Voltaire-Rousseau
l’éternel duel
Exposition présentée par les associations voltairiennes de Ferney‑Voltaire –
la Société Voltaire, le Centre international d’étude du XVIII e siècle,
Voltaire à Ferney et le fonds de dotation Voltaire –
avec le concours du Centre des monuments nationaux
Préparée par Andrew Brown, Alex Décotte,
Pierre Leufflen et André Magnan
Château de Voltaire
2012
 
Images fournies par
la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel,
la Bibliothèque de Genève,
le British Museum de Londres,
le Musée Jean‑Jacques Rousseau de Montmorency,
la David Rumsey Historical Map Collection,
la Bibliothèque nationale de France,
le Musée des beaux‑arts de Dijon
et les Archives de la Maison royale des Pays‑Bas
Documents et œuvres prêtés par
Andrew Brown, Jean‑Daniel Candaux,
Lucien Choudin et Pierre Leufflen
Nous remercions de leur aide
Ulla Kölving, Daniel Raphoz et
François‑Xavier Verger,
administrateur du château de Voltaire,
ainsi que les équipes du
Centre des monuments nationaux
Château de Voltaire,
1 er avril au 4 novembre,
tous les jours sauf le lundi,
10h à 13h et 14h à 18h,
juillet et août, tous les jours,
entrée libre
Voltaire-Rousseau
l’éternel duel
Exposition présentée par les
associations voltairiennes de
Ferney-Voltaire – la Société
Voltaire, Voltaire à Ferney,
le Centre international
d’étude du XVIII e siècle et le
fonds de dotation Voltaire –
avec le concours du Centre
des monuments nationaux.
Images fournies par la Bibliothèque publique et
universitaire de Neuchâtel, la Bibliothèque de Genève,
le British Museum de Londres, le Musée Jean-Jacques
Rousseau de Montmorency, la David Rumsey
Historical Map Collection, la Bibliothèque nationale
de France, le Musée des beaux-arts de Dijon et les
Archives de la Maison royale des Pays-Bas.
Préparée par Andrew Brown,
Alex Décotte, Pierre Leulen et
André Magnan
Documents et œuvres prêtés par
Andrew Brown, Jean-Daniel Candaux,
Lucien Choudin et Pierre Leulen.
Nous remercions de leur aide Ulla Kölving,
Daniel Raphoz et François-Xavier Verger,
administrateur du château de Voltaire,
ainsi que les équipes du Centre des
monuments nationaux.
Château de Voltaire 2012
Je travaille pour me rendre
digne de vos regards.
1
Dans les derniers jours de l’année 1745,
un certain J.-J. Rousseau, âgé de 33 ans,
installé tout juste à Paris et qui n’a pas
encore percé, prend sa plus belle plume
pour écrire à Voltaire, grand poète en
renom et son aîné de près de vingt ans.
Il a été choisi par le duc de Richelieu,
vieil ami de Voltaire, pour abréger
et rajuster une comédie-ballet de sa
façon. « Il y a quinze ans que je travaille
pour me rendre digne de vos regards »,
lui écrit cette « jeune Muse » encore novice.
Voltaire répond promptement, en
regrettant que M. Rousseau doive ainsi
employer ses talents à un ouvrage « qui
n’en est pas trop digne » et qu’il qualiie
lui-même de « misérable croquis ».
Rousseau s’est-il senti traité de haut, dans
cette collaboration que ni l’un ni l’autre
n’avait cherchée, assez secondaire aux yeux
du maître ? On peut le croire, Jean-Jacques
étant déjà tout sauf insensible aux nuances
afectant sa propre image...
Cinq ans passeront avant qu’il ne s’adresse
de nouveau à M. de Voltaire.
Portrait de Rousseau par Maurice Quentin
de La Tour, pastel, vers 1764
Musée Jean-Jacques Rousseau, Montmorency
Photo Henri Delage
Lettre autographe de Rousseau à Voltaire
du 11 décembre 1745
Bibliothèque de Genève
Lettre autographe de Voltaire à Rousseau
du 15 décembre 1745
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Portrait de Voltaire attribué à Jacques-
André-Joseph Aved, huile, vers 1745
Musée des beaux-arts de Dijon
Photo François Jay
Plan de Paris par Guillaume de L’Isle,
vers 1720
David Rumsey Historical Map Collection
Deux bonnes raisons de
chercher à vous aimer.
Vous avez mal jugé
d’un homme de bien.
2
Un Rousseau – pas le nôtre – ayant
insulté Voltaire au théâtre, lors d’une
représentation d’ Oreste , Jean-Jacques se
disculpe en termes ombrageux : il proteste,
il se plaint, il retourne le soupçon en
reproche. Trois lignes suisaient, Rousseau
s’en permet trente et se peint en victime :
« homme de bien » méconnu, « solitaire »
au cœur pur, libre « républicain » – jusqu’à
signer ici pour la première fois de sa vie :
« J. J. Rousseau, citoyen de Genève ».
