du ministre Chen Lu. Refusant de quitter les locaux de la Legation avant d'avoir obtenu satisfaction, les onze jeunes gens sont e~acues par la police et conduits au commissariat de l'Ecole militaire pour verification d'identite30. Prenant la parole a plusieurs reprises au cours de la journee, Xiang Jingyu joue un rOle d'autant plus important qu'elle est rune des seules filles a y participer. En effet, la veille, comme les autres etudiantes-ouvrieres, elle a He invitee par Soume Tcheng a se rendre chez Mme Hugues Le Roux, femme du senateur de Seine-et-Oise, et celle-ci leur a offert d'assurer leur entretien pendant un ~n, en leur versant a chacune 300F par mois, contre leur promesse de ne pas participer a la manifestation contre la Legation. Toutes ont accepte l'offre et se sont engagees par ecrit a respecter ce contrat. Bien que le lendemain, Xiang Jingyu et trois de ses compagnes aient decide de passer outre, il ne leur en sera finale ment pas tenu rigueur31. Le senateur Hugues Le Roux, issu d'une lignee d'armateurs normands depuis long temps en rapport avec la Chine, et ayant lui-meme se journe quelque temps a Pekin, s'etait interesse des le debut aux projets d'education franco-chinoise de Li Yuying et de ses amis. Quant a sa femme, d'origine americaine, elle fut la providence de bien des etudiants ouvriers. Elle venait de perdre ses fils a la guerre et l'on peut penser qu'elle reporta sur lesjeunes gens desempa res qui faisaient appel a elle un amour maternel desor mais sans objet32.
La position de Xiang Jingyu dans le mouvement de fevrier n'est pas partagee par toutes les etudiantes-ou vrieres. On retrouve au sein du groupe des jeunes filles les memes clivages que ceux observes parmi leurs cama rades masculins. Face aux difficultes inattendues de la vie en France, deux attitudes s'affrontent en effet : ceux qui continuent a adherer a l'ideal travail-etudes et ceux qui ne veulent qu'etudier et exigent l'aide du gouverne ment pour le faire. Comme l'a fait son ami Zhou Enlai
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dans Y ishibao, Zhang Ruoming publie dans C henbao un rapport sur les problemes des etudiants-ouvriers33. Pour elle, ceux qui sont alJes rec1amer des subsides a la Legation et se sont transformes en demandeurs de bour ses ne peuvent plus etre consideres comme des etu diants-ouvriers. Si on ne travaille pas, on n'est plus etudiant-ouvrier : Zhang Ruoming n'est pas tendre pour les quemandeurs ! Elle denonce la mauvaise foi de ceux qui preferent ne pas travailler et demandent une bourse en pretextant qu'il est difficile de trouver du travail, alors qu'ils ont en realite quitte celui qu'ils avaient. Ceux-Ia seuls sont de vrais etudiants-ouvriers qui pen sent que leur devoir est de travailler pour etudier. Elle preconise que les etudiants-ouvriers comptent sur leurs propres forces et s'unissent pour defendre leurs interets et chercher du travail. Sa position rejoint celIe, resolu ment ouvrieriste, de Zhao Shiyan, qu'elle a du connaUre dans l'entourage de Zhang Shenfu34.
Dans les premiers mois de leur sejour en France, la po litisation prend chez les jeunes filles - me me futures communistes - des formes differentes. Xiang Jingyu et ses camarades de la Xinmin xuehui gravitent dans l'or bite de Cai Hesen. Si XiangJingyu ne passe pas, comme son ami. ses journees a potasser les classiques marxis tes, mais suit diligemment les cours, elle ne neglige pas pour autant sa formation politique et n'oublie pas son ambition de trouver une solution « pour permettre aux femmes de se liberer ,,35. Quatre mois apres son arrivee en France, en mai 1920, au moment oil Cai Hesen fait part a Mao de sa decouverte d'un remede aux maux de la Chine, le socialisme, elle ecrit un article sur ses con ceptions de la liberation des femmes et l'envoie a la revue Shaonian Zhongguo36. Sous l'influence de ses nouvelles lectures, elle y exprime deja l'idee marxiste selon laquelle la liberation de la femme est inseparable de celIe de la societe toute entiere. Aux feministes qui reclament le droit de vote, le droit a une part d'heritage, le droit a l'education, elle repond qu'il est vain de rec1a mer une reforme partielle des institutions, qu'il faut au contraire revendiquer en bloc tous les droits fondamen-
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taux, «rien de partiel, pas d'a peu pres, tout ou rien, maintenant! ". Pas d'emancipation de la femme sans l'abolition du systeme familial: seulle systeme commu niste liberera les femmes des fardeaux domestiques et leur assurera un role social digne d'elles. Illustration de leurs convictions nouvelles: lorsque, le mois suivant, Cai Hesen et Xiang officialisent leur union, ils envoient a leurs amis une photo les montrant lisant ensemble Le Capita137. Cet interet pour le marxisme n'est pas propre a Xiang Jingyu. De façon generale, il semble meme que lesjeunes filles soient plus engagees que la moyenne des garçons dans les etudes politiques. Le groupe d'etudes marxistes qu'elles forment au college de jeunes filles de Montargis, avec la benediction de la directrice, Mme Berthe Dumont, est bien le premier de ce genre en Fran ce38.
Pendant que les militantes de la Xinmin xuehui pour suivent leur education a Montargis, celles de la Juewu she se retrouvent a Paris. Zhang Ruoming, une jeune fille de 19 ans, fille d'un professeur de Baoding, y entre tient des liens d'amitie avec Zhang Shenfu, qui apprecie de pouvoir discuter avec elle de philosophie et de littera ture39. Malgre son jeune age, elle temoigne deja de ra res qualites intellectuelles. II en fallait pour retenir l'at tention d'un personnage aussi prestigieux et rersuade d'etre un des plus grands philosophes chinois . Elle est egalement l'amie de Zhou Enlai et de Liu Qingyang pour avoir milite avec eux au sein de la Juewushe et passe trois mois dans les prisons de Tianjin en meme temps que Zhou40. On peut dans ces conditions se de mander pourquoi, malgre ces liens privilegies, elle n'est jamais mentionnee parmi les membres de la petite « cel lule " communiste animee a Paris par Zhang Shenfu. La compagne de ce dernier, Liu Qingyang, qui en aurait fait partie est encore anarchiste a cette epoque. En decembre 1920, elle figure en effet au nombre des cor respond ants en France de la revue anarchiste Ziyou (Li berte). Mais ce ne sont la que ~uelques-uns des nom breux mysteres qui entourent l existence de cette fa meuse « cellule"
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Pas plus que lors du mouvement de fevrier, lesjeunes filles ne sont absentes des diverses actions qui mobili sent la communaute etudiante-ouvriere durant l'ete 1921, me me si elles n'y jouent pas un role de premier plan. Soume Tcheng prend la parole au meeting du 30 juin contre le projet d'emprunt franco-chinois qui reunit pratiquement toutes les composantes de la colonie chi noise en France41. Toutes, sauf celle du groupe de Mon targis? On peut legitimement se poser la question, lors qu'on remarque que durant toute cette campagne ni Cai Hesen ni Xiang Jingyu ne se sont exprimes publique ment. Faut-il en conclure qu'ils n'ont pas fait le voyage de Paris, ou qu'ils se sont fondus dans l'anonymat pa triotique?
Pourtant, lorsque dans l'attente de l'ouverture de l'IFCL, les premieres inquietudes se sont fait jour quant a la selection qui pourrait etre operee parmi les candi dats, les etudiantes de Montargis se sont mobilisees. Le 30 mai 1921, les douze jeunes filles ont adresse a plu sieurs journaux chinois une lettre ouverte demandant l'ouverture de l'IFCL aux femmes a des conditions parti culieres: quota egal de garçons et de filles, exemption des examens d'entree et des frais d'etudes, organisation de cours de soutien pour celles qui ne sont pas suffisam ment qualifiees42. On trouve parmi les signataires des jeunes filles qui ne sont pas connues pour leurs positions politiques, ce qui montre peut-etre que le mouvement etait alors moins politise qu'on ne l'a dit.
