Les étudiants révolutionnaires ayant vécu le mouvement anticolonialiste avaient été attirés par les solutions économiques et politiques structurelles qu’étaient supposées offrir les théories socialistes à leur pays afin de lutter contre le sous-développement. Cela ne signifie pas que ces remèdes venus de l’étranger et peu compréhensibles par les autochtones ne dussent point se couvrir d’un vernis national. Tout l’effort des étudiants communistes allait en effet consister à insuffler des idées nouvelles à la jeunesse et au monde du travail de leur pays, mais ils n’en gardaient pas moins au fond d’eux-mêmes leur admiration pour l’unité révolutionnaire entre les peuples illustrée par la grande Union Soviétique, et l’idée qu’une fédération indochinoise serait provisoirement utile. Les autorités françaises ne semblent pas s’en être aperçues à lire un rapport de 1954 sur le communisme en Indochine:
« Le peuple khmer, dans son ensemble est imperméable aux théories compliquées du matérialisme historique. Il peut être séduit au début par la propagande xénophobe et pseudo-nationaliste, mais lorsqu’il s’agit de passer à l’organisation collectiviste et de se soumettre à la discipline sévère qu’elle implique, le khmer indolent, mystique, versatile se dérobe. (...)
Un cas typique est fourni par les étudiants Khmers en France, qui se laissent facilement embrigader dans des organisations crypto-communistes mais qui, de retour au Cambodge, dépouillent très vite leur vernis marxiste » .
C’était là sous-estimer le caractère cryptique de l’engagement communiste sous Sihanouk, car il y avait une part de calcul dans l’abandon de ce vernis. En effet, les étudiants connus pour avoir flirté avec le marxisme n’étaient pas forcément accueillis en déroulant le tapis rouge. Avant de devenir directeur d’un collège privé, Mey Mann fut refusé au ministère des travaux publics, et travailla comme contractuel de quatrième classe . Serge Thion, en 1972, avait rencontré d’anciens membres de l’A.E.K. diplômés des travaux publics à Paris (Chi Kim An, Mey Mann, Mey Phat, Sanh Oeurn, ou le non diplômé Toch Phoeun ?), que l’ambassade de France avait « marqués du sceau de la suspicion », et « confinés dans des tâches improductives » . En octobre 1958, Sanh Oeurn, peut-être surveillé, avait émis le désir et obtenu le droit de retourner en France pour terminer sa troisième année de l’Ecole Spéciale du Bâtiment. Le 27 septembre 1960, In Sokan était reparti en France en tant que boursier du gouvernement français . En 1960, Khieu Samphan demanda à six reprises à enseigner à l’université et au Lycée, en vain, faute de lettre de recommandation émanant du Palais. Avec Hou Yuon et Hu Nim, ils demandèrent le renvoi du Recteur de l’Université .
Une autre conséquence de leur séjour à Paris avait été qu’ils s’étaient écartés des croyances religieuses qu’ils percevaient désormais comme un obstacle à l’accomplissement des changements sociaux. En 1964, Phouk Chhay avait relevé, dans un mémoire sur le personnel politique cambodgien, que, depuis quelques années, nombre d’intellectuels issus de la masse rurale aspiraient à « savoir pour agir » . Tel était bien le cas des étudiants marxistes les plus militants. Et si certains futurs cadres du K.D. devinrent travailleurs dans l’exploitation des chemins de fer, tels Ok Sakun et Thiounn Prasith qui s’adonnèrent à un travail militant efficace, ou médecins, tels les docteurs In Sokan et Thiounn Thioeun à l’hôpital de l’amitié khméro-soviétique inauguré le 29 août 1960 – où ils se montraient opposés à la corruption et aux Américains –, la plupart devinrent professeurs.
Le Cambodge disposait à peine d’une dizaine d’établissements secondaires privés et publics en 1955 et la plupart des anciens étudiants de l’A.E.K. devinrent professeurs dans des collèges privés fondés par le Parti Démocrate. Deux collèges accueillaient des élèves non admis au lycée Sisowath ou à l’Ecole Normale, et étaient de véritables refuges pour professeurs de gauche refusés par l’enseignement public : Kampucheabot (« Fils du Cambodge », un pseudonyme utilisé par le prince Youtévong dans des journaux démocrates de 1946-1947) et Chamroeun Vichea (« L’épanouissement du savoir », ou « l’Instruction progressiste »). Mey Mann, directeur de Kampucheabot, se souvient que l’accent était mis dans ces établissements sur « les cours de morale, les idées progressistes, le marxisme et la loi des contradictions ». Lui-même utilisait les problèmes de mathématiques pour démonter les mécanismes de la corruption . Hou Yuon fut un professeur réputé à Chamroeun Vichea, si bien que l’établissement fut couramment appelé « Hou Yuon » à la fin des années cinquante . Saloth Sar, de retour au Cambodge en janvier 1953, prit part à des activités clandestines à Phnom Penh avant de rallier les militants Vietminh formés dans la région Est par Pham Van Ba (futur ambassadeur du Vietnam au K.D. en 1975). Après les accords de Genève de juillet 1954, qui entérinaient la fin des interventions étrangères et le retrait des bases vietnamiennes, il se mit à enseigner le français, l’histoire, la géographie et l’instruction civique au collège privé Chamroen Vichea, de 1956 à 1963 . D’autres hauts dirigeants du K.D. y donnèrent des cours : Vorn Vet, Ney Saran alias Ya, tous deux futurs membres du Comité Permanent du Comité Central, ainsi que Siet Chhae, futur membre de l’état-major de l’armée révolutionnaire .
Dans les années soixante, le désormais lycée Chamrœun Vichea était dirigé par des membres du Parti du Peuple par le biais de l’Association de l’Ecole, dont le président était Uch Ven, le censeur Maen San, et un autre membre Siet Chhae. Quant au lycée Kampucheabot, il subissait l’influence du Parti à travers la présence de Hou Yuon en tant président de l’Association de l’Ecole, de Mey Mann comme directeur, et de Sok Knol, un membre très actif, comme censeur .
Ieng Sary, de retour de Paris en janvier 1957, dut d’abord travailler dans une maternelle, avant de pouvoir enseigner le français ou la géographie et l’histoire au collège Kampucheabot, alors dirigé par Mey Mann. Tout en s’abreuvant de revues maoïstes en français (selon Ponchaud), Sary donnait des cours d’anglais gratuits à des élèves méritants et nécessiteux. Il aurait aussi été le précepteur de la princesse Ayravadi. Il refusait d’employer des domestiques . Sa femme Khieu Thirith enseignait également l’anglais, au lycée Sisowath. D’après elle, ce poste lui avait été donné par Sihanouk. Ce dernier lui avait aussi proposé de devenir membre de l’Assemblée Nationale, ce qu’elle avait refusé après en avoir référé au Parti. En 1960, Thirith fonda un collège de langue anglaise à Phnom Penh. Elle y était adorée par ses élèves malgré son côté strict. Sa sœur Khieu Ponnary, professeur de littérature cambodgienne au collège de Takéo puis au lycée Sisowath, se maria à Pol Pot le 14 juillet 1956. Ses élèves la trouvaient sévère, disciplinée, austère, sachant contenir ses émotions, mais également juste . A l’époque, les communistes manquaient de moyens. L’ambassadeur soviétique à Phnom Penh avait refusé de leur accorder un prêt de dix mille riels. Les épouses des membres du Parti, en tant que fonctionnaires de l’éducation nationale, gagnaient beaucoup plus d’argent que leurs maris, et se consacraient encore à des heures supplémentaires pour renflouer les caisses du Parti.