La réponse de Voltaire est courte, attentive,
un peu sèche peut-être. Accusé d’une
imputation injuste qui tombe d’elle-même,
il ne s’excusera pas, n’entrera pas dans
les dénégations du ier Jean-Jacques. Il
salue la « probité » de son correspondant
et lui fait crédit du « mérite » évident que
sa démarche annonce. Un billet de bon
procédé, qu’il signera d’un petit « V »
cordial. Cet échange ouvre un second
intervalle de cinq ans de silence.
Buste de Rousseau par Jean-Antoine
Houdon, plâtre, 1778
Abbaye royale de Chaalis, Institut de France
Lettre autographe de Rousseau à Voltaire
du 30 janvier 1750
Bibliothèque nationale de France
Lettre autographe de Voltaire à Rousseau
de février 1750
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Gravure de Voltaire au théâtre, vers 1850
Collection particulière
Plan de Paris par Guillaume de L’Isle,
vers 1720
David Rumsey Historical Map Collection
Vous réhabilitez
le nom de Rousseau.
Il prend envie de marcher
à quatre pattes.
3
Voltaire remercie Rousseau de son
« nouveau livre contre le genre humain » :
le second Discours , sombre genèse de
l’inégalité sociale. C’est surtout l’occasion
de revenir sur le Discours de 1750 comme
critique du progrès. Intransigeant sur
l’essentiel – l’utilité des Lumières –,
Voltaire concède des abus, dont un vol
de manuscrits dont il vient d’être victime,
les risques où on l’expose… Joli tour de
maître : il va, pour sa défense, publier cette
lettre. Sous l’ironie, l’estime est sensible.
Rousseau répond, et longuement –
Voltaire ne s’y attendait pas. Réponse
polie, adroite, déférente, avec tout le
respect dû à « notre chef ». Mais ferme
sur le fond, exigeante et vigilante sur
l’avenir – protéger Genève des mauvaises
inluences. Avec cet avertissement à
peine voilé : « Qui vous oserait attribuer
des écrits que vous n’avez point faits,
tant que vous continuerez à n’en faire
que d’inimitables ? ». Et lui aussi publia
sa réponse.
Deux détails du frontispice allégorique
gravé par Charles Grignion des Remarks on
the writings and conduct of J. J.Rousseau par
Henry Fuseli, London, 1767
British Museum, Londres
Lettre en partie autographe de Voltaire à
Rousseau du 30 août 1755
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Lettre autographe de Rousseau à Voltaire
du 7 septembre 1755
Koninklijk Huisarchief, La Haye
Carte de Genève et du Pays de Gex par
César-François Cassini, 1761, de la Carte de
France levée par ordre du roi , n o 148
David Rumsey Historical Map Collection
Vous nous redressez bien
sur nos deux pieds.
Pardonnez-moi, grand homme,
un zèle peut-être indiscret.
4
Le 1 er novembre 1755, un séisme
majeur, suivi d’un tsunami, ravagea
Lisbonne, causant des dizaines de
milliers de morts – et déchirant la
conscience morale du temps. Voltaire
a fait envoyer à Rousseau son Poème
sur le désastre de Lisbonne . Au lamento
tragique, Rousseau oppose une
réfutation de trente pages, protestation
d’un croyant, sourd déi aussi :
« Rassasié de gloire et désabusé des
vaines grandeurs vous vivez libre
au sein de l’abondance ; bien sûr de
vôtre immortalité, vous philosophez
paisiblement sur la nature de l’âme [...]
vous ne trouvez, pourtant, que mal sur
la terre. Et moi homme obscur, pauvre
et tourmenté d’un mal sans reméde, je
médite avec plaisir dans ma retraitte et
trouve que tout est bien. D’où viennent
ces contradictions apparentes ? Vous
l’avez vous même expliqué ; vous
jouissez, mais j’espère, et l’espérance
embellit tout. »
Les Dernières paroles de J. J. Rousseau ,
gravure de H. Guttemberg d’après Jean-
Michel Moreau le Jeune, après 1778
British Museum, Londres
Brouillon autographe de la lettre de
Rousseau à Voltaire sur l’optimisme
du 18 août 1756
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Gravure de Rousseau par Hippolyte Huet
d’après Joseph Albrier, vers 1820
British Museum, Londres
Carte de Genève et du Pays de Gex par
César-François Cassini, 1761, de la Carte de
France levée par ordre du roi , n o 148
David Rumsey Historical Map Collection
J’espère, et l’espérance
embellit tout.
Votre lettre est très belle
mais.
5
À longue lettre, courte réponse...
« Mon cher philosophe, nous pouvons
vous et moi dans les intervales de nos
maux raisonner en vers et en prose.
