![]() |
Piaget et Claparède dans le jardin de l’Institut Jean-Jacques Rousseau, en 1927© Fondation Jean Piaget 2011 |
Dès 1905, Claparède apparaît comme l’un des principaux théoriciens, avec la publication de son livre Psychologie de l’enfant et pédagogie expérimentale, dans lequel il critique les pratiques scolaires du système traditionnel et appelle à en inventer de nouvelles. Médecin psychologue de formation, il enseigne à l’université de Genève où il fonde l’École de psychologie et des sciences de l’éducation qui prendra le nom de l’Institut Jean-Jacques Rousseau, et devient un fleuron de l’Education nouvelle mondialement connu.
Composé à sa création en 1912 d’Edouard Claparède, Adolphe Ferrière et Pierre Bovet qui le dirige, l’Institut s’applique à former les futurs éducateurs sur une base pédagogique et psychologique et souhaite contribuer à faire avancer la science de l’éducation. L’ éducateur doit être formé scientifiquement et connaître l’enfant à travers les sciences humaines qui se développent alors. Une conception scientifique de l’enfant est développée, enseignée, transmise à l’Institut, et débouche sur des principes éducatifs.
Claparède construit le concept de son Institut autour de l’éducation fonctionnelle, qui permet à une véritable science de l’enfant, dont le caractère expérimental est à consolider, d’ouvrir la voie de la recherche pédagogique (Hameline, 2004). Il fonde sa propre école d’application, la Maison des petits, dès 1913, dirigée par deux éducatrices, suivie peu après et pour quelques années seulement par la Maison des grands.
Un autre nom associé à l’Institut Jean-Jacques Rousseau est celui d’Adolphe Ferrière. Il publie dès 1909 la brochure-programme d’un Projet d’école nouvelle, reflet de son adhésion aux idéaux des Écoles nouvelles à la campagne. Après avoir tenté d’implanter la technique de l ’école active à l’école nouvelle de Bex (1920-1921), il trouve finalement au Home « Chez nous », institution pour enfants « hors famille », un modèle d’école active idéale. Il prend part aux congrès de la Ligue, donne des conférences à l’étranger, intervient au Bureau international d’éducation, dont il est nommé directeur-adjoint en 1925, et publie de nombreux ouvrages. La charte qu’il établit permet selon un inventaire en trente points d’établir un palmarès des écoles nouvelles. Sa conception des idées éducatives se retrouve dans le film consacré au Home « Chez nous », il s’agit d’une éducation heureuse et responsable, au sein de laquelle il faut se garder d’intervenir prématurément, respecter la puissance d’autoformation, tout en aidant l’enfant : « mécaniser l’inférieur, afin de libérer le supérieur, voilà la formule » (1921).
![]() |
Edouard Claparède et quelques amis le jour du mariage de Jean Piaget et Valentine Chatenay en 1924.© Fondation Jean Piaget 2011 |
Avec l’arrivée en 1933 de Jean Piaget à la tête de l’Institut, devenu une subdivision de l’Université rattachée à la Faculté des Lettres, l’Education nouvelle semble s’inscrire ici directement dans le prolongement des travaux de la psychologie de l’enfant et de la pédagogie expérimentale. Il partagera cette direction avec Robert Dottrens, tout d’abord chargé de cours de pédagogie dès 1924, et créateur de l’école expérimentale du Mail, au sein de laquelle il s’essaie à de nouvelles méthodes d’apprentissage et y défend l’enseignement individualisé dans une école orientée vers la participation des élèves et la responsabilité personnelle de l’enfant.
Claparède E. (1946-1947). Psychologie de l’enfant et pédagogie expérimentale. Neuchatel, Paris : Delachaux et Niestlé, 2vol. (244, 246p.)
Hameline D. (2004). L’institut Jean-Jacques Rousseau et l’Education nouvelle. Annick Ohayon, Ottavi Dominique, Savoye Antoine, L’éducation nouvelle, histoire, présence et devenir (pp. 145-162). Berne : P. Lang,