Lorsque leurs craintes se trouvent confirmees par l'an nonce du depart de Wu Zhihui pour la France en compa gnie de 125 etudiants recrutes en Chine et tries sur le volet, la reaction des etudiants-ouvriers est a la mesure de leur consternation. Si Xiang Jingyu ne part pas pour Lyon avec l'avant-garde d'etudiants qui doivent forcer leur entree a l'IFCL, mais reste a Paris avec Wang Ruofei, Zhou Enlai et quelques autres pour assurer la liaison avec la Legation de Chine, certaines de ses com pagnes se trouvent a Lyon au moment des evenements. Bien qu'il ne soit jamais fait mention de la presence de femmes dans la manifestation, les noms de Zhang Zhen-
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hua, Lin Xueming, Liu Wuwei et Liu Cuiwei figurent sur les registres des hotels de Lyon, dont la police a reçu l'ordre de relever soigneusement tous les nouveaux clients chinois43. Mais il est difficile de dire si cesjeunes filles ont pris une part, meme faible, a la manifestation ou si elles sont venues rencontrer des membres du grou pe conduit par Wu Zhihui. En effet, elles ne comptent pas au nombre des signataires de la petition demandant l'ouverture de I'IFCL aux filles. Esperaient-elles etre admises a l'IFCL? Peut-etre etaient-elles pretes a se soumettre a un examen d'entree. On peut penser qu'elles croyaient qu'une solution serait trouvee a leurs problemes d'etudes. Aucune d'entre elles en tout cas ne sera arretee, ni ne fera l'objet d'une mesure d'expulsion.
Seule etudiante-ouvriere a quitter la France apres le rapatriement force de Cai Hesen et des 102 autres « re belles ", Xiang Jingyu, enceinte, regagne la Chine en decembre 192144. La, durant les mois qui precedent la naissance de son fils en avril 1922, elle mene une action determinee en faveur de ses compagnes restees en Fran ce, en particulier les etudiantes du college de Montar gis. Bien que plus favorisees que leurs camarades mas culins, puisqu elles ont pu continuer leurs etudes, celles ci risquent en effet de se trouver bienwt en difficulte du fait de l'epuisement prochain des fonds recueillis par Mme Hugues le Roux pour leur venir en aide, Xiang Jingyu en appelle a la generosite de divers philanthro pes, dont l'ancien premier ministre Xiong Xiling et sa femme Chu Shuya45.
La situation materielle desjeunes flIles
Beneficiant de l'aide de Mme Hugues le Roux et, pour certaines, de subsides rrovinciaux ou familiaux, les jeunes filles chinoises n ont pas adhere au Comite fran co-chinois de patronage fonde en mai 1921 pour venir au secours des etudiants-ouvriers necessiteux. Le Comite ne se desinteresse pas pour autant de leur sort: Soume Tcheng et Mme Hugues le Roux, membres honoraires du Comite et presentes a la plupart des seances, veillent
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a ce qu'on ne les oublie pas. Le ministere des Affaires etrangeres s'occupe particulierement d'elles et leur re nouvelle en 1922 une allocation de 70 000 francs46. Selon le senateur Hugues le Roux, elles se partage raient en 1925 10 000 francs par mois envoyes par les autorites chinoises et une somme annuelle de 20 000 francs alloues par le ministere français des Affaires etrangeres47. Inutile de dire qu'etant pres de cinquante a compter sur ces subsides, i1 ne reste finalement pas grand chose a chacune, en tout cas pas assez pour vivre. Cette situation relativement privilegiee, si on la com pare a celle des etudiants-ouvriers qui doivent gagner leur pain dans les usines, ne manque pas de faire des jaloux. Lors de son voyage en France en 1923 Zhang Jian, desireux de verser une somme de 30 000 francs pour les jeunes filles chinoises, se voit l'objet de telles attaques de la part de leurs condisciples masculins qu'il fini par reduire son don de moitie. Hugues Le Roux, qui comme sa femme s'interesse de pres au sort des etu diantes-ouvrieres, fustige l'absence d'esprit chevaleres que et « l'attitude si peu fraternelle de cesjeunes gens ». « Les mauvais sentiments des etudiants chinois a l'egard des jeunes filles sont d'autant plus injustes », ajoute-t-il, « que, par leur conduite et leur travail, elles ont toujours tenu haut le drape au de la Chine »48.
Dans la peri ode d'installation qui suit les expulsions de l'automne 1921, la majorite des etudiants-ouvriers s'efforcent de poursuivre le mouvement en faisant al terner les temps d'etudes et de travail. La plupart des jeunes filles restees en France reussissent, quant a elles, a entreprendre des etudes superieures, meme si certaines les entrecoupent parfois de breves peri odes de travail. Nous savons peu de choses sur les emplois qu'elles ont pu occuper, mais les dossiers des etudiantes ouvrieres admises a I'IFCL mentionnent des certificats de travail. Alors que Cai Chang affirme avoir travaille a l'usine de caoutchouc Hutchinson de Chalette et que ses biographes y signalent un passage encore plus hypo thetique de Xiang Jingyu, la seule presence feminine chinoise attestee dans cet etablissement est celle de
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Xiong Jiguang49. Mais peut-etre des raisons autres qu'economiques expliquent-elles le sejour de cette adhe rente de la Xinmin xuehui, membre de la Ligue desjeu nesses socialistes, dans ce haut lieu du communisme chinois en France? Si la plueart des grands noms du mouvement ont deja quitte l usine lorsque Xiong Ji guang y entre en juillet 1923, elle vient sans doute y assurer avec Zhou Weizhen la releve des Deng Xiao ping, Lin Wei, Yin Kuan et autres, appeles a des taches plus importantes au sein de l'appareil de la Ligue50.
Mais comme au temps du mouvement de fevrier, on peut etre communiste et refuser de travailler. Avant meme que les fonds recoltes par Mme Hugues Le Roux ne soient arrives a epuisement, Guo Longzhen, une etu diante musulmane de Tianjin, membre de la Juewushe, a choisi d'attirer l'attention sur son sort en s'entaillant le doigt pour ecrire avec son sang une lettre eploree, propre a arracher des larmes aux plus endurcis51. Con tralrement a d'autres, elle refuse en effet d'abandonner ses etudes au lycee pour aller gagner sa vie. Le portrait qu'elle trace de l'ouvrier français est certes de nature a effrayer les ames sensibles et a les inciter a se montrer genereuses afin de preserver les jeunes Chinoises du contact de ce barbare ! « Les ouvriers, terrassiers ou ma noeµvres, sont incultes et d'un temperament plus sau vage encore que les dockers chinois. Si bien que les en trepreneurs n'osent pas engager des jeunes filles etran geres ,,52. L'ambiguite de l'attitude de nombreux etu diants-ouvriers, oscillant entre une sympathie abstraite pour le proletariat et une reserve certaine envers ses re presentants, se manifeste ici avec eclat53.
La participation des femmes aux mouvements politiques apres 1921
Guo Longzhen est avec Cai Chang la seule jeune fille citee par Wu Qi parmi les premiers membres de la Ligue desjeunesses communistes chinoises en France54• Ne figurent dans cette liste ni Xiong Jiguang ni Zhang Ruoming, pourtant citees par Cai Chang en 193955. II
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est vrai que les aIeas de l'histoire ont peu a peu remode Ie les memoires - effaçant certaines figures pour en re veler d'autres. Liu Qingyang, ayant, quant a elle, quitte la France au debut de 1922 avec Zhang Shenfu, appar tient au groupe de Berlin. Bien que n'occupant, semble t-il, pas de fonctions dirigeantes au sein de l'appareil du Parti ou de la Ligue, lesjeunes filles communistes parti cipent neanmoins au travail de propagande et de refle xion politique. Si Cai Chang contribue avec d'autres au travail d'impression de Chi Guang, elle y publie aussi, comme Guo Longzhen, quelques articles poIemiques sans grande portee theorique56. Zhang Ruoming, ~ui a cette epoque poursuit des etudes de psychologie a l uni versite de Lyon, aurait fait paraitre quelques articles dans les premiers numeros de cette revue, ainsi que deux opuscules sur la plus-value et la lutte des classes, dont nous n'avons malheureusement pas pu retrouver la trace57. Elle aurait ainsi fait partie du cercle tres res treint des theoriciens de la branche française du PCC.