Mais dans le moment présent vous
me pardonerez de laisser là toutes ces
discussions philosophiques qui ne sont
que des amusements. »
Le tour est aimable pourtant, et le
fond afectueux – Rousseau en fut
soulagé, qui conie à un ami :
« J’ai été charmé de la réponse de
M. de Voltaire ; un homme qui a pu
prendre ma lettre comme il a fait
mérite le titre de philosophe ».
Sa belle lettre étant restée pendue
en l’air, Rousseau prétendra dans ses
Confessions en savoir la raison :
« Depuis lors, Voltaire a publié cette
réponse qu’il m’avait promise, mais
qu’il ne m’a pas envoyée. Elle n’est
autre que le roman de Candide, dont
je ne puis parler, parce que je ne l’ai
pas lu. »
Dessin de Voltaire par Jean Huber,
vers 1775
British Museum, Londres
Lettre autographe de Voltaire à Rousseau
du 12 septembre 1756
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Portrait de Rousseau par Angélique Allais,
aquatinte, 1794
British Museum, Londres
Carte de Genève et du Pays de Gex par
César-François Cassini, 1761, de la Carte de
France levée par ordre du roi , n o 148
David Rumsey Historical Map Collection
Candide, dont je ne puis
parler, je ne l’ai pas lu.
Pourquoi le nom de ce
baladin souille-t-il vos lettres ?
6
Dès 1756, leur correspondance a pris in : la suite se
jouera entre scène publique et combat d’ombres – les
deux dernières lettres de Rousseau, en 1760 et 1765,
restant sans réponse.
un fou peut être utile à la cause : à sa manière, il rendra
hommage à la « Profession de foi du vicaire savoyard »,
beau morceau détaché de l’ Émile … en la faisant
réimprimer à Genève. Mais le pire est à venir.
La rupture éclate à la parution de l’article « Genève »
de l’ Encyclopédie (1757), écrit par d’Alembert, mais
inspiré par Voltaire, qui déplore l’interdiction du
théâtre à Genève. Rousseau répond en dénonçant la
moralité factice de la scène française : J. J. Rousseau
citoyen de Genève, à M. d’Alembert (1758). Cible oblique
de l’opération, Voltaire l’analysa ainsi, selon Raymond
Trousson :
En 1764, Voltaire paraît inattaquable. Riche, opulent,
gloire du siècle, historien des rois, astre du répertoire,
seigneur de Ferney, il occupe dans l’imaginaire
européen une position que personne avant lui n’avait
connue. Mais avec tout cela, il a peur – comme
philosophe. Il redoute, et à juste titre, le pouvoir de
nuisance – nuisance extrême, capitale même – de
l’Infâme combattu. Il craint de mal inir, victime d’une
justice réactionnaire aveuglément imprévisible, celle
des « bœufs-tigres » qu’il a fait plier dans l’afaire Calas.
Une seule chose le protège : l’anonymat. Nul ne saurait
prouver qu’il est par exemple l’auteur du Dictionnaire
philosophique – publié par lui à Genève cette même
année. La dénégation protège alors l’esprit libre – tout
le monde sait, chacun se tait.
« Voltaire comprit que le Genevois se mettait en travers
de son action et en conçut une rancune tenace, d’autant
plus que l’ouvrage de Rousseau invitait à se poser des
questions : pourquoi un « philosophe » entrait-il en
controverse avec un confrère ? Comment pouvait-il
enin adopter un point de vue rétrograde et clérical ?
Jusqu’ici homme à paradoxes, Rousseau devient un
personnage encombrant. »
Rousseau, lui, s’est vu inliger les pires peines, la fuite,
l’exil, l’errance, en publiant sous son nom des écrits
qui ne pouvaient qu’être condamnés en France et à
Genève. Cette innocence revendiquée fut son afaire...
Mais en 1764, dans ses Lettres écrites de la montagne , il
commet l’impardonnable en attribuant ouvertement
à Voltaire un des textes les plus punissables du
temps, le Sermon des cinquante . Ce fut le point de non-
retour : Rousseau restera jusqu’à la in pour Voltaire
un délateur, un renégat. À quelque temps de là parut
une brochure anonyme et d’attribution contestée,
le Sentiment des citoyens , obscur écho des querelles
genevoises de Rousseau, qui révélait la faille secrète
de la vie exemplaire de Jean-Jacques : l’abandon de ses
enfants – s’il en fut l’auteur, Voltaire aura été à l’origine
des Confessions , comme Rousseau crut l’être de Candide .
Voltaire aussi est encombrant pour Rousseau,
politiquement à Genève, intimement pour cette identité
de « Citoyen » que construit son œuvre. Au début de
1760, il rabroue un correspondant qui ose lui parler
de Voltaire : « Pourquoi le nom de ce baladin souille-t-
il vos lettres ? Le malheureux a perdu ma patrie. Je le
haïrais davantage si je le méprisais moins. » Le fameux
« Je vous hais » est en vue.