Son Sen, de retour de Paris en mai 1956, enseigna à l’école primaire, au lycée Sisowath ou à l’Institut Bouddhique (1957-1959), puis parvint à la fonction de directeur d’études de l’Institut National Pédagogique - dont le directeur général était Keng Vannsak - avant d’enseigner à l’Institut privé pour professeurs Kompong Kantout financé par les Etats-Unis. L’Institut pédagogique, créé en 1958, se chargeait, à la suite de l’Ecole Normale, de la formation de tous les professeurs de l’enseignement public primaire, et désormais aussi de l’enseignement secondaire. L’Institut devint une base de recrutement massif de futurs cadres du Parti. Selon un ancien élève, la moitié des professeurs étaient communistes. Parmi les professeurs cambodgiens figuraient Tiv Ol, Uch Ven, Ros Chet Thor, et un progressiste qui n’était pas membre du Parti, Chau Seng . Alors que Son Sen faisait montre d’un caractère plus ou moins sec vis-à-vis de plusieurs collègues français, il se montrait très courtois avec Pierre Lamant, qui était membre de la fondation de l’Institut et professeur de civilisation et de Révolution Française. Il lui demandait quelques conseils, mais malgré ces relations professionnelles excellentes, Son Sen ne parlait jamais de politique avec Lamant, sinon pour critiquer le comportement des commerçants chinois. Son Sen faisait partie de ces sino-khmers qui jugeaient néfastes le contrôle de l’économie par les Chinois. Les élèves de l’Institut, notamment les meilleurs éléments, semblaient apprécier le bulletin d’information de l’ambassade de Chine, écrit dans un excellent français . A la branche Nord de l’Institut, réservée à la formation des instituteurs, Son Sen enseignait la philosophie. Un futur membre du P.C.K. se souvient que son maître lisait beaucoup, notamment les écrits militaires de Mao Tsé Toung, et De la Contradiction au sein du peuple. Dans la cellule qu’il organisait dans sa maison de la branche Sud, il faisait l’éloge des pays socialistes, et disait par exemple que, « avec les avions Tupolev, on est sauvé de tout » – plus tard, un de ses élèves vécut cependant un incident à bord d’un Tupolev . Son Sen se maria à un professeur du lycée Sisowath, Yun Yat, une jeune fille alors« très réservée » qui devint plus tard ministre de la propagande du K.D.. Sen lançait aussi des mouvements contre l’impérialisme, et Tiv Ol, à sa suite, persuadait les étudiants que le Mouvement du Peuple (Pracheachalana) de tendance démocrate, était une création impérialiste destinée à barrer la route à une vraie révolution . Parmi les élèves de Tiv Ol figuraient Thuch Rin, devenu secrétaire du secteur de Kompong Som sous le K.D., et Khek Pen, futur haut cadre au Nord-Ouest.
Khieu Samphan parvint finalement à enseigner l’économie politique à la faculté de droit ainsi que l’histoire, la géographie et le français à Kampucheabot ou Chamrœun Vichea, où ses cours « étaient purement politiques, (...) il vilipendait la monarchie (...). Il attaquait même Sihanouk. C’était le plus virulent des professeurs du lycée ». Un autre étudiant se souvient avoir appris avec lui pendant l’année 1962-1963 la théorie de la plus-value. Son maître ne critiquait pas le gouvernement, contrairement à Hou Yuon qui stigmatisait ouvertement Sihanouk pour la construction inutile d’un stade olympique à l’occasion des Jeux Asiatiques . Hou Yuon enseignait aussi l’économie politique à l’université. Un de leurs anciens étudiants devenu docteur en 1965 se souvient que ces « progressistes » admirés par les étudiants fondaient leur enseignement sur les œuvres au programme, souhaitaient éduquer les paysans, et se référaient à la Révolution Française et à Rousseau. Cet étudiant avait déjà raconté la même chose à Wilfred Burchett en 1980 :
« Khieu Samphan avait un aspect plus doux que Hou Yuon, mais en fait il était beaucoup plus dur. Dans les conversations privées ils insistaient tous les deux sur le fait que la future société doit être basée sur les masses paysannes et que toutes les autres classes doivent être éliminées [?]. J’ai eu beaucoup de conversations avec Khieu Samphan, en dehors des cours de la faculté. Il était plus catégorique que Hou Yuon sur le besoin de démarrer une nouvelle société à partir de zéro, en la basant sur les masses paysannes. "Elles sont pures" répétait-il sans cesse. "Tout dans l’ancienne société doit partir. Nous devons retourner à la nature, basée sur la paysannerie" De telles idées étaient des constantes (...) Mais il croyait aussi au rôle d’intellectuels sélectionnés, disant qu’ils étaient les mieux qualifiés pour diriger le pays et organiser rapidement le progrès économique et social » .
Alors que Khieu Samphan était approché par des membres de l’Association Générale des Etudiants fondée en 1964 par Phouk Chhay, qui lui demandaient de l’aide, celui-ci les aurait renvoyés en leur conseillant de lire le Que faire ? de Lénine . Peu avant 1967, alors qu’il donnait des cours de mathématiques le week-end dans une école privée, il se distinguait par sa ponctualité, inspirait le respect à ses élèves, sans leur donner la moindre punition, et achevait les cinq dernières minutes de ses cours par des réflexions sur l’état du pays et la corruption. « Pourquoi le gouvernement peint-il toujours l’opposition en rouge ? Demandez-vous pourquoi ? », interrogeait-il. Son parti pris allait aux paysans dont les richesses parvenaient aux gens de villes. L’image qu’il employait était celle-ci : « Je ne comprends pas pourquoi les arbres sont plantés à la campagne et les fruits vont à la capitale » (les membres de l’Angkar allaient plus le répéter plus tard aux citadins). Son attitude se voulait exemplaire pour un secrétaire d’Etat : contrairement à d’autres hommes politiques, il s’habillait simplement, en sandales, sans lunettes de soleil, il était mince et ne se déplaçait pas en Mercedes sous escorte . Vandy Kaonn, né en 1942 et étudiant en sociologie à la Sorbonne, a peut-être également suivi les cours de Khieu Samphan. Il exposait à Wilfred Burchett qu’au moment de la lutte anti-Lon Nol, ce dernier intégra de nouvelles notions à « son idée de base que l’homme est bon mais a été corrompu par la civilisation, que plus la " civilisation " se présente sous la forme d’une société industrialisée, plus l’homme est corrompu » :
« Il considérait aussi l’éducation comme une source de corruption des masses. Seul un système social très simple était nécessaire afin de rester " pur " et préserver son bon sens. "Plus l’homme est éduqué plus il devient fourbe" devint une de ses formules favorites (...) Dans un sens Khieu Samphan a mis en pratique ce qu’il prêchait. Il mena une vie très simple et travaillait dans les champs quand il était député de l’Assemblée Nationale » .
Toutes ces notions empruntées à Jean-Jacques Rousseau, bien que Samphan fût en définitive un partisan de l’industrialisation, trouvaient sans doute leur illustration dans le goût immodéré que cultivaient les citadins pour l’opulence, les distractions et le pouvoir.