Quant a Xiong Jiguang, apres son sejour a Chalette, elle a sans doute joue un rOle dans le coup de force de juin 1925 contre la Legation de Chiµe58. Fait-elle alors partie des dirigeants de la Ligue? A cette epoque, elle vit en effet it Boulogne avec Xiao Pusheng et entretient une correspondance suivie avec Lin Wei, l'un des orga nisateurs de la manifestation. Cette action d'eclat mar que d'ailleurs la fin de son sejour en France, puisque son ami faisant l'objet d'un arrete d'expulsion en juillet de la meme annee, elle le suit en Allemagne, et de la sans doute en Union Sovietique59. Ce depart COIncide appa remment aussi avec la fin de son activite au sein du Par ti. De retour en Chine, son engagement public semble en effet se borner a sa participation au mouvement feminin dans sa province natale du Hunan60 et, pour une raison que nous ignorons, elle qui tte les rangs du PCC61. On ne peut que regretter que les memorialistes ne se soient pas encore penches sur cette interessante fi gure des debuts du communisme chinois.
Zhang Ruoming, elle, n'attend pas le terme de son se jour en France pour prendre ses distances vis-a-vis du
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mouvement: apres des annees de militantisme, elle entre en conflit avec Ie secretaire de la Ligue, Ren Zhuo xuan, dont elle desapprouve le style autoritaire. PlutOt que de subir ses rebuffades en pleurant comme Guo Longzhen, elle choisit de partir. Sa decision lui vaudra les critiques de son ami Zhou Enlai, assurement plus expert qu'elle dans l'art du compromis62. Lorsqu'en 1930, apres dix ans de sejour en France, elle regagne la Chine avec son mari Yang Kun, ils prennent d'un commun accord la resolution de renoncer desormais a tout,e action politique et de se cantonner dans leurs roles de chercheur et d'enseignant63. Geste sans doute revela teur d'un profond desenchantement.
D'autres courants politiques etaient egalement actifs en France, le plus important etant Ie GMD. Nous ne sa vons malheureusement rien d'une eventuelle participa tion des etudiantes-ouvrieres au GMD, pourtant pre eminent parmi les etudiants de l'IFCL, ni d'une adhe sion aux ideaux du Qingniandang64. Alors qu'elles pa raissaient plus politisees que leurs compagnons mascu lins au depart, leurs aspirations politiques se sont, pour la plupart, mysterieusement evanouies. Que dire de Wei Bi et de Lao Qirong, qui semblent avoir prefere le monde pur des mathematiques a l'evolution politique de leurs anciens camarades de la Xinmin xuehui65 ?
Le temps des etudes
Le retour en Chine, quand il est tardif, comme c'est le cas pour toutes celles qui ont choisi les etudes, s'accom pagne presque inevitablement, semble-t-il, d'un renon cement a une ambition politique. Les anciennes etu diantes-ouvrieres rentrent en effet bardees de diplOmes. Elles ont bien employe leur temps en France. Sur la quarantaine de jeunes filles du debut, vingt et une, a notre connaissance, sont restees entre sept et dix ans pour faire des etudes universitaires, proportion nette ment superieure a celIe de leurs camarades masculins. Autre contraste: alors que ceux-ci marquent leur speci ficite par rapport aux autres etudiants chinois en Fran-
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ce en se tournant de preference vers les techniques du futur (chimie, electricite) ou les sciences naturelles ayant une application immediate pour l'agriculture chi noise, les etudiantes-ouvrieres se montrent beaucoup plus ec1ectiques. Leurs domaines de predilection sont les beaux-arts, les lettres et les sciences (chimie et se riciculture), respectivement choisis par sept, cinq et quatre d'entre elles, les autres se partageant entre les mathematiques, la pharmacie, la medecine, les sciences politiques et la musique. Cette preference artistique et litteraire peut etonner au sein d'un mouvement presen tant la science comme la voie du salut de la Chine. Fau te de pouvoir etre expliquee, elle merite en tout cas d'etre soulignee. Elle indique peut-etre une ouverture plus grande a la culture occidentale et a d'autres aspects de la modernite, ce que soulignent les sujets choisis: peinture et litterature françaises, auteurs contempo rains et meme controverses comme Gide. Toutes choses peu appreciees en Chine et qui ont peut-etre rendu leur integration plus difficile.
Alors qu'une seule etudiante-ouvriere, Zhang Yanan, beneficie d'une bourse du ministere des Affaires etran geres66, l'IFCL, dont la creation avait suscite tant d'es poirs et de luttes, finit par ouvrir ses portes a un certain nombre d'etudiants-ouvriers. Entre 1921 et 1932, il en accueille soixante-quatorze, sur un total de 473 etu diants, dont six jeunes filles, toutes admises apres l'ins tauration du concours special etudiant-ouvrier en 192767. Grace aux archives de l'Institut, on connait un peu mieux le parcours de ces heureuses elues. Si l'une des plus douees d'entre elles, Li Hao, ravissante de sur croit au regard de sa photo, decide", apres quinze ans de travaux et d'etudes, de partir aux Etats-Unis avec la be nediction de ses professeurs français pour parfaire sa formation biologique, ses compagnes terminent toutes leurs etudes en France avec un diplome superieur. Cer taines reussissent meme brillamment. Fan Xinqun, l'u ne des deux ouvrieres de l'usine Caseo-sojaine, decroche en HJ24 une medaille d'argent au concours de peinture de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Zhang Ruoming ne
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craint pas de consacrer sa these a la psychologie de Gi de, ce qui lui vaut les felicitations enthousiastes de ce dernier68. Quant a Wang Yaoqun, une etudiante-ou vriere du Sichuan, elle obtient enjuillet 1930 son docto rat en pharmacie avec mention tres bien, et trois mois plus tard met au monde son cinquieme enfant!
Comme le montre avec eclat ce dernier exemple, les etudiantes-ouvrieres en France ont aussi une vie privee. Si aucune, a notre connaissance, n'a epouse un Fran çais, plusieurs couples chinois se sont formes en France. Chacun connait la romance de Xiang Jingyu et de Cai Hesen, ainsi que celle de Cai Chang et de Li Fuchun. La camaraderie de l'IFCL rapprocha quelques autres etu diants-ouvriers: Zhang Ruoming et l'ethnologue Yang Kun, Fan Xinqun et le sociologue Peng Xiang, Fan Xin shun et le chimiste Yang Chao. Le mariage libre figu rait bien sur au nombre des revendications essentielles desjeunes Chinoises de l'epoque. On peut penser que les unions contractees en France entre etudiants eloignes de leurs familles respectives ont ete des mariages d'a mour. Mais la coutume des unions arrangees par les pa rents etait encore trop vivace pour que les etudiantes ouvrieres puissent y echapper entierement. Certaines avaient sans doute fui en France un mariage qu'on vou lait leur imposer. D'autres n'ont peut-etre pas echappe a leur retour a celui que leur reservait leurs familles69. Quelques enfants sont nes pendant ces annees françai ses. Sans parler des cinq enfants de Wang Yaoqun et du journaliste Zhou Taixuan, un des dirigeants de la LiuFa qingong jianxue xueshenghui (Societe des etudiants ouvriers en France), on peut citer la fille de Cai Chang et le fils de Fan Xinqun. La presence de ces enfants pose parfois quelques problemes dans la vie bien remplie de leurs parents. Cai Chang s'empresse de confier sa fille a sa mere. Celle-ci la ramene en Chine et se chargera en tierement de son education70. Mais pour d'autres, l'idee d'une separation parait intolerable. Wang Yaoqun, ad mise a l'TFCL au concours etudiant-ouvrier de 1928, sUfplie qu'on ne l'oblige pas a venir habiter l'Institut et qu on l'autorise a continuer a vivre avec ses enfants.