Pour Voltaire, Rousseau est un traître, et dangereux par
son inluence. Il ne l’épargnera ni dans ses publications,
ni dans ses lettres, ni dans ces notes dont il remplit les
marges de ses écrits successifs en les lisant – le Discours
sur l’inégalité , l’ Extrait du Projet de paix perpétuelle ,
le Contrat social , l’ Émile et la Lettre à Christophe de
Beaumont . Il regrette parfois sa défection, car même
Jean-Jacques Rousseau et la vue du pavillon
qu’il habitait à Ermenonville , détail de
la gravure de Georg Friedrich Mayer,
vers 1778
Bibliothèque nationale de France
Détail d’une eau-forte de Voltaire et
Rameau par C. de Tersan, 1765
Collection particulière
Carte des environs de Montmorency,
Carte de France levée par ordre du roi ,
n o  1, 1736
David Rumsey Historical Map Collection
Jean-Jacques Rousseau
n’est bon qu’à être oublié.
Je ne vous aime point.
je vous hais.
7
Sa lettre de 1756 sur la Providence ayant
été imprimée sans autorisation, Rousseau
a cru devoir s’en expliquer – l’occasion
surtout de purger le passé : dans un
ajout confus d’une ineptie attristante, il
accuse Voltaire d’avoir tramé son exil de
Genève et de le vouer à « mourir en terre
étrangère ». La rupture était consommée,
de part et d’autre.
Incroyable péripétie cinq ans plus tard :
Voltaire a-t-il vraiment pu évoquer en
public les états de service du jeune Jean-
Jacques à Venise chez l’ambassadeur de
France, comme valet ou comme secrétaire ?
Alerté par l’un des huit témoins, Jean-
Jacques invente, pour venger son honneur,
le « démenti conditionnel ». Les éditeurs
modernes de leurs correspondances
divergent : « consternation » de Leigh
devant la « mauvaise foi » de Voltaire, mais
Besterman trouve Leigh « lamentablement
tendancieux ».
La faute à Voltaire ? la faute à Rousseau ?
Portrait de Rousseau gravé par François-
Robert Ingouf, vers 1779
Collection Jean-Daniel Candaux
Copie autographe de la lettre de Rousseau
à Voltaire du 17 juin 1760
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Brouillon autographe de la lettre de
Rousseau à Voltaire du 31 mai 1765
Bibliothèque publique et universitaire Neuchâtel
Portrait de Rousseau d’après Allan
Ramsay, mezzotinte de David Martin,
1766
British Museum, Londres
Carte de Genève et du Pays de Gex par
César-François Cassini, 1761, de la Carte de
France levée par ordre du roi , n o 148
David Rumsey Historical Map Collection
Voltaire en a menti
comme un impudent .
Tout cela est abominable.
8
Voltaire a copieusement annoté ses
exemplaires des œuvres de Rousseau qui se
trouvent actuellement dans sa bibliothèque
à Saint-Pétersbourg. Voici un choix
représentatif de ses remarques :
pitoyable — fou que tu es, ne sais-tu pas
que les Américains septentrionaux se sont
exterminés par la guerre ? — qu’en sais-
tu ? as-tu vu des sauvages faire l’amour ?
— voilà la philosophie d’un gueux qui
voudrait que les riches fussent volées
par les pauvres — quelle chimère que
ce juste milieu ! — très beau — singe de
Diogène, comme tu te condamnes toi-
même ! — faux, j’ai eu deux chevaux de
carrosse qui ont vécu 35 ans — galimatias
— tout cela est abominable et c’est bien
mal connaître la nature — trop cynique et
révoltant — chimère — cela est confus et
obscur — bon — tout cela n’est pas exposé
assez nettement — au contraire, les lois
protègent le pauvre contre le riche — fade
louange d’un vil factieux, et d’un prêtre
absurde qu tu détestes dans ton cœur
— quoi ! te contrediras-tu toujours toi-
même ? — sophisme — très faux —  point
du tout — quel style — quel contresens !
— que de futilités écrites avec arrogance !
— quelle conséquence ? et mon chien ne
fait-il pas ce qu’il veut ? — voilà donc
un incrédule dévot — tu commences par
parler de toi, et tu parles toujours de toi,
tu n’es pas adroit — et toujours toi — et
toujours toi — et toujours toi — tu mens
impudemment — bon cela — hardi et bon
— bon — excellente idée — faux, très faux
— ici tu argumentes bien — tu as raison ici
— trop fort — très beau — quelle fatuité
— on a trouvé cette plaisanterie mauvaise,
elle me paraît fort bonne...
Dessin de Voltaire par ou d’après
Jean Huber, encre sur papier, vers 1775
Collection Andrew Brown
Note marginale de Voltaire à la lettre de
Rousseau à l’archevêque de Paris, 1763
Bibliothèque nationale de Russie,
Saint-Pétersbourg
Notes de Voltaire aux œuvres de Rousseau
tirées de George R. Havens, Voltaire’s
marginalia on the pages of Rousseau ,
Columbus, Ohio, 1933
Bibliothèque de Genève
Dessin de Voltaire par Sackville Hamilton,
un de ses visiteurs anglais, encre sur
papier, vers 1770
Collection particulière
Plan de Saint-Pétersbourg par
Joseph Valeriani, 1753
David Rumsey Historical Map Collection
Ici tu argumentes bien.