Les attaques de ces professeurs contre la corruption des milieux gouvernementaux s’exprimaient en dehors des cours, parfois chez eux, au moment où ils prêtaient des livres. Un ancien élève du lycée Sihanouk de Kompong Cham se souvenait que dans les années soixante, un professeur (Tiv Ol ?) connu pour avoir exposé la théorie communiste dans des cours de responsabilité civique et de nationalisme, invitait à des groupes de discussion en dehors de la classe ceux des élèves qui avaient développé des pensées jugées positives .
Même si ces activités professorales ne conduisirent pas forcément ces communistes à élargir l’horizon de leurs lectures, sans doute assez orientées depuis leur séjour à Paris, leurs connaissances leur ont certainement donné un certain ascendant sur d’autres communistes. De plus, Khieu Samphan, Hou Yuon, et Hu Nim constituaient, avec Thiounn Mumm, rapidement retourné en France, l’élite la plus cultivée du pays. Jean Lacouture pourra toujours les vouer aux gémonies comme des « fous », « infestés d’un venin prochinois démentiel sans aucune rationalité », « d’un venin de folie meurtrière » , il serait en fait plus neutre et plus réaliste de les caractériser par leur hypersensibilité aux maux de leur société.
La déchéance sociale de la famille de Saloth Sar alias Pol Pot l’a visiblement préoccupé. En 1997, il affirmait à Nate Thayer que lorsqu’il retourna auprès de sa famille de « paysans moyens » en 1953, nombreux étaient ceux qui avaient perdu leurs terres — un oncle avait dû devenir conducteur de pousse-pousse. Ainsi avait-il « été influencé par différentes choses, mais surtout par ce [qu’il avait] vu au pays » . Sa situation à lui était moins difficile, car il était apparemment bien logé. Après s’être nourri de doctrine à Paris et d’enseignements à l’école du Vietminh, il semblait avoir maîtrisé la discipline et l’assurance du révolutionnaire. Plusieurs personnalités démocrates avec lesquelles il était alors entré en contact avaient été frappées par ses qualités politiques et sa capacité à diriger de petits groupes . Ses élèves appréciaient son savoir, sa modestie, son tact et le considéraient comme leur meilleur professeur. Aucune haine ne transpirait de son attitude placide. Au contraire, il souriait et parlait d’une voix douce et limpide.
Sihanouk affabulait en prétendant en mai 1967 que les meneurs des « rouges » roulaient dans des voitures particulières et que les cadres moyens, pour la plupart enseignants salariés d’Etat, menaient une vie bourgeoise . A cette date, les dirigeants du Parti, à savoir Saloth Sar, Ieng Sary, Koy Thuon, Son Sen, ou Chi Kim An - diplômé de l’Ecole des Travaux Publics à Paris – et d’autres, s’étaient réfugiés depuis plusieurs années dans les maquis. En mai 1967, les professeurs communistes n’étaient plus très nombreux dans la capitale (on peut y compter Tiv Ol et ses anciens élèves, mais non Phung Ton ou Mey Mann qui étaient progressistes), et les cadres urbains n’étaient pas professeurs (Nuon Chea, Vorn Vet, Toch Phoeun, etc.). Il ne restait en fait guère que les députés progressistes et les diplômés ministrables Khieu Samphan, Hou Yuon et Hu Nim, qui subissaient les sautes d’humeur du prince et exprimaient parfois publiquement leur mécontentement à son égard, enfreignant ainsi la ligne du Parti. Après avoir essuyé des menaces de mort en 1967, les trois proscrits furent gratifiés, six ans plus tard, de ces éloges princières en 1973 :
« Parmi les heureuses suites de ma proclamation, je rangerai d’abord le message que m’envoyèrent trois jours après, le 26 mars, ces trois députés dont j’ai dit plus haut qu’ils étaient les seuls hommes honnêtes à avoir été élus en 1966, et qui avaient choisi peu après de gagner la forêt et ses petites bases de résistance. Il s’agissait de trois intellectuels hors du commun, Khieu Samphan et Hu Yuon, deux éminents économistes formés par l’Université française, et Hu Nim qui était avocat. Ils avaient déclaré : "Merveilleux. Si vous, traditionnellement le dirigeant du peuple cambodgien, avez décidé de vous battre avec nous, nous ne pouvons rien souhaiter de mieux" » .
Dans ses Chroniques de guerre de 1979, Sihanouk les qualifiait de « super-intellectuels ». Avec So Nem , Dy Phon , et Hin Chamron , ils formaient à eux six ce que l’entourage de Sihanouk appelait vers 1963 les « Khmers roses » .
La monarchie cambodgienne avait pour trait manifeste de réclamer à la moindre occasion que l’on se pliât, à son égard, à un certain nombre de marques intangibles de respect extérieur. Une loi (krâm) du 13 janvier 1956 stipulait de manière transparente en son article 2 que « la propagande de toutes les idées est également libre sauf celle des idées contraires à l’esprit de la Constitution du Royaume » . Dans de telles conditions, la liberté d’expression et de presse ne pouvaient être que des luttes de tous les jours.
Vers 1954-1955, Saloth Sar aurait collaboré au bihebdomadaire de gauche Samaki (« Solidarité », le même nom que l’opération lancée en 1954 par Sihanouk pour obtenir le départ des troupes vietnamiennes avant le règlement de la première guerre d’Indochine), un journal clandestin dirigé par son frère Saloth Chhay, dont le gérant avait d’abord été Tou Samouth , futur formateur politique du même Saloth Sar. Saloth Chhay, qui distribuait aussi le journal démocrate et anti-communiste Taeu Mouk en 1954 , fut arrêté en 1955 car Samaki appartenait à ces journaux qui dataient l’indépendance du pays des accords de 1954, et non de la fin de la croisade sihanoukiste en novembre 1953, comme la version officielle entendait qu’on le retienne . En dehors de cela, le journal ne distillait pas de critique redoutable : ces centres d’intérêt étaient le retard éducatif, la condition de la femme, la défense d’une indépendance totale, d’une paix durable, d’un haut niveau de vie pour la population, et l’application de la Constitution de 1947 pour ce qui touchait à la liberté de la presse et de réunion.
Un autre journal « progressiste » et indépendantiste, Aekapheap (Unité), dirigé par Ping Sây (ou Peung Sây) exprimait son opposition au projet de Lon Nol de faire entrer le Cambodge dans l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE). La Chine elle-même s’opposait à ce que le traité inclue le Cambodge, le Laos et le Viêt-Nam dans la zone protégée par l’Organisation, ainsi qu’à un protocole annexe qui autorisait une intervention des forces de l’OTAN dans ces pays en cas de menace . Le directeur d’Aekapheap fut arrêté en 1956, à la veille de son mariage. Il fut remplacé par Sok Lay (tué sous le K.D.), entouré de ses collaborateurs Ros Pin (socialiste devenu attaché culturel à l’ambassade de Chine sous Lon Nol), et Hang (président du Comité du P.C.K. de la région autonome de Preah Vihear à la place de son supérieur assassiné par un colonel du nom de Reth à qui l’on avait reproché une vie sexuelle déréglée). Suong Sikœun y rédigeait la rubrique internationale, en puisant ses informations dans la Tribune des Nations . En 1960, le nouveau directeur d’Aekapheap fut cravaché par le chef des services de sécurité, Kou Roun, qui l’accusait de parler de communisme . Kou Roun était un personnage haï de beaucoup. Profondément dénué d’humour, jamais rassasié d’argent , c’était une « sombre brute » qui savait revêtir des dehors obséquieux en la présence de correspondants étrangers .