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Le retour en Chine et ses desillusions
Malgre ses problemes, la vie en France est libre, beaucoup plus libre qu'elle ne le serajamais. Et pour les filles particulierement, le retour en Chine marque le debut des difficultes et des desillusions. Si Xiang Jingyu profite, semble-t-il, du prestige acquis en France et ob tient immediatement la charge de responsable de la « section femmes» et peut-etre une place au Comite central71, la brievete de son sejour en France en fait une exception parmi les etudiantes-ouvrieres. Les autres pa raissent avoir du se contenter de petits rOles, d'une vie moins grande que leurs reves. Nous savons peu de cho ses de leur sort apres leur retour en Chine. Wang Yao qun mourut prematurement~2. Fan Xinqun et Xiao Min devinrent professeurs a l'Ecole des Beaux-Arts de Shanghai73. Wei Bi et Lao Qirong enseignerent a Beida et a l'universite du peuple de Pekin74. Parmi les plus politisees, Guo Longzhen partagea le sort de Xiang Jingyu comme « martyr de la revolution" 75. Liu Qing yang, figure marquante du mouvement communiste en Europe - n'oublions pas que ce fut elle qui introduisit Zhou Enlai au Parti76 ! - s'effaça derriere son mari des le retour en Chine et prit peu a peu ses distances avec la politique, son role honorifique de vice-presidente de l'union des femmes chinoises apres 1949 n'etant guere a la mesure de celui qu'elle avait exerce en Europe. Quant au destin de Zhang Ruoming qui s'annonçait si brillant, il fut un des plus tra[iques: elle se suicida a Kunming, oil elle enseignait a l universite, durant une campagne de reprise en mains des intellectuels en 195877. Son pas se avait montre qu'elle n'etait pas femme a se laisser dieter ce qu'elle devait penser. Elle a du juger qu'elle n'avait plus sa place dans un monde duquel la liberte intellectuelle etait exc1ue78.
Seule Cai Chang est reste pour tirer, assez cruelle ment d'ailleurs, le bilan de leur aventure: « A part Xiang Jingyu, aucune d'entre elles n'a rien fait d'impor tant" 79. Mais son rOle a elle a-t-il vraiment ete autre chose que celui d'une femme-alibi, qui plus est soeur et
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epouse d'hommes importants? Quant a Xiang Jingyu, si la mort en a fait la grande figure feminine de la revo lution chinoise, la place qu'elle occupa de son vivant ne fut pas a Ia hauteur de ses ambitions, gigantesques il est vrai. Le bel hommage funebre que Cai Hesen lui ren dit en 1928 ne laisse aucun doute a ce sujet. « Son seul desir etait de faire "quelque chose d'extraordinaire qui secoue le monde". Elle avait une ambition farouche. Elle disait toujours: ttsi je n'arrive pas a faire quelque chose d'important, je me demolirai, je me reduirai en cendres". Et a chaque fois elle sanglotait. Elle ne vou lait reconnaitre ni les obstacles, ni les difficultes »80. Elle ne put jamais se satisfaire de sa place de respon sable feminine, alors qu'elle se sentait de taille a assu mer un rOle de premier plan.
Conclusion
Triste bilan pour ces «petites fiUes du vingtieme sie cle» ! De grandes ambitions et des personnalites hors du commun pour un resultat qui nous paraU bien modeste. Pourtant, si l'on fait abstraction de l'exceptionnelle reussite de Zhou Enlai et de Deng Xiaoping, la propor tion d'etudiantes-ouvrieres a s'etre fait un nom a l'eche lon national n'est guere differente de ceUe de leurs ca marades masculins. Ren Zhuoxuan ou Yin Kuan ont-ils eu Ie destin que promettait leur rOle en France81 ? Que dire de tous ceux qu'une mort violente a fauches avant qu'ils aient eu le temps de donner leur pleine mesure. Une quarantaine d'etudiants-ouvriers au moins ont partage le sort tragi que de Xiang Jingyu et de Guo Longzhen82. Combien d'autres enfin ont sombre pour nous dans l'anonymat, qui en des temps meilleurs se se raient faits connaUre dans le domaine des sciences ou des arts? Dans ces annees troubIees, il n'y a guere eu de place en Chine pour des reussites autres que politiques. La reside sans doute une des causes du relatif echec des etudiantes-ouvrieres. Nous avons vu qu'elles ont beau coup plus etudie que la moyenne des participants du mouvement. Or etudes universitaires et militantisme
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politique ont generalement ete consideres comme in compatibles au sein du groupe communiste en France83. Ayant sans doute rapidement compris que le Parti ne leur ferait pas la place qu'elIes esperaient, les femmes ont choisi de se retirer du champ politi que et ont glisse par le fait meme dans une relative obscurite. Cela ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont pas contribue a leur maniere a la modernisation de la Chine, comme elIes revaient de le faire en venant etudier en France. Wei Bi et Lao Qirong, par exemple, actives dans le mou vement feministe et patriotique au Hunan a l'epoque du 4 mai et militantes de la Xinmin xuehui, si elles sont, semble-t-il, restees a l'ecart du courant communiste, ont occupe des fonctions importantes comme mathemati ciennes dans diverses universites chi noises et au minis tere de l'Education apres 1949. Leur apport au develop pement scientifique de la Chine ne peut surement pas etre considere comme negligeable. Pas plus que celui de toutes celles qui ont consacre leur vie a l'enseignement. Leur generatIOn n'est-elIe pas celIe des professeurs et « des institutrices qui ont forme les elites de la Chine moderne ,,84 ?
Cependant il parait certain que le talent de toutes ces femmes n'a pas trouve a s'exprimer pleinement. L'epo que qui a suscite leur vocation, nourri leur ambition ne s'est peut-etre pas pretee a leur accomplissement. Ve nue en France dix ans plus tOt, Soume Tcheng a su jouer un role et acquerir un prestige que ses protegees du mouvement etudes-travail n'ont jamais pu atteindre. En s'exilant si longtemps n'ont-elles pas choisi la mau vaise voie, au regard tout au moins du pouvoir social qu'elIes pouvaient esperer? Mais auraient-elles obtenu davantage en restant en Chine? Le feminisme affiche par le PCC a ses debuts n'a-t-il jamais ete plus qu'un voeu pieux? Aujourd'hui encore, quarante ans apres la revolution, si les Chi noises portent bien « la moitie du ciel .. sur leurs epaules, elles n'occupent toujours que 5% des sieges au Comite central!
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NOTES
1. Ou Lu jiaoyu yundong (Le mouvement d'education en Europe), Tours, Imprimerie chinoise, 1916, p. 51.
2. Li Shuhua, .. Wo yu liuFa jianxuehui yubei xuexiao» (Mon sejour c\ I'ecole preparatoire aux etudes frugales en France), in Chen Sanjing, Qingong jianxue yundong (Le mouvement etudiant-ouvrier), Tabei, pp. 23-24.
3. ElJe est decedee en 1959 aux Etats-Unis, ou elle avait choisi de vivre apres I'instauration de la Republique Populaire; voir sa notice biographique dans Boorman, Biographical dictionary of Republican China, Columbia University Press, New Yorlc:, 1968, vol. I, pp. 278-280. Sa photo figure, entre autres, dans L'/IIuSfration du 19 fevrier 1921.
4. Kui Yingtao et aI., Sichuanjindaishi (Histoire moderne du Sichuan), Chengdu, Sichuansheng shehui Ic:exueyuan chubanshe, 1985, p. 681.
5. Zhang Yunhou, FuFa qingong jianxue yundong (Le mouvement etudiant ouvrier en France), Shanghai renmin chubanshe, 1980, vol. 1, pp. 371-372: lettre de Zhao Shiyan c\ Zeng Xianzhong dans Gongdu n° 33, janvier 1920.
8. Biographie de Ge Jianhao par Luo Shaozhi in Zhonggong dangshi renwuzhuan (Biographies des personnalites de I'histoire du PCC), Xi'an, Shanxi renmin chubanshe, 1982, vol. 6, pp. 51-52.
9. FuFa qingong jianxue yundong shiliao (FFQG) (Documents sur Ie mouvement etudiant-ouvrier en France), Beijing chubanshe, 1980, vol. 2, p. 297: lettre de Xiang Jingyu au (FC; Zhou Enlai in ibid., vol. 1, p. 30; AN 47 AS1, proces-verbal de la seance du CFC du 14 mai 21 ; Hugues Le Roux, " Chinois en France », L 'Echo de Paris, 24juin 1925.
10. Zhang Yunhou, op. cit., vol. 1, pp. 301-302: discours de Wu Zhihui au college
de Zhounan. Cinq cents yuan equivalaient alors c\ 3 500 francs fran~ais.
14. Voir la notice biographique de Su Xuelin dans Boorman, op. cit., vol. III, pp. 155-156.
16. Roxane Witlc:e, .. Mao Tse-tung, women and suicide», Women in China, ed.
Marilyn Young, Ann Arbor, The Michigan Univ. Press, 1973, pp. 7-31.