Aux Champs-Élysées. le thème des retrouvailles en ce lieu « plein de campagnes
admirables, de prairies charmantes, et de bois délicieux, qui faisaient la demeure des gens
de bien après leur mort » connut une vogue immense dans les dernières années du siècle
L’arrivée de Voltaire
Dans cette gravure, dédiée à Catherine de
Russie, Voltaire est accueilli aux Champs-
Élysées par Henri IV, sous les regards
bienveillants de Louis XIV, Louis XV et
Pierre le Grand, et de Corneille et Racine.
Un génie présente au roi La Henriade qui
le gloriie à jamais. À droite, l’ombre de
Rousseau se dispose à traverser l’Achéron
pour rejoindre les heureux élus.
Le tour de Jean-Jacques
Portant ses « ouvrages immortels », Rousseau
débarque aux Champs-Elysées. Socrate lui tend
sa main, entouré de Platon, de Montaigne et de
Plutarque, tandis que Diogène, au sol, éteint sa
lanterne, «satisfait d’avoir enin trouvé l’homme
qu’il cherchait ». À gauche, Sapho et Le Tasse, plus
loin Homère, avec les guerriers qu’il a chantés ;
au fond, sous les arbres, Voltaire s’entretient avec
un grand prêtre. Œuvre de Moreau le Jeune, 1782.
Une réconciliation, mais sans Rousseau
Henri IV à nouveau fait les honneurs : il accueille aux Champs-Élysées
Frédéric II de Prusse et le réconcilie avec Voltaire. Parmi les assistants
qu’on peut identiier, Homère, Ésope, Dante, Pétrarque et Béatrice.
Diogène a rallumé sa lampe : Jean-Jacques l’aurait-il déçu ?
Mirabeau l’orateur
Mort en 1791, Mirabeau retrouve aux Champs-Elysées ceux qui sont partis
avant lui. Benjamin Franklin le couronne, Jean-Jacques Rousseau le salue.
À gauche, Fénelon et Mably, Voltaire conversant avec Montesquieu ; à droite,
Démosthène et Cicéron, commentant son arrivée. Autre image due à Moreau
le Jeune, 1791. Les quatre gravures, British Museum, Londres.
Entente cordiale. quand il faut attaquer la France, ses révolutionnaires sanguinaires,
puis son empereur, les caricaturistes anglais n’oublient jamais Voltaire et Rousseau,
les deux pères, à leurs yeux, du cataclysme déferlé sur l’Europe.
Régénération patriotique
Devant un parlement britannique gagné à la
Révolution, le premier ministre William Pitt
se voit accusé de s’opposer au progrès à la
française. Face à lui, ses procureurs et ses
juges, et dans le fond les parlementaires,
tous sans-culottes. Assis au bureau, l’auteur
et politique Richard Brinsely Sheridan
dresse un compte général du garde-meuble
de la couronne : à sa droite cinq volumes,
dont les œuvres de Voltaire et Rousseau.
En bas à droite, quelques parlementaires
se réchaufent en brûlant la Bible et la
Grande Charte de 1215. James Gillray, 1795.
British Museum, Londres.
La théophilanthropie, religion des temps nouveaux.
Dans une allégorie complexe de la situation politique anglaise, on voit à droite Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux, membre du premier Directoire en 1795, représenté
en pape de la théophilanthropie. Le monstre Léviathan, sortant des vagues, a la tête de Francis Russell, 5 e duc de Bedford, opposant de William Pitt. À droite, l’autel d’une
nouvelle Trinité : la Sensibilité pleure la mort d’un oiseau, un volume de « Rosseau » à la main, le pied posé sur la tête de Louis XVI. Sur le pilier de droite, et dans le texte
du poème qu’accompagna la gravure, on retrouve Voltaire. James Gillray, 1798. British Museum, Londres.
Les pommes et les crottes
Sur le leuve qui mène au Temple de la
Renommée, les bonnes pommes anglaises et
celles de leur alliés lottent de conserve, tandis
qu’un fumier déverse du crottin de cheval,
une grosse crotte Napoléon en tête. Ensevelis
dans l’énorme tas, avec divers politiques
anglais, des crottes isolées ont nom Voltaire et
« Rosseau », et même d’Alembert. Parmi les
crottes en voie de submersion, Robespierre,
Marat et Condorcet. James Gillray, 1800.
British Museum, Londres.
Mon cher lecteur, il est temps de te dire,
Qu’un jour Satan, seigneur du sombre empire,
A ses vassaux donnait un grand régal.