Sok Lay dirigea également le journal Pancha Sila, du nom des « Cinq préceptes » de la vertu bouddhiste,et que le Livre Noir du K.D. décryptait dix-huit ans plus tard comme étant une référence aux Cinq principes de la Coexistence Pacifique que défendaient les révolutionnaires pour faire écran au pacte militaire de l’OTASE (l’expression était utilisée dans ce sens par les dirigeants birmans et indiens qui avaient signé des accords avec la Chine en 1954). En octobre 1961, Sok Lay fut à nouveau accusé de propager des opinions communistes, bien qu’on n’ait pu alors lui reprocher que d’avoir critiqué la lourdeur des taxes et la dureté du travail .
Chi Kim An et Sien An, tous deux étudiants à Paris, l’un en travaux publics, l’autre en statistiques, avaient représenté la gauche communiste cambodgienne à la Commission Internationale de Contrôle mise en place par les Accords de Genève dans chaque pays de l’ex-Indochine pour, notamment, veiller au respect du cessez-le-feu. Chi Kim An, en tant que rédacteur en chef du journal semi-clandestin progressiste Pracheachun créé le 1er avril 1955, fut arrêté le 10 juin 1955 . Après le rapprochement du Cambodge et de la Chine, qui déclencha un embargo groupé de la part de la Thaïlande, du Sud-Vietnam et des Etats-Unis, le journal put renaître en mai 1956 sous une forme hebdomadaire grâce à Non Suon, Nop Bophann et Keo Meas, relâché en décembre 1955 après deux mois de prison. Le 10 mai 1957, le journal considérait l’OTASE comme un pacte de guerre. En mars 1958, les débats sur l’installation de bases américaines dans les pays membres de l’OTASE étaient ressentis comme des préparatifs de guerre. L’installation au pouvoir de Ngo Dinh Diem par les Américains était perçu comme un moyen de faire entrer le Vietnam dans leur pacte de guerre. Grâce à « Monseigneur ex-Souverain » (Sihanouk), il était écrit que ces manœuvres avaient épargné le Cambodge, cependant que la violation des territoires de Svay Rieng par l’armée vietnamienne entrait dans un plan de transformation du Cambodge en colonie pour le compte des Américains. Le journal soulignait bien que ces violations n’étaient « pas le fait du peuple vietnamien ».
Le contexte étant alors favorable aux idées du non-alignement, d’autres journaux neutralistes ou indépendantistes furent créés : Wat Phnom et Meatophum (« Patrie »), ce dernier étant dirigé par Son Phuoc Tho, le seul député de 1962 à exercer une profession libérale (par ailleurs connu en 1959 par l’ambassade de France comme étant pro-occidental) ou par Saloth Chhay, à sa sortie de prison. En 1958, d’autres journaux de la même tendance réalisaient un tirage notable, même s’ils ne vendaient pas tous leurs exemplaires : Pracheachun, dirigé par Nop Bophann (3200 ex.), les nouveaux hebdomadaires Mittapheap (Amitié, 2000 ex.), Aekapheap (Unité, 2500 ex.) et Samleng kamkâr (la Voix des Travailleurs, 1500 ex.). Au total, la presse de gauche représentait 20 % de l’ensemble de la presse, sans compter la publication de divers opuscules sur le Système Démocratique, la Culture Nationale ou la Minorité Sino-Khmère.
Après que le gouvernement français aient accordé l’indépendance à Sihanouk plutôt qu’aux forces anti-monarchistes qui les combattaient, la résistance démocrate se décomposa rapidement. Son Ngoc Thanh, leur chef de file, s’était officiellement soumis le 30 septembre 1954. Depuis, Ea Sichau continuait la lutte avec ses hommes dans la région de Kralanh, mais son adjoint militaire, Kéo Tak, avait été assassiné le 18 février 1955 dans des circonstances troubles qui laissaient croire que la main du Roi n’y était pas étrangère. Dans ce climat de tension, les jeunes progressistes Thiounn Mumm, Keng Vannsak et Sin Khem Ko avaient infiltré la direction du Parti Démocrate. Il en était résulté la scission du Parti au Congrès du 30 janvier 1955 en une aile gauche et une aile droite minoritaire animée par Son San et Svay So. Le Parti Démocrate se rapprocha d’anciens chefs Viet-Minh et poussa des étudiants à manifester contre des accords signés avec les U.S.A. le 16 mai qui avaient permis au budget de l’armée d’être financé à hauteur de 82 % par les U.S.A., contre seulement 3 % par la France. L’ingérence américaine avait engendré un certain malaise dans l’armée. Pourtant la Commission Internationale de Contrôle ne la jugeait pas incompatible avec les accords de Genève : une clause de dernière minute proposée le 20 juillet 1954 par Sam Sary, et conclue en l’absence des Chinois, prévoyait que le Cambodge puisse « en cas de menace extérieure, accueillir des bases pour les puissances militaires étrangères en territoire cambodgien » . D’une manière ou d’une autre, le Sangkum ne se sentait pas obligé par les Accords de Genève à ne pas accepter d’aide militaire américaine, puisque Sihanouk se targuait d’avoir obtenu l’indépendance avant les Accords.
A l’approche des élections prévues en 1955 par les Accords de Genève, l’aile gauche du Parti Démocrate, majoritaire et jeune, forma, en juillet 1955, le Parti Travailliste khmer. Les partisans de Son Ngoc Thanh formaient le Parti de l’Indépendance Khmère qui, par son seul nom, suscitait l’ire de Sihanouk. Afin d’empêcher les Démocrates de remporter à nouveau les élections, ce dernier se livra à différentes manœuvre : des étudiants en train de manifester furent arrêtés, le directeur du journal démocrate Taeu Mouk, Nhek Kim Long, fut emprisonner, et Sihanouk abdiqua en mars 1955 pour entrer en politique en fondant le mouvement dit de la « Communauté Socialiste Populaire », le Sangkum Reastr Niyum. Les statuts du Sangkum appelaient à la réunion de toutes les élites, quel que soit leur tendance, afin de lutter contre les abus et établir des assemblées dans chaque province chargées de juger les élus. Michael Vickery, qui a gardé des notes de ses lectures du journal du Sangkum, précisait la philosophie autoritaire que le rassemblement défendait, et qui ne cesserait plus tard d’être la sienne, derrière un discours de façade sur la promotion de la jeunesse : les pauvres et les malheureux devaient accepter leur sort et rester vertueux pour mériter une vie meilleure dans le futur. A bien des égards, d’ailleurs, le train de vie dispendieux des fonctionnaires donnait de l’espoir aux paysans qui pensaient bien pouvoir se comporter comme ces derniers lors d’une prochaine réincarnation . En définitive, le Sangkum n’était dès l’origine qu’un rassemblement de forces largement conservatrices.