17. Voir la notice biographique de Wu Yu (1872-1949) dans Boorman, op. cit., vol. III, pp. 462-465; Wu Zenglan (1876-1917), collaboratrice de Funl1 zazhi, est I'auteur de plusieurs essais feministes dont un Nilquan pingyi (Sur I'egalite des droits des femmes) paru dans Xin qingnian en jui~ 1917 (Francesca Cini, « Le probleme des femmes dans La Nouvelle Jeunesse», Etudes chinoises, vol. V, n° 1-2, 1986, pp. 141-142 et note 23). Voir aussi Yi-tsi Feurwerlc:er, " Women as writers in the 1920's and 1930's», Women in Chinese Society, ed. Margery Wolf & Roxane Witlc:e, Stanford Univ. Press, 1975, pp. 155-156.
18. Helen Snow, Women in Modern China, La Haye, 1967, p. 234; .. Xiang Jingyu, champion of the Chinese women's movement», Women of China, mars 1 980, pp. 33-35.
19. Helen Snow, op. cit., p. 176. Ce pourcentage est celui des filles scolarisees danslesecolesla'iquesen 1916.
20. Song Feifu, Xinmin xuehui, Changsha, Hunan renmin chubanshe, 1980, pp. 63-65. La traduction du nom de la revue est celie proposee par Ja.cqueline Nivard dans .. L'evolution de la presse feminine chinoise de 1898 a 1949 », Etudes chinoises, vol. v, n° 1-2,1986, p. 166.
21. Curieusement, nous ne savons rien de leur frequentation eventuelle des
ecoles preparatoires qui leur avaient ete ouvertes en 1912.
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25. L'appartenance de Li Zhixin a ce groupe n'est pas absolument certaine, son nom etant cite ala fois dans la liste des membres du 8e voyage et dans celui de ceux du ge, dont faisaient partie Cai Hesen et Xiang Jingyu, FFQG 2, pp. 111 et 115.
28. FFQG 2, p. 240 ; Zhang Yunhou, op.cit.. vol. 2, publie une photo montrant les neuf jeunes filles et Ge Jianhao au premier rang des acteurs de la f~te.
29. L'1I/ustration, 19 fevrier 1921. D'autres photos de cette epoque, representant essentiellement les etudiantes de Montargis, toujours habillees a la chinoise, sont reproduites dans FFQG 2, n° 1 ; Zhang Yunhou, op.cit., vol. 2 ; Xiang Jingyu wenji et Women of China, mars 1980. Pour la periode posterieure a 1921, les seules photos que nous connaissons sont les portraits d'identite figurant dans les dossiers des etudiantes-ouvrieres de I'IFCL. lis nous les montrent alors to utes v~tues a I'occidentale.
30. AN, SLOTFOM serie VIII, carton 6, note du 9 mars 1921: Ie nom de Xiang Jingyu y est orthographie « Hiang King Vee ».
31. Zhou Enlai, FFQG 1, pp. 30-31 ; Li Huang, Xuedunshi huiyilu, p. 97. Dans sa lettre au Comite franco-chinois (<< Xiang Jingyu zhi Zhong Fa banhui xin », FFQG 2, pp. 697-699) Xiang Jingyu rend hom mage a I action de Mme Hugues Le Roux et de
Soume Tcheng. | . |
32. Hugues Le Roux, art. cit., L 'Echo de Paris, 24 juin 1925; notice biographique de Hugues Le Roux dans Dictionnaire des parlementaires fran<;ais (1889-7940), PUF, 1963.
33. Zhang Ruoming, « LiuFa qingong jianxuesheng zhi konghuang yu Hua Fa jiaoyu» (La panique des etudiants-ouvriers et la Societe franco-chi noise d'education), FFQG 2, pp. 419-424 et « LiuFa jianxuesheng zuijin zhi da juewu » (La prise de conscience recente des etudiants frugaux en France), FFQG 2, pp. 431-433.
34. Voir la notice biographique de Zhang Shenfu par Vera SChwarcz dans Bianco & Chevrier, Dictionnaire du mouvement ouvrier international, la Chine, Paris, Editions Ouvrieres, 1985, pp. 751-753.
35. Lettre de Cai Hesen a Mao du 28 mai 1920, traduction aimablement communiquee par Catherine Gipoulon.
36. Xiang Jingyu, « NtJzi jiefang yu gaizao de shangjue» (Discussion de la liberation et de la reforme de la condition des femmes), Shaonian Zhongguo, vol. 2, n° 2. Des idees identiques avaient deja ete exposees dans fa revue Xin qingnian des la deuxieme moitie de 1918, en particulier sous la plume de Hua Lin (voir Cini, art. cit., pp. 144-145)
45. FFQG 2, pp. 693-696: lettres de Xiang Jingyu a Chu Shuya et Xiong Xiling ; voir la biographie de ce dernier dans Boorman, op. cit., vol. II, pp. 108-110; Helen Snow evoque I'action philanthropique de sa femme dans Women in Modern China, p.82.
46. AN 47 AS 1 : proces-verbal de seance du CFC du 4 mars 1922.
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49.Archives Hutchinson de Chalette. Xiong Jiguang a travaille a I'atelier manteaux de cet etablissement du 30.7.23 au 22.12.23. Nous remercions M. Fergani de Chalette de nous avoir communique ces renseignements.
50. Sur la presence des communistes chinois a I'usine Hutchinson de Chalette, voir notre article a paraitre cc Retouches a un portrait de jeunesse : chronique des annees fran~aises de Deng Xiaoping ". Zhou Weizhen, ancien camarade de Deng Xiaoping a I ecole preparatoire de Chongqing et membre du comite de redaction de Shaonian des avril 1923, travaille a Chalette du 6.12.22 au 19.7.24. L'annee sui vante il est recherche par la police fran~aise en m~me temps que Zhou Enlai et desi gne comme cc Ie chef d'un groupe de chinois vivant avec lui» (AN F7 12900, note du 8.1.25).
51. Guo Longzhen, cc LiuFa nusheng Guo Longzhen zhi xueshu ji leishu» (La lettre de larmes et de sang de Guo Longzhen, etudiante en France), FFQG 2, pp. 688-690.
54. Wu Qi, cc Zhou Enlai tongzhi qingnian shidai zai Fa De liangguo de geming huodong " (La vie revolutionnaire du camarade Zhou Enlai en France et en Allema gne a I'epoque de sa jeunesse), Tianjin wenshi ziliao xuanji, n° 15, p. 137.
57. Lettre de Yang Zaidao, fils de Zhang Ruoming, datee du 30.387 et aimable ment communiquee par Mile Danielle Li. D'apres son fils, les articles de Zhang Ruoming seraient parus dans les numeros 4, 5, 6, 11 et 16 de Chi Guang sous Ie pseudonyme de cc Yi Feng ». Ces numeros sont malheureusement introuvables. Les deux opuscules sur la lutte des classes et la plus-value auraient ete publies en Chine en 1925 et 1927, alors que leur auteur etait encore en France.
58. AN F7 13438, Brissaud-Desmaillet dans son rapport du 30.6.25 estime que Xiong Jiguan9 fait partie des activistes qui ont attaque la Legation de Chine pour obtenir du mlnistre Chen Lu une declaration favorable au mouvement anti-impe rialiste de Shan9hai.
63. Yang Kun, cc Wo de minzuxue yanjiu wushi nian» (Mes cinquante ans de recherches ethnologiques), Zhongguo dangdai shihui kexuejia (Sociologues chinois contemporains), vol. 1, 1982, P 194.
64. II convient toutefois de preciser que Ie mari de Fan Xinqun, I'etudiant en sociologie Peng Xiang, eleve de I'IFCL, etait un militant connu du GMD de droite (AN, SLOTFOM VIII, 6, notes des 19.827 et 53.28).
65. Li Weihan, cc Huiyi Xinmin xuehui» (Souvenirs de la Xinmin xuehUl), Lishi yanjiu (Recherches historiques), 1979, n° 3, p. 21.
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1983. pp. 127-1S0. Les etudiantes-ouvrieres admises a I'IFCL en 1927 et 1928 sont Liang Tianyong. Zhang Ruoming. Fan Xinshun, Fan Xinqun, Wang Yaoqun et Li Hao.