Cette gravure énigmatique, de date incertaine, s’inspire en partie du cinquième chant du poème épique
de Voltaire, La Pucelle , chant dans lequel le père Grisbourdon raconte à Satan les suites fatales de sa
tentative de viol visant la vertueuse mais appétissante Jeanne d’Arc. Ici Satan, les clés de l’Enfer en main,
son bras autour de l’épaule de Péché, sa ille préférée, préside au « grand régal ». Voltaire est présent,
assis sur le dos d’un homme à quatre pattes qui, servi par un diable, mange des livres. Derrière Voltaire,
un personnage qui semble porter aussi une couronne de laurier – un poète, dans ce cas – s’agrippe au
Patriarche, à moins qu’il ne le guide. Un singe diabolique s’ajoute au groupe. À droite, un diable érudit
consulte un registre. Le mangeur de livres serait, dit la tradition, Jean-Jacques Rousseau. Dévore-t-il ses
propres écrits, ou bien ceux de Voltaire ? Le poète est-il Milton, aveugle, qui a peuplé son Paradis perdu
de nombreux acteurs infernaux ? ou bien Dante, guidé aux Enfers par Virgile et accompagnant à son
tour Voltaire ? Ou bien s’agit-il non pas d’un poète mais du père Grisbourdon lui-même ? La gravure,
conservée par la Bibliothèque nationale de France, est anonyme, et porte comme légende les deux
premiers vers du cinquième chant du poème :
Ô mes amis, vivez en bons chrétiens,
C’est le parti, croyez moi, qu’il faut prendre.
Si les noms de Voltaire et de Rousseau igurent souvent dans la publicité parisienne du XIX e siècle –
grâce à la présence d’établissements commerciaux dans le boulevard Voltaire et la rue Jean-Jacques
Rousseau – il est rare de les voir employés ensemble. L’imprimeur de cette lithographie, François Appel,
ayant été actif dans la rue du Delta entre 1875 et 1890, on peut supposer que la Crème des Philosophes
a vu le jour en 1878, centenaire du décès des deux philosophes. Bibliothèque nationale de France.
Liste des ouvrages exposés
L’homme est bon naturellement...
Édition genevoise du premier grand ouvrage de Rousseau, le Discours qui a remporté le
prix de l’Académie de Dijon en l’année 1750 , où il s’eforce de démontrer que « l’homme est
bon naturellement et que c’est par [les] institutions seules que les hommes deviennent
méchants ». Quand, en 1755, Voltaire accuse réception du deuxième discours, sa lettre est
plutôt une réaction au discours de 1750. Rousseau jugera lui‑même assez sévèrement son
premier essai, disant qu’il « manque absolument de logique et d’ordre », deux défauts graves
aux yeux de Voltaire.
Discours qui a remporté le prix de l’Académie de Dijon en l’année 1750. Sur cette question proposée par la même académie : si le
rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs . Genève, Philibert, vers 1759. Collection Andrew Brown.
Comme tu mets tout dans un faux jour...
L’envoi par Rousseau de son deuxième discours, celui de 1755 sur l’inégalité parmi les
hommes, provoqua la lettre de Voltaire du 30 août de cette année : « On n’a jamais tant
employé d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. » Mais la vraie réponse de Voltaire au texte de
Rousseau igure en marge de son exemplaire de l’ouvrage, la dernière annotation résumant
les autres : « tout cela est abominable et c’est bien mal connaître la nature ». Les positions
fondamentales des deux hommes sont déjà, et resteront toujours, diamétralement opposées.
Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes , Amsterdam, Rey, 1762. Collection Andrew Brown.
Votre nouveau livre contre le genre humain...
Édition de la lettre de Voltaire à Rousseau du 30 août 1755. Elle comporte un
« Avertissement » du rédacteur anonyme : « Nous continuons notre Collection de pièces
fugitives ; et l’état turbulent de la littérature moderne ne nous laisserait pas manquer de
matériaux [...] il y a de viles productions qui méritent de demeurer dans la fange où elles
sont nées. Pour celles où quelques beaux esprits, acharnés les uns contre les autres, se
disent réciproquement leurs vérités, il n’est pas inutile qu’elles paraissent et qu’elles soient
conservées. »
Lettre de Voltaire à M. J. J. R. C. D. G. Lettre de Mr de La Beaumelle à M. G. No. IV . [Allemagne], 1756.
Collection Jean‑Daniel Candaux.
Ô malheureux mortels ! ô terre déplorable...
L’émotion de Voltaire au séisme qui détruisit Lisbonne en novembre 1755 fut immédiate et
profonde, la première version du poème ne lui ayant pris que quelques jours. La réponse de
Rousseau – sa fameuse lettre sur l’optimisme – fut de se plaindre de voir miné son espoir :
« j’ai trop soufert en cette vie pour n’en pas attendre une autre. » Voltaire répondra : « vous
me pardonnerez de laisser là toutes ces discussions philosophiques, qui ne sont que des
amusements ».