Face au Sangkum, se présentait le Pracheachun, c’est-à-dire « le peuple ». Le 25 mai 1955, An-Mang dit « Ker Meas » (Keo Meas), avait demandé aux autorités d’accepter la création de l’association Pracheachun dont les membres souhaitaient participer aux élections législatives. Selon le chef de la police, les statuts avaient tout de la hiérarchie d’un parti politique, hormis le fait qu’aucun congrès annuel n’était prévu. Ils faisaient aussi mention de l’aspiration de l’association à « lutter contre les colonialistes et impérialistes ». Le journal qui correspondait à l’association apparaissait de la même tendance que le journal démocrate pro-Son Ngoc Thanh Samaki, mais le fondateur était jugé entièrement pro-Son Ngoc Minh, autrement dit communiste, car il avait travaillé avec le colonel Thanh Son, chef de la Délégation de la République Démocratique du Vietnam (Vietminh) à la Commission Mixte de Contrôle à Svay Rieng. Le 12 juin, le président du Conseil des ministres faisait remarquer au ministre de l’Intérieur que l’association admettait des membres de toutes nationalités, ce que les clauses judiciaires ne permettaient pas pour la raison que les étrangers devaient rédiger une demande d’association séparée . Toutefois, le Pracheachun put se présenter aux élections de septembre 1955. Il regroupait derrière Keo Meas, Non Suon et Chi Kim An, la plupart des « Khmers Vietminh », les vétérans de la lutte pour l’indépendance, et avait comme logo une charrue à bœufs.
Le Roi Sihanouk abdiqua le 2 mars 1955 en faveur de son père, Suramarit. Ceci lui permit d’entrer en politique en tant que président du Conseil et de rassembler la droite face aux Démocrates. Le climat de la campagne électorale fut houleux et peu démocratique. En avril 1955, des manifestations furent organisées pour demander à Sihanouk de prendre le pouvoir, ce que l’intéressé accepta opportunément en feignant de se soumettre à la volonté populaire. Il proposa une réforme de la Constitution refusée par la Commission Internationale de Contrôle, ce qui eut pour bénéfice de retarder les élections. Le gouvernement chargé d’organiser les élections avait refusé d’accepter des démocrates en son sein sous le prétexte avancé par Sim Var qu’ils étaient communistes .
Le 31 août 1955, le sous-secrétaire d’Etat à la Sécurité Nationale constatait une collusion électorale entre Son Ngoc Thanh et Son Ngoc Minh et identifiait un certain nombre de chefs « Khmers Vietminh » : Chey Suon (Non Suon), Chau Vinh, Ngin Hor, Tou Samuth (Tou Samouth), et Chau Phuong, envoyés dans diverses provinces pour contrôler les cellules régionales, et provoquer diverses pressions et menaces sur les électeurs. Chey Suon était censé partir remplacer feu Nhem Sun à Svay Rieng ; Chau Vinh regagner Kompong Chhnang pour se mettre en liaison avec Sieu Heng qui contrôlait les provinces de Battambang et Pursat ; et Ngin Hor contrôler d’anciens KVM de Prey Veng et Kompong Cham grâce à ses mitrailleuses « Trente » . Chau Phuong, alias Phuong, de son vrai nom Ek Phon, sera l’un des six membres du Comité Permanent du Comité Central du K.D. vers mi-1978. Le pouvoir surveilla donc étroitement les démocrates. Il soumit à autorisation préalable toute réunion de plus de vingt personnes (14 septembre 1955), et exerça des pressions sur les fonctionnaires. Une liste des membres démocrates influents comprenant leur adresse avait été délivrée par le sous-secrétaire d’Etat à la Sécurité Nationale le 12 septembre 1955, avec pour instruction de ne pas laisser certains membres franchir les limites de la ville. Y figuraient notamment : 1 Ea Sichau, 2 Keng Vannsak, 3 Svay So, 4 Sin Khem Ko, 5 Pach Chhoeun, 9 Huy Kanthoul, 12 Hong Doeung Doeung (inspecteur de l’enseignement, déjà arrêté une fois), 13 Toth Heng, 15 Thioun Choum, 32 Toch Phoeun (ingénieur des travaux publics), 34 Mey Man [orthographe pour Mey Mann] (ancien conducteur des travaux publics), 47 Khieu Ponnary, etc. Les témoignages attestent en effet que Mey Mann, en se présentant comme candidat démocrate à l’île de Koh Tom en 1955, appliquait en effet la recommandation du cadre du P.C. Indochinois Pham Van Ba de militer au Parti Démocrate et dans le Pracheachun et de maintenir le Parti Communiste Indochinois dans la clandestinité . Ou que d’autres maquisards tels Sanh Oeurn et Peung Sây avaient été accueillis au Parti Démocrate et celui-ci avait fait protéger ses propagandistes par des groupes d’action Khmers Issaraks [« Khmers émancipés ou maîtres »] .
Le fait que Sihanouk ne fut plus Roi n’épargna pas à ses adversaires d’être accusés de « lèse-majesté » s’ils attaquaient la monarchie, en vertu des articles 297 et 301 du code Pénal de 1912 . Parmi les fauteurs figuraient Sarinn Tong, Inspecteur des Finances , et le secrétaire adjoint du Parti, Keng Vannsak, arrêté le jour même des élections. Alors que ce dernier discourait lors d’un meeting, des tireurs l’auraient visé mais auraient atteint son chauffeur situé derrière lui. Il fut arrêté pour complicité de meurtre jusqu’au mois de novembre, après s’être publiquement repenti dans une lettre diffusée à la radio.
Comme le formulait Phouk Chhay, « le gouvernement Leng Nghet, dont Prak Praprœung était ministre de l’Intérieur et de la Défense en Surface et Sisowath Sirik Matak ministre de la Défense Nationale, et qui ne comprenait ni un membre du Parti Démocrate, ni un membre du Pracheachun, était favorable au Sangkum ». Il en résulta diverses irrégularités électorales dénoncées par les démocrates : menaces, meurtre de candidats, adhésions forcées au Sangkum, obligation faite de prêter serment à des forces surnaturelles ou à des bonzes d’aller voter Sangkum. De nombreux journaux démocrates furent interdits, généralement peu de temps après avoir été lancés, et leurs éditeurs furent emprisonnés sans procès. Curieusement, les éditeurs accusés de lèse-majesté ou d’avoir menti sur divers sujets n’étaient pas accusés d’avoir menti en dénonçant les irrégularités électorales .
A l’issu du scrutin uninominal à un tour, l’opposition essuyait une défaite cinglante. Tous les sièges revinrent au Sangkum. Nombre de Cambodgiens avaient eu peur pour leur personne et avaient pu penser que ces élections étaient le prolongement du référendum de février 1955 organisé pour approuver la croisade royale pour l’indépendance. Les Démocrates s’en sortaient avec une moyenne de 12,3 % des voix. Le Pracheachun, qui avait présenté 35 candidats et avait appelé à voter pour les démocrates dans les autres circonscriptions, avait obtenu 3,8 % des suffrages (11,4 % à Kampot, 7,3 % à Svay Rieng et 6,1 % à Battambang) .
Après les élections, Sihanouk renforça de plus belle sa pression politique sur les démocrates. Son Ngoc Thanh fut poussé à s’exiler. Le 25 octobre, le journal républicain Prachea Chat fut interdit. Et si le prince amnistia deux démocrates en décembre 1955, le journal le Démocrate (en cambodgien Pracheathipathey) cessa d’être publié en 1957, date à laquelle Svay So, un représentant du Parti démocrate, fut battu par les soldats de Lon Nol à la sortie d’une conférence amicale avec Sihanouk au Palais. Les animateurs du Parti Démocrate cessèrent alors de se réunir, la plupart allant grossir les rangs du Sangkum pour des raisons professionnelles ou opportunistes, mettant de fait le Parti en sommeil .