72. Zhu Baiqi, Bali binfenlu (<< Mon souvenir a Paris »), Hong Kong, Nanyang bianyisuo, 1969, p. 81.
73. Archives de "IFCL, dossier de Fan Xinqun. Cai Chang (Helen Snow, op. cit., p. 236) declare que deux des etudiantes-ouvrieres hunanaises sont devenues profes seurs a I'Ecole des Beaux-Arts,de ShanghaI. La seconde ne peut ~tre que Xiao Min, qui fit elle aussi ses etudes a "Ecole des Beaux-Arts de Lyon.
74. Song Feifu, op. cit., p 126; Li Weihan, art cit., p. 21. 7S. Chen Xiaocen, art. cit, p. 176.
76. Vera Schwarcz, « Out of historical am nesia, an eclectic and nearly forgotten Chinese communist in Europe », Modern China, vol. 13, n° 2, avril 1987. p. 18S.
81. Voir la notice biographique de Ren Zhuoxuan dans Boorman, op. cit., vol. II, pp. 216-219; sur Yin Kuan, devenu trotskiste. voir Bianco & Chevrier, Oidionnaire biographique du moul/ement oUl/rier international.la Chine, p. 519 (biographie de Peng Shuzhi).
82. Zhang Yunhou. op. cit., vol. 1, p. 58; voir aussi les notices biographlques figurant en annexe de "article Cite de Li Weihan, pp. 20-24.
83. Gongchanzhuyi yanjiuhui tongxinji (Correspondance entre les societes d'etudes communistes), n° 2, pp. 27-28.
84. Catherine Gipoulon. art. cit., p. 104.
ANNEXE
Notices biographiques des etudiantes-ouvrieres
date de naissance-? indique que nous ne savons pas si ces person nes sont encore vivantes ou non.
date de naissance? indique que l'information provient d'une source
peu sure. | . |
1. Cai Changtf..1'Ji (Xianxil(t?), 1901- , originaire de Xiangxiang, Hunan. Fille. de Ge Jianhao et soour de Cai Hesen, elle etudie au college de Zhounan a Chanf{sha et adhere a Ia Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 30 janvler 1920 (ge groupe), elle suit les cours
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du college de jeunes filles de Montargis de fevrier 1920 a 1922. Membre de la Ligue des jeunesses socialistes chinoises en Europe, elle collabore a Chi Guang. Elle epouse en France Li Fuchun, dont elle a une fille en 1923. En 1924 elle enseigne a l'ecole du soir des ouvriers chinois a Billancourt. La me me annee, elle rentre en Chine via l'U nion sovietique. Elle siege au Co mite central du PCC des 1928, participe a la Longue Marche et dirige a partir de 1949la Federation des femmes chinoises. Pour plus d'informations sur sa carriere en Chine, voir ses biographies dans Boorman, op. cit., vol. II, pp. 847-851 et dans Bianco & Chevrier, op. cit., pp. 89-90.
2. Chang Peimei 1: if~..§, originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 23 janvier 1921 (l7e groupe). Pas d'autre information.
3. Fan Xinqun tttf.'i" J1- (Sylvia Fin), 1902-?, originaire de Changsha, Hunan, fille du directeur des douanes de la province du IJunan, cousine de Fan Xinshun. Apres des etudes a la premiere Ecole norma Ie de jeunes filles de Changsha, elle enseigne dans une ecole primaire. Arrivee en France Ie 14 janvier 1920 (Be groupe), elle travaille d'abord avec Fan Xinshun a l'usine Caseo-sojaine de La Garenne-Colombes en 1920. Elle etudie ensuite au <;ollege de jeunes filles de Montargis, puis, a partir de 1923, a l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon (section peinture). Elle est ad mise a l'IFCL au concours etudiant-ouvrier de 1928 (n0216). Elle epouse a Lyon Peng Xiang ~J t , etudiant en sociologie et militant GMD, dont elle a un fils en 1927. Elle rentr,e en Chine avec sa famille en mai 1929 pour devenir professeur a l'Ecole des Beaux-Arts de Shanghai.
4. Fan Xinshun r~ I.r, "1~ (Sylvine Fin), 1901-?, originaire de Changsha. Hunan, cousine de Fan Xinqun. Apres des etudes a la premiere Ecole normale de jeunes filles de Changsha, elle enseigne dans une ecole primaire. Arrivee en France Ie 14 janvier 1920 (8e groupe), elle travaille d'abord avec Fan Xinqun a l'usine Caseo sojaine de La Garenne-Colombes en 1920. Elle etudie ensuite au colleg~ de jeunes filles de Montargis, puis a la faculte des sciences et a l'Ecole de chimie de Lyon. Elle est admise a l'IFCL au concours etudiant-ouvrier de 1927 (n0209). Apres l'obtention de sa licence de chimie en 1929, elle effectue un stage d'un an au laboratoire des matieres grasses de la faculte des sciences de Marseille. Elle epouse a Lyon son camarade d'etudes Yang Chao-t~~avec qui elle retour ne en Chine en novembre 1930.
5. Ge Jianhao ~ 1st;f: (Lanying ~ ~ ), 1865-1943, originaire de Xiangxiang, Hunan, fille d'un fonctionnaire imperial proche de Zeng Guofan, mere de Cai Hesen et de Cai Chang. En 1914, a 49 ans, elle entreprend une formation d'institutrice. L'annee suivante, son dipl6me en poche, elle ouvre une ecole pratique de filles a Yongfeng. Arrivee en }<'rance avec ses enfants Ie 30 janvier 1920
LES ETUDIANTES-OUVRIERES CHINOISES EN FRANCE 39
(ge groupe), elle etudie au college de jeunes filles de Montargis de 1920 Ii 1923. Elle retourne en Chine en 1924 avec la fille de Cai Chang et de Li Fuchun. Elle reprend alors son action en faveur de I'education feminine en ouvrant des I'annee suivante une nouvelle ecole pratique de filles au Hunan.
6. Guan Ailian ~ tlt., originaire du Guangdong, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
7. Guo Longzhen l~ r£- J!- (Shushan ~~~$- ), 1893-1931, nee Ii Darning, Heb~i, dans une famille musulmane, eUe fait ses etudes Ii Ia premiere Ecole normale de jeunes filles du Zhili Ii Tianjin. Membre fondateur de la Ligue des femmes patriotes (Niijie aiguo tongzhihui) de Tianjin et de la Juewushe, ou elle rel;oit Ie pseudonyme de Shishan Ai 1~ (nOI3), elle est arretee en janvier 1920 en meme temps que Zhou Enlai et Zhang Ruoming et passe quatre mois en prison. Arrivee en France Ie 13 decembre 1920 (l5e groupe), elle etudie dans un lycee de province. En 1922 elle adhere Ii la Ligue des jeunesses socialistes chinoises en France. A partir de cette date on sait peu de choses sur ses activites en France, si ce n'est qu'elle collabore Ii Chi Guang. En 1924 elle quitte la France pour I'Union sovietique, d'ou elle regagne la Chine en 1925. Active dans Ie mouvement ouvrier feminin en Chine du Nord, elle est executee par Ie GMD Ii Jinan en 1931.
8. Hu Muzhao $~ ~11?J, originaire du Sichuan. Arrivee en France Ie 23 janvier 1921 (l7e groupe), elle etudie au college de jeunes filles de Montargis en 1921.
9. Hu Shuying !~ ;j -* (Shum~i'lt), 1902-?, originaire de Che,ngdu, Sichuan. Elle etudie it. l'Ecole normale de jeunes filles et Ii l'Ecole franl;aise de jeunes filles de Shanghai. Arrivee en France Ie 16 juin 1920 (l2e groupe), elle suit Ies cours du lycee Victor Duruy Ii Paris, puis etudie la chimie et la physique Ii l'Institut chimique et Ii Ia faculte des sciences de Nancy, au moins ju~~en 1928. Apres son retour en Chine, e1le epouse Zhou Zehou 1I1~.f ' ancien etudiant-ouvrier expulse de France en octobre 1921.
10. Jiang Biwei ~t !J t'!(t, 1899?-?, originaire de Yixing, Jiangsu, elle rel;oit sa premiere formation Ii l'Ecole normale de jeunes filles de Changzhou. Venue en France en 1920 avec son mari, Ie peintre Xu Peihong, elle y etudie la musique.