Poèmes sur la religion naturelle, et sur la destruction de Lisbonne . 1756. Collection Jean‑Daniel Candaux.
On ne souffre point de comédie à Genève...
Dans son article de l’ Encyclopédie sur Genève, d’Alembert, encouragé par Voltaire, critique
l’interdiction du théâtre dans la ville de Calvin. Début 1758, Rousseau prend longuement la
défense de cet interdit, et revisite les thèmes de ses deux discours : « C’est le mécontentement
de soi‑même, c’est l’oubli des goûts simples et naturels qui rendent si nécessaires un
amusement étranger. » C’est au cours de la rédaction de ce texte que l’hostilité de Rousseau
envers Voltaire se conirme et s’ampliie...
J. J. Rousseau citoyen de Genève, à Mr d’Alembert . sur son article Genève . et sur le projet d’établir un théâtre de comédie dans cette
ville . Amsterdam, Rey, 1759. Collection Andrew Brown.
Le meilleur des mondes possibles...
Rousseau assurera, dans ses Confessions n’avoir jamais lu Candide , tout en avançant que
le fameux roman, premier best‑seller du temps avec La Nouvelle Héloïse , avait constitué la
réponse tardive de Voltaire (1759) à sa lettre sur l’optimisme de 1756. Ici, la première édition
illustrée de Candide , probablement italienne.
Voltaire, Candide, ou l'optimisme , London [ sic ], 1772. Collection Andrew Brown.
Il est d’un grand prince très instruit...
Voltaire attribuait à Frédéric de Prusse, invulnérable lui, l’un de ses textes les plus
dangereux, le Sermon des cinquante . Cette attaque frontale contre le christianisme et ses
origines juives fut publiquement attribuée à Voltaire par Rousseau dans ses Lettres écrites de la
montagne , délation que Voltaire ne pardonnera jamais.
Voltaire, Sermon des cinquante , 1759. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Sous peine d’une brochure de Jean‑Jacques...
L’empereur de la Chine emprunte la plume de Voltaire pour regretter l’omission de son
pays dans l’ Extrait du projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre de Jean‑Jacques,
publié en 1761. « Nos plénipotentiaires enjoindront à tous les souverains de n’avoir jamais
aucune querelle, sous peine d’une brochure de Jean‑Jacques, pour la première fois ; et du
ban de l’Univers, pour la seconde. » L’empereur rejoint ainsi Saint‑Pierre et Rousseau dans
l’avancement de projets parfaitement irréalistes.
Voltaire, Rescrit de l’empereur de la Chine , 1761. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Garde tes baisers, ils sont trop âcres...
Si Voltaire apprécia peu Rousseau politique et philosophe, Rousseau romancier lui inspira
un profond dégoût. Ici, en quatre lettres attribuées au marquis de Ximenès, Voltaire critique
la langue de Rousseau, l’action et l’esprit du roman – « trois à quatre pages de faits et
environ mille de discours moraux » –, et déplore ses attaques contre les mœurs et la société
françaises. Les « baisers âcres » de Julie et son « faux germe » fournissent des leitmotive à sa
critique acerbe du grand roman, rival de Candide .
Voltaire, Lettres sur la Nouvelle Héloïse ou Aloisia de Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève , 1761.
Collection Jean‑Daniel Candaux.
Un fatras d’une sotte nourrice...
Si Julie ou la nouvelle Héloïse a déplu à Voltaire, Émile ou de l’éducation n’eut pas plus de
succès : une « bavarderie atroce et extravagante », dira‑t‑il. Par contre, un morceau de l’ Émile ,
la « Profession de foi du vicaire savoyard », mise en cause de maints éléments fondamentaux
de la religion chrétienne, est pleinement approuvé par Voltaire – et il le fait réimprimer à
Genève dans son Recueil nécessaire à côté de ses ouvrages les plus radicaux, dont... le Sermon
des cinquante .
Rousseau, Émile, ou de l’éducation , Amsterdam [Paris], 1762. Collection Andrew Brown.
Cela n’est pas bien, Jean‑Jacques...
Ayant appris la rupture survenue entre Rousseau et son protecteur, le grand philosophe
écossais David Hume, Voltaire écrit à ce dernier le 24 octobre 1766 pour lui relater ses
propres démêlés avec le Citoyen de Genève. Le pamphlet se termine sur une Lettre de M. de
Voltaire au docteur Jean-Jacques Pansophe , texte dont Voltaire nia la paternité, inventaire
cumulé des exemples démonstratifs de l’absence de bonne foi, de bon sens et de modestie
chez Jean‑Jacques.
Voltaire, Le Docteur Pansophe, ou lettres de monsieur de Voltaire , Londres [Paris], 1767. Collection Andrew Brown.
Le procès de l’ingratitude contre la bienfaisance...