Le mouvement Pracheachun fut également touché par des arrestations – Keo Meas fut emprisonné d'octobre à décembre 1955 pour propagande antigouvernementale . Ses membres conservèrent donc leurs habitudes clandestines. Les autorités ne semblent ainsi pas avoir repéré Nuon Chea, chargé avec Vorn Vet de diriger les travailleurs de la capitale sous une couverture d’homme d’affaire ou de commerçant. Le Parti était précautionneux : Sok Knol, étudiant marxiste en France, chef strict et peu disert d’une cellule clandestine du Pracheachun, refusa par deux fois d’y accepter Suong Sikœun en 1956, prétextant qu’il n’était aucunement au courant de l’existence d’une cellule.
Certains anciens militants ou chefs issarak ruraux, tels Sao Phim, furent recherchés par la police et durent déménager à maintes reprises. Néanmoins, il semble que la plupart des membres du P.R.P.C. cessèrent leurs activités et que la répression contre la gauche finit par se dissiper, surtout en ville, permettant ainsi à la branche urbaine du Parti de prendre de l’ascendant. En effet, en 1956, Sihanouk s’était rapproché de la gauche en adoptant les cinq principes de la coexistence pacifique défendus en premier lieu par le Pracheachun. Ce dernier avait même proposé en avril 1956 de former un gouvernement de coalition dont il aurait fait partie. En 1956, le Cambodge était le pays d’Asie du Sud-Est le plus aidé, essentiellement par la Chine (8 millions de livre sterling), l’U.R.S.S. et l’Inde .
Lors des élections de mars 1958, le programme du Pracheachun se prononçait en faveur de la Paix, de la Neutralité et de la fidélité au prince, et proposait d’assurer « la vente de [la] production nationale par des ressortissants cambodgiens » et de lutter contre l’ingérence étrangère aussi bien dans la politique que dans l’économie. Sur cinq candidats pressentis pour être en lice dans l’ensemble du pays, un seul fut maintenu face au Sangkum : Keo Meas, qui récolta 396 voix à Phnom Penh contre 13 000 à son adversaire , un score moins négligeable qu’il n’y paraît si l’on sait que le candidat d’une autre circonscription l’avait emporté avec 1066 voix . Les quatre autres candidats, dont Yim Cheo, dans le bastion de Chhouk en Kampot, avaient préféré se retirer après la publication d’un pamphlet sihanoukiste contre le communisme. Ils auraient pu s’en tirer avec un score honorable car la population avait été mécontentée par la désignation des candidats sihanoukistes, presque tous étrangers aux circonscriptions dans lesquelles ils s’étaient présentés. Les candidats du Pracheachun étaient, quant à eux, du cru, et se déplaçaient à la paysanne, à pied ou en charrette, et non dans de belles voitures américaines. Ils prétendaient aussi vouloir appliquer réellement la politique du Sangkum .
D’un autre côté, plusieurs anciens socialistes ou communistes adhéraient au Sangkum : Khieu Samphan, Hou Yuon, Hu Nim, Uch Ven (un camarade communiste commun à Saloth Sar et Khieu Samphan), Chau Seng, Phung Ton, Keat Chhon, et peut-être même Son Sen . Hu Nim était, avec Long Boreth, un des plus jeunes élus de mars 1958. Dans son district de Prey Totoeng, dans la province de Kompong Cham, il œuvra à réunir des fonds pour construire deux pagodes et un collège . Le 10 juillet, il devenait sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé des relations avec le Parlement. Celui des « progressistes » qui obtint le plus de postes fut Hou Yuon, bien que ce ne fut jamais que pour quelques mois : d’abord secrétaire d’Etat au budget de juillet 1958 à février 1959, il était nommé au ministère du Plan de février à juin 1959, à la Santé Publique de juin 1959 à avril 1960, président de la commission des Finances à l’Assemblée Nationale en 1960, membre du bureau des Finances d’août à octobre 1962, puis au ministère du Plan d’octobre à février 1963 . Uch Ven parvenait au poste de sous-secrétaire d’Etat aux cultes (1958). So Nem, à celui de secrétaire d’Etat aux cultes et à l’Education religieuse (1959). Chau Seng était secrétaire d’Etat du Comité exécutif du Sangkum Reastr Niyum et secrétaire d’Etat à l’Education Nationale (1958) . L’épouse communiste de ce dernier le voyait comme un « communiste bourgeois », un communiste de cœur partisan d’un régime socialiste, et non un membre du Parti infiltré, bien qu’il n’ait pas eu de divergences majeures avec les communistes et ait souvent agi en liaison avec eux. Ce sont ces derniers qui l’auraient enjoint de rester en haut du pouvoir sous Sihanouk . Keat Chhon, en tant que ministre de l’Industrie sous Sihanouk, est décrit comme quelqu’un de sérieux sans être sectaire, ayant les pieds sur terre. Sihanouk lui aurait hypocritement proposé le poste de premier ministre, ce qu’il se senti obligé de refuser compte tenu de ses faibles compétences. Telle était la tactique du prince pour mieux pointer du doigt le manque de courage des hommes de gauche à assumer des responsabilités.
L’adhésion de ces militants communistes convaincus à un rassemblement royaliste a surpris ceux qui les avaient connus à Paris dans les années cinquante. Une fois membre ou « compagnon » du Sangkum, un député était soumis, du fait des statuts du Sangkum, à une stricte discipline de vote. Mais, comme l’indiquait Phouk Chhay, la « gauche participante » voyait en Sihanouk un barrage à l’arrivée au pouvoir d’éléments « ultranationalistes » ou d’une dictature militaire, et dans le « socialisme national » une « étape nécessaire à la réalisation d’une démocratie authentique ». La « gauche isolée » et non participante, pensait, quant à elle, « qu’une opposition intransigeante au pouvoir légal permettra[it] de reconstruire, même à longue échéance, un puissant “ parti du peuple ” qui établira[it] une démocratie populaire » .
Cette adhésion stratégique ne mit jamais de terme à la surveillance policière vis-à-vis de la gauche, mais stabilisa pendant quelques temps la répression anti-communiste qui ne fut jamais aussi intense qu’au Sud Vietnam sous Ngô Dinh Diem ou dans d’autres pays limitrophes : les mouvements de gauche thaïlandais et laotiens avaient commencé à être pourchassés en 1958 et 1959, ce qui avait poussé le Pathet Lao à combiner lutte politique et armée quatre ans avant le Parti des Travailleurs du Kampuchéa. Sans doute Sihanouk, désormais Président du Conseil, cherchait-il à apaiser l’agitation estudiantine, ou encore à fidéliser et à embourgeoiser les députés trop indépendants ou osant émettre des idées originales avant lui.
Le rapport Khrouchtchev de 1956, sans ébranler les convictions des communistes cambodgiens, changea leur regard sur l’U.R.S.S. Les étudiants « progressistes » de Paris avaient toujours justifié les méthodes staliniennes dénoncées dans le journal le Monde. En 1956, explique Keng Vannsak qui était au Cambodge en même temps que Saloth Sar et Hou Yuon, lui et ses camarades pensaient comme le P.C.F. que ce rapport était un faux fabriqué par la presse bourgeoise. Or, une fois qu’il fut avéré que l’auteur en était le premier secrétaire du P.C. d’U.R.S.S. cette dernière ne pouvait qu’avoir abandonné la cause prolétarienne, d’autant qu’elle cherchait l’entente avec des régimes capitalistes. Leur cœur se tourna donc vers la Chine qui continuait quant à elle la lutte des classes . Dans un autre entretien, Keng Vannsak déclarait que, « au début nous étions très staliniens (...), nous nous sommes tournés vers la Chine à la fin des années cinquante car les Russes jouaient la carte de Sihanouk et nous négligeaient (...). Quand le monde a commencé de critiquer Staline, on est devenu maoïstes » .