11. Lao Qirong .1- ~~(Junzhan"l. ),1902-1976, originaire de Changsha, Hunan. Pendant ses etudes au college de Zhounan a Changsha, elle fonde avec ses amies Wei Bi et Zhou Dunxiang Ia revue L 'horloge des femmes et adhere Ii la Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe), elle frCquente d'abord
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Ie college de jeunes filles de Montargis, puis etudie les mathemati ques aux facultes des sciences de Lyon et de Paris. Apres son retour en Chine en 1927, elle enseigne a I'universite Sun Yat-sen de Wu han et a l'universite Jinan de Shanghai. Elle prend une part active au mouvement anti-japonais de decembre 1935 et milite au sein de la Societe pour la democratie et la science (Jiusanshe), dont elle est, avec son mari Xu Deheng ~t~ Jlr , un des membres fondateurs. Apres 1949 elle professe a l'universite du peuple cqinois de Pekin et occupe diverses fonctions au ministere de l'Education.
;t:. .<JI
12. Li Hao '-i- I~ , 1900- ?, originaire de Dengxian, Henan, elle sort
diplomee de l'Ecole normale superieure de jeunes filles de Pekin. Arrivee en Franc,e Ie 13 decembre 1920 (l5e groupe), elle etudie la sericiculture a l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier, puis aux facultes des sciences de Paris et de Montpellier. Elle est sta giaire a la station sericicole d'Ales en 1923-1924 et a la station de biologie maritime de Sete en 1934-1935. Elle passe avec succes Ie concours etudiant-ouvrier de l'IFCL en 1928 (n0223). Pour gagner sa vie, elle travaille quelque temps a Paris comme preceptrice dans une famille chinoise. Apres l'obtention de son dip lome d'etudes superieures de botanique en 1929, elle pr~pare une these de biolo gie et part poursuivre ses recherches aux Etats-Unis fin 1935.
13. Li Hongming t ~ ~~, originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
14. Li Qi :f.1~ , 1906-?, nee a Chengdu, Sichuan, dans une famille d~ commerc;ants,elle est la soour de Li Huang. Apres des etudes a l'Ecole normale de jeunes filles du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Elle frequente d'abord pendant six mpis une ecole catholique de Montpellier, puis etudie la peinture a l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, jusqu'a son retour en Chine en 1927.
15. Li Zhixin f .t-.1i ou Li Zixin 1: tJ $,. , 1896?;?, originaire de Dingxian, Hunan. Apres des etudes a la premiere Ecole norma Ie de jeunes filles de Changsha, elle enseigne dans une ecole primaire. Arrivee en France Ie 14 janvier 1920 (8e groupe), elle suit les cours du college de jeunes filles de Montargis et etudie peut-etre ensuite les beaux-arts.
16. Liang Tianyong "* ~ ,,*- ,1901-?, originaire de Nanhai, Guangdong, elle rec;oit sa premiere formation a l'Ecole normale d'institutrices de Canton. Arrivee en France Ie 6 aout 1920 (13e groupe), elle entreprend des etudes de lettres et obtient Ie diplome de franc;ais de l'universite de Dijon en 1924 et Ie diplome d'etudes superieures de pedagogie de l'universite de Lyon en 1926. De 1927
LES ETUDIANTES-OUVRIERES CHINOISES EN FRANCE 41
a 1929, elle est eleve de l'IFCL. Elle obtient Ie doctorat de lettres de l'universite de Dijon en 1931 avec une these sur L'education mas culine et l'education [eminine selon J.J. Rousseau (Dijon, de Berni gaud et Privat, 1931).
17. Liao Shishao it ~ ~b , etudie au college de jeunes filles de Montargis en 1921. Pas d'autre information.
18. Lin Qingping -#- f if. ,originaire de Longqixian, Fujian, elle suit les cours des colleges de jeunes filles de Tonnerre et de Montargis en 1921, puis fait des etudes de medecine.
19. Lin Xu~ming #--" ~% ,1898-?, Canton, Guangdong, elle etudie a l'Ecole norma Ie d'institutrices de Canton. Arrivee en France Ie 6 aout 1920 (l3e groupe), elle obtient Ie diplome de frequentation des ecoles maternelles fran~aises de la ville de ,Lyon pour l'annee scolaire 1923-1924, puis suit les cours de l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Lyon, au moinsjusqu'en 1927.
20. Liu Baoshu ~ ,t& Ii ,1897-?, originaire de Xiangshan, Guangdong, sreur de Liu Cuiwei et de Liu Wuwei, peut-etre pa rente de l'anarchi~te Liu Shifu. Elle re4;oit une premiere formation d'institutrice a l'Ecole norma Ie de jeunes filles de Xiangshan. Arrivee en France Ie 6 aout 1920 (l3e groupe), elle etudie quatre ans aux c9lleges de jeunes filles de Montargis et de Louhans, puis entre a l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Lyon, OU elle reste au moinsjusqu'en 1928.
21. Liu Cuiwei ~H.f#t, 1901-?, originaire de Xiangshan, Guangdong, sreur de Liu Baoshu et de Liu Wuwei, peµt-etre paren te de l'anarchiste Liu Shifu. Elle frequente d'abord l'Ecole normale de jeunes filles de Canton. Arrivee en France Ie 6 aout 1920 (l3e groupe), elle etudie la litterature fran4;aise a l'universite de Dijon, au moinsjusqu'en 1927.
22. Liu Qingyang ~'J ;tti ,1894-1977, nee a Tianjin, Hebei"dans une riche famille musulmane, elle etudie a la premiere Ecole norma Ie de jeunes filles du Zhili a Tianjin et compte au nombre des membres fondateurs de la Juewushe, OU elle re4;oit Ie pseudonyme de Nianwu :t- ~ (n025). Arrivee en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe), elle y devient la compagne de Zhang Shenfu et participe aux debuts du mouvement communiste chinois en Eu rope. En fevrier 1922 elle quitte la France pour Berlin avec Zhang Shenfu et, peu apres, devient membre de la branche allemande de la Ligue des jeunesses socialistes chinoises en Europe. De retour en Chine en automne 1923 elle fonde a Tianjin Ie Quotidien des femmes (Funii ribao). Pour plus d'informations sur sa carriere en Chine, voir sa biographie dans Bianco & Chevrier, op. cit., p. 412.
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23. Liu Wuwei t'l ~ ~ ,1898-?, originaire de Xiangshan, Guangdong, sreurde Liu Baoshu et de Liu Cuiwei, peut-etre parente de l'anarchiste Liu ,Shifu. Elle re~oit une premiere formation d'institutrice it l'Ecole normale de jeunes filles de Xiangshan.,Arrivee en France Ie 6 aout 1920 (l3e groupe), elle etudie it l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Lyon au moins jusqu'en 1928.
24. Pan Huichun ~:t -t~, originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
25. Shi Haixia ,A; ~ ff. ,originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
26. Shu Zhirui 11' z1t, J901-?, originaire de Changsha, Hunan. Dipl6mee de la premiere Ecole normale de jeunes filles de Pekin, elle vient en France en 1920. Elle frequente d'abord Ie college de jeunes filles de Montargis, puis etudie l'histoire it la faculte des lettres de I'universite de Parisjusqu'en 1928.
27. Wang Xinya .l:. .;ff 3i. , originaire du Zhejiang, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
28. Wang Yaoqun .:£%fl8:f(Louise Wang), 1900-?, originai~e de Jianwei, Sichuan. Elle commence ses etudes it Ia premiere Ecole normale de jeunes filles du Sichuan it Chengdu. Arrivee en France Ie 16 juin 1920 (l2e groupe), elle suit les cours du lycee Victor Du ruy it Paris, puis entreprend des etudes de pharmacie it I'universite de Montpelher. Admise it I'IFCL au concours etudiant-ouvrier de 1928 (n0215), elle obtient son doctorat en 1930 avec une these inti tulee Contribution a letude anatomique du fruit des ombelliferes, tribu des amminees (Paris, Vigot, 1930). Pendant son sejour en France, elle epouse Zhou Taixuan ~ 1s.. ~ et met au monde cinq enfants. Elle rentre en Chine avec sa famille fin 1930.
29. Wei Bi ,;ft PJ. (Yun'an _~ , Puwan It Jt ), 1897-1969, originaire de Changsha, Hunan. Pendant ses etudes au college de Zhounan it Changsha, elle fonde avec Lao Qirong et Zhou Dunxiang Ia revue L 'horloge des femmes et adhere it Ia Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe), elle suit d'abord les cours du college de jeunes filles de Montargis, puis etudie Ies mathematiques. Elle epouse en France son compatriote Zhou Binglin ~J'~ $. . Apres son retour en Chine en 1927, elle enseigne it l'umversite Sun Yat-sen de Wuhan. Apres 1949, elle devient professeur it Beida et it l'universite du peuple chinois.
