Les domaines de recherche du CELLF 17e-18e

 

Les travaux du CELLF 17e-18e ont pour objet de décrire, analyser, comprendre les évolutions qui, au cours de la période considérée, déplacent les centres d'intérêt et marquent la découverte de modes modernes de penser et d'écrire. En ce qui concerne l'histoire des genres littéraires, les théories critiques et esthétiques, il ne fait pas de doute que concepts et modèles s'élaborent à partir de principes constants, présents dans les esprits mêmes qui les contestent. La pensée philosophique et morale, de Montaigne aux idéologues, à Mme de Staël ou Stendhal, inspire une réflexion communément centrée sur l'émergence de l'individualité : les pratiques d'écriture s'accordent avec les thèmes majeurs de la pensée post-baconienne et post-cartésienne.

Du point de vue de l'acquisition et de la diffusion du savoir, préoccupations essentielles dans une période qui ne cesse de s'interroger sur la légitimité des progrès de la connaissance, penseurs et écrivains renvoient à la révolution scientifique des temps modernes (de Galilée à Newton), à la conscience consubstantielle aux Lumières des effets de cette révolution (de Fontenelle à Condorcet), au développement qui en résulte dans les sciences de la nature (Buffon, Lamarck) et dans les "sciences humaines", qui trouvent alors leur objet et la dénomination qu'elles ont conservée.

Pour ce qui est de l'histoire de la culture, les XVIIe et XVIIIe siècles sont traversés par le débat des Anciens et des Modernes: il s'agit à la fois, et contradictoirement, de recueillir et préserver un héritage venu autant de l'antiquité que du christianisme et d'inscrire les productions de la pensée et de l'art dans le mouvement d'une civilisation moderne: des origines du classicisme, l'époque de Malherbe, jusqu'aux premiers manifestes romantiques, la confrontation retentit sans cesse sur l'élaboration des idées et des formes.

Entrent dans le champ des études du CELLF 17e-18e autant que des oeuvres proprement littéraires, des écrits à sujet religieux ou philosophique, ou même proprement scientifique, ainsi qu'il est normal pour un temps où ces secteurs de la pensée ne sont pas séparés. Montesquieu et Ondorcet souhaitent la collaboration des belles-lettres et de la science; on sait que la stylistique s'occupe de Descartes et de Malebranche, que Voltaire, Rousseau, Diderot et Sade sont de manière indiscernable littérateurs et philosophes.

C'est même l'un des grands attraits de ces deux siècles que la réunion, l'indistinction parfois, de disciplines qui vont ensuite se séparer. La visée du CELLF 17e-18e est de faire ressortir de cette imbrication des influences et des causes secondes, de la complexité du contexte culturel, social et politique, a singularité irréductible des grandes oeuvres, l'originalité des écrivains majeurs.