Les membres de l’A.E.K. en France n’eurent pas grand mal à partager avec le Parti Communiste Chinois son opposition au révisionnisme khrouchtchévien. Certains d’entre eux avaient déjà lu les premiers textes de Mao dont La Nouvelle Démocratie, ainsi que les ouvrages d’Edgar Snow et de Jack Belden. Et l’on peut avancer que le processus d’éloignement des rebelles de la voie soviétique a été favorisé pour Ieng Sary, Khieu Samphan, In Sokan, Ok Sakun et Hu Nim, partis de France en 1956-1959, par la mise en doute tenace du rapport Khrouchtchev par le P.C.F., et la mauvaise humeur qu’il mit à accepter de dénoncer Staline. Il ne semble toutefois pas possible que les militants coloniaux aient eu vent de l’engouement de Thorez pour Mao vers 1957, car ses clins d’œil ne survenaient en général que dans des réunions restreintes, sauf lors d’un discours au Cirque d’Hiver le 28 octobre 1958, auquel Khieu Samphan a pu assister, dans lequel le n°1 du P.C.F. affirmait que 1958 avait été « l’année de l’essor de l’agriculture chinoise, qui a réalisé les plus grands progrès qu’on ait jamais vus, depuis que le monde est monde » .
En sens inverse, le Parti cambodgien prévint via Thiounn Prasith en 1963 les étudiants les plus actifs du Cercle Marxiste-léniniste des années soixante, tous membres du P.C.F. pro-soviétique, de son opposition au révisionnisme russe.
Archives du ministère des Affaires Etrangères, série Asie Océanie 1944-1955, sous-série Indochine, 399, dossier « Le communisme en Indochine, rapport du Commissariat Général de France en Indochine »,n° 719/DGR du 1er mai 1954.
Henri Locard, Conversations..., op.cit., p.11.
Khmers rouges !, Matériaux pour l'histoire du communisme au Cambodge, Hallier-Albin Michel, 1981, p.55.
Archives du ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°31, boursiers et stagiaires.
Ariane Barth, Tiziano Terzani, Anke Rashataswan, Holocaust in Kambodsha, 1980, p.219.
Phouk Chhay, Le personnel politique cambodgien en 1964, DES de Science Politique, p.92.
Rémy Prud'homme, l'Economie du Cambodge, p.181. Michael Vickery parle pour 1954, à partir des statistiques de l'Annuaire statistique rétrospectif du Cambodge, de 271 000 élèves du primaire, 3 300 élèves du secondaire et 144 étudiants ayant reçu le baccalauréat (Cambodia 1975-1982, Boston, 1985, p.18).
Henri Locard, Conversations avec Ieng Sary, Mey Man, Suong Sikœun & Long Norin, 1999, p.17.
David Chandler, The Tragedy of Cambodian History, p.109.
Au terme de son enquête biographique, Chandler parle « d'instruction civique ». C'est Pol Pot qui disait avoir enseigné la morale dans son interview à des journalistes yougoslaves (morals dans la traduction de la BBC).
Ben Kiernan, How Pol Pot How Pol came to power…, 1985, Verso, London, p.176.
Synthèse des confessions de Tiv Ol, alias Penh, par Steve Heder.
Entretien avec Nicole Bizeray et Kim Vien. Pour Ayravadi, communication personnelle de Jacques Népote.
David Chandler, The Tragedy of Cambodian History, p.111. Kiernan, How Pol Pot ..., p.176, 185.
Ben Kiernan, How Pol Pot ..., p.176.
Nous remercions Philip Short de nous avoir procuré les notes de son entretien avec Pierre Lamant le 25 mars 2002.
Entretien avec Long Norin, 11 juillet 2000. Long Norin, pour aller à Prague, monta dans un Tupolev qui dut atterrir d'urgence dans un champ près de l'aéroport de Rangoon. De la théorie à la pratique....
François Ponchaud, op. cit., p.192.
Synthèse des confessions de Kae Keum Huot alias Sot, par Steve Heder.
Entretien avec Rémy Prud'homme ayant connu Khieu Samphan en 1965-1966.
M. A. Martin, op. cit., p.161. Entretien avec Chuth Khay, 26 février 2002.
Wilfred Burchett, The China Cambodia Vietnam Triangle, Vanguard Books, 1981, p.56. Entretiens avec Nguyen Huu Phuoc, 1er et 3 avril 2001.
Kiernan, How Pol Pot..., p.207.
Someth May, Cambodian Witness, faber & faber, 1986, p.88.
Burchett, op. cit., p.65.
David M. Ayres, Anatomy of a Crisis..., Hawai'i press, Honolulu, 2000, p.205.
Interview de Jean Lacouture, par Germain Treil, radio France Info, 17 avril 1998. Il expliquait qu'il avait d'abord plaqué sur eux l'image qu'il avait eu des maquis vietnamiens et sud-américains. En 1978, Jean Lacouture avait soi-disant fait son mea culpa en publiant Survive le peuple cambodgien! où il les taxait de « copistes au front bas », « aventuriers avides de sang », « professeurs bornés », « frères musulmans » animés d'un « épais délire idéologique » (expressions relevées par Serge Thion dans « Le Cambodge, la presse et ses bêtes noires », Esprit, 9 septembre 1980). Il s'élevait contre l'expérience « khmère rouge » « au nom du socialisme, défiguré, bafoué, déshonoré » par ceux qu'il disait avoir soutenu un peu trop rapidement. En fait, à part une justification économico-tactique de l'évacuation de Phnom Penh (Nouvel Observateur, 12 mai 1975) il n'est pas de traces qu'il ait soutenu d'autre personnes que Sihanouk, le FUNK en général, et peut-être apprécié Hou Yuon, qui ne fut jamais membre du Comité Central et fut la première victime des purges de Pol Pot. Le 24 août 1959, l’ambassadeur de France soulignait que « l’A.F.P. et Le Monde (M. Lacouture suit dans ce journal les affaires cambodgiennes) jouissent d’un grand crédit à Phnom Penh » (Archives du ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°22, presse cambodgienne). Selon un ancien correspondant, Lacouture était inscrit en tête d’une liste blanche qui constituait l’opposé de la longue liste noire des étrangers indésirables sur le territoire cambodgien. Le procédé doit être vendeur. Après avoir admiré Hô Chi Minh, Bourguiba, Sékou Touré, Nasser, et d'autres, Lacouture les piétinaient dans Mes héros et nos monstres ou le temps des démiurges, Seuil, 1997 (Sur Hô, Pierre Brocheux, Hô Chi Minh, presses de sciences po, 2000, pp.66-68).
Phnom Penh Post, 24 oct. - nov. 6 1997, p.4.Le mystère Pol Pot, reportage d’Adrian Maben, Arte France, films du Bouloi, 2001.
D. Chandler, The Tragedy of Cambodian History…, p.76.
Elizabeth Becker, Les larmes du Cambodge, p.97 (New York, p.103).Le Sangkum, mai 1967, n°22, p.5.
Norodom Sihanouk, La CIA contre le Cambodge, Maspéro, 1973, pp. 49-50.