30. Wu Mengban -*" Ji.1f1. ,etudie aux colleges de jeunes filIes de Tonnerre et de Montargis en 1921, puis obtient Ie doctorat de
LES ETUDIANTES-OUVRIERES CHINOISES EN FRANCE 43
lettres de l'universite de Paris en 1931 avec une these sur L 'evolution des corporations ouvrieres et commerciales dans la Chine contemporaine (Paris, Geuthner, 1931).
31. Wu Peiru ~fJR.-/(l1, originaire du Jiangsu, elle arrive en France Ie 19 octobre 1920 (14e groupe). Pas d'autre information.
32. Wu Ruoying *t" J!1 1901?-?, nee a Chengdu, Sichuan, fille de Wu Yu et de Wu Zeng1an. Arrivee en France Ie 16juin 1920 (l2e groupe), elle etudie au college de jeunes filles de Montargis en 1920, puis entreprend peut-etre (selon une source peu fiable) des etudes de litterature.
33. Xiang Jingyu {~ ¥ t ,Junxian 1~ ~ , 1895-1928, nee a Xupu, Hunan, dans une famille de commen;ants. Apres ses etudes au college de Zhounan a Changsha, elle ouvre une ecole primaire de filles a Xupu et adhere a la Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 30 janvier 1920 (ge groupe), elle etudie au college de jeunes filles de Montargis de fevrier 1920 a novembre 1921 et prend une part active aux mouvements revendicatifs des etudiants-ouvriers. Elle regagne la Chine en novembre 1921 apres I'expulsion de Cai Hesen. Principale responsable du mouvement feminin au sein du PCC, elle est executee par Ie GMD a Hankou en 1928. Voir ses biographies dans Boorman, op. cit., vol. I, pp. 317-319 et Bianco & Chevrier, op. cit., pp. 672-673.
34. Xiao Min «J~ (Shuliang;~ ~ ), 1902~?, originaire de Liuyang, Hunan. Apres ses etudes a la premiere Ecole normale de jeunes filles du Hunan, elle enseigne dans une ecole primaire. Arrivee en Fra,nce Ie 30 janvier 1920 (ge groupe), elle suit les arts decoratifs a l'E~ole nationale des Beaux-Arts de Lyon au moins ju,squ'en 1928. A son retour en Chine, elle devient professeur a l'Ecole des Beaux-Arts de Shanghai.
35. Xiong Jiguand.~1-;t (Zuoying (~tJ: ), 1903-1973, originaire de Liuyang, Hunan, sreur de Xiong Shubin. Apres des etudes au college de Zhounan a Changsha, elle enseigne dans une ecole pri maire et adhere a la Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 30 janvier 1920 (ge groupe), elle etudie d'abord au college de jeunes filles de Montargis. Membre de la Lillue des jeunesses socialistes chinoises en Europe, elle travaille a I atelier manteau x de l'usine Hutchinson de Chalette du 30 juillet au 22 decembre 1923 et parti cipe sans doute a l'attaquede la Legation de Chine en juin 1925, comme son compagnon Xiao Pusheng ~ :ft-- ± . Apres l'expulsion de ce dernier en juillet 1925, elle quitte la France pour l'Allemagne. A son retour en Chine, elle participe au mouvement des femmes au Hunan.
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36. Xiong Shubin ~,~~ (Zuolin -f'F ~ ), 1897?-?, originaire de Liuyang, Hunan, Sffiur de Xiong Jiguang. Apres des etudes Ii l'ecole de Zhounan Ii Changsha, eUe enseigne Ii l'ecole de fiUes de Xupu dirigee par Xiang Jin~u et adhere a Ia Xinmin xuehui. Arrivee en France Ie 14 janvIer 1920 (8e groupe), eUe etudie au coUege de jeunes fiUes de Montargis.
37. Xu Chunjie ~1-1t iJjf., originaire du Guangdong, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
3B. Yuan Jianqin l./f~J!..(Luc!elle Yun), 1902-?, ori~inaire du Jiangsu, elle etudie d'abord Ii l'Ecole des Beaux-Arts de I universite de Pekin. Arr:ivee en France Ie 23 janvier 1921 (l7e groupe), elle est eleve de I'Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris au moins jus qu'en 1928.
39. Zhang Jinxuan 5l.i!J~ , originaire du Jiangsu, elle arrive en France Ie 19 octobre 1920 (14e groupe). Pas d'autre information.
40. Zhang Ruoming itt. ~ ~ ,1902-1958, originair,e de Baoding, Hebei, fille de professeur, elle etudie Ii la premiere Ecole norma Ie de jeunes fiUes du Zhili a Tianjin. Membre de Ia Juewushe oil elle rec;;oit Ie pseudonyme de Shanlu jj F! (n036), elle est arretee en janvier 1920 en meme temps que Zhou Enlai et Guo Longzhen et passe 4 mois en prison. Arrivee en France Ie 13 decembre 1920 (15e groupe), elle travaille quelques semaines dans une verrerie de Ia banlieue parisienne. Membre de la Ligue des jeunesses socialistes chinoises en France des 1922, eUe aurl!it coUabore Ii Chi Guang sous Ie pseudonyme de Yifeng -.f . Etudiante en psychologie Ii Ia faculte des Iettres de l'universIte de Lyon, elle est admise Ii I'IFCL au concours etudiant-ouvrier de 1927 (n0204) et obtient Ie doctorat en Iettres de I'universite de Lyon en 1930 avec une these sur L'attitude d'Andre Gide, essai d'analyse psychologique (Lyon, Bosc et Riou, 1930). These recompensee par Ie prix de I'IFCL en 1932. Pendant ses etudes en France, Zhang Ruoming epouse Yang Kun t~ ~ ,avec qui eUe retourne en Chine en decembre 1930. Elle enseigne des Iors Ii I'universite franco-chi noise de Pekin et publie avec son mari une etude intitulee La vie de l'enfant en Chine, etude de folklore (Peiping, Societe des amities franco-chinoises, 1939). Apres 1949, eUe enseigne a I'universite de Kunming. EUe se suicide en 1958.
41.ZhangYanan 'ik$:,f) ouY~lan :ljlAij ,1902-?,originairedu Sichuan, elle sort dipl6mee de l'Ecole norma Ie de jeunes filles du Sichuan. Arrivee en France Ie 31 d,ecembre 1920 (l6e groupe), eUe etudie Ii Ia facuIte de droit et a l'Ecole des sciences politiques de Paris. Elle beneficie d'une bourse du ministere des Affaires etran geres en 1927 et retourne en Chine en octobre de Ia meme annee.
LES ETUDIANTES-OUVRIERES CHINOISES EN FRANCE 45
42. Zhang Zhenhua ~..f~t, 1902-?, originaire du Sichuan, eUe entreprend ses etudes a I Ecole norma Ie de sericiculture du Sichuan. Arrivee en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe), eUe effectue des stages dans diverses tanneries et poursuit sa formation a l'universite de Lyon, OU ellEl obtient Ie doctorat en sciences en 1932 avec une these intitulee Etude sur le c:leueloppement des races uniuoltines et des races polyuoltines du Bombyx mori, dans les conditions normales et experimentales (Lyon, Camus, 1932).
43. Zheng Biyu ~, rl!l f ,originaire du Jiangsu, eUe arrive en France Ie 19 octobre 1920 (14e groupe). Pas d'autre information.
44. Zhu Yisun *- -- i1! , originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (l6e groupe). Pas d'autre information.
45. Zhu Yixun :f. it i·h) , originaire du Sichuan, elle arrive en France Ie 31 decembre 1920 (16e groupe). Pas d'autre information.
46. Zou Ziming 1)f3 '!if.;1,. , 1898?-?, originaire de Don~guan, Guangdong, eleve de I'ecole St Stephen de Hong Kong. Arnvee en France Ie 16 juin 1920 (12e groupe), elle a peut-etre (seion une source peu fiable) etudie les beaux-arts.
Les informations contenues dans ces notices biographiques sont extraites des sources suivantes :
Archives departementales du Rhone, 4M 415. Archives Nationales, AN 47 AS 1 et F7 13438.
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