Cette édition de la lettre à David Hume est sortie des presses d’un des imprimeurs genevois
de Voltaire, très probablement Gabriel Grasset, responsable de la publication de presque
tous les écrits clandestins de Voltaire à partir de 1764.
Voltaire, Lettre de monsieur de Voltaire à monsieur Hume , [Genève, 1766]. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Cet article semble pueril et contradictoire...
C’est ainsi que Voltaire balaie, dans ses Idées républicaines de 1766, une des thèses avancées
par Rousseau dans son Contrat social – ou antisocial , dira‑t‑il. Le premier propriétaire de
l’exemplaire exposé ici s’indigne de ce que Voltaire « veuille les donner comme idées d’un
Genevois. Il y a tant d’absurdités que je serais très fâché qu’un Genevois les eût pensées. »
Ce texte s’inscrit dans le cadre des troubles civils récurrents à Genève dans les années 1760.
Voltaire, Idées républicaines, par un membre d’un corps , [Genève, 1766]. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Brûlons théâtre, actrice, auteur, souffleur...
Une des contributions les plus retentissantes et les moins appréciées de Voltaire aux
diicultés politiques de Genève fut son poème burlesque, La Guerre civile de Genève , paru en
1767. Dans cette édition illustrée, une des planches montre Rousseau assistant à l’incendie
du théâtre de Genève – dont le poème le rend responsable – en compagnie de hérèse
Levasseur (« Vachine ») et d’un théologien, sans doute Jacob Vernet.
Voltaire, La Guerre civile de Genève. Nouvelle édition , Paris [ sic ], 1767. Collection Andrew Brown.
Pétri d’orgueil et dévoré de fiel...
Rousseau et hérèse Levasseur sont fort maltraités dans La Guerre civile de Genève :
Au pied du mont sont des antres sauvages
Du dieu du jour ignorés à jamais ;
C’est de Rousseau le digne et noir palais.
Là se tapit ce sombre énergumène,
Cet ennemi de la nature humaine,
Pétri d’orgueil et dévoré de iel
Il fuit le monde, et craint de voir le Ciel.
Et cependant sa triste et vilaine âme
Du dieu d’amour a ressenti la lamme.
Il a trouvé pour charmer son ennui
Une beauté digne en efet de lui...
Voltaire, La Guerre civile de Genève, ou les amours de Robert Covelle. Poème héroique avec des notes instructives , Bezançon [Genève,
Grasset], 1768. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Il aura des autels, quand il naîtra des hommes...
Les éditeurs de Voltaire ne suivaient pas toujours la ligne du maître. Ici est inséré, dans
une édition de La Guerre civile de Genève où Rousseau est, comme on l’a vu, sérieusement
maltraité, un poème de Charles‑Georges Fenouillot de Falbaire qui soutient fermement Jean‑
Jacques contre les attaques dont il a été victime. Le poème est de 1763, date où son auteur
l’envoya à l’artiste La Tour.
Voltaire, La Guerre civile de Genève, ou les amours de Robert Covelle, poème héroïque, avec des notes instructives. Nouvelle édition.
Augmentée du portrait de J. J. Rousseau , Bezançon [ sic ], 1769. Collection Jean‑Daniel Candaux.
Le désespoir des philosophes...
Le buste rayonnant du Christ, soutenu par la Bible, la Tradition, les Conciles, le Saint‑
Siège et les Pères de l’Église, écrase l’Erreur, qui vomit l’ Encyclopédie . Parmi les ouvrages
terrassés, l’ Émile de Rousseau, La Pucelle , le Dictionnaire philosophique et l’ Épître à Uranie de
Voltaire, De l’esprit d’Helvétius et l’ Histoire des deux Indes de Raynal. Ce libelle d’Élie Harel,
prédicateur et polémiste, a paru pour la première fois à Porrentruy en 1781. La réédition de
1817 contribue à la campagne cléricale menée à cette date contre la prolifération d’éditions
des œuvres de Voltaire et de Rousseau, grand désespoir des croyants.
Marie‑Maximilien (Élie) Harel, Voltaire. Particularités curieuses de sa vie et de sa mort , Paris, Le Clere, 1817.
Collection Andrew Brown.
Rousseau, non moins corrompu que Voltaire...
Les autorités ecclésiastiques, n’ayant pas réussi à empêcher la publication de l’édition de
Kehl des œuvres de Voltaire à la veille de la Révolution, s’activent de nouveau pendant
les premières décennies du siècle suivant dans l’espoir d’arrêter de nouvelles contagions.
Voltaire surtout est cause de tous les maux, « un plus grand léau que la peste » ; Rousseau
quant à lui « est parvenu, malgré ses inconséquences perpétuelles, à jeter des doutes, des
incertitudes sur les vérités les mieux établies. »
Louis Silvy, Les Fidèles catholiques aux évêques, et à tous les pasteurs de l’Église de France, au sujet des nouvelles éditions des œuvres de
Voltaire et de Rousseau , Paris, Egron, 1817. Collection Andrew Brown.
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