Instituteur à l'Institut Bouddhique, professeur de littérature khmère au Lycée Sisowath vers 1957, député, ministre de l'éducation, vice-président de l'Assemblée Nationale en décembre 1958, secrétaire d'Etat aux cultes et à l'éducation religieuse (1959), ministre de la Santé publique (1967) arrêté par Sihanouk en tant que vice-président ou président de l'Association d'Amitié Khméro-Chinoise. Peut-être emprisonné trois ans, il réapparaît à Paris pour soutenir le FUNK en France. La couverture d'une confession d'un prisonnier de S-21 porte le nom de So Nem alias So Sat, secrétaire adjoint de section 505 arrêté dès octobre 1975 (!).
Etudiant membre de l'U.E.K., dentiste et spécialiste de la malaria à l'hôpital khméro-soviétique, parti pour le maquis en 1971 avec Thiounn Thioeun, entré à Tuol Sleng le 13 décembre 1978.
Vice-président de l'UEK, ingénieur des travaux publics. Rentré en 1976, incarcéré à S-21 en janvier 1977.
Communication de G. Brissé, 1er mai 1999. Entretien avec Long Norin et Kheang Khaon, 14 juillet 2000.
Archives du Ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°22, presse cambodgienne, 11 avril 1958.
C.A.O.M. à Aix-en-Provence, Indochine, H.C.I., S.P.C.E., dossier n°107, note datée de décembre 1952.
Synthèse de la confession de Ruoh Sarin (Ros Sarin) alias Mav, par Steve Heder.
Pour l'arrestation de Saloth Chhay, Chandler, The Tragedy of Cambodian History, p.77.
L'OTASE comprenait depuis septembre 1954 les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, la France, le Pakistan, les Philippines et la Thaïlande. François Joyaux, La Chine et le règlement du premier conflit d'Indochine, Genève 1954, publications de la Sorbonne, 1979, pp.317-318. En mars 1955, après l'annonce de la signature prochaine d'un accord d'aide militaire avec les Etats-Unis, Sihanouk signait avec Nehru une déclaration commune en faveur des cinq principes de coexistence pacifique puis assurait en privé à Chou Enlai qu'il ne voulait pas de la protection de l'OTASE Ben Kiernan, How Pol Pot..., p.169.
Entretien avec Long Norin, 11 juillet 2000. Entretien avec Suong Sikœun, 5 septembre 2000.
Thion et Kiernan, Khmers rouges ! , p.45, citant L'Observateur , 1er avril 1960.
Milton Osborne, Before Kampuchea, Preludes to Tragedy, George Allen & Unwin, London, Sydney, Boston, 1979, p.23.
Entretien du 16 mai 2002 avec Bernard Hamel, correspondant de l’agence Reuters de 1964 à 1975.
Livre Noir, p.19. Cambodian commentary, n°11, sept. 1961. Les cinq principes de la Coexistence établis d'abord en préambule au traité commercial sino-indien de 1954 étaient : « 1. Respect mutuel pour l'intégrité territoriale et la souveraineté de chacun, 2. Non agression, 3. Non interférence dans les affaires de chacun, 4. Egalité et avantage mutuel, 5. Coexistence pacifique et coopération économique »(J. H. Brimmell, Communism in South East Asia, 1959, p.287).
Raoul Marc Jennar, Cambodge, une presse sous pression, Reporters sans frontières, juin 1997, p.22.
François Joyaux, La Chine et le règlement du premier conflit d'Indochine, p.293.
Pour ce paragraphe, voir les archives du SHAT à Vincennes, 10 H 5588, Relations franco-khmères, « Bulletin d'études et de renseignements du Commandement en Chef des Forces terrestres et navales en Indochine (1954-1955) ». Archives Nationales du Cambodge, Min. Interior, Telegr. Corres. 1953-1958, 1959. Vickery, « Looking Back at Cambodia, 1942-1976 », in Kiernan & Boua, Peasants and politics, pp.97, 103, ou Chandler, The Tragedy of Cambodian History, p.83.
Archives Nationales du Cambodge, Id., Dossier : Confidentiel Arrivée 1955.
Chandler, The Tragedy of Cambodian History, pp.81-3.
Archives Nationales du Royaume du Cambodge, Min. Interior, Telegr. Corres. 1953-1958, 1959.
Entretien de Mey Mann avec Henri Locard, août 1998 (voir Conversations ...).
Entretien avec un démocrate de gauche ancien étudiant en droit. Les Khmers Issaraks sont la première génération des révolutionnaires khmers. Approvisionnés d'abord par la Thaïlande, les KI dépendirent de plus en plus des communistes vietnamiens (cf. lexique). Un coup militaire en Thaïlande en 1947 contre le gouvernement de gauche interrompit le recrutement du P.C.I. (Heder, Origins of the conflict, 1978, p.14).
Philippe Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, Centre d'Etudes des Relations Internationales au Cambodge, 1961, p.61. Entretien avec un candidat démocrate de gauche.
Phouk Chhay, Le pouvoir politique au Cambodge, 1945-1965, p.189.
Vickery, « Looking Back at Cambodia, 1942-1976 », in Kiernan & Boua, Peasants and politics, pp.98-99. Phouk Chhay, Le pouvoir politique au Cambodge, p.189. Selon Ben Kiernan d’importantes grèves d’étudiants eurent lieu en 1955 et 1956 (How Pol Pot Came..., p.172).
Archives du SHAT, op. cit., 10 H 5588. Lire aussi P. Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, 1961. Chandler, The Tragedy of Cambodian History, p.83.
Chandler, The Tragedy of …, p.85 et entretien avec un ancien candidat démocrate emprisonné trois mois en 1960 alors qu’il était l’avocat de la femme de Chau Bory, dans l’affaire du complot Dap Chhuon. Sihanouk n’hésitait pas à le qualifier en même temps de rouge... Michael Vickery indique que le Parti fut dissous en 1957. In Sopheap qu’il le fut le 11 août 1957. Phouk Chhay qu’il le fut en 1955.
Archives du ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°20, parti « Pracheachon », 16 janvier 1957.
J. H. Brimmell, Communism in South East Asia, 1959, pp.307-8. Kiernan, How Pol Pot..., ppp.170, 173-5.
Archives du ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°22, presse cambodgienne, revue de la presse khmère, 15 février-15 mars 1958, n°112, situation politique, 23 mars 1958.
Kiernan, How Pol Pot... , p.180.
Archives du ministère des Affaires Etrangères, C.L.V., Cambodge, n°20, parti « Pracheachon », rapport de l’ambassadeur Pierre Gorce, 21 mars 1958.
Pour l'adhésion de Son Sen (en 1958), voir William Shawcross, op. cit., p.241. Cette information laisse néanmoins sceptique Charles Meyer, conseiller de Sihanouk de 1957 à 1970.
Kiernan, How Pol Pot..., p.181.
Vickery, « Looking Back at Cambodia, 1942-1976 », in Kiernan & Boua, Peasants and politics, p.100.
La liberté, bi-hebdomadaire de Phnom Penh, 11 juillet 1958. Archives Nationales du Cambodge, Speeches, accords, congrès, 1960's.
Communications personnelles de Jean Sagnes, professeur émérite d'histoire, qui a rencontré Madame Chau Seng, 17 et 23 janvier 2001.
Phouk Chhay, Le pouvoir politique au Cambodge, pp.71, 197.
Entretien avec Keng Vannsak du 17 mai 1998.
Marie-Alexandrine Martin, Le mal cambodgien. 1989, p.105.
Philippe Robrieux, Histoire intérieure du PCF, 1981, pp.478-485, 508-509, chap. « Le stalinisme sans Staline », et « Avec Mao contre "K" » .
Communication de Suong Sikœun, 1er janvier 1999.